Artificialisation des sols : "Je souhaite un partage de l'effort entre l'Etat et les collectivités"

  • l’année dernière
Zéro artificialisation nette des sols : "Je souhaite un meilleur partage de l'effort entre l'Etat et les collectivités territoriales" déclare Valérie Létard, sénatrice (UC) du Nord, vice-présidente du Sénat, et auteure de la Proposition de loi visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de « zéro artificialisation nette » au cœur des territoires.

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Transcription
00:00 Merci d'être avec nous Valérie Letta et de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:03 Sénatrice centriste du Nord, vice-présidente du Sénat, on va parler du zéro artificialisation net des sols.
00:08 C'est un sujet d'inquiétude pour les élus, c'est un texte que vous portez.
00:11 Mais d'abord, l'actualité c'est toujours la réforme des retraites.
00:14 Vous vous êtes abstenue, vous, samedi soir, lors du vote sur cette réforme. Pourquoi ?
00:19 – Bien d'abord, j'essaie d'écouter la voix des populations que je représente aussi.
00:26 J'ai des valeurs, j'ai des idées, je suis centriste.
00:29 Je suis pour que l'on travaille sur l'avenir de nos retraites.
00:33 Il faut réformer les retraites, mais vous le savez, je l'ai déjà exprimé.
00:38 La temporalité, la façon dont s'est construite, la méthode de construction de cette réforme,
00:44 peut-être passer de concertation en amont, faire venir ça au moment où on connaît la crise de l'énergie,
00:50 liée effectivement et du pouvoir d'achat, l'inflation, un conflit russo-ukrainien
00:55 qui ont inquiété nos concitoyens, qui ont affaibli leur pouvoir d'achat,
01:00 leur par les réformes des retraites, et dans un contexte où, effectivement,
01:04 il n'y a peut-être pas eu suffisamment de préparation de pédagogie et de partage,
01:07 de co-construction avec les partenaires sociaux et les parlementaires, ça démarrait mal.
01:12 Et dans ce texte, si par exemple sur les 43 ans, moi j'étais favorable,
01:18 la mesure d'âge, très honnêtement, je pense qu'elle impacte fortement des personnes
01:25 qui sont déjà en fragilité par rapport à l'accès à une retraite complète.
01:29 Et il me semblait que, d'une part, le Sénat a fait quelques avancées sociales sur la retraite des femmes,
01:36 justement sur cette précarité qui va se renforcer,
01:39 a trouvé quelques solutions qui pouvaient améliorer un peu les choses,
01:42 mais quand même, la mesure d'âge ne me convient pas.
01:45 Donc je me suis abstenue pour qu'il y ait quand même discussion en CMP
01:48 et qu'on puisse sur quelques avancées être force de proposition.
01:53 Pour autant, je ne partage pas la mesure d'âge.
01:55 Il y a un autre point, par exemple, qui m'a aussi beaucoup chagrinée.
01:58 J'ai ma collègue Sylvie Vermeillet qui a déposé un amendement,
02:02 elle est à la Commission des finances, qui visait à faire en sorte que
02:05 les gains de CSG liés à deux années de cotisation, s'il y a mesure d'âge,
02:10 au moins puissent aller vers un fonds de réserve des retraites.
02:13 On demande aux Français de faire un effort en acceptant des mesures
02:17 de travail et de cotisation supplémentaires pour réduire les déficits équilibrés.
02:22 On dégage des marges de manœuvre.
02:24 On doit les mettre dans un fonds de réserve plutôt que de les mettre dans le pot commun
02:28 parce que qui dit effort pour les retraites,
02:31 sanctuarisation des moyens pour les retraites, ça me paraissait une bonne mesure.
02:34 Elle a été rejetée.
02:35 Typiquement, je trouve que c'était vertueux de dire on fait des efforts,
02:39 ça part pour nos retraites futures.
02:40 Tout ça, ça fait un équilibre qui ne me convenait pas.
02:44 Des gens inquiets qui ne comprennent pas sur quoi nous allons atterrir.
02:48 Réformer les retraites, oui, mais on sait qu'en plus,
02:52 le gain budgétaire va être assez faible et donc on devra remettre ça sur le tapis.
02:57 On a fragilisé quand même le dialogue entre le gouvernement,
03:01 le peuple et même le Parlement.
