Retraites : "On ne peut pas passer à côté de cette évidence, la démographie joue en notre défaveur."

  • l’année dernière
En ce jour de mobilisation, Elisabeth Doineau, sénatrice (UC) de la Mayenne et Rapporteure générale de la commission des affaires sociales estime que dans cette réforme : "on ne peut pas passer à côté de cette évidence, la démographie joue en notre défaveur."


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Transcript
00:00 – Merci Elisabeth de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:02 Sénatrice centriste de la Mayenne, rapporteure générale
00:05 de la Commission des affaires sociales.
00:06 On va évidemment parler de l'examen du texte au Sénat.
00:08 Mais d'abord cette journée de mobilisation qui s'annonce forte,
00:11 c'est la sixième, elle pourrait être la plus forte depuis le début du mouvement.
00:15 Est-ce que vous craignez une France à l'arrêt ?
00:17 – Est-ce que je crains une France à l'arrêt ?
00:20 Bien pour la journée, je pense que oui, c'est évident.
00:24 Après, est-ce que finalement c'est un concours
00:26 de faire toujours plus de la mobilisation ?
00:29 Je crois que les Français nous montrent à quel point ils sont déstabilisés
00:33 dans un contexte particulier sur le plan international, sur le plan national.
00:37 Ce qui manque peut-être dans ce pays, c'est vouloir faire nation.
00:42 Alors que finalement, on est sur un projet qui est intergénérationnel.
00:46 Et justement, on devrait se rassembler pour essayer de voir
00:49 comment on peut, les uns et les autres, porter un projet national.
00:54 – C'est-à-dire que les syndicats, ils devraient être plus solidaires,
00:58 plus réfléchir sur l'avenir de ce système de retraite pour vous ?
01:02 Parce que eux, ils ne sont pas contre une réforme des retraites.
01:04 Ils disent juste qu'on ne veut pas du report de l'âge de départ à 64 ans.
01:08 – Mais je pense que les syndicats, comme tous ceux qui sont dans la rue,
01:12 veulent maintenir ce système par répartition parce que c'est le plus juste
01:16 et parce qu'il est particulier à notre pays,
01:19 c'est ce qui a fondé finalement notre projet social.
01:23 Donc pour cette raison, on est tous d'accord.
01:25 Et je pense que les syndicats, c'est leur rôle.
01:27 Simplement, les syndicats doivent avoir ce rôle-là en permanence,
01:31 dans les entreprises, dans les branches, bref, au quotidien.
01:34 Là, il se montre, mais j'aimerais qu'en fait,
01:37 ils soient beaucoup plus puissants dans notre pays qu'ils ne le sont au quotidien.
01:43 Se mobiliser pour cette réforme des retraites, sans doute que c'est nécessaire.
01:47 Mais voyez-vous, dans beaucoup d'autres pays,
01:50 les syndicats sont à la manœuvre au quotidien, dans l'entreprise,
01:53 pour discuter pénibilité, pour discuter bien-être au travail.
01:57 Et je pense que là, il y a un petit défaut.
01:59 – Pas suffisamment chez nous pour…
02:00 – Je pense que pas suffisamment chez nous.
02:02 – Alors, la mobilisation s'annonce importante.
02:04 On a dit, est-ce que l'ampleur de la mobilisation va peser sur les discussions
02:09 que vous allez avoir dans l'hémicycle à partir de cet après-midi ?
02:12 – Bien sûr que ça pèse, c'est évident.
02:14 Après, le système par répartition,
02:18 sa pérennité, elle est liée à son équilibre financier.
02:22 Et on ne peut pas passer à côté de cette évidence
02:27 que la démographie aujourd'hui joue.
02:29 Elle joue en termes de génération, c'est-à-dire qu'en fait,
02:33 dans nos familles, on a 4 à 5 générations, et on le sait tous.
02:36 Et puis, il y a le fait que le taux de natalité est faible,
02:39 et que dans une même génération, nous avons beaucoup moins d'actifs
02:43 pour beaucoup plus de pensionnés.
02:46 Et ça, c'est une réalité, et je pense que chacun est capable de le comprendre.
02:50 – Sauf que la gauche et les syndicats disent
02:53 "mais il y a d'autres moyens de financer le système par répartition
02:56 que de reporter l'âge de départ".
02:57 Pour vous, il n'y en a pas d'autres ?
