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00:00 Vous parliez tout à l'heure de longévité, des présentateurs notamment de télévision.
00:04 Alors lui, en termes de longévité, il a battu absolument tous les records.
00:08 C'est-à-dire qu'il est né en 1929, il est devenu voyou à l'âge de 17-18 ans,
00:15 et il est mort en 2019.
00:17 J'ai compté, ça fait à peu près 10 quinquennats.
00:20 Les hommes politiques, au bout de deux quinquennats, ils sautent.
00:23 Les réalisateurs, je ne sais pas.
00:25 – Les animateurs, oui.
00:26 – Les animateurs.
00:27 – Ça va vite.
00:28 – Ça va vite.
00:29 – Et puis, il y a un autre artiste, lui, il a tenu environ 50 ans, pendant 50 ans,
00:32 le haut du pavé.
00:33 Alors évidemment, il avait des clés pour ça.
00:35 Et d'ailleurs, il me le disait.
00:36 Il disait, moi, si j'ai tenu le haut du pavé, c'est aussi que je suis partagé.
00:40 Mais il y avait aussi, c'est quelqu'un qui était…
00:43 Bon, il a été, on va dire, en France, il a été pour moi le parrain des parrains.
00:46 C'est-à-dire qu'il a été le patron du milieu français pendant 30-40 ans.
00:51 Il régnait aussi bien à Paris qu'à Marseille.
00:52 Donc c'était quelqu'un qui régnait forcément un petit peu par la peur.
00:56 Je veux dire, la dernière fois que je l'ai vu, il me dit, tu crois, parce qu'il faut
01:00 dire aux téléspectateurs qui ne le savent pas qu'en 1977, cet homme a pris 22 balles
01:05 dans le corps et s'en est sorti vivant.
01:07 – Exactement.
01:08 – Grâce à des médecins en or, sans doute.
01:10 – Oui.
01:11 – Donc d'où son surnom, l'immortel.
01:13 – Pourquoi on l'appelle le mat ?
01:14 – Le mat, ça vient du Corse, le mato, le mato en Corse.
01:19 C'est pas le fou dingue, c'est celui qui n'a pas de limite.
01:22 Et donc c'est quelqu'un, je finissais sur la peur.
01:25 C'est quelqu'un qui donc, à cause de cette balle qu'il avait pris en 1977, avait
01:29 le bras droit qui avait un peu flanché.
01:31 Et de ce jour-là, il a appris à tirer avec la main gauche.
01:36 Et la dernière fois que je l'ai vu, il m'a dit, mais tu crois pas Frédéric, regarde,
01:40 il s'est mis comme ça, il m'a dit, là-bas, tu me mets un gars là-bas, à 40, 50 mètres,
01:45 je le touche.
01:46 Donc c'est quelqu'un qui pratiquait un peu la terreur, sauf que en tant qu'époux,
01:51 je crois que Christine, tu as connu l'autre homme.
01:53 C'est comme toujours.
01:54 – Pour nous, téléspectateurs, pour les publics, pour les chroniqueurs aussi, quand
02:00 on dit c'était le parrain des parrains, eux, ils aimeraient bien savoir c'était
02:03 quoi son métier au jour le jour.
02:04 – Son métier, en tout cas, Christine en atteste, je veux dire, il n'a jamais manqué
02:10 d'argent.
02:11 Il n'a jamais compté l'argent qu'il dépensait, il a toujours tout payé en espèces
02:14 pendant toute sa vie.
02:15 Et quand il allait au restaurant avec des amis, même avec des gens un peu… celui
02:19 qui payait, toujours, c'est une espèce de générosité comme ça.
02:22 Donc le métier qu'il faisait, en gros, il s'est retrouvé à l'âge de 17 ans
02:26 en prison, mais pour une raison qui va vous surprendre, c'est qu'il avait frappé
02:32 son beau-père qui avait un petit peu malmené sa compagne.
02:39 Donc en fait, il avait voulu venger cette femme, il l'avait frappée dans un café,
02:43 et il s'est retrouvé en taule.
02:44 Et quand il est sorti de prison, il a dit, en gros, en prison, tu as deux solutions.
02:49 Soit tu te fais, excusez-moi l'expression, trouer le cul, soit tu massacres.
02:54 Eh bien moi, c'est comme ça qu'il me l'a dit, je mets des guillemets, eh bien
02:58 moi j'ai choisi de me massacrer.
02:59 Et donc à partir de là, il s'est dit, et c'est vraiment le message qu'il a
03:04 fait passer à tout le monde, il a tenu ça toute sa vie, ce cap, il se l'a dit, ce
03:08 sont les voyous qui vont me faire vivre, ce sont les voyous qui vont me faire manger.
03:13 Et donc il a passé sa vie à raqueter les voyous.
03:15 Pour raqueter les voyous, il faut être un peu au-dessus d'eux.
03:18 C'est pour ça qu'on l'appelle le parrain des parrains, parce que précisément, il
03:22 a mangé sur le dos des voyous.
03:23 Il a passé sa vie, on lui donnait, en fait on lui donnait de l'argent.
03:27 Il y avait les cercles de jeux à Paris, c'était un peu lui le grand boss.
03:30 Il y avait Marseille, parce qu'il était entre Paris et Marseille.
03:32 Il est né à Toulouse au départ, ce n'est pas un Marseillais, contrairement, mais il
03:35 avait du sang corse.
03:36 Il était le roi à Marseille, mais aussi à Paris.