03:03 Il faut reconstruire un travail, une coproduction,
03:07 travailler tous ensemble avec les corps intermédiaires.
03:09 – On va parler de ça, mais sur le fond,
03:11 est-ce que vous espérez encore des améliorations sur ce texte ?
03:14 Est-ce que vous demandez encore des améliorations ?
03:16 Puisque le parcours législatif n'est pas terminé.
03:18 – Les améliorations, je vous ai dit, c'est d'abord…
03:21 – Sur les 43 ans notamment, on sait que ce que vous dites est partagé
03:25 par des députés républicains, par des députés horizon.
03:28 Est-ce que vous espérez qu'en commission mixte paritaire, les choses changent ?
03:31 – Écoutez, je pense qu'aujourd'hui, la commission mixte paritaire,
03:37 en tout cas côté Sénat, je pense que les élus partent avec un certain nombre
03:42 de propositions de maintien, d'avancées qui ont été portées effectivement au Sénat.
03:48 Après, qu'est-ce que ça va effectivement donner ?
03:52 Comment les membres de la commission mixte paritaire peuvent s'entendre
03:55 sur des lignes telles que les 43 ans ou la mesure d'âge ?
03:59 – Pour y avoir un accord ?
04:01 – Moi, je pense qu'il peut y avoir un accord de CMP,
04:04 mais après, je ne lis pas dans le mar de café du tout.
04:08 On voit bien qu'aujourd'hui, les choses sont fragiles,
04:12 que tout le monde s'interroge, que l'équilibre a trouvé…
04:14 aujourd'hui, l'équilibre est plus que précaire.
04:18 Comment ça va atterrir ? Qu'est-ce qui va se passer si effectivement,
04:21 après, ça repart vers l'Assemblée nationale ?
04:23 Aujourd'hui, très difficile.
04:27 – Ça veut dire que l'utilisation du 49-3 pour vous sur ce texte, ce serait un problème ?
04:32 – Le 49-3, ça a mal commencé, c'est-à-dire qu'on a eu l'impression
04:36 que c'est quelque chose… que quelque chose arrivait de façon extrêmement verticale,
04:40 peu coproduite.
04:42 Alors, on nous parle de concertation.
04:43 La concertation, elle ressemble plus à une information des partenaires sociaux
04:48 ou des parlementaires qu'à une coproduction.
04:51 Alors, ça commence difficilement dans la douleur.
04:55 Il ne faut pas que ça s'ermine en la douleur et par un divorce entre,
04:58 encore une fois, le Parlement, les corps intermédiaires, la population
05:04 et le gouvernement.
05:05 Il faut essayer de reconstituer un dialogue, une capacité à travailler ensemble.
05:09 Mais pour ça, dès le départ, il faut créer les conditions.
05:12 Le problème, c'est que quand ça démarre difficilement, c'est compliqué.
05:16 Et le 49-3, ce n'est pas vraiment la démocratie parlementaire.
05:21 – Ça va laisser des traces pour vous, cette bataille.
05:22 Est-ce que déjà, ça va laisser des traces au sein de votre groupe ?
05:24 Il y a 20 sénateurs sur les 57 du groupe Union Centriste qui n'ont pas voté ce texte.
05:28 – Le groupe Union Centriste, c'est un groupe où, sur les fondamentaux,
05:35 les valeurs que nous partageons, il y a une union totale.
05:39 Mais il y a une liberté de parole.
05:41 Et sur un texte qui impacte autant les Français
05:44 et avec des réalités territoriales très diverses.
05:47 Moi, je viens d'un département du Nord où les gens qui n'ont pas de carrière complète
05:50 parce qu'on a vécu la fermeture de l'industrie sidérurgique, des houillères,
05:56 on a des tas de gens qui voulaient travailler mais qui ont perdu leur emploi
05:59 et qui, pendant des années, n'en ont pas retrouvé.
06:01 On a des tas de gens qui sont aujourd'hui dans des carrières
06:03 où avec des retraites, des carrières hachées,
06:07 des retraites qui seront petites avec des femmes qui sont en temps partiel subies.
06:10 Tout ça va impacter la population.
06:12 Les plus fragiles se sentent pas rassurés par ce qui est en train de se passer.
06:18 Moi, j'entends, je sais qu'il faudra y revenir.
06:20 Il faut travailler.
