Parlons Vrai chez Bourdin avec Patrick Blaise, Secrétaire général de la CFDT Route, Christelle Audigier, Fondatrice du collectif “Médecins pour demain”, Richard Fremder, historien, Christophe Rioux, journaliste et écrivain, Louis-Georges Tin, ancien président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) et Thibaut, militant de 'Dernière Rénovation'.
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00:00:00 Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
00:00:06 Bonjour, bonjour à toutes et à tous et merci d'être avec nous. 0826 300 300, vous avez l'habitude maintenant.
00:00:12 C'est un plaisir de vous retrouver après une semaine d'interruption, le plaisir de vous retrouver ce matin, le plaisir de vous écouter.
00:00:19 N'hésitez pas, dites-nous ce que vous vivez, racontez-nous, vous aimez parler vrai, alors faites-le en direct sur Sud Radio 0826 300 300.
00:00:28 Nous allons évidemment tout au long de la semaine parler de la réforme des retraites. Emmanuel Macron doit-il retirer sa réforme ?
00:00:34 Les syndicats veulent bloquer le pays, les approuvez-vous ? Est-ce irresponsable ? Vous mobilisez-vous contre cette réforme ?
00:00:42 L'examen du texte se poursuit au Sénat. Est-ce la rue qui doit prendre le pouvoir ? Allez-y.
00:00:48 Enseignants, dans l'énergie, les transports, les raffineries, où en est-on ? Dites-nous.
00:00:53 Je vais appeler dans un instant Patrick Blaise, secrétaire général de CFDT Routes. La CFDT, premier syndicat dans les transports, les routiers, sont appelés à se mobiliser.
00:01:03 Dernier sondage, sondage IFOP, 32% des Français sont favorables à cette réforme des retraites et 68% sont contre.
00:01:11 Est-ce que vous êtes pour ou contre ? Allons-y, tout au long de la semaine, je vous écoute.
00:01:16 Bras de fer entre les médecins et la Sécurité sociale. Des médecins envisagent de plus en plus nombreux de se déconventionner.
00:01:23 Quelles conséquences ? Les passions ne seront plus remboursées par la Sécurité sociale. Nous en parlerons tout à l'heure entre 10h45 et 11h.
00:01:32 Woukisme, cancel culture, attention, danger, pense la ministre de la Culture, Rima Abdoulmalak.
00:01:39 La France prend-elle le chemin de la censure au nom de la défense de toutes les minorités ?
00:01:46 Des textes d'auteurs révisés, des mots changés, des phrases édulcorées, livres, films, tableaux.
00:01:51 La liberté d'expression est-elle menacée ? Doit-on protéger l'exception culturelle française ?
00:01:56 Ce sera le débat que nous ouvrirons tout à l'heure entre 11h et 12h.
00:02:00 Et puis à 12h05, avec nous, un représentant militant de l'association Dernière Rénovation.
00:02:05 C'est un mouvement activiste défendant l'écologie. Bientôt, une rencontre avec Emmanuel Macron.
00:02:11 Il y a eu une interpellation d'Emmanuel Macron lors du salon de l'agriculture.
00:02:17 Nous allons parler de cette association Dernière Rénovation et de ses activistes.
00:02:22 Du Climat, il est 10h32, vous êtes sur Sud Radio, merci d'être avec nous.
00:02:27 Dans quel monde vit-on comme tous les jours ?
00:02:30 Avec vous, Félix Mathieu, plusieurs rixes ont éclaté, écoutez bien ça, dans des salles de cinéma ces derniers jours,
00:02:36 à chaque fois devant le même film, où il est question de boxe.
00:02:40 C'est-à-dire, on va au cinéma pour se battre, Félix Mathieu.
00:02:44 Eh oui, devant ce film, Cride 3, le troisième opus de cette série Cride, dérivée de Rocky, où ça parle effectivement de boxe.
00:02:50 Et à chaque fois, devant ce film, des bagarres ont éclaté à Saint-Etienne, à Charleville.
00:02:57 Mais hier, notamment samedi, il a fallu arrêter les séances, évacuer les salles.
00:03:01 Une scène similaire s'est déroulée aussi à Thionville, bagarre à l'issue de laquelle la police a procédé à une interpellation de sources policières.
00:03:08 Des scènes identiques ont eu lieu dans d'autres endroits en France, depuis la sortie de ce film américain, c'était mercredi.
00:03:14 À Saint-Etienne, en tout cas, samedi après-midi, parmi les plus de 300 personnes présentes dans la salle, la police en a interpellé une vingtaine.
00:03:21 Il a fallu relever les papiers d'identité avant de les remettre en liberté, finalement,
00:03:25 précise un responsable du multiplex Megarama.
00:03:28 "Nous n'étions pas en capacité de ramener le calme", dit-il.
00:03:31 L'intervention de la police a été nécessaire pour mettre fin aux bagarres.
00:03:34 Bagarre avec tout de même des jets de bouteilles, dont l'une a atteint à la tête l'un des agents de sécurité du cinéma.
00:03:40 On peut même plus parler.
00:03:41 Faut peut-être que ça se joue sur le ring.