03:40 Donc il a mangé.
03:41 Ce n'est pas quelqu'un qui… Il n'a pas braqué des fourgons.
03:43 – Il a tué beaucoup de gens.
03:44 – Alors il a tué quelques personnes et on le raconte…
03:47 – De quoi ça a l'air signifiant ?
03:50 – Pas n'importe lesquels.
03:51 – Oui, il a tué un peu de gens.
03:54 – Dans le livre, on raconte les trois meurtres essentiels qu'il a commis et à chaque fois,
04:01 ça a fait basculer l'histoire du milieu français.
04:04 Les frères Guérini, dirigés, régnaient à Marseille depuis la guerre.
04:08 Il arrive, les frères Guérini éliminent un de ses meilleurs amis qui était un ancien.
04:13 Écoutez bien, commissaire de police du Contréseménage français, qui avait, pendant la résistance,
04:19 chassé les Allemands à Marseille et qui était rentré dans le banditisme et qui avait
04:22 investi dans les jeux et qui était devenu son ami.
04:24 Ce policier, cet ancien policier défroqué, on va dire, se fait tuer, il décide de le
04:29 venger et il tue un des frères Guérini.
04:31 Et ça fait basculer.
04:32 – Exactement, c'est pour ça.
04:33 – Ça fait basculer, voilà.
04:34 – C'est bien de préciser.
04:35 – Voilà, c'est pas…
04:36 – Il y a un cadre.
04:37 – Non, mais c'est ça.
04:38 – Il y a un cadre.
04:39 – La prévention, c'est pas bien, mais voilà.
04:40 – Il y a un cadre, c'est…
04:43 – C'est important de le dire.
04:46 – Après, Gaëtan Zampa, c'était son ami, c'était son rival et son ami à Marseille.
04:53 Et un jour, donc, il sort d'une partie de carte, il rentre chez lui en 1977, il est
04:57 tard le soir, il est attendu, il y a trois gars qui sortent de sous les bosquets et puis
05:01 il l'arrose de 22 balles, ce que je disais tout à l'heure.
05:04 Et il croit qu'il est mort.
05:05 Il y en a un, c'est Gaëtan Zampa, qui est persuadé d'avoir réussi son coup, il retire
05:09 sa cagoule pour partir.
05:10 Sauf qu'il n'est pas mort.
05:12 Sauf qu'il a vu qui lui avait tiré dessus, et il dit "putain, mais c'est mon ami,
05:17 j'aurais jamais cru, j'aurais jamais cru ça", il se dit, "mais j'aurais jamais
05:20 cru ça de mon ami".
05:21 Gaëtan Zampa était son ami.
05:22 À partir de là, il est évident que tous les amis de Gaëtan Zampa vont y passer et
05:27 que la guerre va durer 20 ans à Marseille.
05:29 Alors, c'est pas… voilà, il tue pas des gens comme ça pour le plaisir, c'est dans
05:34 le cadre, on va dire, de son métier.
05:36 C'est ça.
05:37 Et pour régner comme ça, on peut pas non plus être un doux agneau.
05:41 - Il faut pas voir.
05:42 - C'est pas possible.
05:43 - Il faut pas dire aussi que c'est… voilà.
05:44 - Ah ça, je l'assure.
05:45 - Ne faites pas ça comme métier.
05:46 - C'est dans le cadre de son métier.
05:47 - C'est dans le cadre de son métier.
05:48 - Non, mais non, mais c'est vrai, non, parce que voilà, je le dis, c'est pas non plus…
05:52 c'est pas ce qu'il faut faire.
05:53 - Mais je vais ajouter quelque chose sur le caractère du personnage.
05:56 Moi, j'en ai rencontré beaucoup d'évolués, ça fait 30 ans que j'écris sur ce milieu-là.
06:00 C'est probablement le plus érudit que j'ai rencontré.
06:02 C'est un homme intelligent, cultivé.
06:05 Je dis ça parce que je pense que ça va surprendre les gens.
06:06 C'est quelqu'un qui lisait, qui vous empruntait des bouquins pour les lire.
06:10 C'est quelqu'un qui pouvait parler de n'importe quel sujet.
06:13 Il faut demander à Christy, je veux dire, il lui a appris énormément de choses.
06:16 Il est allé… il est pas forcément allé à l'école, mais il s'est cultivé.
06:19 Donc c'était vraiment quelqu'un qui était au-dessus de…
06:21 - C'est un détail quand même, ça, non ?
06:22 - Non, c'est extrêmement…
06:23 - Il est le proué.
06:24 - Non, c'est important parce que ça permettait de… ça lui a permis d'être ami aussi
06:28 bien avec Alain Delon, c'était le meilleur ami d'Alain Delon.
06:30 C'était le meilleur ami d'Alain Delon depuis les années 60.
06:33 Mais ça lui a aussi permis de discuter d'homme à homme et les yeux dans les yeux avec des
06:36 hommes politiques.
06:37 - D'accord, bien sûr.
06:38 - Des hommes politiques à Marseille et à Paris.
06:40 Ça lui a permis de négocier, on va dire, avec des notables et des hommes d'affaires.
06:44 Donc d'être… en fait, le milieu… on se demande… moi, parfois, je me suis demandé
06:48 pourquoi on appelle ça le milieu français.
06:49 Mais c'est bien parce qu'ils sont au milieu… et ces voyous étaient au carrefour des notables,
06:55 de la rue, de la classe politique et du show business.
06:58 C'était ça le milieu.