06:21 Mais j'espère qu'à l'avenir, ce qui sortira pour garantir les retraites durablement,
06:26 nous soyons en capacité de le faire ensemble
06:28 et de le faire en donnant le sentiment de justice sociale.
06:31 – Vous regrettez que le gouvernement et que la majorité sénatoriale,
06:34 de la droite et du centre, en tout cas dans sa majorité,
06:36 n'ait pas suffisamment entendu les Français ?
06:38 – Moi, je pense que le Sénat a raison de travailler et d'aller au bout du débat
06:45 et de voter un texte parce que sinon, c'est la négation effectivement
06:49 du parlementarisme et on est là pour porter une voix.
06:52 Après, on s'est exprimé dans notre diversité,
06:55 la majorité sénatoriale s'est exprimée.
06:57 Je pense que, enfin voilà, moi je respecte tout à fait,
07:01 il y a beaucoup de gens qui veulent qu'on avance sur cette réforme des retraites.
07:05 La difficulté, c'est qu'on est parti d'un texte qui nous a été posé,
07:09 qui a beaucoup de sujets, que ce soit les régimes spéciaux,
07:12 que ce soit effectivement même l'avancée de l'âge des parents retraite.
07:17 Ces conditions, on ne les a pas suffisamment travaillées avec le gouvernement.
07:22 On subit.
07:24 – Vous êtes vice-présidente du Sénat,
07:26 on a vu des débats au Sénat tendus comme rarement.
07:29 Est-ce que ça va laisser des traces au Sénat
07:31 entre la majorité sénatoriale et la gauche ?
07:33 – Je pense qu'on rentre sur des sujets extrêmement sensibles
07:39 qui font qu'un certain nombre de valeurs qui sont intrinsèques,
07:48 effectivement composantes politiques, font que ce débat, ces différences,
07:53 elles s'expriment, comme elles ne s'étaient pas exprimées depuis longtemps.
07:56 Pour autant, le Sénat est une assemblée qui respecte ces différences
08:00 et qui sait se retrouver sur les sujets d'intérêt généraux.
08:03 On va parler du ZAN ensuite.
08:04 S'il y a bien un sujet sur lequel, de façon extrêmement transpartisane,
08:09 on partage le point de vue d'une réalité territoriale
08:12 sur lequel on doit défendre les collectivités
08:15 par rapport à un texte et des objectifs de la loi climat
08:18 que tout le monde partage,
08:19 mais la méthode très verticale, une fois de plus,
08:22 de la gauche jusqu'à la droite,
08:24 tout le monde est convaincu qu'il faut desserrer les taux
08:26 et que ce n'est pas possible que tout descende comme ça.
08:29 – On va parler du ZAN, "Zéro artificialisation net des sols",
08:32 c'est un texte que vous portez,
08:33 dont le Sénat a débuté l'examen hier.
08:36 C'est un sujet d'inquiétude pour les élus locaux.
08:38 On va en parler, on accueille Steve Jourdin
08:40 qui va nous détailler le texte et nous raconter la séance d'hier.
08:43 [Musique]
08:50 Bonjour Steve !
08:51 – Bonjour Yann, bonjour Madame la Sénat.
08:53 – Steve, le Sénat a donc entamé hier l'examen d'un texte
08:55 qui prévoit d'améliorer le dispositif actuel
08:58 en matière d'artificialisation des sols.
09:00 Avant d'entrer dans le détail, Steve,
09:01 rappelez-nous très simplement ce qu'est l'artificialisation des sols
09:04 et quels sont les règles qui existent aujourd'hui ?
09:05 – Artificialiser, c'est bétonner, c'est peut-être plus parlant dit comme ça.
09:09 Bétonner, bétonner, bétonner.
09:11 En France, on est très fort en la matière
09:13 puisqu'entre 6 et 9% du territoire est considéré comme artificialisé.
09:19 On est tout simplement le pays le plus bétonné d'Europe.
09:21 Par habitant, chaque année, entre 20 000 et 30 000 hectares de terrain
09:26 sont concernés, en moyenne dans l'hexagone.
09:28 Alors, artificialiser un sol, ça veut dire le transformer.
09:31 C'est utile car ça permet de créer des surfaces consacrées par exemple à l'habitat,
09:35 le problème, c'est que ces sols ne remplissent alors plus leurs fonctions naturelles.
09:39 Il faut savoir qu'un sol artificialisé n'absorbe plus de CO2,
09:43 il participe donc au réchauffement climatique,
09:45 c'est cette tendance que le gouvernement souhaite renverser.
