"J’avais un espoir", une influenceuse se livre sur la perte de son bébé, décédé à la naissance

  • l’année dernière
Transcript
00:00 et donc il était tout seul dans une chambre froide.
00:03 Chaque seconde, je pensais à mon bébé.
00:05 Je me disais "Où est mon fils ?"
00:07 Et en fait, j'étais tellement touchée
00:09 que mon mari m'a emmenée devant le bâtiment de la chambre mortuaire.
00:12 Et j'ai hurlé "Mon fils, je t'aime !"
00:16 Mais j'ai hurlé à la mort pour qu'il m'entende.
00:20 Alors moi, je suis tombée enceinte en 2021.
00:23 Donc c'était ma première grossesse, grossesse voulue.
00:25 J'étais hyper contente, vraiment.
00:27 Sauf que, premier rendez-vous pour les trois mois de grossesse,
00:31 on m'annonce qu'il y a un problème.
00:32 Je vois la tête de la gynéco vraiment crispée.
00:36 Elle me dit "Écoutez, on ne sait pas ce qui se passe,
00:38 mais il y a un problème. Ce n'est pas normal."
00:39 Je suis restée en suspense comme ça pendant un bon mois,
00:43 un bon mois et demi.
00:44 Et au bout d'un mois et demi, on annonce que mon bébé va mourir
00:47 parce qu'il n'a pas de reins.
00:49 Et c'est ce qu'on appelle le syndrome de Potter.
00:51 Ça arrive à moins d'un pour cent de la population mondiale.
00:54 Forcément, c'est tombé sur moi.
00:56 Je suis très religieuse, donc si c'est arrivé à moi,
00:59 c'est qu'il y a une raison.
01:00 On m'a proposé tout de suite, dès lors qu'on a vu
01:02 qu'il y avait un souci d'avorter, de retirer le bébé.
01:07 De par mes convictions religieuses, j'ai décidé de garder l'enfant,
01:10 garder le bébé dans mon ventre.
01:12 J'ai poursuivi la grossesse.
01:13 Je me suis dit "Quoi qu'il arrive, je fais confiance à Dieu.
01:17 Donc, il se passera ce qu'il doit se passer."
01:19 Comme il n'y a pas de liquide amniotique dans mon ventre,
01:22 c'est un symptôme du syndrome de Potter.
01:25 On n'arrivait pas à voir si c'était une fille ou un garçon.
01:27 Je ne pouvais pas le prénommer.
01:30 Je ne pouvais pas dire "il" ou "elle".
01:32 C'était très déstabilisant par rapport à ça.
01:34 Également, ce qui était extrêmement déstabilisant,
01:36 c'est que est-ce que mon bébé va vraiment mourir ?
01:39 Est-ce que vraiment je vais vivre la mort de mon bébé à la naissance ?
01:42 Directement, en tant qu'humaine, on se dit "erreur médicale,
01:45 ça se trouve que machin".
01:47 Donc, j'avais toujours un petit espoir,
01:48 sauf qu'il était extrêmement minime.
01:50 Je ne lui ai pas fait de chambre.
01:52 Je ne lui ai pas acheté de choses spécialement pour lui.
01:55 Et donc, non, je n'ai pas préparé l'arrivée de mon bébé.
01:58 Alors, j'étais à 8 mois de grossesse.
02:00 J'ai des très fortes douleurs au ventre.
02:02 Et comme c'était ma première grossesse,
02:04 je ne savais pas ce que c'était que des contractions.
02:06 J'ai mal au ventre, c'est supportable.
02:08 Mais bon, plus le temps passe,
02:10 et plus je souffre.
02:11 Mon mari me voit dans un état vraiment pas normal,
02:14 dans le lisse.
02:15 Il m'a dit "écoute, si je rentre du travail
02:17 et que tu es toujours comme ça,
02:19 on va directement à l'hôpital".
02:20 Mon mari est rentré du travail.
02:22 J'étais encore pire que quand il m'a laissée.
02:24 Donc, il ne m'a pas laissé le choix.
02:25 Il m'a dit "tout de suite, on va à l'hôpital".
02:27 La fille m'accueille
02:29 et en fait, me prend tout de suite en charge
02:30 parce qu'elle, elle connaît les femmes enceintes clairement
02:32 et elle voit quand une femme enceinte
02:34 a des très fortes contractions.
02:35 Elle m'examine.
02:36 Je suis dilatée à 3 et je suis en train d'accoucher.
02:39 Sauf que moi, c'était la pire chose
02:41 qu'on pouvait me dire à ce moment-là.
