Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, invité du 8h30 franceinfo, lundi 13 mars.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Le patron de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, tire la sonnette d'alarme.
00:03 Il se dit inquiet de la dégradation de nos finances publiques,
00:06 finances publiques dont vous êtes le responsable, puisque vous êtes ministre de l'économie.
00:09 Clairement, est-ce que vous êtes en train de vider la caisse ?
00:12 Mais je partage d'autant plus l'avis de Pierre Moscovici,
00:17 que j'ai tiré la sonnette d'alarme depuis le mois de juin 2022, donc il y a quasiment un an.
00:23 Y compris lorsque vous avez dit qu'on avait les finances publiques les plus déterriores ?
00:26 Il a dit sur ce même plateau que nous étions désormais à l'euro près, qu'il fallait sortir du quoi qu'il en coûte,
00:32 et que nous allions commencer le rétablissement des finances publiques.
00:35 Et à la demande du président de la République, nous avons commencé le rétablissement des finances publiques.
00:40 Le seul point de désaccord que j'ai avec Pierre Moscovici, c'est quand il dit qu'on n'est pas sortis du quoi qu'il en coûte.
00:44 Je rappelle que nous avions un bouclier...
00:46 Il dit que vous continuez encore aujourd'hui.
00:48 Non, mais pour le coup, je suis en désaccord sur ce point précis avec lui.
00:51 Il y avait un bouclier énergie sur l'électricité et sur le gaz.
00:55 Il y a eu une augmentation des prix électricité et du gaz de 15% pour tous les ménages début 2023,
01:00 parce que nous voulions sortir de ce quoi qu'il en coûte.
01:04 Nous avions une indemnité sur le carburant de 30 centimes d'euros par litre.
01:08 Nous avons mis en place une indemnité plus ciblée, indemnité carburant travailleur.
01:11 Nous avions une protection de toutes les entreprises, on nous l'a suffisamment reproché.
01:15 Nous avons maintenant des aides qui sont ciblées.
01:17 Donc je veux rassurer Pierre Moscovici sur ce point.
01:19 Nous sommes bien sortis du quoi qu'il en coûte.
01:22 Je veux le rassurer sur un deuxième point. Je souhaite travailler avec la Cour des comptes
01:26 pour poursuivre ce rétablissement des finances publiques qu'une fois encore nous avons engagé
01:30 depuis plusieurs mois sous l'autorité du président de la République et de la première ministre.
01:35 Je souhaite pouvoir travailler avec la Cour des comptes sur la base d'une méthode,
01:39 avec un objectif et un calendrier.
01:42 L'objectif c'est quoi ? Nous avons 57% aujourd'hui de dépenses publiques entre richesses nationales.
01:47 Je souhaite ramener ce chiffre à 54% d'ici 2027 pour nous approcher de la moyenne européenne qui est de 52%.
01:54 Et comment vous allez faire ?
01:55 Nous avons une méthode qui est la revue des dépenses publiques.
01:58 Et là aussi nous n'avons pas attendu le rapport de la Cour des comptes pour engager cette revue des dépenses publiques.
02:02 Ce qui veut dire que ministère par ministère, dépense par dépense, nous allons regarder attentivement
02:08 là où nous pouvons faire des économies tout simplement pour que les Français puissent en avoir pour leur argent.
02:14 Dans quoi on tient ? Il pourrait arriver de 5% de déficit aujourd'hui à 3% à la fin du quinquennat.
02:17 Il ne s'agit pas de tailler, évitons les mots brutaux.
02:20 Il s'agit simplement d'avoir une dépense publique qui progresse moins vite que notre croissance.
02:26 Pour avoir au bout du compte une part...
02:28 La croissance elle est quasiment à l'arrêt aujourd'hui.
02:30 D'abord elle n'est pas à l'arrêt, elle est positive.
02:32 On a cesse de nous chanter la même chanson.
02:34 0, 3% cette année.
02:35 Non mais Marc Fauvel, ça fait des mois qu'on m'explique qu'on va entrer en récession.
02:38 Que tout le monde arrive avec des mines défaites en disant l'économie française s'effondre.
02:44 J'ai toujours dit que l'économie française résistait.
02:47 Elle résiste et la croissance est là.
02:49 Notre objectif, nous serons sans doute au-dessus de 0,3% en 2023.
02:55 Mais revenons au déficit.
02:56 Je reviens au déficit.
02:57 Dans quoi vous allez tailler ?
02:58 Marc a eu raison, dans les postes de fonctionnaire par exemple.
03:01 Il s'agit d'avoir une dépense publique qui augmente moins vite que notre croissance de la richesse nationale.
03:07 Ça peut être sur les dépenses sociales, ça peut être sur les dépenses brunes, ça peut être sur les aides aux entreprises.
03:12 Tous ces chapitres-là sont désormais ouverts.
03:15 Ils font l'objet du revenu des dépenses publiques.
03:17 Baisser les aides aux entreprises ou les dépenses sociales, ce ne sont pas des tabous.
03:20 Mais c'est aucun tabou.
03:21 Il n'y a pas de tabou à avoir.
03:22 Il s'agit de regarder, est-ce que les Français en ont pour leur argent ?
03:25 Parce que Pierre Bousquet ici parle par exemple...
03:27 Est-ce que c'est cohérent Marc Fauvel de maintenir des aides et des crédits d'impôts aux énergies fossiles
03:32 quand on veut décarboner l'économie française et avoir au contraire une industrie verte ?
03:37 C'est ce que nous allons regarder.
03:39 Est-ce qu'en matière de gestion des comptes sociaux, alors que je le rappelle, les dépenses sociales,
03:43 c'est 50% de la dépense totale, l'État 30%, les collectivités locales 20%.
03:48 Est-ce que nous sommes satisfaits de cette gestion ? Est-ce qu'on peut faire mieux ?
03:51 Nous sommes déjà en train de le regarder.
03:53 Ça fait partie de la revue des dépenses publiques.
03:55 Troisième élément de méthode, nous allons inclure les collectivités locales dans ce débat
04:01 avec une méthode nouvelle qui consiste, je l'ai dit notamment au patron de l'association des maires de France, David Lysnard,
04:06 à avoir un diagnostic partagé.
04:08 Où en sont les collectivités locales ?
04:11 Sont-elles en difficulté ? Est-ce qu'elles ne sont pas en difficulté ?
04:13 Et que peuvent-elles faire ? Je crois beaucoup plus à cette approche collective,
04:17 où nous essayons de trouver un compromis ensemble, plutôt qu'à une quelconque approche brutale.
04:22 A partir de là, sur le calendrier simplement pour terminer,
04:26 nous aurons la présentation du programme de stabilité qui fixera les objectifs en termes de déficit, mi-avril.
04:33 Nous tiendrons ensuite autour de la Première Ministre un séminaire
04:37 avec tous les principaux ministres concernés sur la réduction des dépenses publiques,
04:41 pour que chaque ministre se sente concerné et fasse ce nécessaire dans son administration.
04:46 Et nous aurons avant l'été des assises des finances publiques
04:51 qui nous permettront de présenter notre stratégie globale
04:55 et d'avoir un projet de loi de finances 2024 qui comportera plusieurs milliards d'euros d'économies de dépenses publiques.
05:00 Vous voyez, c'est un travail de plusieurs mois pour arriver collectivement
05:04 à atteindre cet objectif de maîtrise des dépenses publiques qui est indispensable.