09:48 Une loi a donc été adoptée, Auriane.
09:50 – Et la loi climat et résilience, qu'est-ce qu'elle prévoit
09:53 et pourquoi elle est critiquée par les sénateurs ?
09:55 – Objectif zéro artificialisation nette, c'est ce qui est prévu par la loi
09:59 qui impose aux collectivités de diminuer de 50% d'ici à 2031
10:03 le rythme de bétonisation des terres.
10:05 À terme, l'objectif, c'est d'arriver à zéro artificialisation en 2050.
10:09 L'objectif est très ambitieux, le problème, c'est que les textes d'application
10:13 pris par l'exécutif ne sont pas adaptés à la situation sur le terrain.
10:17 Les collectivités n'ont pas les outils adaptés
10:19 pour répondre à l'enjeu de la transition, le calendrier pose aussi question.
10:23 Bref, beaucoup de sujets dont le gouvernement dit avoir conscience,
10:27 tout le monde est d'accord, il faut changer la loi.
10:31 Ce dispositif a été adopté dans le cadre de la loi Climat et Résilience,
10:37 un texte de 305 articles, il a soulevé à la fois une forme d'enthousiasme
10:45 par le fait que la France puisse prendre ce sujet de la lutte
10:47 contre l'étalement urbain à bras-le-corps et parfois des difficultés
10:51 de mise en œuvre ou des incompréhensions dans la manière
10:54 dont les choses allaient se passer.
10:55 – Et Sif, que propose le Sénat pour répondre à la colère des élus locaux ?
10:58 – Plus de pragmatisme et d'efficacité, c'est-à-dire plus de simplicité
11:02 et aussi plus de temps pour mettre en œuvre les objectifs fixés au niveau national.
11:06 La majorité sénatoriale milite pour un meilleur partage de l'effort
11:09 entre État et collectivité, elle souhaite aussi mettre à disposition
11:13 des élus locaux de nouveaux outils pour faciliter la transition.
11:17 À cela, le gouvernement dit "why not", pourquoi pas,
11:20 mais attention à ne pas perdre de vue les objectifs fixés
11:23 en matière environnementale, écoutez.
11:26 On ne va pas arrêter de construire.
11:27 La priorité, elle est d'organiser une sobriété foncière,
11:32 qui est le prolongement de ce que les élus locaux ont d'ores et déjà commencé
11:35 au travers des chiffres d'artificialisation.
11:37 – Madame l'État, vous êtes sur la même ligne avec le gouvernement,
11:40 vous partagez les mêmes priorités ?
11:42 – On partage les mêmes objectifs, comme vous l'avez très bien rappelé,
11:46 comme l'a rappelé le ministre.
11:48 La loi climat, c'est une évidence pour tous les élus de France et de Navarre.
11:53 Se dire qu'il faut être plus sobre, garantir la sobriété foncière,
11:58 protéger les espaces agricoles, naturels et forestiers,
12:02 c'est une évidence.
12:03 Pour autant, le pays ne s'arrête pas,
12:07 il faut continuer à faire vivre les territoires,
12:10 à faire en sorte que la souveraineté industrielle
12:15 voulue par le gouvernement, la transition industrielle
12:19 vers une industrie propre, nécessite qu'on a, par exemple,
12:23 qu'on implante des gigafactories qui vont consommer du foncier,
12:26 des communes rurales qui ont besoin de continuer à accueillir
12:29 des familles jeunes dans le respect, encore une fois,
12:32 d'une consommation foncière maîtrisée, c'est-à-dire qu'on ne va pas
12:36 effectivement autoriser des parcelles de terrain immenses
12:40 pour accueillir un logement.
12:41 Tout le monde a bien conscience et a créé des documents d'urbanisme plus sobres.
12:45 – Donc, que je sois bien claire, vous demandez d'assouplir…
12:48 – Nous, ce qu'on demande, ce n'est pas de revenir sur les objectifs,
12:50 on a d'ailleurs dit que nous étions d'accord sur les objectifs,
12:52 qui ont été votés dans la loi climat, mais simplement,
12:56 un peu comme sur les retraites, pouvoir partager cette mise en œuvre
13:01 d'un urbanisme plus sobre, plus maîtrisé, mais effectivement divisé par deux.