06:59 Et lui, il était vraiment au milieu et il avait la capacité de dialoguer avec tout
07:03 le monde.
07:04 Et en 1981, ça c'est une anecdote que Christine raconte, en 1981, il a une Rolls.
07:08 François Mitterrand vient d'être élu à l'Élysée pour son premier septennat.
07:13 Et lui, il se balade avec sa Rolls avec une cocarde bleu, blanc, rouge.
07:17 C'est quelqu'un qui était introduit, on va dire, dans tous les milieux.
07:19 Donc c'est pas un voyou tout à fait ordinaire.
07:20 - Comment vous l'avez connu ?
07:21 - À Marseille, à l'Opéra.
07:22 - À l'Opéra ?
07:23 - Oui.
07:24 - Comment comme ça ?
07:25 - Il avait juste le bar derrière la boutique.
07:26 - Ouais.
07:27 - Où il faisait sa belote.
07:28 - D'accord.
07:29 Il avait quel âge quand vous vous l'avez rencontré ?
07:30 - 69.
07:31 - 69.
07:32 Je sais que vous avez…
07:33 - 41 ans d'écart.
07:34 - Vous avez 41 ans d'écart, ouais.
07:35 Et vous, vous aviez… je fais le calcul… 28.
07:36 - C'est ça.
07:37 - C'est ça.
07:38 - Ouais, 28.
07:39 Bah ouais, je suis pas con moi.
07:40 - Je suis pas aussi loucoupe.
07:41 - Non mais je te le dis, Christine.
07:42 - Non, non, t'as fait le calcul avant.
07:43 - Ouais, non, non.
07:44 Et vous voyez, et les…
07:45 L'écart, ça vous a pas…
07:46 - Bah alors franchement, je n'aurais jamais cru…
07:47 - Qu'il avait 69.
07:48 - Non, mais…
07:49 Épousé, Jacky Hembert.
07:50 - Ah ouais.
07:51 - Non.
07:52 - Alors vous saviez qui c'était ou pas du tout ?
07:53 - Pas du tout.
07:54 - Non, franchement.
07:55 - Non, pas du tout.
07:56 - Pas du tout.
07:57 On vous l'a vite dit.
07:58 - Bah non, parce que je n'habite pas à Marseille.
07:59 J'habite à Chivaud.
08:00 - D'accord.
08:01 Ouais.
08:02 - C'est un petit village, donc…
08:03 - C'est pas un petit village.
08:04 - Non, c'est pas un petit village.
08:05 - C'est pas un petit village.
08:06 - Bah non, parce que je n'habite pas à Marseille.
08:13 - D'accord.
08:14 - J'habite à Chivaud.
08:15 - Ouais.
08:16 - C'est un petit village, donc…
08:17 Je savais pas du tout qui il était.
08:18 Et je l'ai su vraiment quand il est rentré en prison.
08:21 - Ah ouais.
08:22 Attendez.
08:23 Mathieu.
08:24 - Et à ce moment-là, quand vous l'avez su…
08:25 - Bravo, Mathieu.
08:26 - Qu'est-ce que vous vous êtes dit ? Vous avez pensé à le quitter ?
08:27 - Ah non, pas du tout.
08:28 - Ah bon ? Vous apprenez que votre mari est un…
08:29 - Bah alors, quand je suis allée à la maison, je me suis dit…
08:30 - Bah alors, quand vous êtes allée à la maison, vous vous êtes dit…
08:31 - Vous avez pensé à le quitter. - Ah non pas du tout. - Ah bon ? Vous apprenez que votre mari est un...
08:36 - Alors, en rentrée de Paris, j'avais fini mon stage dans un institut. Et je... et quoi ?
08:48 - On vous dit que votre mari est un criminel, ça vous dérange pas ? Je vois qu'elle est amoureuse.
08:52 - Non, je suis tombée tellement amoureuse de Jackie parce que c'était un seigneur.
09:00 - C'est là maintenant, là. - Pardon.
09:02 - Alors, donc, il est incarcéré. Il a resté combien de temps en prison pendant que vous êtes...
09:06 - 18 mois. - 18 mois ? Vous l'avez pas lâché ?
09:10 - Non. 3 fois par semaine, mais par loi. Et après, je travaillais. J'étais enceinte de notre fils.
09:17 - Il avait été incarcéré pour quels faits ? - La contrebande de cigarettes avec la mafia russe.
09:22 - D'accord. Non mais c'était difficile, ces 18 mois ? - Oui, difficile parce que vous vous retrouvez seule.
09:29 - Mais quand vous l'avez rencontrée au départ, vous lui avez pas demandé ce qu'il faisait dans la vie ?
09:33 - Bah non, il avait les cheveux blancs. J'ai dit "les retraités". - Ah d'accord.
09:38 - Les retraités, ouais. Voilà. - Non mais il pouvait subvenir à vos besoins, j'imagine ?
09:44 - Non, parce que j'ai toujours travaillé dans ma vie. Je me suis pas mariée pour lui, ni pour son argent, ni pour sa nettoyer.
09:51 - Vous n'avez aucun problème de conscience, madame ? C'est ça, la question, en fait.
09:53 - Il a pas de conscience. - On peut être amoureux de quelqu'un, mais quand vous savez qu'il a...
09:57 - Bah pardon, non ? - Non. - Elle le voit.
10:00 - Tu t'en fous, quand t'es amoureuse, tu te fais amourer. - C'est résonné, l'amour.
