Mathieu Bock-Côté sur la journée de la femme : «Il y a une renaissance du féminisme depuis une dizaine d'années, le mot était un peu passé de mode»
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Alors, le 8 mars, c'est une journée qui fait partie du nouveau calendrier liturgique occidental.
00:05 Donc le 8 mars, c'est la journée de la Réunion, c'est la fête du nouveau genre,
00:09 et chacun doit participer à la procession médiatique en expliquant que la situation en Occident est encore terrible.
00:15 Quand on parle de la situation de la femme en Occident, aujourd'hui, on a quelquefois l'impression qu'on est en Afghanistan ou en Iran.
00:20 Mais on oublie toutefois de parler de ce qui se passe en Afghanistan ou en Iran. C'est assez intéressant.
00:24 Quoi qu'il en soit, ça fait partie du calendrier liturgique, comme le 20 novembre qui est la journée du souvenir trans,
00:30 ou la marche des Fiertés, et ainsi de suite. Donc, sachons cela, le calendrier liturgique, ça se respecte.
00:35 Alors, ça vient aussi, il faut le noter, il y a une forme de renaissance du féminisme.
00:40 Depuis une dizaine d'années, il y a quelques années encore, le mot féminisme était un peu passé de mode.
00:45 C'était comme gaulliste social, c'est-à-dire, c'est un terme un peu qui appartient au vocabulaire de l'histoire des idées,
00:51 mais qui a peu d'emprise dans le réel. Et là, soudainement, par Hollywood en partie, par la musique américaine,
00:56 par les travaux aussi de l'université américaine, il y a eu un renouveau du féminisme,
01:00 et qui aujourd'hui est à la mode, à tout moins qui est puissant, qui est hégémonique idéologiquement dans le monde occidental.
01:06 Deux manières de nommer cette journée, soit dit en passant, gardons-la à l'esprit.
01:09 En France, ailleurs, on dit la Journée internationale des droits des femmes.
01:13 L'ONU dit Journée internationale des femmes. Donc, gardons à l'esprit qu'il y a ces deux distinctions.
01:19 Bercy, aujourd'hui, en parlant de ça, nous dit que le thème de la journée des femmes, c'est "Brisons le plafond de verre".
01:26 Et quant à l'ONU, c'est "Pour un monde digital inclusif, innovation et technologie pour l'égalité des sexes".
01:32 L'ONU sait parler poétiquement.
01:35 Alors, le problème avec cette journée, cela dit, aujourd'hui, c'est que la Journée internationale des femmes, certes,
01:39 mais on ne sait plus exactement ce qu'est une femme.
01:42 Depuis quelques années, une question qu'heureusement l'humanité ne s'était jamais posée,
01:47 on ne s'était jamais demandé si la femme ou l'homme existent,
01:50 et bien, depuis quelques années, cette question nous travaille.
01:53 Qu'est-ce qu'une femme, véritablement? Pouvons-nous savoir ce qu'est une femme?
01:57 Alors, on connaît la formule classique de Simone de Beauvoir, "On ne naît pas femme, on le devient".
02:03 Et je reviendrai, soit dit en passant.
02:05 Elle est reprise au début des années 90 par une philosophe américaine qui a eu un pouvoir intellectuel immense.
02:10 Philosophe, pour l'avoir lu, d'un intérêt philosophique nul, mais qui a eu une puissance de frappe médiatique
02:18 qui a correspondu à quelque chose dans l'époque.
02:20 C'est Judith Butler qui a écrit "Gender Trouble", le trouble dans le genre.
02:24 En 1990, ça paraît aux États-Unis, en 2005 en France.
02:28 Vous voyez, les idées prennent leur temps pour circuler.
02:30 Et qu'est-ce qu'elle nous explique là-dedans? On y revient souvent ici.
02:33 C'est que finalement, le masculin et le féminin ne sont que des constructions sociales arbitraires.
02:38 Les sexes comptent pour presque rien.
02:41 Et au fil des ans, on dira finalement qu'ils comptent pour rien.
02:44 La dimension biologique, la nature sexuelle de l'humanité, ça ne compte pour rien.
02:49 Et finalement, il n'y a que des constructions sociales, le masculin et le féminin,
02:53 qu'il faudrait déconstruire d'ailleurs pour permettre à l'individu libre dans sa fluidité identitaire de s'affranchir.
03:00 Ça vient, soit dit en passant.
03:02 Autrement dit, la femme disparaît.
03:04 Parce que dans cette idée-là, je reviens sur un élément intéressant.
03:07 On ne naît pas femme, on le devient.
03:09 Mais si la femme n'existe pas, pourquoi le deviendrait-on?