13:06 La consommation foncière est déjà un énorme effort pour les collectivités
13:10 qui vont devoir réviser leurs documents d'urbanisme et faire en sorte
13:15 de déclasser, de rendre à la nature la moitié des espaces
13:20 qui étaient à la construction.
13:22 Il faut savoir, vous avez donné des chiffres, mais que depuis 10 ans,
13:26 même plus de 10 ans, les scott-grenelle étaient déjà des scotts
13:31 qui proposaient de diviser par 2, 3, 4 la surface consommée
13:36 par rapport aux années, aux décennies précédentes.
13:39 Depuis 10 ans, il y a une tendance à la baisse de la consommation foncière.
13:43 Cette loi, elle veut aller encore plus loin, mais ce qu'il faut savoir,
13:46 c'est qu'il y a bien longtemps que les élus locaux se sont mis
13:49 en ordre de marche sans passer par la contrainte pour justement
13:53 reconquérir les friches industrielles.
13:55 – Mais alors concrètement, expliquez-nous, qu'est-ce qui inquiète
13:57 les élus locaux, voire qu'est-ce qui les agace ?
13:59 Qu'est-ce qui vous font remonter ces élus locaux ?
14:02 – Les élus locaux, ils voient un ZAN qui est en fait un zéro artificialisation net,
14:08 un texte de loi qui propose une application extrêmement corsetée.
14:13 C'est la région qui va… parce que le ministre nous disait,
14:17 voilà la loi climat, vous l'avez votée, maintenant, appliquons-la.
14:22 Mais on a voté un texte qui donnait une tendance,
14:26 qui donnait des objectifs à atteindre aux collectivités,
14:29 aux régions, aux intercôts, aux communes.
14:31 Un décret d'application qui n'est pas la loi va plus loin,
14:35 dit, ça s'impose à vous, c'est prescriptif.
14:38 Et aujourd'hui, on demande aux régions d'écrire un grand scotte régional,
14:42 un grand document d'urbanisme régional qui va s'imposer
14:45 à toutes les collectivités, qui va être extrêmement contraint,
14:49 prescriptif et qui va leur demander d'appliquer très fortement
14:55 des règles communes à tous.
14:56 Ce qu'on dit, c'est qu'il faut effectivement que la région donne un cap,
15:00 des objectifs ambitieux, répartissent des consommations foncières
15:04 qu'il faudra maîtriser, mais laissons un peu de souplesse aux collectivités.
15:09 Donnons du temps pour que la région puisse dialoguer avec ses territoires
15:12 pour regarder comment on prépare cette nouvelle organisation.
15:16 Aujourd'hui, si on n'a pas un an de délai, dans un mois,
15:19 va s'imposer effectivement aux régions la nécessité de délibérer,
15:23 de répartir des enveloppes foncières, alors qu'on ne connaît pas encore
15:26 tous les contours de ce zène, puisqu'on en débat encore dans la loi.
15:30 Pour autant, le compte à arbour est parti depuis 2021.
15:33 Les régions se voient imposer les choses, elles doivent être au rendez-vous,
15:36 elles doivent délibérer sur quelque chose qui n'est pas ficelé à ce jour.
15:40 On est un peu entre deux eaux, et donc il faut du temps,
15:43 il faut un an de délai supplémentaire pour se mettre en ordre de marche,
15:47 sans bouger les délais, les dates et les objectifs,
15:50 mais du temps pour construire tout ça avec les collectivités.
15:53 Donner aussi la possibilité de desserrer les taux en n'imposant pas,
15:58 en plus de la division par deux de l'effort qu'il faudra faire,
16:02 eh bien d'intégrer des grands projets nationaux.
16:06 – Vous sentez que ces projets sortent des quotas régionales ?
16:09 – Quotas régionaux, c'est ça, voilà.
16:10 – Quotas comptés à part, il faut savoir qu'on a consommé 250 000 hectares
16:15 sur les 10 années 2011-2021.
16:18 Le ZAL s'est dit, vous allez diviser par deux, ce qui est énorme,
16:22 parce qu'avec ça, on fait les logements sociaux, les maisons de santé, les écoles,
16:27 on travaille sur des implantations économiques parce qu'il faut bien créer de l'emploi,
16:32 on en reparlera peut-être tout à l'heure, mais il faut être plus vertueux,
16:35 il faut réduire, partout où on peut reconstruire sur la ville, on le fait.
