Comme à la radio - La chronique d'Hippolyte Girardot

  • l’année dernière
Pour Hippolyte Girardot, la radio, c’est pas seulement de l’info, c’est pas des faits mais c’est, mille fois plus que de la télé, de l’émotion.

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00:00 * Extrait de « Ce sera tout à l'heure » de Mélanie *
00:10 J'ai été réveillé le matin par la radio des Monde en France.
00:15 En français.
00:16 J'ai ri avec le rayon coin chaque dimanche.
00:18 J'ai suivi des matchs de foot avec mon grand-père dans sa voiture et la 2 chevaux sautaient
00:21 à chaque but.
00:22 J'ai suivi Mai 68 sur la radio la plus libre, alors qu'il n'était pas celle-ci.
00:26 J'ai eu un coup de cœur, un coup au cœur, un soir de décembre 80, quand j'ai entendu
00:30 que Lennon avait été assassiné.
00:32 J'ai écouté la progression des attentats, téléphone collé à l'oreille, tandis
00:35 que je me précipitais chez moi un soir de novembre 2015.
00:38 Bref, la radio, c'est de l'info, oui c'est vrai, c'est des faits, mais c'est surtout
00:44 de l'émotion.
00:45 Parce que comme il n'y a rien à voir, notre cerveau visualise tout.
00:48 Et pour que ça marche, il faut y mettre le ton.
00:51 Au ton, on sait, on devine, et notre système sympathique s'emballe.
00:55 C'est au ton, oui, effectivement, qu'on reconnaît l'information qui compte ou pas.
00:59 Par exemple, un ton badin qui prend son temps, le matin, c'est une information banale,
01:03 peut-être cocasse, marrante, un truc qui fait dire « tiens j'ai entendu un truc rigolo
01:06 à la radio ce matin, tu savais que les vaches donnaient plus de lait quand elles écoutent
01:09 de la musique douce ? » On imagine les conversations possibles au café autour de ce sujet, même
01:14 si on le change un petit peu.
01:15 Parfois c'est un ton grave, là on entend l'oreille, on se dit « merde, y'a un
01:18 truc, t'aidez-vous ! » Montre le son.
01:20 En général, c'est triste.
01:21 On le savait avant même de l'entendre.
01:23 Et puis y'a le ton qui annonce que ça va un peu déménager.
01:27 Par exemple, notre Florence Paracuélos, au journal de 8h, elle sait y faire.
01:32 « Écoutez, à la une ce matin, vous avez quoi ? La réforme des retraites, évidemment,
01:35 et cet épilogue à haut risque pour le gouvernement.
01:37 Votre EG ou 49.3, cet après-midi à l'Assemblée.
01:41 C'est l'hypothèse de la mise au voie qui tient la corde ce matin.
01:43 Dites par moi, ça sent la naphtaline.
01:45 Mais écoutez, Paracuélos, elle le sait.
01:48 À la une ce matin, vous savez quoi ? La réforme des retraites, évidemment, et cet
01:52 épilogue à haut risque pour le gouvernement.
01:55 Votre EG ou 49.3, cet après-midi à l'Assemblée.
01:58 C'est l'hypothèse de la mise au voie qui tient la corde ce matin.
02:02 » Et voilà, on devine le suspense.
02:04 On sent que ça va durer.
02:05 Ça va aller jusqu'au bout du suspense.
02:07 On va savoir qui va devoir finalement battre en retraite.
02:10 Bon, maintenant on sait.
02:11 Mais enfin, ce matin, c'était tout à fait excitant.
02:13 Et la radio nous parle à l'oreille comme à celle des chevaux.
02:16 Même quand on n'a pas compris, on sait ce que ça veut dire.
02:18 Il nous fait le son, il nous enveloppe.
02:19 Et d'ailleurs, un peu plus tard, j'ai entendu sur la même radio, Jean Dujardin interviewer
02:24 chez Totemic, où il parlait d'un film où il marche et où il est souvent de dos sans
02:28 rien dire.
02:29 Pour moi, le film absolument idéal où on imagine tout.
02:32 Et il disait « C'est presque un film qu'on pourrait voir les yeux fermés ».
02:35 Eh oui, c'est un double sens, mais ça c'est parce que c'est « Ce sera tout à fait
02:40 comme à la radio ».
02:44 C'est la magie.
02:45 C'est Brigitte Fontaine, bien sûr.
02:47 Belle hommage à la radio.
02:50 Merci, Pauline Girardot.
02:51 Mais pas tous les jours, le matin à la radio, c'est trop.
02:54 On se réveille avec le fracas du monde le matin avec la radio.

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