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Aurore Bergé, présidente du groupe "Renaissance" à l'Assemblée nationale, prend la parole devant l'hémicycle ce lundi 20 mars pour défendre la réforme des retraites du gouvernement. 

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Transcription
00:00 Je ne peux plus m'empêcher de venir à cette tribune sans ce qui devrait tous nous réunir, à savoir notre Constitution.
00:06 Eh oui, je ne crois pas que cela prête à rire.
00:10 Notre Constitution, parce qu'elle est en fait le bien commun qui doit réunir les parlementaires,
00:17 parce que nos institutions sont solides et heureusement elles le sont,
00:21 et les deux motions de censure en sont la démonstration.
00:25 Vous parlez aujourd'hui d'une motion de censure dite transpartisane.
00:30 Transpartisane à la fois dans certaines de ses signatures,
00:34 mais la question transpartisane elle se pose surtout au moment du vote.
00:38 Savoir avec qui on est prêt ou non à lier son vote.
00:42 Savoir avec qui on est prêt ou non à voter, de part et d'autre de cet hémicycle.
00:49 Parce que, mes chers collègues, c'est trop facile...
00:55 C'est trop facile...
00:57 S'il vous plaît, cet après-midi on s'écoute. S'il vous plaît.
01:01 S'il vous plaît, un peu de silence.
01:06 Alors, parce que, mes chers collègues, oui, contrairement à ce que vous avez dit, Mme Lavallette,
01:12 oui, une motion de censure de facto devient un programme commun.
01:16 Parce qu'une motion de censure, c'est la capacité à trouver une alternative crédible,
01:22 à dégager une autre majorité.
01:25 Et donc, en fonction de celles ou ceux qui voteront ensemble cette motion de censure,
01:32 qui s'applaudiront ensemble pour le vote de cette motion de censure,
01:36 alors vous direz aux Français quelle est prétendument la majorité alternative.
01:41 Alors vous direz aux Français quelle est prétendument le gouvernement alternatif.
01:46 Avec Charles de Courson en Premier ministre, avec Marine Le Pen à Bercy,
01:51 avec Mathilde Panot en ministre de l'Intérieur,
01:55 et avec à n'en pas douter Aurélien Pradié, ministre des Relations avec le Parlement.
01:59 C'est ça le projet alternatif que vous soumettez aujourd'hui aux Français.
02:05 Un peu de silence.
02:07 Dans toutes les autres démocraties, quand on parle de grande coalition,
02:11 on est ensemble pour un projet commun.
02:14 On est ensemble pour continuer à transformer son pays.
02:17 On est ensemble pour permettre de faire que ce pays avance.
02:21 C'est l'inverse que vous nous proposez aujourd'hui avec une motion de censure
02:25 qui vise à mettre à l'arrêt notre pays,
02:28 qui vise à créer du blocage non seulement dans nos institutions,
02:32 mais évidemment du blocage dans la rue.
02:35 Alors oui, mes chers collègues,
02:38 retraçons ensemble ces dernières semaines,
02:41 celles que nous avons vécues ou parfois subies dans cet hémicycle.
02:46 D'abord, je dois le dire, et je le dis au nom de mon groupe de manière claire,
02:52 il y a ceux qui ont été solides.
02:54 Et cette solidité, madame la Première ministre, c'est d'abord la vôtre.
02:58 Celle qui avait résisté avec courage et avec dignité,
03:01 malgré les cris de cet hémicycle, malgré l'impossibilité qui vous était faite de parler,
03:07 vous vous êtes exprimé de manière claire
03:09 et vous avez fait honneur à la vie politique et à la vie démocratique de notre pays.
03:15 Il y a la solidité de ceux qui ont défendu et qui ont porté ce projet essentiel pour nos compatriotes.
03:24 D'abord, le ministre du Travail, que vous n'avez eu de cesse d'invectiver,
03:29 d'insulter, de piétiner au sens figuré,
03:33 mais en vérité, finalement, vous aviez envie de le faire au sens propre.
03:36 Oui, Olivier Dussopt avec Gabriel Attal ont porté avec courage le projet qui est aujourd'hui soumis à vos votes.
03:45 Alors, retraçons ces dernières semaines.
03:48 D'abord, du côté gauche de cet hémicycle,
03:51 vous nous dites qu'il y a quatre groupes dans cet hémicycle,
03:55 mais en vérité, comment aujourd'hui vous différenciez ?
