Ce mardi 7 mars est historique, c’est l’appel de tous les syndicats à “mettre la France à l’arrêt” : grèves perlées et/ou reconductibles, blocages, coupures d’électricité, manifestations, les forces sont unies et mobilisées pour lutter contre la réforme des retraites. La pression et la tension sont fortes.
Emmanuel Macron lors de chaque déplacement se fait attraper la veste tant le pays est mobilisé contre sa réforme. Et ça n’a pas manqué au salon de l’agriculture. Malgré tout, on dirait bien que le gouvernement Macron-Borne compte garder le cap. Entre arguments du gouvernent pour faire peur et la journée de mardi 7 mars qui appelle à "mettre la France à l'arrêt" où la mobilisation ne faiblit pas, Thomas décrypte ces temps assez historiques.
Le salon international de l’agriculture vient de se clôturer, ce dimanche. Pendant 10 jours, les parisiens et parisiennes ont pu goûter des produits des régions françaises et au-delà, voir des vaches énormes ou monter dans une moissonneuse batteuse flambant neuve. Ce salon si médiatique mais pas très fermier attire énormément et a au moins un avantage : qu’on parle enfin d’agriculture pendant quelques jours. L’agriculture fait face à d’énormes enjeux depuis des années et qui font surface maintenant : la question de l’eau évidemment avec les nappes phréatiques pas très remplies, et des sécheresses hivernales ; ou encore le renouvellement des générations avec des agriculteurs de moins en moins nombreux et un accès au foncier difficile.
Dans les années 80, il y avait 1,6 millions d’exploitations agricoles. En 2000, 600 000. En 2020, 416 000. C’est l’hécatombe. Leur taille a par contre doublé en 30 ans, passant de 27 ha en 1988 à 69 ha en 2020.
Personne n’est passé à côté de la crise du milieu agricole et paysan depuis les années 1980 et l’intensification de l’agriculture.
Nous nous sommes d'ailleurs rendus au salon pour vous faire un retour de terrain dans le toujours debout de ce lundi 6 mars que l'on vous invite à aller voir.
Thomas nous livre une analyse sur la situation économique des agriculteurs et paysans français. C'est l'Instant Porcher.
Emmanuel Macron lors de chaque déplacement se fait attraper la veste tant le pays est mobilisé contre sa réforme. Et ça n’a pas manqué au salon de l’agriculture. Malgré tout, on dirait bien que le gouvernement Macron-Borne compte garder le cap. Entre arguments du gouvernent pour faire peur et la journée de mardi 7 mars qui appelle à "mettre la France à l'arrêt" où la mobilisation ne faiblit pas, Thomas décrypte ces temps assez historiques.
Le salon international de l’agriculture vient de se clôturer, ce dimanche. Pendant 10 jours, les parisiens et parisiennes ont pu goûter des produits des régions françaises et au-delà, voir des vaches énormes ou monter dans une moissonneuse batteuse flambant neuve. Ce salon si médiatique mais pas très fermier attire énormément et a au moins un avantage : qu’on parle enfin d’agriculture pendant quelques jours. L’agriculture fait face à d’énormes enjeux depuis des années et qui font surface maintenant : la question de l’eau évidemment avec les nappes phréatiques pas très remplies, et des sécheresses hivernales ; ou encore le renouvellement des générations avec des agriculteurs de moins en moins nombreux et un accès au foncier difficile.
Dans les années 80, il y avait 1,6 millions d’exploitations agricoles. En 2000, 600 000. En 2020, 416 000. C’est l’hécatombe. Leur taille a par contre doublé en 30 ans, passant de 27 ha en 1988 à 69 ha en 2020.
Personne n’est passé à côté de la crise du milieu agricole et paysan depuis les années 1980 et l’intensification de l’agriculture.
Nous nous sommes d'ailleurs rendus au salon pour vous faire un retour de terrain dans le toujours debout de ce lundi 6 mars que l'on vous invite à aller voir.
Thomas nous livre une analyse sur la situation économique des agriculteurs et paysans français. C'est l'Instant Porcher.
