Réforme des retraites: une motion de censure "transpartisane" déposée à l'Assemblée contre le gouvernement
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00:00 On parle donc avec la chef du service politique de France 24, Roselyne Fèvre.
00:03 Bonjour Roselyne.
00:04 Bonjour Achrelle.
00:05 Comme c'était attendu, une première motion de censure a donc été déposée par le groupe
00:09 centriste Lyott.
00:10 Oui, Lyott.
00:11 Alors, on n'a pas l'habitude d'entendre ce parti.
00:14 C'est un parti centriste qui est dirigé par Charles de Courson, qui n'est pas d'habitude
00:19 connu pour être un révolutionnaire.
00:21 Mais en tout cas, il a émis l'idée déjà il y a quelques jours d'une motion de censure
00:25 transpartisane.
00:26 C'est-à-dire que tout le monde peut la voter, ce qui éviterait effectivement que la France
00:33 Insoumise, il lui soit reproché de voter la motion de censure RN et vice-versa, même
00:38 si le RN a toujours dit qu'il voterait n'importe quelle motion.
00:43 C'est-à-dire, tout est bourdon à prendre.
00:46 Mais cette motion de censure, elle est improbable à mon avis, mais elle n'est pas impossible.
00:55 Alors, ça fait un peu serment de jésuite, mais si on compte les voix, vous avez 88 voix
01:03 du RN, 74 voix de LFI, 31 voix du PS, 22 voix du PCF, 22 voix des Verts, 20 voix d'Elliott,
01:13 et quelques voix républicains.
01:16 Or, il faut atteindre les 287 voix pour avoir aux 89 voix, parce qu'il y a deux sièges
01:22 vacants, pour renverser le gouvernement.
01:26 Donc, c'est peu probable.
01:28 Mais, une fois de plus, que peut-il se passer si des républicains sont de plus en plus
01:35 frondeurs ? Parce qu'on a vu quand même que le gouvernement n'avait pas les votes
01:39 promis des républicains.
01:40 Justement, ils apparaissaient divisés sur la question, mais visiblement, ils ne signent
01:45 pas cette motion.
01:46 Non, en tout cas, c'est ce qu'a dit Eric Ciotti, le patron des républicains.
01:49 On voit bien qu'Eric Ciotti ne tient pas ses troupes la preuve, alors que le gouvernement
01:55 s'est quand même agenouillé auprès du gouvernement, et a cédé, a fait beaucoup
01:59 de concessions, pour espérer que cette loi soit votée, ce qui n'a pas été le cas,
02:04 puisqu'ils sont passés en 49-3 pour, justement, incapacité à trouver un compromis.
02:10 Dans ce climat, Roselyne, quel avenir pour Elisabeth Borne ?
02:14 Elisabeth Borne, si vous voulez, là où elle a fait une faute, c'est qu'elle a
02:21 forcé un peu Emmanuel Macron, elle a un peu tordi le bras en voulant négocier, en
02:29 disant "on peut négocier, on peut trouver un terrain d'entente, on peut se concerter".
02:32 Elle a préféré aller à la négociation, alors qu'Emmanuel Macron voulait directement
02:37 voter, passer par 49-3, la réforme des retraites.
02:42 C'est dans cela que peut-être Emmanuel Macron, ou alors s'en veut à lui-même,
02:47 d'avoir cédé à la technique Borne.
02:51 Et d'un autre côté, Emmanuel Macron avait dit "maintenant la méthode va changer,
02:55 je vais consulter".
02:56 Donc il ne pouvait pas non plus se dédier.
02:58 Alors l'avenir d'Elisabeth Borne, alors il est bien évident que si la motion de
03:04 censure venait à renverser le gouvernement, il n'y aurait plus d'Elisabeth Borne,
03:09 ni de réforme des retraites, mais en tout cas, elle ne sautera pas tout de suite.
03:15 C'est évident, parce que d'abord, Emmanuel Macron n'offrira pas sa tête à l'opposition.
03:21 Et d'un autre côté, le Premier ministre, dans la Constitution, est là pour être le
03:28 fusible du président de la République.
03:30 Donc si Emmanuel Macron voulait redonner un peu de vivacité, on va dire, en tout cas
03:36 le changement à son gouvernement, oui, elle pourrait partir.
03:40 Et de toute façon, je crois qu'elle l'assume et qu'elle le sait, tout Premier ministre
03:45 qui arrive à Matignon sait qu'un jour il sera sacrifié sur l'autel de protection
03:52 du président.
03:53 Les blocages et les manifestations se poursuivent aujourd'hui, il y en a d'autres qui sont
03:56 prévues ce week-end, avant donc cette grande journée de mobilisation à nouveau le 23
04:01 mars.
04:02 On peut s'attendre à un durcissement ?
04:03 Oui, bien évidemment, parce que même la CGT qui avait dit que si le texte est voté,
04:10 en quelque sorte il reconnaîtrait la démocratie représentative, c'est-à-dire qu'il s'en
04:15 remettait à cette démocratie.
04:18 Et là, il ne fait que ce 49-3, a basculé dans un sentiment d'autoritarisme.
04:26 C'est-à-dire que face à la pression sociale qui a été exercée, le gouvernement continue
04:31 à y passer en force, qui donne du carburant et en tout cas de la force à des manifestants
04:38 et à des syndicats qui continuent de croire que cette fois ils ont déjà gagné une première
04:43 bataille et qu'ils peuvent gagner la guerre.
04:46 Mais rien n'est moins sûr.
04:48 Merci beaucoup Roselyne pour cette analyse.