02:59 – Les autres moyens, c'était augmenter les cotisations,
03:01 trouver des taxes, des impôts, on en a beaucoup débattu cette nuit.
03:05 Et puis, il y a le fait aussi de baisser les pensions.
03:08 Et c'est là qu'il faut faire attention.
03:10 En réalité, tous les autres pays d'Europe sont partis
03:14 vers une mesure de départ d'âge beaucoup plus tardive.
03:18 En France, nous devons nous y résoudre.
03:20 – On va revenir là-dessus et sur les discussions de cette nuit.
03:22 Est-ce que vous nous confirmez avec certitude désormais
03:26 que l'article 7 sera examiné à partir de cet après-midi ?
03:29 – C'est probable.
03:30 Vers la fin de l'après-midi, on commencera les débats
03:32 parce qu'il nous reste l'article 6 et nous devrions avancer
03:36 à partir de 14h30 pour le début de la fin d'après-midi.
03:41 – Fin d'après-midi, et vous allez siéger toute la nuit ?
03:43 – Sans doute, parce que 1300 amendements sur cet article,
03:48 je pense que ça nous s'occupera une partie de la nuit.
03:51 – C'est-à-dire qu'il pourrait être voté cette nuit, cet article 7,
03:53 ou le vote pourrait avoir lieu demain après les questions d'actualité ?
03:57 – Après, je ne sais pas à quelle vitesse mes collègues
04:00 présenteront ces amendements de suppression
04:03 et puis comment les choses se dérouleront dans l'hémicycle.
04:06 Mais il est probable que ça se fasse en début de matinée,
04:10 peut-être on va siéger toute la nuit.
04:12 Et ça le mérite, je veux dire que ce n'est pas grave
04:15 qu'on soit fatigués par ces jours et ces nuits de débat.
04:19 Les Français ont besoin aussi d'avoir des explications.
04:23 Je pense qu'il a manqué dans cette affaire
04:26 d'une vraie stratégie de communication.
04:28 Il y a eu des maladresses à beaucoup de moments
04:32 et ça n'a fait qu'empirer sur l'incompréhension des Français
04:35 vis-à-vis de cette réforme.
04:37 – On va continuer, on va parler évidemment de ce qui s'est passé
04:40 ces dernières heures dans l'hémicycle.
04:42 Vous siégez depuis jeudi, vous allez siéger jusqu'à dimanche minuit.
04:45 On va voir le point sur ces dernières heures de séance avec Alexandre Poussard.
04:50 [Générique]
04:57 – Bonjour Alex. – Bonjour Oriane.
04:58 Bonjour Elisabeth Bonhomme.
04:59 – Et à retenir dans ce qui s'est passé hier,
05:01 notamment le Sénat a voté la création d'un CDI senior.
05:04 En quoi ça consiste ?
05:05 – Effectivement, Oriane, le CDI senior, c'est un contrat
05:07 qui est censé inciter les entreprises à embaucher des salariés de plus de 60 ans.
05:12 Avec ce contrat, l'employeur ne paie pas de cotisation familiale
05:17 et il peut rompre le contrat lorsque le salarié atteint l'âge de la retraite à taux plein.
05:22 Alors pour la droite sénatoriale, ce contrat va favoriser l'emploi des seniors
05:26 alors que le chômage à partir de 60 ans coûte plus de 2 milliards d'euros
05:30 à l'insurance chômage chaque année.
05:32 Mais pour la gauche, hors de question de voter cette mesure
05:35 car les sénateurs de gauche dénoncent l'efficacité des exonérations
05:39 de cotisations sociales pour favoriser l'emploi.
05:42 Et pour la gauche sénatoriale, cela va juste faire plaisir au patronat.
05:46 On va écouter cet échange entre le sénateur socialiste Yann Chantrel
05:49 et le sénateur Les Républicains René-Paul Savary,
05:51 à l'initiative de cette mesure.
05:53 – Monsieur le rapporteur Savary,
05:55 vous auriez dû renommer votre amendement l'amendement MEDEF
05:58 parce que c'est une commande directe du MEDEF.
06:02 Cette mesure va dans le bon sens,
06:03 a déclaré Éric Chevet le vice-président de la CPME.
06:07 On n'est pas étonné de sa réaction
06:09 parce qu'avec ce CDI senior,
06:10 vous allez permettre au patron d'être exonéré des cotisations familiales.