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00:00 cette sortie est complètement lunaire. Il n'a pas négocié, il a menti constamment,
00:03 il sort des chiffres mais complètement aux doigts mouillés, on sait plus ce que ça veut dire. Il fait
00:08 des prévisions comptables sans tenir compte vraiment de modèles macroéconomiques sérieux
00:11 qui prendraient l'impact global sur l'ensemble de la société parce qu'il va y avoir quand même
00:14 des gens qui vont bosser deux ans de plus. Bonjour tout le monde et bienvenue pour ce
00:18 nouvel Instant Porcher, je suis ravie de vous retrouver. L'Instant Porcher c'est un petit
00:21 moment qu'on se prend entre nous avec Thomas Porcher chaque semaine pour décrypter l'actualité
00:25 car les discours sont politiques et les comprendre est une véritable arme démocratique. Je vous
00:30 rappelle que Le Média ne dépend que de votre soutien, vos abonnements et vos dons. Rendez-vous
00:34 sur soutenez.lemediatv.fr pour nous soutenir. Ce projet de télé libre et indépendante ne
00:39 peut se faire sans vous et on arrive bientôt avec de nouvelles annonces. Au programme aujourd'hui,
00:44 la France a l'arrêt et puis on ira faire un petit tour au Salon de l'agriculture.
00:47 Ce mardi 7 mars est historique, c'est l'appel de tous les syndicats à mettre la France à l'arrêt.
00:58 Grèves perlées et/ou reconductibles, blocages, coupures d'électricité, manifestations,
01:03 les forces sont unies et mobilisées pour lutter contre la réforme des retraites. La pression et
01:08 la tension sont fortes. Emmanuel Macron, lors de chaque déplacement, se fait attraper la veste
01:12 dans le pays et mobiliser contre sa réforme et ça n'a pas manqué au Salon de l'agriculture.
01:16 Voici en image effectivement ces personnes qui étaient au Salon de l'agriculture et qui ont
01:21 interpellé le chef de l'État. La retraite à 60 ans avec ses pancartes, ses affiches,
01:32 on voit le service d'ordre évidemment. Alors malgré tout, on dirait bien que le
01:34 gouvernement Macron-Borne compte bien garder le cap. Thomas, comment tu vois la période de lutte
01:39 qui commence là ? Elle a déjà commencé mais qui s'annonce encore plus rude. Macron a pris les
01:44 pires exemples. En fait, il est en déplacement. Les sondages restent assez fidèles à eux-mêmes,
01:49 même s'il y a eu une pause pendant les vacances. Mais les gens restent majoritairement opposés à
01:52 cette réforme avec un fort soutien aux grévistes et à l'action des syndicats. Et là, il y a Macron
01:57 qui fait un déplacement au Salon de l'agriculture et qui prend le pire exemple, qui nous dit en fait
02:00 quel est son projet. Il prend l'exemple des agriculteurs qui ont très peu de retraite,
02:04 qui ont des revenus qui sont en train de diminuer, qui sont les premières victimes de la mondialisation
02:08 et on en reparlera au deuxième sujet. Et il prend l'exemple des agriculteurs pour dire que
02:14 voilà en fait, il faut que les gens travaillent plus longtemps et que c'est un dolor comparé à
02:18 ce que vivent les agriculteurs. Il avait fait la même chose quand il avait fait son déplacement
02:21 à Rungis en disant voilà, ici les gens se lèvent tôt, ils travaillent beaucoup, donc deux ans de
02:26 plus c'est rien pour eux. Donc on comprend bien derrière déjà cette sortie qu'il y a deux visions.