03:58 Vous avez assumé et accepté un accord électoral
04:01 qui a fait disparaître trois parties qui étaient des parties de gouvernement,
04:07 qui a fait disparaître des parties qui avaient des valeurs communes.
04:11 Pire que ça, quand un homme s'est levé, quand André Chassaigne s'est levé
04:17 pour dénoncer des agissements indignes, pour dire la honte qui était la sienne,
04:22 pas un d'entre vous ne s'est levé pour l'applaudir.
04:25 Nous étions seuls avec les Républicains à nous lever pour condamner ce geste
04:30 et pour applaudir votre président de groupe.
04:33 J'imagine qu'il doit y avoir des petites notes et des tableaux Excel
04:37 pour savoir quels sont les députés de la NUPES qui ne se comporteraient pas bien avec la France Insoumise.
04:43 Parce que oui, votre angoisse ultime, c'est qu'une dissolution existe
04:47 et qu'un candidat de la France Insoumise soit présenté face à vous demain en cas de dissolution.
04:53 Alors non, non, ne fâchons pas trop Jean-Luc Mélenchon.
04:56 Continuons à l'applaudir quand il est à la tribune de cet hémicycle.
05:00 Continuons à considérer qu'il est député, continuons à considérer qu'il est président de partie
05:05 puisque de toute façon, c'est à lui évidemment que vous répondez en dernier ressort.
05:11 Ensuite, il y a cette motion de censure présentée en grande partie par le groupe Liott
05:20 avec une diversité qui ne vous aura pas échappé chers collègues dans la composition de votre groupe.
05:26 Mais je parle à ceux qui dans votre groupe ont défendu la réforme des retraites,
05:31 qui ont défendu la candidature de François Fillon qui disait "allons-y, allons à la retraite à 65 ans".
05:38 Et je pense notamment à Charles de Courson puisque lui-même avait assumé avec clarté cette campagne.
05:45 Et puis il y a le groupe Les Républicains et en vérité, la vérité nous oblige à dire que oui,
05:53 oui nous avions un compromis que nous avions bâti ensemble.
05:57 Oui, parce que ça n'est pas un gros mot dans la vie politique et démocratique
06:01 que d'établir du consensus et que d'établir des compromis.
06:05 Parce que c'est la force même de notre Assemblée que de tout faire pour que des compromis existent.
06:10 Et ce compromis, il a été souhaité ardemment et voté. Il a été voté au Sénat.
06:17 Au Sénat, la droite a la majorité absolue et la droite a voté au Sénat.
06:23 En commission mixte paritaire, oui, cela a été voté par le président du groupe Olivier Marlex.
06:29 Et à ceux qui disent de part et d'autre de cet hémicycle que la CMP serait une vision dégradée de la démocratie,
06:36 quelle honte ! La commission mixte paritaire, c'est la capacité à faire travailler nos deux chambres ensemble.
06:44 Où est la difficulté enfin à dire clairement aux Français que Sénat et Assemblée peuvent travailler ensemble
06:51 pour faire émerger des compromis ? Qui ici, qui a déjà figé en CMP, ne peut oser, franchement,
06:58 regarder les Français dans les yeux et leur dire que la CMP c'est de la manigance ou c'est de la manœuvre ?
07:04 Au contraire, la CMP c'est de la clarté et c'est la capacité à dégager des compromis.
07:10 Mais au sein de votre groupe, il y a eu malheureusement des trajectoires personnelles,
07:15 il y a eu des calculs individuels qui ne sont en rien, mais alors en rien, motivés par l'intérêt général,
07:22 en rien motivés par l'intérêt des Français. Parce que vous le savez, les demandes que vous avez eues,
07:28 ces demandes qui pouvaient être légitimes, notamment sur les carrières longues, elles sont satisfaites dans ce texte.
07:34 Mais il fallait à nouveau trouver un prétexte, prétexte après prétexte pour ne pas voter.
07:40 Alors oui, moi je retiens ceux qui au sein de votre parti, ceux qui au sein des Républicains,
07:46 ont assumé au Sénat, ont assumé en commission mixte paritaire et disent aujourd'hui dans les médias,
07:51 disent aujourd'hui sur le terrain qu'ils assument une réforme nécessaire pour notre pays.