06:14 – Non, je ne suis pas asservi au MEDEF
06:16 à tel point que j'accepte bien volontiers l'indicateur.
06:21 Je ne crois pas que ce soit le MEDEF qui réclame l'indicateur.
06:24 Mais permettez-moi de vous dire que j'ai des relations
06:29 toujours respectueuses avec les différents partenaires sociaux.
06:34 – Voilà, l'indicateur c'est l'index senior,
06:36 une mesure défendue par le gouvernement
06:37 pour favoriser l'emploi des seniors.
06:39 Elisabeth Duanot, qu'est-ce que vous répondez à la gauche sénatoriale
06:42 qui dit qu'au final, le grand gagnant de cette réforme des retraites,
06:44 c'est le patronat car aucun effort n'est demandé dans cette réforme aux entreprises.
06:48 Et au contraire, avec cette mesure votée par le Sénat,
06:50 les entreprises vont même avoir une baisse de charge.
06:54 – Moi je pense qu'il faut arrêter ce combat entre salariés et patrons,
07:00 c'est d'un autre âge.
07:02 En réalité, notre objectif, nous, c'est de maintenir
07:05 et d'embaucher aussi des seniors dans les entreprises.
07:08 Les seniors ont une expertise.
07:11 C'est quand même très malheureux que dans notre pays,
07:13 on ne garde pas ces compétences et que finalement,
07:19 on soit aussi, comment dirais-je, tiède à avoir une vraie politique intergénérationnelle
07:26 encore là, c'est-à-dire que les seniors ont des choses à transmettre aux jeunes.
07:30 On est le pays désormais où l'apprentissage est remonté d'une façon vertigineuse.
07:36 Eh bien dans ce cas, pourquoi ne pas imaginer du tutorat,
07:40 du mentorat entre juniors et seniors ?
07:42 On avait ces fameux contrats de génération qui n'ont pas fonctionné,
07:45 mais à l'époque, l'apprentissage n'était pas aussi haut qu'aujourd'hui.
07:48 Et là, du coup, je pense qu'il faut s'intéresser à un contrat CDI
07:51 comme on s'est intéressé il y a quelque temps à un CDI pour les jeunes.
07:56 Je crois que toutes les générations sont utiles dans une entreprise.
08:00 Et je regrette finalement que la gauche n'ait pas appuyé cette proposition d'un CDI senior
08:07 parce qu'elle complète finalement une boîte à outils pour maintenir les seniors en activité.
08:13 – Une question sur le coût de cette mesure car il y a une exonération de cotisation familiale.
08:18 Donc ça va coûter à la branche famille de la Sécurité sociale.
08:21 Pour Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, ça coûterait 800 millions d'euros par an.
08:26 Mais pour les sénateurs, les républicains, ça va même rapporter de l'argent économisé
08:30 à l'assurance chômage. Au final, qui dit vrai ?
08:33 – Alors c'est vrai que moi j'ai été surprise par le chiffre du ministre,
08:36 800 millions d'euros, parce que c'est moins de recettes.
08:41 C'est une exonération de la cotisation famille.
08:45 Mais pour autant, un senior qui rentre dans un contrat comme celui-ci,
08:50 il paye toutes les autres cotisations.
08:52 Et son patron paye aussi des cotisations.
08:54 Donc à mon avis, d'abord, il y aura moins d'allocations chômage,
08:59 il y aura moins de dépenses à l'Unédic parce que ces seniors ne seront pas justement au chômage.
09:03 Et puis d'autre part, il y a aussi toutes les autres cotisations.
09:05 Je rappelle que sur un bulletin de salaire, vous avez plus de 60% de cotisations.
09:09 Donc si on enlève 5,25 à peu près ce que sont les cotisations familiales patronales,
09:15 il en reste quand même beaucoup.
09:17 Donc je pense qu'il faut réajuster le coût de ce CDI senior.
09:20 – Donc on est loin des 800 millions ?
09:22 – Oui, moi j'aimerais avoir un ajustement.
09:23 – Mais est-ce que ça va rapporter ?
09:24 Parce que l'LR, ils disent carrément que ça va rapporter 2 milliards.
09:27 – Mais ça rapporte en termes de projet de société.
09:29 Très franchement, le senior qui reste dans l'entreprise,
09:32 qui est considéré dans la fin de sa carrière professionnelle,
09:35 pour moi c'est quelque chose qui a beaucoup de valeur.