03:11 C'est une question qui me traverse assez souvent.
03:13 C'est assez intéressant.
03:14 Quoi qu'il en soit, l'identité femme demeure présente en société pour un temps encore, à tout le moins.
03:20 Or, on constate que tous désormais peuvent s'en réclamer.
03:23 C'est une notion qui n'a plus d'ancrage biologique, d'ancrage naturel.
03:27 Et c'est purement idéologique.
03:29 Et toute référence, donc autrement dit, si je décide, on en a souvent parlé,
03:33 si je décide de dire que je suis une femme, bien je suis une femme.
03:35 Si vous ne le respectez pas, vous êtes transphobe.
03:37 Et la transphobie n'est pas une opinion, c'est un délit.
03:39 En prison, Christine Kelly.
03:41 Bon, alors, il y a cette logique-là.
03:43 - J'y suis presque.
03:44 - Oh, ça va arriver. On y finira tous.
03:46 Donc, il y a une dimension un peu religieuse là-dedans.
03:48 C'est-à-dire, c'est une volonté d'auto-engendrement.
03:50 On veut créer un homme nouveau, un être humain nouveau qui ne serait pas sexué.
03:55 Et je précise, soit dit en passant, ça peut aller assez loin quand on regarde le vocabulaire.
03:58 Vous savez, le planning familial propose quelques fois un vocabulaire
04:02 pour nous permettre de mettre à jour nos représentations intellectuelles.
04:05 Mâle, femelle.
04:07 Ce sont des termes utilisés surtout pour étudier la reproduction sexuée chez diverses espèces.
04:12 Il convient de ne pas les employer pour caractériser nos congénères humains.
04:16 Ces termes binaires ne reflètent pas la variété de nos corps et de nos vécus.
04:19 Comme on l'a vu plus haut, le sexe est un construit social.
04:22 Un pénis est un pénis, pas un organe sexuel mâle.
04:25 Sachez-le, chers amis.
04:27 - Chut.
04:28 - Alors, le problème...
04:29 - Cachez les enfants.
04:30 - Alors, le problème avec cette théorie, c'est qu'elle a des effets pratiques assez compliqués.
04:35 Comment établir la parité? On nous casse les oreilles toujours.
04:37 Il faut la parité. Il faut la parité.
04:39 Mais comment faire la parité si on ne sait plus qui est homme et qui est femme
04:42 et si on peut changer d'identité sexuelle à tout moment?
04:45 En Écosse, en Espagne, c'est le cas.
04:47 Comment les codes de la politesse sont désormais soupçonnés du pire?
04:50 Si je vous dis... Bon, on appelle ça le mégenrage.
04:52 L'État canadien, je le rappelle, c'est important,
04:54 a déjà donné une consigne administrative aux gens qui sont des fonctionnaires
04:58 en contact avec la population.
05:00 Ne dites plus "bonjour, madame" ou "bonjour, monsieur"
05:02 parce que vous risquez de mégenrer les individus.
05:05 Donc, il faut abolir la politesse parce qu'elle serait discriminatoire
05:07 potentiellement pour les minorités.
05:09 Le sport. Est-ce qu'un homme qui se dit désormais femme
05:13 peut participer à une équipe sportive féminine?
05:15 On le sait, oui. Aujourd'hui, c'est possible, notamment dans la nage.
05:18 Les prisons. Si je suis un homme, par exemple, et j'ai violé deux femmes,
05:22 et finalement, au moment d'aller en prison, je m'identifie désormais comme femme,
05:26 pourriez-vous me flanquer dans une prison pour femmes, s'il vous plaît?
05:28 C'est passé à deux doigts d'arriver en Écosse.
05:31 Les maternités. Si je suis un homme, une femme,
05:36 mais que je décide de s'identifier désormais comme homme,
05:38 mais je conserve mes organes et que je tombe enceinte,
05:42 est-ce qu'on peut dire que je suis un homme enceinte qui fréquente son gynécologue?
05:45 Alors là, il y a une espèce de confusion immense autour de cela.
05:48 Et je vous dirais que la femme, finalement, réelle, concrète,
05:51 qui existe avec ses vrais problèmes, soit dit en passant,
05:53 puisqu'il existe des problèmes spécifiquement féminins, disparaît.
05:55 C'est comme si la journée internationale, la journée de la femme,
05:58 résumons ça comme ça, les femmes se sont fait voler leur journée
06:01 par l'idéologie trans-radicale, par la théorie du genre.
06:05 Les femmes se sont fait déposséder de leur journée.