16:38 Ça a un coût, il faut aller reconquérir nos friches, il faut bien les connaître,
16:43 il faut créer l'ingénierie, les outils, pour l'instant, tout cela n'est pas encore prêt.
16:48 C'est-à-dire que là, on travaille sur l'architecture d'usines,
16:51 ce texte nous dit comment on doit avancer, nous on dit attention, du temps,
16:57 la prescriptivité, on n'est pas d'accord, un délai d'un an,
17:00 attention que les projets d'intérêts nationaux vont venir s'ajouter à cet effort
17:05 dans les territoires et qu'on va finir par être dans une situation qui sera compliquée.
17:11 Il faut continuer à laisser respirer la ruralité, il faut que la ruralité garde un droit au projet,
17:17 il ne faut pas qu'on se retrouve dans une situation où l'exercice contraint
17:22 d'application de cette sobriété foncière ne garantisse pas un équilibre
17:27 entre le besoin de la ruralité, de l'urbanité, de l'économie, tout en respectant ces enjeux.
17:33 Il faut de la souplesse, il faut construire entre l'État, la région et les collectivités
17:39 quelque chose de partagé et non pas d'imposé.
17:42 C'est la méthode, encore une fois, sur laquelle nous demandons de la souplesse.
17:47 – Est-ce que ce débat que vous avez actuellement avec le gouvernement,
17:49 ce n'est pas l'illustration qu'il peut y avoir une contradiction
17:51 entre la préservation de l'environnement et puis la défense des intérêts économiques
17:55 qui sont nécessaires, utiles, surtout sur le terrain ?
17:58 – Mais vous savez, les collectivités, elles sont en bas de l'entonnoir,
18:02 donc ce ne sont que des injonctions contradictoires.
18:04 On a vécu le Covid, on dit qu'il faudrait peut-être être capable
18:07 de reproduire demain du doliprane, mais une usine pour faire ça,
18:11 c'est des hectares et du foncier qu'on ne peut pas toujours mettre sur une friche
18:14 parce que ce sont des grandes parcelles qu'il faut
18:17 et on n'a pas toujours de disponibles les parcelles correspondantes.
18:20 Partout où on peut requalifier des friches, on l'a déjà fait,
18:23 on les réaffecte à du logement, à de l'économie, mais quelquefois on ne peut pas.
18:28 On nous demande par exemple de réduire les émissions de CO2.
18:33 Canal Seine-Nord dans les Hauts-de-France,
18:35 le canal Seine-Nord c'est enlever les poids lourds de l'autoroute
18:38 pour les mettre sur une barge, pas d'émissions de CO2.
18:42 On nous dit vous enlevez de votre compte foncier régional 2400 hectares
18:45 parce que vous consommez du foncier,
18:47 parce qu'à chaque fois que vous retirez des sédiments du canal,
18:50 que vous les posez dans une pâture,
18:52 on considère que cet espace est artificialisé.
18:55 Donc on vous enlève 2400 hectares de droits à construire.
18:58 Les élus ne comprennent pas.
19:00 Ils font l'effort d'investir, de financer massivement
19:03 quelque chose qui convient aux enjeux de climat
19:06 et d'un autre côté on leur dit attention,
19:08 vous êtes consommateur de foncier.
19:10 Vous faites une gigafactory pour préparer le véhicule propre de demain,
19:15 vous consommez du foncier,
19:17 ces projets-là on dit vous les déduisez de votre enveloppe régionale évidemment,
19:21 mais du coup que reste-t-il ?
19:22 Est-ce que ça a aussi un impact pour les particuliers,
19:24 pour les gens qui nous regardent, sur la construction de logements ?
19:27 Est-ce que pour demain ça veut dire moins de construction de logements,
19:29 des logements hauteurs, des parcelles de terrain plus petites ?
19:33 Bien sûr, ça veut dire qu'on va devoir transformer notre façon de construire la ville.
19:37 Il va falloir densifier les territoires urbains,
19:40 réduire les parcelles qui seront consommées par exemple
19:43 pour du logement individuel dans la ruralité.
19:45 Ça veut dire aller…
19:47 Ça veut dire qu'il n'y aura plus de grands terrains ?
19:49 En tout cas moins.