02:32 Déjà opposées finalement les pauvres entre eux. On oppose ceux qui travaillent à Rungis et qui ont
02:38 des conditions de travail très dures et les agriculteurs qui ont des conditions de travail
02:41 extrêmement dures au reste de la population en les stigmatisant en disant que c'est des enfants
02:45 gâtés. Et puis son projet, c'est toujours le nivellement vers le bas. C'est qu'en fait,
02:49 tant qu'il y aura des gens qui auront des retraites plus avantageuses ou tant qu'il y aura des gens
02:54 qui travailleront et qui auront des conditions de travail plus dures, puis à la fin le dernier,
02:58 celui qui n'a aucune finalement protection, c'est l'ubérisation et c'était le projet d'Emmanuel
03:02 Macron. Et bien il y aura des réformes à faire. Et donc il faudra qu'à la fin, on soit tous payés
03:07 à la tâche que l'on fait en se produisant nous-mêmes nos outils de travail sans congé payé,
03:12 sans retraite, sans assurance chômage. Voilà parce qu'on nous dira que c'est ce qu'il faut et parce
03:17 qu'il y a déjà un million de personnes qui sont rentrées dans l'ubérisation ou dans
03:20 l'auto-entrepreneuriat et qui supportent ça. Ça va être ça la finalité. Donc on voit bien qu'il y
03:24 a une marche finalement contre le progrès social. Normalement, quand vous avez de la croissance
03:27 économique, c'est ce que nous avons quand même depuis 30 ans, de la croissance économique,
03:31 un partage des richesses qui est en faveur d'une petite élite qui s'enrichit plus rapidement que
03:35 le reste de la population. Normalement, vous devez avoir un peu de progrès social quand il y a de la
03:40 création de richesses. Or là, c'est l'inverse qu'on nous dit. On a un nivellement vers le bas
03:43 avec une création de richesses qui est captée par une minorité d'individus. Donc c'est ça le
03:48 projet de fonds que Macron révèle à chacun qui fait une sortie en fait. Par rapport à ce mardi,
03:52 7 mars, le gouvernement a lancé depuis longtemps son offensive politique et médiatique pour
03:57 dissuader de la grève et des blocages, d'à quel point ça pouvait être dangereux, qu'il faut
04:01 avoir peur, on regarde. Aussi, nous voulons continuer d'avancer, de travailler chaque instant
04:06 pour répondre aux interrogations des Français et à ceux qui menacent notre pays. Aussi, mettre la
04:11 France à l'arrêt, ce serait alourdir une facture déjà salée. Je vous éviterai une fois de plus la
04:18 litanie des mesures engagées depuis un an maintenant en faveur du pouvoir d'achat des
04:21 ménages. Les chiffres de l'OFCE parlent d'eux-mêmes. En 2022, ce sont près de 800 euros de pouvoir
04:28 d'achat préservé en moyenne par ménage grâce à l'action du gouvernement via des aides comme le
04:34 bouclier tarifaire ou la remise sur le carburant. Les mesures liées à la baisse des impôts ont,
04:39 elles, permis un coup de pouce de 260 euros supplémentaires. Et au total, ce sont encore
04:45 400 euros supplémentaires pour les 5% des ménages les plus pauvres grâce à la revalorisation des
04:51 prestations sociales, à l'aide exceptionnelle versée aux ménages et aux chèques énergie.
04:56 Donc ceci est la sortie du Conseil des ministres de mercredi dernier par Olivier Véran, porte-parole
05:01 du gouvernement. Thomas, on dirait que le gouvernement abat toutes les cartes,
05:05 même les plus absurdes en fait.
05:07 Oui tout à fait. Là, cette sortie est complètement lunaire. On le voit bien quand tu commences à dire
05:12 que le blocage a un impact sur les cancers du col de l'utérus ou sur les sécheresses. On va quand
05:20 même très très loin. En fait, on se rend compte d'une chose, ce qu'on a dit aussi beaucoup ici,
05:24 c'est que Macron a très peur, le gouvernement a très peur du blocage parce que finalement,
05:28 c'est un blocage. Version 95, c'est la seule chose qui pourrait faire reculer le gouvernement.
05:32 Pourquoi ça le ferait reculer ? Pas parce qu'il en subirait les effets, parce que lui,
05:35 il n'en subira pas les effets. Tout simplement parce qu'à un moment, le patronat va dire à
05:40 Macron, il faut lâcher prise. Et là, si Macron a la population et en plus le patronat contre lui,
05:44 parce que jusqu'à aujourd'hui, il a quand même bien gâté le patronat, là, il cèdera. Il cèdera.