10:03 - Voilà, c'est terminé. - C'est résonné, l'amour.
10:06 - Y a plein de femmes qui sont comme ça. - C'était difficile pour lui, la prison ?
10:10 - Oui, parce que j'étais enceinte de 1 mois et faire ma "grossesse seule".
10:18 - Il paraît que quand il parlait, tout le monde se taisait en prison. - Ah oui, ça, c'est sûr.
10:23 - C'est ça, hein ? - Oui. - Frédéric ?
10:24 - La seule chose qui l'a dérangée en prison, c'est que Christine était enceinte,
10:27 parce que pour le reste, il a été pris en main par un peu tout le monde.
10:31 Il a même, à un moment donné, distribué, il a importé, il a fait rentrer dans la prison des sucettes.
10:36 - Des choupas-choupas. - Des choupas-choupas.
10:38 Et il a distribué ça à tous les surveillants, et tous les surveillants se baladaient avec leurs choupas-choupas.
10:42 Et ensuite, il a lancé la mode de ces sucettes. Il a lancé deux modes en prison.
10:47 La mode des... - Des claquettes. - Des claquettes.
10:49 Il s'est mis en claquettes, tout le monde s'est mis en claquettes.
10:51 Il a lancé la mode des choupas, tout le monde s'est mis avec la choupa.
10:54 Et puis, il y a les petits jeunes caïds d'aujourd'hui qui étaient en adoration devant lui,
10:58 qui ont commencé à lui proposer la protection, le machin, le truc.
11:01 Il n'avait pas besoin de protection, mais s'il y avait quelqu'un qui bronchait contre lui à un moment donné,
11:06 il y avait toujours des petits jeunes. C'est un peu comme dans le film "Le Prophète", mais en vrai, quoi.
11:09 Des petits jeunes qui intervenaient, qui... Voilà.
11:11 - Et puis, bon, j'avais Alain aussi. Alain Delon. - Alain Delon, exactement.
11:14 - Ah oui, qui te soutenait. - Qui était toujours mon ami et qui me soutenait.
11:20 - On l'embrasse, c'est peut-être qu'il nous regarde. - On l'embrasse, oui. J'espère qu'il nous regarde.
11:24 - Oui, Gilles. - Oui, Christine, vous racontez qu'il fascinait les femmes,
11:27 à tel point qu'il y avait des files d'attente de femmes pour venir le voir.
11:31 Ça, c'était difficile à vivre, quand même, pour vous.
11:33 Il y avait une sorte de jalousie féminine par rapport à votre mari,
11:36 ces femmes-là étant fascinées par le parrain des parrains.
11:39 - Oui, parce que je me suis posé la question avec 41 ans d'écart, qu'est-ce qui...
11:45 Il y avait un problème. Je ne comprenais pas.
11:49 Autant de femmes. Parce que c'est vrai qu'il en a eu, des femmes.
11:54 - Frédéric nous a dit, voilà, c'était quand même un dur jacquis.
12:00 Et avec vous, c'était tout le contraire. Il était comment, par exemple, dans le privé ?
12:04 Parce que c'est vrai que c'est ça, le truc qu'on a envie de savoir.
12:07 - Dans le privé, je repassais ses chaussettes. - Ah oui ? Repasser les chaussettes ?
12:12 - Oui. Oui, oui. Parce qu'il était très maniaque.
12:16 - Oui. - Oui, oui. Les chaussettes, les chemises...
12:22 Il fallait qu'il laisse son parfum au frais de Dior toutes les semaines.
12:26 - Mais il était comment avec vous ? - Avec moi ?
12:28 - Oui. - Un seigneur.
12:29 - Un seigneur. - Oui. Un royal, oui.
12:32 Oui, j'ai été gâtée par la vie. Je peux dire que j'ai vécu.
12:37 - Vous êtes restée combien de temps avec lui ? 20 ans ?
12:39 - 17 ans. - 17 ans.
12:40 - Puisqu'après, il est décédé. - Oui, je sais.
12:42 - Il est décédé à l'âge de 89 ans ? - 89 ans.
12:47 - Dans son lit. Dans son lit, ce qui est quand même absolument exceptionnel.
12:49 - Avec la musique. - Dans ce milieu-là.
12:51 - C'est ça, exactement. - Tous ses amis sont morts dans la rue
12:53 avec 3 balles dans le corps et lui... - Il est mort dans son lit.
12:56 - Il est mort dans son lit. Ça dit aussi... Voilà. Il était un peu invasif.
12:59 - C'est pour ça qu'il y avait notamment ce surnom de l'immortel.
13:01 - Absolument. C'est à cause des 22 balles qu'il avait prises.
13:03 - Les 22 balles, bien sûr. - Voilà.
13:04 Et puis, effectivement, le fait de mourir dans son lit,
13:06 c'est tellement exceptionnel dans ce milieu-là que...
13:09 Voilà. Ça le classe. Ça le met...
13:11 Mais dans la vie privée, tu racontes, c'est quand même quelqu'un qui...
13:13 Bon, d'abord, il aimait... Il faisait la manger.
13:15 - Oui, il aimait... Ah oui. Il aimait faire les pâtes aux anchois.
13:18 Ça, c'est quand... La paella.
13:21 Non, c'était un homme très simple, après.
13:23 - Très simple. Très simple. - Oui.
13:25 Dans la vie intime, c'était très simple. - Bien sûr.
13:28 - Il se prenait pas la tête.