19:50 Aujourd'hui ce n'est pas dit comme cela,
19:52 mais par la force des choses, quand vous avez moins d'hectares à consommer,
19:57 vous essayez d'être plus sobre, plus vertueux,
20:00 et de réduire les parcelles utilisées.
20:02 Mais ça se fera naturellement sans qu'il y ait besoin de contraintes,
20:05 c'est parce que les documents d'urbanisme devront répondre à plus de besoins
20:09 avec moins de terrain.
20:10 Mais ça va aussi renchérir le foncier.
20:13 Mettre en concurrence un projet économique,
20:15 une maison de santé, du logement social,
20:18 une implantation industrielle sur un même territoire.
20:20 Quand on a un droit à construire limité,
20:23 quel choix fait-on ?
20:25 Faire un logement social, ça coûte très très cher.
20:27 Le fait d'avoir moins de terrain, de foncier,
20:30 ça va augmenter le prix du foncier.
20:33 Quand on vous dit qu'il faut refaire des logements sociaux
20:35 ou de l'économique sur une friche,
20:38 il faut la dépolluer, la viabiliser, la réaménager,
20:41 avant de construire, vous avez déjà un coût.
20:44 Ça veut dire que très vite derrière ce débat que nous avons,
20:47 il faut que le gouvernement pose les questions de son financement,
20:50 de son ingénierie,
20:51 parce qu'on a la Fédération nationale des travaux publics
20:54 qui nous a dit,
20:56 "Requalifier les friches,
20:57 on considère que ça coûtera entre 2,5 milliards et 3 milliards d'euros."
21:00 Aujourd'hui, on a un fonds friche,
21:02 il est de 450 millions d'euros, il est déjà affecté.
21:05 Il y a un sujet de financement, de fiscalité d'usines,
21:08 d'ingénierie.
21:09 Pour réussir cela,
21:11 il faut en même temps laisser la place aux collectivités
21:14 dans la gouvernance,
21:15 donner des outils qui vont permettre aux élus
21:18 de gérer cette période intermédiaire.
21:20 Il faut véritablement aujourd'hui
21:22 quelques souplesses, quelques aménagements,
21:24 et derrière, il faudra très vite les moyens.
21:26 – Merci Steve.
21:27 – Merci Organe, on parlera d'une certaine CMP tout à l'heure.
21:30 – Ce sera sûr. – Combien d'explosifs.
21:32 – Ce sera sûr.
21:33 Dans le club, on va continuer à parler de cette question du ZAN,
21:36 qui fait aussi l'actualité dans votre département du Nord.
21:38 On va y aller justement à Lille,
21:39 où on retrouve Pierre-Jérôme Montenot, rédacteur en chef de Weo,
21:42 c'est la télévision locale du Nord.
21:44 Il a une question pour vous Valérie Letta sur la mobilisation des agriculteurs
21:47 contre l'implantation d'une usine de batterie.
21:49 On l'écoute.
21:50 – Bonjour Madame Lettar.
21:52 Fin février, les agriculteurs de la région du Quénoa,
21:57 près de Valenciennes, ont manifesté contre l'implantation
22:01 d'une usine de composante de batterie.
22:03 Le motif de la colère, c'est l'implantation sur 50 hectares
22:07 de terres agricoles et il n'y a pas de friche industrielle
22:10 disponible à côté.
22:12 Cette usine doit employer 1600 personnes,
22:15 selon les prévisions les plus optimistes.
22:18 Alors voici ma question, est-ce que la réindustrialisation
22:21 peut se faire au détriment de l'agriculture ?
22:24 Merci beaucoup.
22:26 – Je vous laisse répondre.
22:28 Eh bien, c'est toute la difficulté qui se pose à toutes les collectivités,
22:32 c'est que, effectivement, vous vous retrouvez tout en bas de l'entonnoir,
22:36 comme je vous disais, avec des enjeux de souveraineté alimentaire,
22:40 d'agriculture, de terres agricoles à protéger ou à compenser,
22:45 parce que ça aussi, ça fait partie des choses qu'il faut réfléchir.
22:48 On parle d'un territoire où les agriculteurs se manifestent,
22:51 qui est un des territoires du Nord qui a le plus fort taux de chômage,
22:55 qui a perdu son industrie, qui a besoin de se reconvertir,
22:58 où, véritablement, il y a besoin de redynamiser l'emploi,
23:01 on ne peut pas laisser des territoires morts.