05:49 Ou il y aura dissolution, enfin il y aura une crise politique de grande ampleur. Et comme ce
05:53 gouvernement a parié au début sur la résignation, que ça n'a pas eu lieu, puis il a parié sur
05:57 l'essoufflement, qui n'a pas vraiment eu lieu. Là, comme il voit que ça se durcit, que les gens
06:01 soutiennent encore les syndicalistes et qu'il y a l'union syndicale pour bloquer le pays,
06:05 ce qui est une première, là, le gouvernement, il doit dire que oui, le blocage va avoir un
06:10 impact énorme sur un tas de choses complètement absurdes. Mais la réalité, et là, il l'a montré
06:13 vérant dans son discours, et je ne sais pas qu'est-ce qu'il a conseillé dans sa communication,
06:17 parce que c'était complètement absurde. Il a montré en fait qu'ils avaient peur,
06:20 que le gouvernement avait peur du blocage. Après, est-ce que le blocage pourra tenir,
06:23 c'est la question. Mais en tous les cas, c'est la dernière des choses qu'il voulait.
06:26 Ils agitent le chiffon des problèmes économiques que les blocages et/ou les grèves pourraient
06:31 entraîner. Olivier Dussopt, il dit "Bloquer le pays n'aurait pas de bonnes conséquences
06:34 pour l'économie". Il y a aussi d'autres députés qui amènent à dire que c'est dangereux pour
06:39 l'économie de faire ces blocages. Qu'est-ce que tu en penses, toi ? Est-ce qu'ils ont raison
06:42 d'agiter ce chiffon-là ou c'est vraiment encore de la dissuasion ?
06:46 En fait, le blocage, d'un point de vue macroéconomique, quand on regarde sur une année, le blocage
06:51 de 1995 qui a duré un mois, qui était un blocage quand même, il n'y avait plus de
06:54 transport pendant un mois. Sur les chiffres macroéconomiques, il n'y a pas d'effet parce
06:58 que vous avez un effet de rattrapage. Même mai 68, il n'y avait pas d'effet. C'est-à-dire
07:00 que vous avez une perte très forte le premier mois et puis vous avez un rattrapage rapide
07:04 après. Sauf que là, on est dans une situation différente. Il y a l'inflation, il y a une
07:08 situation pour beaucoup d'entreprises, pas les gros entreprises, mais pour beaucoup d'artisans,
07:12 etc. de fragilisation due à l'inflation et due au Covid aussi, où pendant un certain
07:16 temps, il n'y a pas eu d'activité. Et puis maintenant, l'activité ne reprend pas plein
07:19 pot. Il y a beaucoup d'artisans et de commerces qui font moins 20, moins 30 % de chiffre d'affaires.
07:24 C'est le cas de certains restaurants, c'est le cas des coiffeurs, etc. Donc, s'il y avait
07:27 une grève de grande ampleur, un blocage, il est vrai que ces gens-là seraient les
07:30 premières victimes. C'est une réalité parce que c'est eux, ceux qui n'ont pas de trésorerie,
07:35 ceux qui n'ont pas de quoi encaisser un choc et ils en seraient victimes. Et tout le monde
07:38 veut éviter le blocage. Le blocage ne fait plaisir à personne quand on vit dans la vie
07:42 réelle, ce qui n'est pas le cas de ce gouvernement qui ne vivra pas dans sa vie réelle le blocage.
07:46 Mais quand on vit dans la vie réelle, un blocage ne fait de bien à personne. C'est
07:49 le gouvernement qui a imposé cette mise sous pression et le fait de toujours augmenter
07:54 graduellement la pression à mettre pour lâcher cette réforme des retraites. Il n'a pas négocié.