13:30 - Quelquefois, il y avait les policiers qui, derrière la porte, regardaient un peu.
13:33 - Oui. - Non ? Derrière la...
13:34 - On avait beaucoup de monde à la maison qui venait.
13:37 Donc...
13:39 Voilà. Des personnalités, quoi. Du showbiz.
13:42 - Non, ma question, c'est... Enfin, j'imagine que, quand on est un parrain comme ça,
13:45 forcément, quelqu'un veut prendre ta place,
13:47 ou alors je vais te regarder le parrain au cinéma.
13:49 Est-ce que, la nuit, vous aviez peur ?
13:51 Parce qu'il y avait beaucoup de gardes du corps autour.
13:53 Enfin, toutes les nuits, quand on vient...
13:55 Enfin, j'imagine que des gens lui voulaient du mal.
13:57 - Non, on n'a jamais eu de gardes du corps.
13:59 On dort, mais les volets ouverts... Non. Non.
14:02 - En fait, quand Justin... - Pas du tout.
14:04 - Quand tu le rencontres, il a déjà éliminé tous ses ennemis.
14:07 Donc, il n'y en a plus. Donc, il est tranquille.
14:09 - Il s'est éliminé de tout le monde.
14:10 - Il a déjà éliminé tous les ennemis. Donc, il n'y a plus...
14:12 Évidemment, il a... Il est sur ses gardes.
14:15 Il est forcément armé. Il sait se défendre, etc.
14:17 Mais j'ai l'impression qu'avec Christine,
14:19 c'est ça qui m'a stupéfait dans le récit qu'elle en fait.
14:22 C'est qu'il la rassurait pleinement et jamais elle était inquiète.
14:25 S'il y avait un besoin d'argent, bon, tu pouvais te servir.
14:27 Il y avait des petits piastres comme ça.
14:29 - Je lui en volais un de temps en temps.
14:31 - Il y avait des piastres de billets.
14:32 - Des billets de 500, des billets...
14:33 - Mais il ne regardait pas.
14:35 - Il ne comptait pas.
14:36 - Non, il ne comptait pas.
14:37 - Il ne regardait pas, il ne comptait pas.
14:39 Donc, de temps en temps, j'en prenais un petit.
14:40 - Bien sûr.
14:41 - Alors, vous en parlez de manière très romantique,
14:44 très tendre et c'est assez beau.
14:46 Mais moi, j'aimerais bien savoir qu'est-ce que vous avez dit à votre fils, en fait.
14:49 Est-ce que vous parlez de tout, de son papa, de toutes ces zones d'ombre aussi ?
14:53 Est-ce que vous lui dites que pendant plusieurs décennies,
14:54 il a été patron d'une sorte de mafia marseillaise ?
14:58 - Non, franchement, non.
15:00 Parce que quand son papa est mort, il avait 15 ans.
15:03 Il n'y a que maintenant qu'il s'aperçoit qu'il était son père.
15:06 - Donc, il découvre maintenant qui est son papa.
15:08 - Oui, oui.
15:09 Sinon, non, on n'en parlait pas.
15:11 D'ailleurs, Jackie refusait que je lui achète des pistolets petits.
15:15 - Quand c'est gentil.
15:16 - À un moment donné, je lui disais,
15:17 mais tu veux quoi, que je lui achète une poupée Barbie ?
15:19 - C'est vrai qu'un jour, tu lui as acheté un pistolet, il l'a détruit.
15:23 - Il ne voulait pas que son fiston à 12-13 ans se balade avec une arme à feu.
15:27 - Il l'avait détruit quand même.
15:29 - Est-ce qu'il se cachait des choses sur ses activités professionnelles
15:31 pour vous protéger ou est-ce qu'il vous disait tout ?
15:33 - Au début, il ne me disait rien.
15:36 C'est après, à force, avec les années.
15:40 - Quand il reçoit à la maison Robert-Loé Dreyfus,
15:43 qui était patron de l'OM à l'époque, il attend que tu sois sortie.
15:46 - Ça, je le sais.
15:47 - Par exemple, quand il reçoit à la maison le patron de l'Olympique de Marseille,
15:50 à Fuvaux, elle l'apprend beaucoup plus tard.
15:52 - Quand il reçoit chez lui des hommes qui sont armés,
15:55 vous le voyez, qui sont armés, qui posent leurs flingues et tout,
15:58 vous êtes là avec des carottes râpées, vous ne voyez que les mecs au-dessus d'armes,
16:01 il n'y a aucun problème dans votre tête ?
16:03 - Mais chez moi, il n'y a personne qui est venu avec des armes.
16:07 - Elle ne le voyait pas.
16:08 - Vous n'avez rien vu, le vous.
16:09 - Elle était protégée.
16:10 - Il a protégé de ça, pourquoi qu'elle le savait.
16:12 - D'accord.
16:13 - Les carottes...
16:14 - Pourquoi ?
16:15 - Non, elle, ce qu'elle dit, c'est que...
16:17 - Il y a un très beau film qui a été fait avec Jean Reno,
16:19 qui s'appelle "L'Immortel".
16:20 - Oui, oui, oui, on ne l'a pas aimé.
16:21 - Non, il n'a pas aimé Jean Reno.
16:22 - Il n'a pas aimé, d'accord.
16:23 - Lui, ce qu'il a dit, sa réflexion, à propos de Jean Reno,
16:25 quand il voit la projection, il dit mais je ne suis pas l'abbé Pierre,
16:28 c'est l'abbé Pierre, lui.
