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Transcription
00:00 - Alors allez rebondir là-dessus, Nicolas Caro.
00:02 Ce matin, vous nous parlez du nouveau roman d'Éric Chevillard.
00:05 - Aux éditions de minuit, "La chambre à brouillard", c'est son titre.
00:09 Il y a toujours des titres superbes ou intrigants chez Éric Chevillard.
00:12 Il y a eu "Mourir m'enrhume" ou "Le caoutchouc décidément".
00:16 Voilà donc "La chambre à brouillard".
00:17 Une chambre à brouillard, c'est un outil scientifique.
00:19 C'est une boîte qui permet de distinguer les particules nucléaires dans la matière.
00:22 - Il y a aussi les chambres à bulles.
00:24 Tiens, bravo.
00:25 Que raconte ce roman ?
00:26 - Tout est dans cette question.
00:27 Ça commence comme un polard roulatique à la frère Cohen.
00:30 Je dis ça parce que ce sont les aventures de deux losers.
00:32 Au début du roman, il y a Oleg qui court, poursuivi par deux policiers.
00:36 Et le narrateur qui passe par là et qui croise son chemin.
00:38 Or, Oleg lui met son butin dans les bras et hop, réflexe.
00:41 Le narrateur le planque sous sa gabardine et sauve ainsi Oleg qui est arrêté,
00:46 mais relâché aussitôt faute d'avoir trouvé sur lui l'objet du délit.
00:48 Les deux se retrouvent au bistrot, deviennent de grands amis,
00:50 même si, comme dit Oleg, on a plus vite fait de rouler sous la table que sur l'or.
00:54 Ils deviennent amis donc et Oleg promet de s'acquitter de cette dette,
00:58 mais ils deviennent aussi complices.
00:59 C'est que notre héros a besoin d'argent.
01:01 Et il s'explique, mes parents, raccupides, ne se saignaient que pour mes études,
01:06 mon loyer et mes dépenses courantes, mais ils ne me donnaient rien pour vivre.
01:09 C'est drôle comme dit Chevillard.
01:10 - Effectivement.
01:11 C'est une comédie policière ?
01:13 - C'est ce qu'on croit.
01:14 Et les lecteurs de Chevillard vont être drôlement étonnés et se dire
01:17 « Comment ? Chevillard a écrit un polard ? »
01:19 Alors pas tout à fait.
01:20 Après une trentaine de pages, on comprend.
01:21 On se retrouve avec l'auteur du polard en question,
01:24 qui vient de récupérer ce pauvre sujet de roman.
01:27 Et il ne sait pas quoi en faire.
01:28 Il hésite alors que pourtant il n'est pas du genre à être le cul entre deux chaises.
01:32 « Nos fesses sont peut-être doubles », écrit-il.
01:34 Mais elle tombe heureusement d'accord sur la manière de s'asseoir.
01:37 Le sujet lui échappe, c'est comme attraper une anguille avec des mains savonneuses
01:40 et il finira par payer très cher son acharnement.
01:43 C'est un roman dans le roman dans le roman.
01:45 C'est pas facile à chroniquer, mais un bonheur à lire qui tient par l'humour,
01:48 mais aussi la virtuosité de Chevillard.
01:50 C'est très rare ce genre d'écrivain.
01:52 Vous pouvez faire le test chez vous,
01:54 vous lisez une de ses phrases et vous essayez de la tourner autrement.
01:57 Eh bien c'est impossible.
01:58 Chaque mot est à sa juste place, toujours.
02:01 - Et donc, c'est pas une déclaration d'amour ça ?
02:02 « La chambre à brouillard », le dernier Éric Chevillard aux éditions de Minuit.
02:08 Laurie Choleva, on passe au cinéma.
02:10 - Oui, présente.
02:11 - Jean Dujardin sur les routes de France.
02:13 - Eh oui, sur les chemins noirs même.
02:15 C'est le titre du film réalisé par Denis Imbert,
02:17 adapté de l'œuvre à succès de Sylvain Tesson,
02:19 véritable leçon de courage qui revient sur sa traversée de la France à pied
02:23 après son grave accident.
02:24 - J'étais tombé du rebord de la nuit,
02:26 m'étais écrasé sur la terre.