09:38 Alors après, on peut se dire effectivement, c'est moins de recettes, c'est des dépenses.
09:41 Mais en fait, la seule question qui vaille, c'est qu'on ait une carrière professionnelle
09:47 qui aille jusqu'à un âge avancé, qu'on ne soit pas mis à l'assurance chômage
09:52 ou qu'on soit en carrière d'incapacité permanente ou autre.
09:58 C'est un tout en fait.
10:00 – Sur l'emploi des seniors, il y a une autre mesure, c'est l'index senior,
10:03 que les sénateurs ont voté alors que les députés l'avaient rejeté.
10:06 Pourquoi l'avoir voté ?
10:08 – Parce que c'est un outil aussi.
10:09 Je pense que ça met en responsabilité le chef d'entreprise,
10:12 qui nous doit des comptes justement sur l'intégration des seniors dans l'entreprise.
10:17 Et c'est en fait une demande de transparence.
10:21 Que fait le chef d'entreprise vis-à-vis de toutes les générations
10:24 et en particulier la génération des seniors ?
10:27 Donc c'est un tout et je pense qu'il faut aussi regarder les mesures
10:31 qui seront proposées par le Sénat un petit peu plus loin que l'article 7
10:34 pour justement prendre en considération les carrières qui sont plus pénibles
10:38 et le départ un petit peu plus jeune de l'entreprise quand on est fatigué.
10:45 – On va continuer à voir ce qui s'est passé hier en séance avec vous Alex,
10:49 parce que dans le reste de la discussion, il a été question de fiscalité.
10:52 – Oui, des débats qui ont duré des heures sur ce sujet de la fiscalité.
10:56 Les sénateurs de gauche qui ont proposé des dizaines et des dizaines d'amendements
11:00 pour augmenter les cotisations retraites sur les entreprises,
11:04 sur les hauts salaires, sur le capital.
11:06 Même les sénateurs centristes s'y sont mis avec par exemple
11:10 certains sénateurs centristes qui ont proposé une hausse de la CSG
11:13 sur les revenus du capital. Écoutez.
11:16 – Il ne nous apparaît pas outrageant, outrecuidant, indécent
11:22 de solliciter ceux qui ont quelques moyens,
11:25 puisqu'il s'agit de plus-values sur déplacement, des plus-values sur le patrimoine immobilier,
11:33 de contribuer à la solidarité auquel, je pense, les retraités aussi ont droit.
11:43 Et les salariés ont droit.
11:46 Il y a des mesures, effectivement, d'équité, de justice.
11:50 Et on sait très bien que faire appel à l'impôt pour payer ces mesures,
11:54 ça nous paraît naturel.
11:55 – Mais dans ce débat, pour la droite sénatoriale,
11:57 hors de question d'augmenter les impôts.
12:00 Et pour le gouvernement, c'était également un avis défavorable.
12:04 – Défavorable parce que ça nuirait à l'attractivité de notre pays.
12:07 Ça augmenterait les prélèvements obligatoires dans notre pays.
12:10 On est encore deuxième au niveau de l'OCDE.
12:12 Défavorable parce que ça toucherait aussi des Français
12:14 qui sont en difficulté parfois, qui tirent des revenus locatifs.
12:19 – Et Alex, on a dit, le Sénat a accéléré hier soir et cette nuit
12:21 l'examen du texte en votant des articles et aussi de nouveaux amendements.
12:24 – Oui, le Sénat a voté plusieurs articles,
12:26 comme un article de la réforme des retraites
12:28 qui harmonise les cotisations patronales payées
12:31 en cas de rupture conventionnelle ou de mise à la retraite d'un salarié.
12:35 On sera aux alentours de 30%.
12:37 La Haute Assemblée a aussi voté l'article de la réforme
12:39 qui prévoit que la maladie professionnelle d'un salarié
12:43 sera prise en charge désormais par toutes les entreprises
12:45 qu'il a occupées au cours de sa carrière
12:47 et non plus par sa dernière entreprise.
12:49 Et puis les sénateurs ont voté de nouveaux amendements,
12:52 ils ont modifié cette réforme, ils ont ouvert la voie
12:55 à une cotisation retraite minimale pour tous les travailleurs indépendants
12:58 alors que certains travailleurs indépendants
13:00 qui sont dans des micro-entreprises cotisent peu
13:02 et donc auront de faibles droits à la retraite.