16:29 - Ah oui, donc il était pur, parce que ça désigne quand même pas mal.
16:32 - Oui, mais lui, il a estimé que c'était l'abbé Pierre.
16:34 - Oui, c'était pas...
16:35 - Donc il n'a pas trop aimé...
16:36 - Et quand ça se fait qu'il ait fait si peu de prison,
16:38 il a quand même dit...
16:39 - Je te dis la vérité, moi, qu'il ne s'est pas aimé.
16:41 - Non, non, non, mais il n'a pas aimé du tout.
16:43 - C'est bien suivi, à l'affaire...
16:44 - À l'époque.
16:45 - Moi, le film, je suis désolé, moi aussi.
16:47 - C'est bambi.
16:48 - Je ne suis pas accroché.
16:49 - Non, non, pas du tout.
16:50 - Mais juste pour répondre, il n'a pas fait beaucoup de prison.
16:52 - Pourquoi il n'a pas fait aussi peu de prison ?
16:53 - Parce qu'il est...
16:54 - Parce qu'il a quand même carrière.
16:55 - Un, parce qu'il est meilleur que les autres.
16:56 Deux, parce qu'à l'époque, il n'y a pas de caméra de surveillance,
16:58 de téléphone portable, de traces.
17:00 Et puis trois, il n'a pas braqué des fourgons, il a tenu le milieu français.
17:04 Donc, il a raqueté des voyous.
17:06 Est-ce que vous voyez un voyou, pendant la loi,
17:08 ou un fraudeur fiscal qui se fait raqueter par Jacques-Yves Le Mat,
17:11 aller voir le commissariat en disant...
17:13 - Son idée de génie.
17:14 - Son idée de génie, oui.
17:15 - C'est ça.
17:16 - Il est sorti de prison pour dire "les voyous vont me rendre riche".
17:18 - Voilà.
17:19 - C'est-à-dire qu'il ne porte pas plainte, les voyous.
17:20 - Il ne porte pas plainte, les voyous.
17:21 - Bien sûr.
17:22 - Donc, forcément...
17:23 - Il ne porte pas plainte.
17:24 - Exactement.
17:25 - Il ne porte pas plainte.
17:26 - C'est un robin-doux à l'envers.
17:27 - La police préférait laisser les voyous s'entretuer entre eux plutôt que de...
17:30 - C'est ça, tous les crimes d'un même...
17:31 - C'est l'idée de génie qu'il a eue.
17:32 - C'est vrai.
17:33 - Oui, il faut assurer, il faut assumer, d'ailleurs.
17:35 - Exactement.
17:36 - Parce qu'à partir...
17:37 - C'est ça.
17:38 - Parce qu'ils peuvent tous avoir envie de te tuer.
17:39 Donc, à partir de là, il faut...
17:40 - Mais c'était le génie, quand même.
17:41 - Oui, génie.
17:42 - Christine, parfois, quand même, vous racontez dans le livre,
17:44 c'était compliqué, il était très autoritaire.
17:46 À un moment, vous allez déposer un chèque en achetant quelque chose,
17:50 vous revenez à la maison, il vous dit "plus jamais ça".
17:52 Il envoie quelqu'un mettre du liquide, du cash à la place du chèque.
17:55 - Oui, c'est ça.
17:56 - Il vous dit "plus"...
17:57 Donc, ça rigolait pas toujours.
17:58 Il avait un côté parrain des parrains, parfois, à la maison.
18:00 - Non.
18:01 Ça m'a beaucoup arrangé quand il m'a dit "reprends le chèque".
18:04 - Tous les coups, il a dit "non, mais c'est..."
18:07 - Oui.
18:08 Il était parfois dur avec vous aussi.
18:10 - Là, je n'étais pas autoritaire.
18:11 Là, il a voulu me faire plaisir.
18:12 - C'est juste ça.
18:13 - Oui.
18:14 - Il vous donnait des petites enveloppes,
18:16 2000 euros, vous dites, par mois, c'est ça, pour vos courses.
18:20 - Oui, c'était pour m'amuser.
18:22 - Oui.
18:23 - Pour les courses aussi.
18:25 C'était pour s'amuser, je crois.
18:26 - Pour m'amuser, pour m'habiller, pour les chaussettes, pour les parfums.
18:30 - Le parfum, le parfum.
18:31 - Oui.
18:32 - Le parfum, ça coulait.
18:33 - On le voit sur les images.
18:34 Vous le regardez à chaque fois avec les yeux de l'admiration, de l'amour.
18:38 Donc, vraiment, la vie qui vous a offerte,
18:41 vous avez été vraiment, vraiment heureuse ?
18:44 - Oui.
18:45 - Vraiment.
18:46 Malgré les doutes, les craintes, les peurs,
18:49 malgré la part d'ombre, vous avez vraiment été heureuse.
18:52 Et si c'était à refaire, vous referiez ça, cette vie-là ?
18:56 - Oui.
18:57 - Oui, franchement, oui.
18:58 - Je suis désolé, madame, mais c'est très gênant.
18:59 Ça fait 10 minutes qu'on est en train de parler de la bébire.
19:02 - Non, il y a un truc.
19:03 - Ça reste un monsieur qui a tué d'autres personnes.
19:05 C'est un monsieur qui était un...
19:06 Enfin, pardon.
19:07 Et en plus, je vous ai dit tout à l'heure que vous m'aimiez beaucoup.
19:08 Ça me touche.