06:08 J'ajoute, soit dit en passant, ce n'est pas un détail,
06:10 quand vient le temps de s'intéresser à des vrais problèmes comme le voile,
06:13 le voile islamique, l'insécurité des femmes,
06:15 ce sont des questions qu'on laisse à ce qu'on appelle l'extrême droite.
06:18 Donc je fais le bilan. On ne sait plus ce qu'est une femme.
06:20 Donc si on ne sait plus ce qu'est une femme,
06:21 on ne sait pas quels sont les droits des femmes.
06:23 Et par ailleurs, puisqu'on ne sait pas ce que sont les droits des femmes,
06:26 on n'est plus capable d'évaluer ce qui est un progrès ou une régression.
06:29 Je reviens à la question du voile. On se couche devant cela.
06:31 Pendant ce temps-là, on fait la guerre à la langue française
06:34 parce qu'on croit discerner une structure de domination hétéropatriarcale dans la langue.
06:39 Et ça, c'est le combat du féminisme aujourd'hui.
06:41 La politologue Chloé Mourin, dans Le Figaro, nous invite à ne pas faire du mal,
06:47 blanc, le grand coupable de la violence faite aux femmes.
06:51 Est-ce qu'elle a raison de nous mettre en garde?
06:53 Je crois que oui. La violence faite aux femmes est une vraie question.
06:55 Personne ne va dire le contraire.
06:57 Mais elle note avec intérêt que finalement,
07:00 cette violence est censée être le propre de l'homme blanc hétérosexuel.
07:05 Et plus encore, ce serait la marque distinctive de notre société.
07:09 Ce que disait Violaine de Philippis il y a quelques jours, soit dit en passant,
07:12 ce serait le point d'aboutissement de notre culture patriarcale judéo-chrétienne.
07:16 Et il y a eu une révolution. Il ne faut pas se tromper.
07:18 Ces dernières années, la révolution #MeToo, qui peut avoir des effets positifs selon certains,
07:23 c'est-à-dire que ça permet de faire tomber les inhibitions dans les rapports de harcèlement sexuel au travail.
07:29 Mais dans la révolution #MeToo, il y a néanmoins une révolution avec un aspect assez négatif.
07:32 Et qu'est-ce que c'est?
07:33 C'est le remplacement de la justice par la délation sur les réseaux sociaux
07:37 qui se substitue finalement aux procédures ordinaires de la justice.
07:42 Et c'est sous-titré cette idée qu'il n'est plus nécessaire de prouver quoi que ce soit.
07:45 Et quoi que ce soit, on vous croit. On vous croit.
07:48 L'accusation suffit en valeur de preuve.
07:51 Et on a vu ce que ça a donné, soit dit en passant, avec le procès de Johnny Depp et Amber Heard.
07:55 Donc la révolution #MeToo a poussé une culture de la délation qui va très loin
07:59 et a imposé une série de concepts.
08:01 La culture du viol, par exemple.
08:03 La culture du viol, c'est assez particulier.
08:04 Ça nous explique que ça commence avec la galanterie et ça culmine dans le viol
08:07 et potentiellement dans le féminicide. Pourquoi?
08:10 Parce que ce serait un continuum de violence qui chercherait à assujettir les femmes.
08:14 D'abord poliment, la galanterie, et sinon à la trique, de manière violente, si elles ne comprennent pas.
08:21 Alors si on est dans cette logique, finalement, il faut faire tomber l'homme.
08:25 Qu'est-ce qu'il y a? C'est la logique de l'homme déconstruit dont on parle beaucoup aujourd'hui
08:30 avec des idées, par exemple, qui cirent que la virilité coûterait 95 milliards à la France.
08:35 Donc il faut faire tomber la virilité.
08:37 L'homme serait responsable de l'androcène.
08:39 Le ravage de la planète, c'est l'homme blanc intersexuel. Il doit tomber.
08:42 Et si on le voit à l'école, s'il faut faire tomber l'homme, on ne se contente pas de s'en prendre aux adultes.
08:47 Dès l'enfance, on cherche à troubler l'identité de genre des enfants
08:50 pour faire en sorte qu'ils ne sachent plus s'ils sont des garçons ou des filles,
08:53 qu'ils soient le plus longtemps possible dans l'indétermination,
08:56 qu'on veut tuer la virilité, on veut humilier la virilité,
08:59 et à travers cela, finalement, on piétine la virilité,
09:01 sauf pour les non-occidentaux qui, eux, ont le droit encore d'être virils.
09:05 Mais quand un homme occidental, sa vocation est d'être une carpette,
09:08 sa vocation est d'être un tapis, et ainsi on l'appréciera,
09:11 merci de me piétiner, néo-féministe Mme Rousseau, je vous remercie.
09:14 [Musique]
09:18 [SILENCE]