07:57 Il a menti constamment. Il sort des chiffres, mais complètement aux doigts mouillés. On
08:02 ne sait plus ce que ça veut dire. Il fait des prévisions macroéconomiques qui sont
08:06 juste des prévisions comptables, comme si on faisait un produit en trois sans tenir
08:09 compte vraiment de modèles macroéconomiques sérieux qui prendraient l'impact global
08:12 sur l'ensemble de la société, parce qu'il va y avoir quand même des gens qui vont bosser
08:14 deux ans de plus. Donc ça veut dire qu'il y aura moins de postes pour les entrants sur
08:17 le marché de l'emploi. Il y a plein de choses comme ça qu'on pouvait analyser et qu'il
08:20 n'a pas fait parce qu'il veut faire passer cette réforme de force. Et puis chaque fois,
08:23 on se rend compte que dès qu'ils disent une chose, ils sont débunkés quelques temps
08:26 après par des experts ou des économistes. Donc ils passent cette réforme malgré finalement
08:32 le choix du peuple. Donc c'est eux qui imposent la pression. Et donc s'il y a un blocage,
08:36 c'est vrai que ça risque d'être douloureux et qu'à un moment, je pense que le grand
08:39 patronat se moque des artisans, mais qu'il y a un moment où l'impact est tellement fort
08:44 que le grand patronat, le MEDEF, etc. dit lâchons pris, c'est ce qui s'est passé en 1995 et
08:47 le gouvernement lâche.
08:48 Oui, ils essaient de renverser la responsabilité, la charge de l'économie. Et puis il y a
08:52 beaucoup de gens aussi qui disent que l'urgence est telle que ça fait moins mal de bloquer
08:57 l'économie pendant un ou deux mois plutôt que de travailler deux ans plus tard.
09:00 Exactement, ils font ça et ils divisent les gens entre eux. Et comme les gens ne comprennent
09:02 pas très bien cette réforme, les retraites c'est assez difficile à comprendre. Alors
09:06 comme les gens qui ont bossé à 30 ans vont se dire "mais moi de toute façon je bosse
09:09 jusqu'à 67 ans et j'aurai ma retraite à taux plein". Ils pensent que c'est une retraite
09:12 complète, ce qui est parfaitement faux. Ils auront des pensions beaucoup plus faibles.
09:15 Il y a juste le taux de liquidation qui sera plein, mais ils auront des dépensions beaucoup
09:18 plus faibles. Donc on joue sur cette incompréhension de la part des gens pour opposer entre eux
09:25 des gens qui auraient des régimes spéciaux et qui seraient des nantis avec des gens qui
09:29 n'en ont pas ou des gens qui eux n'ont pas de retraite parce que ce sont des commerçants,
09:33 des professions libérales etc. à des gens qui ont une retraite beaucoup plus stable
09:36 parce qu'eux ils sont salariés. Et c'est ce que fait le gouvernement. Mais malgré
09:39 tout ça ne prend pas puisque les gens restent quand même très majoritairement opposés.
09:43 Qu'est-ce que tu attends de la journée de ce mardi 7 mars et même de la suite après
09:48 vu que c'est reconductible ? Il faut en fait montrer, il faut vraiment
09:51 montrer à ce gouvernement le rapport de force. Donc de quoi ce serait une économie bloquée.
09:57 Après bien sûr il y aura toujours cette question de combien de temps on peut bloquer l'impact
10:00 que ça. Et je suis sûr que le gouvernement tel qu'il est, même si c'est bien bloqué
10:03 une journée, il fera en sorte d'essayer de retourner l'opinion publique. Et il sait
10:07 qu'on ne peut pas bloquer comme en 95 parce que la situation en termes de pouvoir d'achat
10:11 est beaucoup trop compliquée. Mais il faut montrer quand même que les gens sont prêts
10:15 à s'engager et à bloquer ce pays. Ce qui montrerait en fait que les gens, un ou deux
10:19 mois après les premières mobilisations, restent toujours mobilisés et qu'ils sont prêts
10:23 même si on est passé à une autre étape de la mobilisation.
10:26 Et puis ça montre que c'est bien les travailleurs qui font l'économie en France.
10:28 Et en plus voilà, on a l'air de l'oublier constamment, surtout en Macronie. On se souvient
10:34 quand même pendant le Covid de Macron qui avait dit "notre économie traite mal ses
10:38 travailleurs, il faudra s'en souvenir". Bon ben on ne s'en souvient pas visiblement.
10:41 Et que chaque fois qu'il y a des grèves, avec quelques raffineurs qui font grève il
10:44 n'y a plus d'essence, ça montre l'importance de ces travailleurs là. Mais ça bon, c'est
10:48 une question récurrente qu'on a vue et qui est souvent oubliée, y compris chez les populations.