02:28 Il avait suffi de 8 mètres pour me briser les côtes,
02:32 les vertèbres, le crâne.
02:34 Quand c'était dans un lit,
02:38 je m'étais dit à voix presque haute.
02:40 Si je m'en sors, je traverse la France à pied.
02:44 - Pierre, c'est de la folie, t'en as conscience ?
02:46 - Oui, mais si je pars pas, je pète les pontes.
02:48 - T'as plus de 1000 bornes ?
02:49 - Ah oui !
02:50 - 1003.
02:51 - Jean Dujardin, donc, endosse les traits de Pierre,
02:55 un homme brisé qui va marcher pour se réparer.
02:57 Écoutez-le me confier justement ce qui l'a poussé à accepter ce film,
03:00 c'était samedi dernier dans Clap.
03:01 - C'est un, je vais m'amuser à dire, un road movie fixe,
03:03 mais c'est vrai qu'on est dans quelque chose de très mental, très méditatif,
03:06 parce que j'en avais très envie depuis très longtemps de partir,
03:09 de traverser dans les régions.
03:10 Parce qu'en fait, je la connais pas la France.
03:11 En fait, on se rend compte qu'on connaît très peu d'endroits qu'on connaît.
03:14 Donc c'est vrai que c'est 1300 kilomètres en diagonale.
03:16 J'étais très curieux de ressentir quelque chose d'un peu nouveau,
03:20 parce que pour le coup, on déshabille totalement son jeu
03:22 et on est dans quelque chose de plus à l'os.
03:25 - Il faut savoir que Jean Dujardin adore marcher,
03:28 et il le fait d'ailleurs dans sa vie privée,
03:29 chaque année avec ses copains scouts, enfin anciens scouts.
03:33 Un voyage introspectif qui délivre un message universel,
03:36 celui de la réparation physique, morale, qui va toucher le plus grand nombre.
03:38 Et puis surtout, un voyage en pleine nature, hors du temps,
03:41 qui permet d'admirer la beauté de nos paysages,
03:43 de redécouvrir notre France rurale.
03:45 Et surtout, Jean Dujardin, vous l'avez entendu,
03:47 tout en pudeur, qui est remarquable
03:49 et qui a mis beaucoup de sincérité dans ce projet.
03:50 - La road movie immobile, j'ai beaucoup aimé la formule.
03:53 - Ah oui, génial !
03:54 - Road movie fixe, il disait, mais ça s'est bien trouvé.
03:57 Laurie, le tueur à gage le plus redouté du cinéma
04:01 est aussi de retour ce mercredi.
04:03 - Oui, on le surnomme le croque-mitten.
04:04 C'est John Wick qui revient pour un quatrième opus assez incroyable,
04:08 il faut le dire, avec toujours l'excellent Ken Urives qui l'interprète.
04:11 Pour rappel, John Wick, c'est un ancien tueur à gage
04:13 qui a repris du service après qu'on ait tué son chien.
04:15 Au début, ce n'est qu'une affaire de vengeance,
04:17 mais au fil des films, c'est devenu bien plus.
04:19 Et dans cette suite, bien sûr, tout le monde veut sa peau.
04:21 - Tu es prêt, John ?
04:23 - Oui.
04:24 Et qui est-ce ?
04:26 Le Marquis de Grammont.
04:28 Je vais avoir besoin d'une arme.
04:31 - But I'm afraid it's private.
04:33 - Il y a de la bagarre, non ?
04:35 - De la bagarre, dans Paris, on aime beaucoup.
04:37 Juste une pensée pour l'acteur Lance Reddy
04:39 qui a disparu la semaine dernière
04:42 et qui interprétait le fidèle concierge de l'hôtel Continental.
04:46 Le film lui est dédié, et Ken Urives était assez bouleversé d'ailleurs.
04:48 - Oui, il était récemment dans les rues de Paris
04:50 pour la sortie en français du film,
04:53 et il était accueilli comme une immense star.
04:54 Il y a plein de scènes parisiennes dans ce John Wick numéro 4.
04:58 - Notamment sur la Place de l'Étoile.
04:59 - Merci beaucoup, Laurie Cholevin.
05:01 Merci à tous les trois et à demain pour de nouvelles découvertes.

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