19:09 Mais on en parle tous comme ça depuis 10 minutes,
19:11 comme si c'était quelqu'un de bien.
19:13 Il avait une idée de génie.
19:14 - En tout cas, ça reste un criminel.
19:15 - Elle a dit qu'elle t'aimait beaucoup avant.
19:17 - Non, mais ça reste un criminel.
19:19 - Il y a un truc qui l'a dérangé à un moment donné.
19:21 - Vas-y, frère Eric, réponds.
19:22 - Il y a un truc qui l'a dérangé à un moment donné,
19:23 c'est de se lever à 5h du matin pour aller chez l'épicier,
19:27 pour acheter des carottes bio et pour aller nourrir ses chevaux.
19:31 Parce que c'était par ailleurs...
19:32 En fait, c'était un personnage qui était vraiment...
19:34 Il pilotait des avions.
19:35 Il était capitaine de bateau.
19:37 Il a été...
19:39 Quand il a décidé de faire du cheval,
19:41 à un moment donné, de se mettre au cheval,
19:43 il est devenu champion de France du trou athlée en 1973.
19:46 Il adorait les animaux.
19:48 - Là, tu réponds pas à la question de Baccarat.
19:50 - Non, je dis que ce qu'il a dérangé,
19:52 c'est de se lever à 5h du matin pour aller nourrir ses chevaux.
19:54 - Il était peut-être très courageux,
19:56 et vous l'avez aimé, j'en doute pas,
19:58 mais on est quand même en train de dire,
20:00 depuis tout à l'heure, oh, il était gentil,
20:01 il était doux, il achetait des carottes et machin.
20:03 Il a quand même tué des gens.
20:04 C'était un voyou.
20:05 C'était le parrain de la paix.
20:07 Enfin, il y a un moment où il faut mettre les choses en place,
20:09 quand même.
20:10 Ça reste un criminel.
20:11 Même quand tu tues un voyou, tu es un criminel.
20:13 - C'est bizarre parce qu'un criminel qui...
20:15 Car même à chaque fois qu'on voyait Jacky n'importe où,
20:17 à Paris, parce qu'on allait souvent au Fouquet's,
20:19 parce que c'était chez lui, entre guillemets, aussi,
20:21 les portes, je peux vous garantir qu'un tapis rouge.
20:25 Tellement qu'on l'aimait.
20:27 - En fait, ce n'était pas présent, ce qu'on raconte aujourd'hui...
20:29 - C'est bon de se dire.
20:30 - Non, mais ce n'était pas présent à la maison,
20:32 c'est ça qu'elle veut dire.
20:33 C'est ce qu'on raconte dans le livre, là.
20:35 Tout cet aspect.
20:36 Je pense que jamais il ne lui a dit, je ne sais pas...
20:38 Je crois même que quand vous alliez à Cassis,
20:40 il te montrait à peine, il passait à peine devant l'endroit
20:42 où il s'était fait tirer dessus.
20:44 Je veux dire, il n'en parlait pas.
20:45 - Ça reste un criminel, monsieur.
20:46 - Non, non, je sais bien.
20:47 Mais vous lui demandez comment elle l'avait vu.
20:49 - Alors, je... Non.
20:50 Non, pas du tout.
20:51 - Pour vous, c'est un criminel ?
20:52 - Pour moi ?
20:53 - Christine, oui.
20:54 - Non.
20:55 On lui tire dessus, il se branche et voilà, point barre.
20:57 Après ça...
20:58 - Et ses activités, pour vous, c'était un travail comme un autre ?
21:02 - Moi, quand je l'ai rencontrée, c'était sa belote chez tonton, derrière.
21:07 C'était les chevaux, c'était le bateau, Alain.
21:11 Mireille aussi.
21:13 On avait vu Mireille et Darc au téléphone.
21:15 Voilà.
21:16 - Mais la preuve, c'est qu'il ne veut pas que son fils
21:18 fasse le même métier que lui.
21:19 - Ah non, pas du tout.
21:20 - Donc ça veut dire bien qu'il avait quand même un destin particulier
21:22 et plutôt accidentogène.
21:24 - Je lui avais demandé.
21:25 Si tu as à refaire, tu l'aurais...
21:27 Il m'a dit non, pas du tout.
21:29 - Oui, donc voilà.
21:30 - Voilà.
21:31 Il n'était pas destiné à ça, en fait, hein, Jackie ?
21:33 - Non.
21:34 - Est-ce qu'un jour, par amour, vous lui avez demandé d'arrêter tout ça ?
21:37 - Mais il l'avait déjà arrêté.
21:39 C'est ça, il l'avait déjà arrêté.
21:41 Quand vous étiez avec lui, il l'avait totalement arrêté déjà.
21:43 - Il l'avait arrêté.
21:44 - D'accord.
21:45 - Disons qu'il continuait à toucher...
21:46 - Oui, oui.
21:47 - Et à prendre sa vie.
21:48 - Mais oui, mais il n'était plus actif.
21:50 - Mais il n'était plus actif.
21:51 L'argent, il tombait tout seul.
21:52 - Non, mais l'argent, il tombait tout seul.
21:53 - Oui, bon.
21:54 - Il allait au flouquet, parce qu'il était...
21:55 Voilà, il était chez lui, l'argent tombait tout seul, voilà.
21:56 - Il n'avait plus besoin d'aller sur qui que ce soit.
21:57 - Mais monsieur m'a dit à la pub que, du coup, effectivement,
21:58 les restos, les machins, tout ça, tout le monde payait
21:59 pour un peu sa protection et tout ça.