10:52 Le salon international de l'agriculture vient de se clôturer ce dimanche. Pendant
10:57 10 jours, les parisiens et parisiennes ont pu goûter des produits des régions françaises
11:01 et au-delà, voir des vaches énormes ou monter dans une moissonneuse batteuse flambant neuve.
11:04 Ce salon si médiatique mais pas très fermier attire énormément et a au moins un avantage
11:09 qu'on parle enfin d'agriculture pendant quelques jours. L'agriculture fait face
11:13 à d'énormes enjeux depuis des années qui font surface maintenant. La question de l'eau
11:16 évidemment avec les nappes phréatiques pas très remplies et les sécheresses hivernales.
11:20 Ou encore le renouvellement des générations avec des agriculteurs de moins en moins nombreux
11:24 et un accès aux fonciers difficile. Dans les années 80, il y avait 1,6 million d'exploitation
11:30 agricole. En 2000, 600 000. En 2020, 416 000. C'est l'hécatombe. Leur taille a par
11:35 contre doublé en 30 ans, passant de 27 hectares en 1988 à 69 hectares en 2020. Personne n'est
11:41 passé à côté de la crise du milieu agricole et paysan depuis les années 1980 et l'intensification
11:46 de l'agriculture. D'ailleurs, je me suis moi-même rendue au salon d'agriculture avec
11:49 mes camarades Léo et Elie pour vous faire un retour de terrain dans le Toujours debout
11:52 de ce lundi 6 mars que je vous invite à aller voir. Thomas aussi est allé au salon d'agriculture.
11:56 Est-ce que tu peux nous faire un point sur la situation économique des agriculteurs
12:00 et paysans français ?
12:01 Alors la situation aujourd'hui, tu l'as très bien dit, elle est catastrophique.
12:04 Il faut quand même regarder ce qui s'est passé depuis l'après-guerre. À partir des
12:07 années 50, on avait des prix garantis. Donc des prix qui étaient très stables, notamment
12:11 sur le blé et la betterave. Comme on avait des prix garantis, ça permettait aux agriculteurs
12:14 de se projeter et donc de faire des investissements nécessaires en machines, etc. qui pouvaient
12:19 rentabiliser, amortir sur plusieurs années. Ces prix garantis ont été très efficaces,
12:23 tellement efficaces qu'on a produit même plus que nos besoins. Et donc il fallait s'orienter
12:27 vers l'export. Alors au début, l'export, tout le monde était content. Les agriculteurs
12:31 étaient très contents parce qu'on a des débouchés, on était en position de force.
12:33 Donc on a exporté en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient, on était très contents.
12:37 Sauf que la mondialisation a changé à partir des années 90 et des pays émergents comme
12:40 le Brésil, la Chine sont arrivés avec des produits qui avaient des coûts beaucoup plus
12:45 faibles parce qu'il n'y a pas les mêmes normes sociales environnementales dans ces
12:48 pays-là. Et donc là, qu'est-ce qu'on fait les agriculteurs ? Alors les prix garantis,
12:53 c'est fini, parce que maintenant on est sur un marché mondial. Et qu'ont fait les agriculteurs
12:56 ? Les agriculteurs, ils ont voulu augmenter leur productivité. Comment on augmente sa
12:59 productivité ? On investit de plus en plus dans des machines, dans des produits phytosanitaires
13:04 pour produire plus. Le prix diminue. Sauf que sur les marchés agricoles, vous savez,
13:09 au niveau mondial, c'est pas parce qu'une pomme vaut deux fois moins cher qu'on va
13:11 en consommer deux fois plus. Et même à titre individuel, parce qu'une pomme coûte deux
13:14 fois moins cher qu'on va en consommer deux fois plus. Donc si le prix diminue de deux
13:18 fois mais que le volume n'augmente pas de deux fois, c'est que le produit n'est pas
13:21 autant élastique qu'on le pense. Et donc ça veut dire que plus vous baissez les prix,
13:24 moins vous allez rattraper finalement en volume. Ce qui fait que les, et là tu l'as très
13:28 bien dit, les agriculteurs les plus faibles ont fait faillite. Et c'est les gros qui arrivaient
13:32 eux à produire massivement et à faire un peu plus de volume, etc. et à baisser un
13:35 peu plus les prix, qui ont récupéré ces petites exploitations agricoles. Donc en fait
13:42 la mondialisation qui dans un premier temps a servi nos agriculteurs, s'est retournée
13:46 contre elle. Et ça fait 30 ans que c'est comme ça, sans qu'on ne fasse rien. C'est
13:50 ça le problème. Et même on fait pire, puisqu'on signe des traités de libre-échange avec
13:53 des pays à l'autre bout du monde en Europe, pour faciliter les échanges, pour faciliter
13:57 les barrières, pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de protection sur nos agriculteurs.