13:06 Et puis pour donner un nouveau coup de pouce aux pensions de retraite des femmes,
13:09 les sénateurs ont voté la création d'un plan épargne-retraite
13:13 solidaire au sein du couple.
13:14 Alors comment fonctionne ce nouveau plan épargne-retraite ?
13:17 Les deux membres du couple l'alimentent au cours de leur carrière
13:20 et au moment de la retraite, au moment de liquider ce plan d'épargne,
13:24 la somme versée à chacun est inversement proportionnelle
13:28 à la somme que chaque membre du couple a mis dans ce produit d'épargne.
13:32 Ça veut dire concrètement que si le mari a mis 60% et la femme 40%,
13:37 au final la femme touchera 60% du fruit de cette épargne
13:41 et le mari 40%.
13:43 Voilà, c'est un mécanisme de solidarité au sein du couple.
13:46 Alors oui, effectivement, Rianne, le Sénat a considérablement accéléré
13:49 l'examen de cette réforme des retraites.
13:52 Ils ont voté dans la nuit l'article 5, ils sont à l'article 6
13:56 et devraient arriver à cet article 7 qui reporte l'âge de départ à 64 ans
14:00 en fin d'après-midi.
14:00 – Oui, c'est ce que vous nous avez dit tout à l'heure, Elisabeth Donneau.
14:03 Hier soir, Elisabeth Born sur France 5, elle a dit souhaiter
14:06 le moins d'obstruction possible de la part de la gauche sénatoriale.
14:09 Elle fait de l'obstruction pour vous, la gauche sénatoriale ?
14:12 – Non, je pense que l'opposition était dans son droit d'amendement
14:15 comme tout parlementaire.
14:18 Évidemment, on a bien senti que ça allait assez...
14:23 C'était très ralenti par moments, mais c'est normal.
14:27 C'est normal, je pense qu'ils ont aussi apporté des éléments importants
14:31 sur des questions qui sont celles que vous venez de rappeler,
14:35 notamment sur les micro-entreprises.
14:37 Moi, je me suis un peu intéressée à ce sujet.
14:39 Et je pense que c'est quelque chose qui nous reviendra comme un boomerang
14:44 parce que ces micro-entreprises, en fait, c'est parfois favorisé
14:48 par aussi un chef d'entreprise qui va justement mettre au chômage
14:51 l'un de ses salariés et lui dire "tu crées ta micro-entreprise
14:56 et je serai ton principal client".
14:59 Mais il ne faut pas détourner, il ne faut pas profiter de la loi.
15:02 C'est pour ça que, comme vous l'avez dit, on a augmenté la fiscalité
15:05 sur la négociation conventionnelle.
15:06 Parce qu'il ne faut pas avoir aussi ce réflexe naturel
15:11 de mettre finalement au chômage un salarié pour profiter justement
15:17 de cette négociation conventionnelle.
15:19 Et puis finalement, le seigneur, en l'occurrence,
15:21 finit sa carrière de façon non souhaitable.
15:25 – Parmi les apports du Sénat, il y a l'introduction d'une réflexion
15:29 sur l'introduction d'une dose de capitalisation.
15:32 Est-ce que vous ne brouillez pas un peu le message des sénateurs
15:36 qui justifient leur soutien à la réforme par le fait
15:38 qu'il faut sauver le régime par répartition ?
15:41 – Alors, le but de cette réforme, c'est sauver notre système de retraite
15:45 par répartition et donc c'est d'arriver à l'équilibre financier.
15:48 Donc c'est vrai que c'est le principal objectif.
15:52 Il y a beaucoup de mesures qu'on verra après l'article 7
15:54 pour justement apporter un peu de solidarité,
15:57 encore plus de solidarité, encore plus d'équité dans ce système.
16:01 Pour autant, ce débat était très intéressant au Sénat.
16:04 Je pense que nous avons pu constater les uns et les autres
16:09 que certains services publics aujourd'hui qui sont un petit peu défaillants
16:13 sont repris par des fonds de pension étrangers.
16:16 Et pourquoi en France, justement, la capitalisation collective
16:20 ne permettrait pas de financer des services publics
16:23 qui ont un petit peu de mal ?
16:25 Et en tout cas, je pense que chaque Française et chaque Français
16:28 pourrait en tout cas imaginer que c'est plutôt quelque chose de positif.
16:32 Et d'ailleurs, dans la fonction publique, il y a la préfonds
16:34 qui permet d'avoir justement la création de fonds de pension.