02:43 Parce que je savais que
02:45 je n'avais plus de temps avec mon bébé.
02:47 Tout va vite.
02:48 Tout le monde rentre dans la salle.
02:50 On m'examine, on machin, on m'emmène vite.
02:52 Je retire mes affaires, on me met la petite blouse.
02:55 Je m'assoupis.
02:57 Et en fait, mon mari commence à appeler les machins, les trucs.
03:02 "Oui, ma femme accouche, nain, nain."
03:04 Et en fait, je sens un truc.
03:06 Je dis "peut-être que tu dois appeler la sage-femme
03:08 parce que je sens qu'il y a un truc qui n'est pas normal en bas."
03:12 Et clairement, c'était mon bébé qui était en train de sortir.
03:14 En deux deux, elle est venue.
03:15 J'ai poussé trois fois, il était dehors.
03:17 Et donc, il a pleuré.
03:19 Bébé normal.
03:20 Mon bébé fini, en fait.
03:22 Et j'ai envie de croire qu'il va continuer à vivre, en fait.
03:25 J'ai envie de croire que tout ce qu'on m'a raconté,
03:28 c'est faux, mon bébé va continuer à vivre.
03:31 Donc, on profite.
03:32 Première chose que je fais,
03:35 c'est que j'appelle mon père.
03:40 Parce que mon père, c'était tout au-dessus de ma vie.
03:46 J'appelle mon père en visio.
03:49 Et je le réveille.
03:50 Et il était en train de dormir.
03:52 Il me dit "ça va ma fille ?"
03:54 Je lui dis "papa, j'ai quelqu'un à te présenter."
03:56 Et je lui montre mon fils.
03:58 Il est trop content.
04:00 Et j'étais trop contente qu'il ait pu voir son petit-fils vivant.
04:03 Parce que vu comment mon fils, il commençait à respirer,
04:07 je savais que c'était la fin.
04:09 Et donc, mon père, il va vite.
04:11 Il appelle ma mère.
04:12 Il la réveille.
04:13 "Regarde, regarde, c'est notre petit-fils."
04:16 Et après, je lui dis "bon, papa, je te laisse,
04:19 parce qu'il faut que je profite un maximum de lui."
04:21 Et il s'est éteint dix minutes après, dans mes bras.
04:24 Et c'était la fin de ma vie.
04:27 J'étais plus là à ce moment-là.
04:29 Une partie de moi est partie avec mon fils.
04:31 On a su tout de suite à quel moment il était parti.
04:36 Il devenait très froid.
04:39 Et c'est quelque chose d'extrêmement traumatisant.
04:42 On n'est clairement pas prêts à vivre ça.
04:45 Donc, mon mari a pris mon fils dans ses bras.
04:48 Il a fait du pot à pot, comme on fait à une naissance normale, classique.
04:53 Il l'a câliné, il l'a bercé.
04:55 Les sages-femmes étaient hyper touchées.
04:57 Elles ont dit "cette salle de naissance, on ne la touche pas.
05:01 On vous la laisse pendant quatre, cinq heures, six heures.
05:04 Prenez votre temps avec votre fils.
05:06 Et après, on viendra prendre votre fils
05:09 et vous devrez lui dire au revoir."
05:12 Elles ont pris mon fils.
05:13 Elles l'ont lavé.
05:14 Elles s'en sont occupées comme si c'était un bébé vivant.
05:17 Donc, elles lui ont mis un petit vêtement comme ça, cousu main et tout.
05:21 J'ai trouvé ça hyper mignon.
05:23 Et donc, on a profité pendant ces quelques heures.
05:25 Quatre, cinq heures, ça a l'air long.
05:27 C'est passé en quelques minutes.
05:29 Vraiment, on n'a pas vu le temps passer.
05:31 Et après, elle est venue dans la salle et elle a dit
05:33 "Je suis vraiment désolée, mais il va falloir
05:36 qu'on amène votre fils en chambre mortuaire."
05:39 Je voulais garder mon fils.
05:41 En fait, ça a été une deuxième déchirure
05:43 de "Où est-ce qu'il va aller, mon fils ?
05:45 Je ne suis pas prête à ce qu'on me le prenne de mes bras."
05:48 Ça a été très dur.
05:50 J'ai donné mon fils à la sage-femme.
05:52 Et on m'a dit "Vous n'inquiétez pas, demain à la première heure,
05:55 vous pourrez aller le voir."
05:57 Sauf que la chambre mortuaire était fermée le week-end.
06:01 Donc, pendant deux longs jours.