14:02 Et donc on les expose encore plus à la concurrence. Tant qu'on ne changera pas en fait ce modèle-là,
14:07 ce sera la fin de notre agriculture. Après le problème c'est que les agriculteurs qui
14:11 sont dans cette situation-là, si vous partez, c'est un peu comme tout le monde, si vous
14:14 partez du principe que les choses ne peuvent pas changer, que la mondialisation est une
14:18 fin en soi et qu'elle est installée et qu'elle ne changera pas, et bien qu'est-ce que vous
14:20 demandez ? Vous demandez des baisses de charges, vous demandez plein de choses comme ça en
14:25 fait. Et c'est toujours la même chose, on est toujours dans le moins-disant, qu'ils
14:27 peuvent demander des petites entreprises, des petites PME pour tenir la concurrence,
14:31 mais on ne résout pas le problème de fonds qui est lié à la mondialisation.
14:33 On est en période d'inflation depuis plus d'un an qui touche fortement les produits
14:36 alimentaires, on le voit dans tous nos supermarchés, l'inflation alimentaire tourne autour aujourd'hui
14:40 des 15% et on présage encore des hausses à venir, les matières premières comme le
14:44 prix du blé augmente aussi, tu viens de l'expliquer Thomas. Le premier réflexe serait de se dire
14:49 que les agriculteurs profitent donc de l'inflation, est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi
14:53 ce n'est pas le cas ?
14:54 En fait, il y a un rapport de la répression des fraudes qui a montré que ce n'étaient
14:57 pas les agriculteurs. En réalité, les agriculteurs reportent le prix de leurs intrants qui augmente
15:01 majoritairement. Donc, ce n'est pas du tout eux-mêmes, leurs marges ont diminué. Ce
15:05 n'est pas non plus la grande distribution qui effectivement, il y a une asymétrie très
15:09 forte dans les négociations de prix entre la grande distribution et les agriculteurs
15:12 depuis toujours. Ça, c'est clair, surtout qu'il y a quatre grosses centrales d'achat
15:15 qui peuvent imposer, enfin, il ne faut pas se fâcher avec une des centrales d'achat.
15:18 Donc, les prix étaient négociés autour de la table comme ça et effectivement, les
15:21 distributeurs avaient un poids fort. Mais dans cette crise-là, sur cette petite crise-là,
15:24 on se rend compte aussi que les distributeurs ont fait en sorte de baisser un petit peu
15:27 leurs marges, etc. parce qu'ils avaient peur de voir leurs clients partir. Donc, l'inflation
15:31 n'a pas profité à nos agriculteurs, bien au contraire. Et puis après, malgré l'inflation,
15:36 vous avez toujours une concurrence qui est mondiale et qui est forte. Et donc, vu que
15:38 l'inflation est différente en fonction des pays et des régions dans lesquelles on vit,
15:41 il y a même eu des produits qui ont été importés, qui ont certes eu un coût de transport,
15:45 etc., mais qui sont toujours mis en compétition avec des gens qui produisent localement. Donc,
15:50 l'inflation n'est pas quelque chose qui a profité à nos agriculteurs, contrairement
15:52 à ce qu'on pourrait penser. – Alors, c'est une question large, mais c'est finalement
15:55 le nœud de tout ça. Penses-tu que les agriculteurs et paysans français sont les grands perdants
16:00 de la financiarisation de l'économie ? – C'est les grands perdants de la mondialisation
16:03 et de la financiarisation. Et comme la financiarisation et la mondialisation travaillent ensemble,
16:09 sont construits ensemble, il n'y a pas de mondialisation sans financiarisation. Et inversement,
16:12 il y a de la marche unique en Europe grâce au mouvement des capitaux. Et les mouvements