22:00 - Un parrain.
22:01 - Ça reste un parrain, quand même.
22:02 - Bah, évidemment.
22:03 - Christine, à un moment, vous écrivez dans le livre
22:04 qu'il vous assure, oui, j'ai tué des gens,
22:05 mais c'est parce qu'il le méritait.
22:06 - Voilà.
22:07 - Vous écrivez ça.
22:08 Ça, c'est quand même fort et peut-être aussi choquant.
22:23 - C'est ce que je vous disais.
22:24 - Et vous ne semblez pas...
22:25 - Non, mais non, mais non, parce que...
22:26 - Non, mais c'est intéressant, ça.
22:27 - Parce qu'elle parle...
22:28 Parce qu'en fait, c'est des deux histoires dont on parlait.
22:29 - Oui.
22:30 - Je pense que tu parlais, Christine, du fait qu'il ait tué
22:31 celui qui a voulu...
22:32 - Oui.
22:33 - Qui a voulu l'assassiner.
22:34 - ... qui a voulu l'assassiner.
22:35 - C'est ceux qui ont voulu l'assassiner.
22:36 - Et puis l'autre affaire dont on a parlé...
22:37 - Oui, oui, qui avait assassiné son meilleur ami.
22:38 - Exactement.
22:39 - Oui, oui, c'est que ça que vous voulez dire.
22:40 - Mais c'est tout.
22:41 - Oui, mais madame dit "c'est tout".
22:42 Ça fait trois morts et si on a voulu le tuer,
22:43 c'est qu'il avait fait des trucs avant.
22:44 C'est pas "c'est tout", trois morts, enfin, c'est tout.
22:45 - C'est l'histoire de l'héberditisme.
22:46 - C'est que ça.
22:47 - C'est tout.
22:48 - C'est l'histoire de l'héberditisme français.
22:49 - En tout cas, c'est un beau livre.
22:50 Je trouve qu'on vous en parle de manière,
23:03 avec un sourire un peu légère.
23:04 C'est pas la biote.
23:05 - Sébastien est pleuré quand même.
23:06 - Comment ?
23:07 - Je vais pas venir en pleurant.
23:08 - Non, mais c'est pas la biote.
23:09 - On le sait, on le sait.
23:10 - Delfine.
23:11 - Dans tous les couples, il y a des disputes,
23:14 parfois violentes.
23:15 Est-ce que quand ça vous est arrivé,
23:17 vous avez eu peut-être un jour peur de lui,
23:20 sachant ce qu'il était capable de faire
23:21 dans d'autres circonstances ?
23:23 - Une fois, j'ai eu peur.
23:25 - C'est une bonne question, ça.
23:26 - Une fois, parce que je voulais le quitter.
23:31 C'était au Maroc.
23:34 Et voilà.
23:35 - Vous l'avez quitté ?
23:36 - Oui.
23:37 - Pourquoi ?
23:38 - Pourquoi ?
23:39 Parce qu'il me trompait.
23:40 - Trop de chaussettes, après.
23:41 - Il vous a frappé ?
23:42 - Non.
23:43 - Ah oui, vous vous êtes rendu compte qu'il vous trompait ?
23:46 - Oui.
23:47 - À Marrakech ?
23:48 - À Marrakech.
23:49 - Ah oui.
23:50 - Donc j'ai pris mon fils et je suis rentrée.
23:52 - Après, vous vous êtes remis en somme ?
23:55 - Non.
23:56 - Non ?
23:57 - Non.
23:58 - Ah, c'est ça, c'est la fin, c'est ça.
23:59 - Ah.
24:00 - Ah oui, d'accord.
24:01 - Et du coup, à ce moment-là, vous aviez peur de quoi ?
24:02 De sa réaction, vraiment ?
24:03 - Ah non, j'ai jamais eu peur.
24:04 Non, non, pas du tout.
24:05 - Ah non, parce que moi...
24:06 - Vous lui avez dit que c'était terminé,
24:07 vous l'avez cramé comment ?
24:08 - Je l'ai cramé comment ?
24:10 - Eh bien, je travaillais, mon fils était à la maison
24:14 et il avait oublié son téléphone.
24:17 - Saloperie de...
24:18 - On en revient toujours à ça.
24:19 - C'est incroyable.
24:20 - Ce téléphone, un fléau, un fléau.
24:21 - Quel fléau, merde !
24:22 - C'est le cancer du 20e siècle, je vous le dis.
24:23 - Je suis le maire de ce téléphone,
24:24 je suis le maire de ce nom.
24:25 Écrasez-moi ça, écrasez-moi ça.
24:26 C'est vrai, c'est insupportable, insupportable.
24:27 Et donc, oui, et donc, vous lui avez dit quoi ?
24:28 - Je l'ai cramé comme ça.
24:29 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:30 - Oui, oui, oui.
24:31 - Je l'ai cramé comme ça.
24:32 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:33 - Oui, oui, oui, oui.
24:34 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:35 - Oui, oui, oui, oui.
24:36 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:37 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:38 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:39 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:40 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:41 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:42 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:43 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:44 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:45 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
24:46 - Non, mais elle a appelé la fille.
25:07 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
25:28 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
25:56 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
25:59 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:00 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:01 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:02 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:03 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:04 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:05 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:06 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:07 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:08 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:09 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:10 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:11 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:12 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:38 - Ah, vous l'avez cramé comme ça.
26:49 [Musique]