23:03 Pour autant, on comprend que les agriculteurs
23:05 qui ont des terres fertiles souhaitent garder cela.
23:08 Comme je vous l'expliquais tout à l'heure,
23:11 la question qui se pose, c'est, on a des gigafactories,
23:13 on veut, demain, avoir notre souveraineté
23:16 par rapport à la capacité à produire des batteries.
23:18 Où les pose-t-on ?
23:20 Les Hauts-de-France, c'est au carrefour de l'Europe du Nord.
23:22 Dans une stratégie européenne de souveraineté par rapport à tout cela,
23:26 la région des Hauts-de-France, c'est le territoire qui implante 3 gigafactories.
23:30 Mais ces gigafactories de production de batteries,
23:32 elles ont besoin de pièces, d'éléments, de composants
23:35 sans lesquels ça ne peut pas fonctionner.
23:37 Où les poser ? C'est tout le débat du ZAN.
23:39 Et ce débat du ZAN, c'est...
23:41 Et d'ailleurs, Toyota, qui était le symbole de la renaissance du Nord,
23:44 s'est fait sur des terres agricoles.
23:46 Si on n'avait pas eu cette parcelle agricole,
23:48 aucune friche n'était capable d'accueillir une usine.
23:51 Comment les compense-t-on ? C'est ça qu'il faut voir.
23:53 Comment est-on capable de renaturer, de rendre des terres agricoles
23:56 en compensation aux agriculteurs ?
23:58 Où mettre, effectivement, l'industrie ?
24:01 À chaque fois qu'on peut le mettre sur une friche, on le fait.
24:03 Là, la discussion, c'est dans le Nord, dans ce territoire,
24:06 où trouvera-t-on les 50 hectares
24:08 pour accueillir cette indispensable unité de production
24:12 sans laquelle nos gigafactories seront en difficulté ?
24:15 C'est le ZAN, ça.
24:16 C'est ces injonctions, ces percussions entre des objectifs
24:20 qui sont tous essentiels et qu'il faut trancher.
24:23 – Ce sujet, il pose aussi la question de la décentralisation.
24:25 Vous nous en avez un peu parlé.
24:26 Emmanuel Macron a réuni les associations d'élus lundi à l'Élysée.
24:29 Il parle de vraie décentralisation.
24:31 Vous y croyez, à une vraie décentralisation,
24:33 durant ce second quinquennat ?
24:35 – À condition que la décentralisation soit bien décentralisation.
24:39 Pour moi, décentralisation, c'est véritablement
24:43 ne pas mettre sous tutelle fiscale, enfin tutelle financière,
24:49 autonomie fiscale ou tutelle financière.
24:51 Aujourd'hui, la fiscalité des collectivités,
24:53 on a supprimé la CVAE, la taxe d'habitation aux collectivités,
24:57 sauf qu'il faut savoir que la libre administration des collectivités,
25:00 elle se traduit par une capacité à pouvoir agir
25:04 au plus près de la population en ayant les leviers et la ressource
25:08 et en rendant compte de cette ressource à ses administrés.
25:13 Qu'est-ce que je fais de ma fiscalité ?
25:15 Comment je l'affecte ?
25:16 Et comment je suis un partenaire de l'État ?
25:18 Ça, c'est la décentralisation.
25:20 L'État a ses compétences régaliennes.
25:22 Les collectivités région, département, commune, interco
25:25 avaient des fiscalités.
25:26 On les a supprimées, on les a remplacées par des dotations.
25:29 Le problème, c'est qu'on est un peu sous tutelle financière.
25:32 Le ZAN, c'est une forme de tutelle normative qui vient s'ajouter.
25:36 La décentralisation, c'est dire,
25:38 il faut rendre des compétences de proximité aux collectivités,
25:40 mais leur donner les moyens de l'autonomie
25:42 pour être partenaire de l'État et non des agents de l'État.
25:45 La décentralisation, c'est pas la déconcentration.
25:48 L'État, partenaire des collectivités,
25:50 chacun dans ses compétences, l'État stratège,
25:53 les collectivités agissent, mais on leur donne l'autonomie
25:57 pour être responsable devant leurs administrés.
26:00 – Merci Valérie Lettar, merci beaucoup.
26:01 La suite de l'examen de votre texte, c'est jeudi soir au Sénat.
26:04 Puisque c'est pas terminé, il y a encore beaucoup d'amendements à examiner.

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