16:16 des capitaux profitent à la financiarisation. Donc, les deux vont ensemble. En fait, on
16:20 l'a vu dans la première question, la mondialisation a fait que les gens, les agriculteurs ont
16:24 dû être de plus en plus productifs, ça a baissé leur prix, ils n'ont pas retrouvé
16:27 les volumes. Et donc, les plus faibles ont disparu. Mais en plus de ça, la financiarisation
16:31 des marchés des matières premières, qui a commencé à partir des années 2000, parce
16:35 que ça présentait un intérêt en termes d'inflation, parce que vous pouvez répercuter
16:38 l'inflation sur ces prix-là, contrairement aux autres actifs financiers, a fait qu'il
16:42 y a eu une augmentation de la volatilité très forte sur ces marchés-là. C'est-à-dire
16:45 que c'est déjà très difficile. Imaginez-vous, vous êtes un agriculteur, vous voyez un prix
16:48 du lait. On vous dit que le prix du lait augmente, par exemple. Donc, vous vous dites, si le
16:52 prix du lait augmente, il faut que j'investisse dans le lait. Donc, vous investissez dans
16:56 l'achat de machines pour produire du lait. Et puis, d'un seul coup, vous avez un producteur
17:00 chinois qui arrive, la Chine, qui inonde le marché de lait, les prix tombent fortement.
17:05 Et là, vous n'arrivez pas à rembourser vos investissements que vous remboursez sur plusieurs
17:07 années. Donc, c'est un vrai problème. Sauf qu'aujourd'hui, les prix sont extrêmement
17:11 volatils. C'est-à-dire que comme vous avez des paniers de biens qui ont été créés
17:15 par des grandes banques comme le Goldman Sachs Commodity Index, qui prend en compte
17:18 le pétrole, le soja, le blé et d'autres biens agricoles et qui les relient entre
17:23 eux, ce qui fait qu'il y a une autocorrélation quand le prix du pétrole va monter, par exemple,
17:26 avec l'affaire de la Russie. Vous allez avoir le prix du blé aussi, puisque la Russie
17:30 est un producteur de blé, mais d'autres biens agricoles qui ne sont pas produits en
17:33 Russie qui vont augmenter. Il y a une autocorrélation due à ces paniers de biens financiers créés
17:39 pour faciliter les financiers en réalité. Quand vous achetez des matières premières,
17:43 vous achetez aussi du pétrole. Et donc ça, ça a créé un de l'autocorrélation et
17:46 des mouvements très, de la volatilité extrêmement forte. Quand vous êtes un agriculteur, que
17:51 vous avez un produit comme ça, qui est volatile, extrêmement volatile, pour prévoir l'avenir,
17:56 se projeter, c'est l'inverse des prix garantis qu'on a vus après les années 50. Les prix
17:59 garantis, les gens arrivaient à se projeter parce qu'ils pouvaient établir une rentabilité
18:02 sur plusieurs années. Aujourd'hui, la mondialisation, la géopolitique mondiale, qui peut frapper
18:06 des grands producteurs comme on l'a vu avec la Russie, plus la financiarisation qui fait
18:10 que les prix des biens sont volatiles, mais extrêmement volatiles et qu'on peut passer
18:13 d'un prix à 100 à 50 en l'espace d'un mois, fait qu'il y a beaucoup moins de visibilité,
18:18 que c'est très difficile pour un agriculteur pour savoir dans quels biens agricoles il
18:22 doit investir ou comment le développer sur le long terme. Donc la financiarisation a
18:25 joué très fortement également contre les agriculteurs.
18:28 Sachez, chez vous, que cela fait déjà cinq mois que nous tenons le défi d'être diffusé
18:34 en 24/7 sur YouTube et Dailymotion. Nous avons coutume de dire "ils ont des milliards, mais
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