16:38 Et donc, pourquoi pas sur le plan privé ?
16:41 Moi, je pense qu'il n'y a pas de tabou à ce sujet.
16:44 Donc, d'en débattre, c'était intéressant.
16:47 Et je rappelle que cet amendement qui a été voté,
16:49 ce n'est qu'un rapport qui est demandé.
16:52 C'est un peu l'amendement du pauvre, on va dire.
16:54 Mais là, l'objectif de cette réforme,
16:58 c'est bien de retrouver l'équilibre pour financer les pensions des Français.
17:01 – Alors justement, sur l'équilibre, Olivier Dussopt dans "Le Parisien" dimanche
17:04 disait qu'il allait manquer 300 à 400 millions pour l'équilibre du régime en 2030.
17:09 Est-ce que cette réforme vaut vraiment le coup financièrement ?
17:12 – Écoutez, ça vaut vraiment le coup si chacun prend conscience du besoin financier.
17:18 Parce que j'entends bien, il y a beaucoup de références
17:22 au rapport du Conseil d'orientation des retraites.
17:26 Mais chacun observe ou interprète les courbes à sa façon.
17:31 La réalité, c'est que très très vite, la courbe finalement est ascendante.
17:38 Et très très rapidement, durablement, structurellement, le système est en danger.
17:42 Alors on nous dit, il manquera 13,5 milliards d'euros en 2030.
17:47 Mais il faut aussi penser à rajouter le cumul de 2029, etc.
17:52 toutes les années précédentes.
17:53 Et donc on arrive à un système qui est déficitaire de plus de 90 milliards d'euros.
17:58 Et il ne faut pas oublier qu'on n'a pas amorti une partie de la dette sur les retraites
18:04 de 43 milliards environ. Et c'est énorme.
18:08 Et je pense que la vraie liberté pour les Français,
18:11 c'est de ne pas avoir cette dette qui alourdit finalement notre ambition
18:17 par rapport à des investissements.
18:19 Et surtout pour protéger ce modèle social auquel on est attaché.
18:23 – Parlons des mères de famille Elisabeth Douanon,
18:25 puisque la mesure qui va être défendue dans cette réforme des retraites
18:28 pour l'améliorer par la majorité de droite et du centre,
18:31 c'est la surcote sur les pensions des mères à partir de 63 ans,
18:36 sur les trimestres cotisés à partir de 63 ans,
18:39 pour les mères qui ont une carrière complète.
18:41 Combien va coûter cette mesure supplémentaire ?
18:44 Et est-ce qu'il faut compenser cette dépense supplémentaire par une autre économie ?
18:49 – Dès le départ, le Sénat a pu observer qu'il y avait une difficulté
18:54 pour les mères de famille, pour les femmes en général.
18:57 D'abord, dire que les pensions des femmes sont quand même
19:02 entre 25 et 30% plus basses que celles des hommes.
19:04 Donc ça, c'était quelque chose qui nous semblait à corriger.
19:08 D'autre part, c'est ces fameuses majorations de durée d'assurance.
19:13 Ce qui se passe aujourd'hui, c'est que lorsque vous n'avez pas atteint
19:17 les 43 annuités, vous complétez avec ces trimestres qui ont été accordés
19:23 pour une maternité, pour une adoption, pour l'éducation d'un enfant.
19:26 Mais plus vous repoussez l'âge de départ à la retraite,
19:29 et finalement, plus vous compressez ces trimestres
19:31 qui ne vous servent plus à rien.
19:33 Or, dans une retraite par répartition, ce qui compte,
19:37 c'est cet effet intergénérationnel.
19:40 Et là, il y avait un défaut qui n'avait pas été, en tout cas,
19:43 pris en compte par le gouvernement.
19:45 C'est pour ça que le Sénat essayait de voir quelles solutions on pourrait prendre.
19:49 Mais vous savez que l'article 40 nous corsait, en quelque sorte.
19:53 On ne pouvait pas proposer une nouvelle dépense.
19:55 Et donc, nous avons réfléchi, nous nous sommes interrogés,
20:01 et nous nous sommes dit que la surcote est sans doute une des solutions.
20:05 Elle n'est pas satisfaisante.
20:06 Moi, je ne suis pas satisfaite.
20:08 Parce que beaucoup de femmes ont travaillé longtemps,
20:12 ont eu des carrières hachées, ont des temps partiels subis.