07:57 Et oui, qu'ils ont honte en effet de voir certains de leur famille politique assumer de voter une motion,
08:04 non seulement transpartisane, mais avec l'extrême droite.
08:08 J'ai connu un parti politique où en effet il y avait des digues qui étaient claires avec l'extrême droite.
08:14 Je sais que ces voix sont très minoritaires et j'espère qu'elles le resteront,
08:19 car oui, nous avons besoin de partis républicains, de partis clairs avec leur valeur.
08:25 Et puis enfin, enfin, il y a l'extrême droite.
08:30 Je sais que vous n'aimez pas ce terme, mais c'est quand même comme ça qu'on continue à vous caractériser,
08:35 parce que c'est ce que vous êtes au fond de vous, c'est ce que sont vos valeurs.
08:40 Et finalement, finalement que dire sur le Rassemblement National ?
08:45 En fait, vous c'est un peu le mime Marceau, ça gesticule mais ça parle pas,
08:50 parce qu'on vous demande de vous taire, parce que surtout il ne faudrait pas prendre le risque
08:56 qu'un seul député du Rassemblement National s'exprime, parce que quand vous vous exprimez,
09:01 ça finit en dérapage et on se souvient qui vous êtes.
09:04 Et l'Assemblée le condamne avec un député qui a été interdit de notre hémicycle pendant 15 jours
09:10 pour un dérapage grave à l'encontre d'un de nos collègues.
09:14 Oui, c'est ce qui s'est passé pendant toute cette séquence.
09:18 Et puis, en face de moi...
09:21 S'il vous plaît, un peu de silence, on écoute Mme la Présidente Berger.
09:25 S'il vous plaît.
09:27 Mais si vous voulez parler, vous savez, chers collègues, que l'avez-vous fait pendant les 15 jours de débat ?
09:33 Que n'avez-vous pris ce micro pendant les 15 jours de débat ?
09:36 Que n'avez-vous déposé des amendements pendant les 15 jours de débat ?
09:40 Que n'êtes-vous allé en médias pour assumer de porter une contradiction ?
09:44 La vérité, elle est claire, il y a un chef, une chef, et seule elle a droit à la parole.
09:51 Les autres doivent d'abord se taire et appuyer sur le bouton ou lever la main quand on leur demande.
09:57 C'est ça, la triste vérité qu'est le Rassemblement National.
10:10 Et puis, enfin, il y a, face à moi, la majorité.
10:16 Les trois groupes de la majorité, unis, soudés, responsables,
10:23 qui ont assumé et qui assument jusqu'au bout leur valeur, leur conviction,
10:29 et qui le font sur le terrain tous les jours.
10:32 Oui, nous le savons, défendre une réforme des retraites demande toujours du courage.
10:37 Mais ce courage, la majorité l'a.
10:40 Et je veux rendre hommage en particulier à notre présidente de commission, Fadila Katabi,
10:45 et à Stéphanie Rist, notre rapporteur général.
10:48 Et oui, oui, j'assume de défendre, nous assumons de défendre ce texte.
11:00 Dans les motions de censure encore, nous avons entendu les fausses vérités sur l'état de nos comptes publics.
11:06 Quel dommage, Charles de Courson, quand justement on a fait toute sa carrière et sa vie politique,
11:11 cet mandat parlementaire, pour parler de la restauration de nos comptes publics.
11:16 Parce que oui, sans cette réforme, à la fin, en dix ans, nous aurons accumulé 150 milliards de déficits.
11:24 La vérité, elle est là, et vous ne pouvez pas la contester.
11:28 La vérité, c'est que oui, la justice est d'abord de faire en sorte que cette réforme soit adoptée.
11:34 Parce que ceux qui vont trinquer, ceux qui trinqueraient en premier, ce sont les plus fragiles de notre pays,
11:40 qui eux, n'ont que la solidarité intergénérationnelle pour faire en sorte d'espérer un jour avoir le droit à une retraite.
11:48 Et oui, cette réforme, en effet, elle demande du courage, parce que demander des efforts aux Français,
11:54 c'est toujours plus difficile que de dire que demain on rase gratis avec de l'argent qu'on n'a pas,
11:59 et avec des efforts qu'on ne demande pas.
12:02 Et ce sont ces efforts qui ont fait en sorte que nous sommes potentiellement aux portes du plein emploi dans notre pays.
12:09 Parce que nous avons 7,2% de taux de chômage, alors qu'en 2017, nous étions à près de 10% de taux de chômage.