06:04 Je n'ai pas pu voir mon fils.
06:06 Et donc, il était tout seul dans une chambre froide.
06:09 Chaque seconde, je pensais à mon bébé.
06:11 Je me demandais où était mon fils.
06:13 Et en fait, j'étais tellement touchée
06:15 que mon mari m'a emmenée devant le bâtiment
06:17 de la chambre mortuaire.
06:19 Et j'ai hurlé "Mon fils, je t'aime."
06:22 Mais j'ai hurlé à la mort pour qu'il m'entende.
06:26 Et deux jours après, j'ai pu le voir.
06:28 Seulement deux jours après.
06:30 Ma vie s'est arrêtée.
06:32 En fait, j'étais là, mais mon âme, clairement,
06:37 j'étais qu'un corps.
06:39 J'étais bouleversée.
06:41 Et j'ai recherché dans les livres.
06:43 J'ai appelé des gens, spécialement dans la religion,
06:47 pour qu'ils me disent où est-ce qu'il est mon fils.
06:49 Et j'ai trouvé des réponses à mes questions.
06:51 Et en fait, le jour de son enterrement,
06:53 on m'a dit "Il faut que tu te couvres les cheveux
06:56 pour l'enterrement."
06:58 Et en fait, je l'ai gardé comme un signe,
07:00 ce foulard que je porte sur ma tête.
07:02 Je l'ai gardé comme un signe
07:04 par rapport à Malek, mon fils.
07:06 Tous les matins, quand je mets mon foulard,
07:08 je fais un petit clin d'œil à mon fils.
07:10 "Mon fils, je ne t'oublierai jamais."
07:12 Je ne voulais pas de bébé tout de suite
07:14 parce que je n'étais clairement pas prête
07:16 à revivre une grossesse.
07:18 J'avais extrêmement peur qu'on me dise encore
07:20 qu'il y avait quelque chose.
07:22 Mais en même temps, ma foi fait que j'ai
07:24 tellement confiance en Dieu
07:26 que je me dis "Si il me le mettra
07:28 quand il voudra me le mettre,
07:30 ce sera le bon moment."
07:32 Et je suis tombée enceinte sept mois après.
07:34 Je pleure. Je pleure toutes les larmes de mon corps.
07:36 Mon mari me dit "Qu'est-ce qu'il se passe ?"
07:38 Je lui dis "Je ne suis pas prête."
07:40 Vraiment, je ne suis pas prête.
07:42 J'attends trois mois.
07:44 Mais trois mois...
07:46 Je vais à la première échographie.
07:48 Ça se passe dans la même salle
07:50 où j'ai fait la première échographie avec Malek.
07:52 Les souvenirs reviennent.
07:54 Le même hôpital, la même salle.
07:56 Je suis en apnée. Je la regarde.
07:58 Un moindre sourcillement,
08:00 je lui dis "Qu'est-ce qu'il se passe ?"
08:02 Et en fait, elle, elle a mon dossier.
08:04 Elle me dit "Tout va très bien, ce qui m'est arrivé.
08:06 Tout le temps, elle est là. Tout va bien.
08:08 Tout va très bien. Il n'y a aucun...
08:10 Tout va très très bien."
08:12 Je lui dis "Vous êtes sûre ?
08:14 Tout va très bien." Elle m'a rassurée.
08:16 J'ai eu tellement peur.
08:18 Mais elle me disait "Tout va très bien."
08:20 J'accouche. On me met mon bébé sur moi.
08:22 Je ne comprends pas pourquoi il n'est pas mort.
08:24 Au bout de 30 minutes, il continuait de vivre.
08:26 Et je regarde mon mari comme ça.
08:28 Je lui dis "Il n'est pas mort."
08:30 Il me dit "Oui, ça va. Tout va bien."
08:32 Et ça s'est très très bien passé. Dieu merci.
08:34 Alors les conseils que j'ai à donner
08:36 pour une personne qui vit
08:38 le même drame ou alors
08:40 qui vit un drame comme ça.
08:42 La patience. Vraiment,
08:44 patientez. Prenez votre mal en patience.
08:46 Mais c'est tellement dur à dire.
08:48 Je le sais. Tu as l'impression que tu vas mourir.
08:50 La douleur, elle est très forte.
08:52 Je te promets, prends ton mal en patience.
08:54 La douleur, tu vas t'y habituer.
08:56 Elle ne part pas. Tu pleureras encore
08:58 quand tu parleras de ça. Mais je te promets
09:00 Je vous promets que ça va aller.
09:02 ...

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