20:16 Mais comment corriger finalement toutes ces imperfections en une seule loi ?
20:20 En tout cas, nous, dans les outils que nous avions,
20:24 nous n'avions que celui-ci.
20:25 Et donc, c'est celui auquel on est attaché,
20:28 parce que finalement, on y a travaillé,
20:29 on a vraiment essayé de trouver, finalement,
20:32 ce qui aurait pu satisfaire toutes les femmes de ce pays.
20:35 – Mais à un moment, il était question d'un départ anticipé.
20:37 Bruno Retailleau, il proposait aussi un départ anticipé à 63 ans pour ces femmes.
20:41 Pourquoi du coup ne pas avoir retenu cet effet ?
20:42 – Parce qu'on tombait sur l'article 40.
20:44 On ne peut pas proposer un amendement
20:48 qui est une dépense qui n'est pas comprise dans le projet actuel.
20:54 – Les Républicains qui veulent aussi accélérer la suppression des régimes spéciaux,
20:59 64 ans en 2040, le groupe centriste est plutôt contre.
21:03 Que dit la rapporteure générale que vous êtes ?
21:05 – Moi, j'étais pour, effectivement, la fermeture de cette partie des risques vieillesse,
21:11 parce que tous les autres risques de la sécurité sociale vont rester dans ces régimes spéciaux.
21:17 Mais il faut dire que ces régimes spéciaux, en fait, sont équilibrés par l'État.
21:23 Pour certains, ils sont équilibrés parce qu'ils perçoivent des taxes aussi
21:29 que payent tous les Français.
21:31 Et donc, il me semblait plus juste, effectivement, qu'aujourd'hui, on aille vers une fermeture.
21:36 Alors, aller jusqu'à une nouvelle dépense…
21:38 – Donc plutôt sur la ligne de Bruno Retailleau ?
21:39 – Moi, je suis sur la ligne du gouvernement.
21:42 – Donc, la clause du grand-père ?
21:44 – Oui, la clause du grand-père.
21:46 Parce qu'aujourd'hui, il ne faut peut-être pas ajouter de la crispation à la crispation.
21:51 On le voit bien, c'est quand même un peu compliqué.
21:54 – Un dernier mot, Elisabeth Doisneau, là-dessus.
21:56 Est-ce que vous pensez arriver au bout de l'examen du texte ?
21:58 Est-ce que vous pensez qu'il y aura un vote dimanche ?
22:01 – Écoutez, c'est ce que souhaite le président du Sénat, Gérard Larcher.
22:05 Et je pense qu'on est un certain nombre à vouloir, en tout cas,
22:07 débattre de chacune des mesures sociales qui s'ajoutent, en fait, à cette réforme des retraites.
22:13 Il y a beaucoup de choses sur la pénibilité.
22:15 Et il y a beaucoup de choses, justement, sur les carrières longues.
22:18 Même si ces mesures, ces bornes d'âge, en fait,
22:22 ne peuvent être écrites que par un décret, on veut aussi en parler.
22:28 Il y a beaucoup d'autres mesures sociales qui sont, finalement, des mesures de justice.
22:34 – Et vous pensez qu'un accord sera trouvé avec les députés
22:37 dans la désormais fameuse CMP, la Commission mixte paritaire ?
22:40 – Je ne me prononcerai pas sur l'Assemblée nationale.
22:43 – Non mais sur un accord…
22:45 – Écoutez, peut-être pas à l'ensemble des députés républicains.
22:47 – LR 100, plus le gouvernement, vous êtes majoritaire.
22:50 Vous avez un doute sur le fait qu'elle soit conclusive ?
22:52 – Oui, je pense.
22:53 – On suivra évidemment tout ça, ce sera mercredi prochain.
22:55 Merci Alex, à tout à l'heure.
22:57 – À tout à l'heure.
22:57 On continuera à parler des débats sur la réforme des retraites au Sénat.
23:00 – Ce sera dans le club.
23:01 D'abord, on va aller en Mayenne, dans votre département, Elisabeth Douanaud.
23:04 On retrouve Guillaume Bougnole.
23:05 Guillaume, merci d'être avec nous, directeur départemental de Ouest-de-France, en Mayenne.
23:11 Et un sujet en lien avec la question des retraites qu'on va aborder avec vous.