12:16 Ça, c'est concret. Ça, c'est l'avenir des Français, l'avenir de nos concitoyens,
12:22 et la manière avec laquelle ils peuvent le regarder plus sereinement.
12:26 Et l'avenir, oui, c'est ce qui doit nous appartenir à partir de ce soir.
12:31 Car quel que soit le résultat souverain de notre Assemblée, qui votera pour dire oui ou non à la réforme,
12:38 qui votera pour dire oui ou non à la censure, alors oui, il y aura un après.
12:43 Et cet après, il est de notre responsabilité.
12:47 Pendant les débats au sein de l'Assemblée, combien de fois avons-nous été interpellés par des Français
12:54 qui nous écrivaient ou qui nous interpellaient directement en nous disant "J'ai honte de regarder ces débats,
13:00 j'ai honte de ce que l'Assemblée est devenue, j'ai honte de ce bruit et de ce vacarme permanent,
13:06 j'ai honte du tapis rouge que vous dressez à l'extrême droite".
13:10 Parce que si l'extrême droite peut conclure son discours en disant "2027 c'est bientôt",
13:16 c'est parce que vous êtes là et parce que vous n'êtes pas un rempart, vous êtes un marchepied.
13:21 Alors oui, nous devons réussir collectivement à aller au-delà du ressentiment que peut provoquer cette réforme,
13:32 aller au-delà de l'amertume qu'elle peut provoquer à partir du moment où, oui, nous demandons des efforts,
13:38 oui, nous devons ouvrir des chantiers qui sont dans l'intérêt des Français et qui sont vitaux pour l'avenir de notre pays.
13:45 Je pense évidemment à la question du travail, parce que la question des retraites, elle pose fondamentalement d'abord la question du travail,
13:53 du rapport au travail, du sens du travail, de la rémunération du travail dans notre société.
13:58 C'est toute la question du partage de la valeur et du partage des profits que nous voulons voir être mis en œuvre dans les prochaines semaines.
14:04 C'est la question de l'autonomie aussi et de nos aînés. Combien de familles sont touchées par la dépendance, par la perte d'autonomie ?
14:13 Nous avons créé la cinquième branche. Nous, toute la majorité, avons déposé une proposition de loi sur l'autonomie et le bien vieillir.
14:20 Ça, c'est la vie quotidienne des Français dont il est question.
14:23 Alors, oui ou non, serons-nous capables, à l'issue des votes de ce soir, de trouver dans cet hémicycle,
14:30 dans cet hémicycle que les Français ont choisi, à la fois dans la majorité et avec les personnes de bonne volonté, de droite comme de gauche,
14:38 seront-nous capables de voter des textes qui sont structurants ?
14:42 Serons-nous capables, demain, de voter un texte inédit de soutien à nos forces armées pour lutter contre le terrorisme ?
14:49 Serons-nous capables, demain, de voter un texte majeur sur l'accès aux soins pour les plus précaires, en particulier la défense de notre hôpital public ?
14:57 Serons-nous capables de voter notre texte sur l'autonomie ?
15:01 Serons-nous capables de continuer à prendre le tournant de la planification écologique ?
15:05 Serons-nous capables de décarboner notre industrie et de porter une industrie verte ?
15:10 Serons-nous capables, ensemble, de refonder notre pacte républicain et notre école ?
15:15 Serons-nous capables d'assumer un discours clair sur l'immigration qui dit que, oui, on doit régulariser ce qui s'intègre par le travail,
15:23 mais que, oui, on doit évidemment expulser ce qui enfreigne nos valeurs, pas l'un ou l'autre, l'un et l'autre ?
15:30 Alors, en conclusion, face aux extrêmes, face aux alliances de circonstances qu'on a vues fleurir ces derniers jours,
15:39 face aux opportunismes de tous bords, face au cynisme qui peut trop souvent exister ici,
15:45 oui, la réponse, encore et toujours, elle est dans le dépassement et elle est dans le rassemblement.
15:52 Les Français nous ont élus, les Français nous ont choisis, les Français sont prêts, eux, au dépassement et au rassemblement.
15:59 La majorité y est prête, que celles et ceux qui sont de bonne volonté s'engagent avec nous.
16:04 Je vous remercie.
16:06 Merci.
16:07 (Applaudissements)
16:07 (Applaudissements)

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