23:15 La visite du ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combes, en Mayenne,
23:18 en fin de semaine dernière, autour de la question des solutions face au défi du vieillissement.
23:24 – Oui, bonjour.
23:26 Madame Douanaud, Jean-Christophe Combes, lorsqu'il s'est déplacé la semaine dernière,
23:30 a pointé un problème lié à la question du bien vieillir.
23:35 C'est celle de l'attractivité de ces métiers du grand âge.
23:39 Alors, non seulement ils sont pénibles, ils manquent également de reconnaissance.
23:42 Parfois, ce sont des organisations compliquées pour les personnes qui assurent ces tâches.
23:50 Quelque part dans son discours,
23:52 on sent bien qu'il y a une inquiétude un peu comparable à celle des déserts médicaux.
23:56 Qu'est-ce que l'on peut faire pour attirer davantage sur ces métiers ?
24:00 – Bonjour, Guillaume.
24:02 C'est vrai que moi, j'ai manqué cette visite du ministre des Solidarités
24:05 parce que j'étais déjà dans l'hémicycle pour parler retraite.
24:08 Je l'ai beaucoup regretté parce que dans les territoires ruraux,
24:11 comme le département de la Mayenne, c'est évidemment une préoccupation.
24:16 On voit bien que ces métiers n'attirent plus,
24:19 mais ils n'attirent plus parce que ce sont des métiers
24:21 qui ne sont sans doute pas assez revalorisés sur le plan du salaire.
24:25 Mais c'est surtout que ce sont, là encore, des temps partiels subis
24:29 et donc il y a vraiment à réfléchir sur qu'est-ce qu'on met en place
24:35 pour réenchanter ces métiers, comme dit le ministre,
24:39 mais aussi pour faire en sorte que les salariés,
24:43 enfin tous ceux qui sont dans l'accompagnement de la personne âgée ou handicapée,
24:48 puissent bénéficier de temps complet.
24:50 C'est vraiment la question.
24:52 Et moi, j'ai pu rencontrer beaucoup de ces personnes
24:56 qui apportent beaucoup de temps et d'intention à ces populations.
25:02 Et je trouve que vraiment, il faut écouter et trouver ensemble des solutions.
25:07 – Est-ce qu'il faut une grande loi ?
25:08 Une grande loi sur la dépendance, sur le grand âge, sur le bien vieillir ?
25:11 – Nous, on l'a toujours dit au Sénat qu'il fallait une grande loi.
25:13 Mais vous savez, on discute des retraites.
25:16 – Elle a été promise par Emmanuel Macron, donc il y en a un précédent.
25:18 – Mais oui, mais tout ça, ça a du lien aussi,
25:20 parce que bien vieillir, être bien accompagné,
25:24 ça fait partie aussi d'un projet national.
25:28 Et on a vraiment regretté,
25:29 même si le gouvernement a mis en place cette branche autonomie,
25:34 qui est une bonne chose,
25:36 on voit bien qu'il manque finalement une histoire.
25:39 Une histoire, et tout n'est pas lié.
25:43 Je vois par exemple, il y a deux ans,
25:45 au cours du projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
25:47 il a été proposé des EHPAD ressources.
25:50 Mais finalement, les territoires ne se sont pas encore emparés
25:53 de cette proposition.
25:54 C'est-à-dire, comment on intègre finalement,
25:57 on mutualise du personnel,
25:59 pour justement offrir des temps complets à des personnes qui vont au domicile,
26:02 mais qui compléteront leur temps dans un EHPAD.
26:06 – Merci Elisabeth Douanaud.
26:07 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.
26:10 On vous souhaite bon courage pour cette journée qui s'annonce longue,
26:12 et cette nuit qui s'annonce longue,
26:13 évidemment de l'examen de cet article 7.
26:15 Il sera à suivre en direct sur Public Sénat jusqu'au bout de la nuit.
26:18 On suivra ça avec vous.
26:19 Je monte la Une de Guillaume, la Une de Ouest-France.
26:22 Réforme des retraites, une journée décisive.
26:24 C'est à la Une de Ouest-France.
26:26 Merci Elisabeth Douanaud.
26:28 On va continuer, évidemment, notre édition spéciale Réforme des retraites.
26:31 On verra comment se prépare la journée de mobilisation.
26:33 Dans nos régions, on sera à Rennes, à Marseille, à Annonay en Ardèche,
26:36 la ville d'Olivier Dussopt.

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