00:03:43 En tout cas, en juillet 2021, la salle stéphanoise avait déjà connu un précédent similaire avec, là encore, un film américain.
00:03:50 C'était cette fois, Fast & Furious 9.
00:03:52 Alors, Crit 3, vous l'avez vu, vous êtes allé en salle, vous avez vu, mais pourquoi se battre pour un film ?
00:03:58 Ou avant un film, ou pendant un film ?
00:04:00 Ça, j'ai pas encore très bien compris, je n'ai pas vu Crit 3.
00:04:03 Vous l'avez vu, racontez-nous, expliquez-nous.
00:04:05 Parce que c'est un phénomène assez curieux, assez étrange, tout de même.
00:04:08 Il est 10h34. Bien.
00:04:10 Merci d'être avec nous.
00:04:12 On ne se bat pas, mais on se mobilise.
00:04:15 Enfin, la journée de demain s'annonce une journée importante,
00:04:19 et s'annonce perturber, terriblement perturber, la réforme des retraites.
00:04:24 Les syndicats veulent bloquer le pays, je le dis, les approuvez-vous.
00:04:29 Est-ce irresponsable ?
00:04:31 Vous nous dites que vous êtes favorable à cette réforme des retraites,
00:04:34 ou vous êtes opposé à cette réforme des retraites.
00:04:37 Ici, parlons vrai, c'est une plateforme sur laquelle nous pouvons, vous pouvez, vous exprimer.
00:04:43 Vous exprimez, évidemment, 0826 300 300. L'examen du texte se poursuit au Sénat,
00:04:50 et reprend, même à repris, ce matin à 10h, Félix Mathieu.
00:04:54 Oui, encore plus de 3000 amendements au programme.
00:04:57 Les sénateurs se penchent aujourd'hui sur la proposition des rapporteurs
00:05:00 de créer une sorte de CDI, Nouvelle Formule, pour inciter à l'embauche de seniors au chômage.
00:05:05 Les débats ont avancé durant ce week-end, en tout cas,
00:05:07 avec la suppression des régimes spéciaux pour les nouveaux entrants,
00:05:10 la création d'un index senior dans les entreprises aussi,
00:05:13 mais uniquement cet index senior pour les entreprises comptant plus de 300 salariés.
00:05:18 "Nous ferons tout pour que la réforme puisse être adoptée", a dit hier,
00:05:22 en tout cas, le patron des sénateurs, LR Bruno Retailleau.
00:05:25 Son soutien à la réforme est capital pour Emmanuel Macron et son gouvernement.
00:05:28 L'examen du texte doit se terminer dimanche prochain au Sénat, le 12.
00:05:32 Voilà, au Sénat, le 12, il est 10h35.
00:05:35 Patrick Blaise est avec nous, secrétaire général de la CFDT, route.
00:05:38 Patrick Blaise, bonjour.
00:05:41 - Bonjour Jean-Jacques.
00:05:42 - Merci d'être avec nous.
00:05:43 Patrick, je sais que vous êtes très mobilisé avant...
00:05:48 Vous êtes déjà mobilisé, vous, les routiers, Patrick ?
00:05:51 Déjà ? Contre-wind ?
00:05:53 - Oui, tout à fait, Jean-Jacques.
00:05:56 D'ailleurs, depuis le début, à l'appel de nos confédérations,
00:05:59 de nombreux routiers, des salariés de la convention collective,
00:06:02 pas que les routiers, la logistique, ambulanciers et autres,
00:06:06 se sont mobilisés dans tous les cortèges, dans toute la France.
00:06:09 Et on est très présents, puisqu'on va être impactés aussi lourdement,
00:06:13 surtout vu la pénibilité de nos métiers.
00:06:15 Et puis, rappelons-le quand même, Jean-Jacques,
00:06:17 pendant le Covid, on a été considérés, et mes collègues ont été considérés,
00:06:21 comme des salariés essentiels, que ce soit de la logistique,
00:06:24 du transport, du transport sanitaire, du transport par autocar,
00:06:28 et bien entendu, transport de fonds.
00:06:30 Et aujourd'hui, on prend ça pour une double pénalité pour nous,
00:06:34 ce recul de l'âge qui est de deux ans supplémentaires.
00:06:37 - Patrick Blaise, mobilisation, mobilisation concrètement, dès aujourd'hui ?
00:06:43 - Alors non, pour notre organisation, nous, pour la branche route,
00:06:47 nous, on a appelé à partir demain, comme les confédérations l'ont demandé.
00:06:50 Nous partirons, nous, la CFDT, transport, demain, en mouvement,
00:06:54 comme à l'appel de nos confédérations.
00:06:56 Nous, on suit nos confédérations sur ces sujets-là.
00:06:59 Donc, dès demain, forte mobilisation, évidemment, de notre côté.
00:07:02 - Ça veut dire quoi, forte mobilisation ?
00:07:05 - On n'embêtera pas, alors on n'appelle pas au blocage, nous.
00:07:08 Moi, quand j'entends le mot blocage, ça me choque un peu,
00:07:10 parce que nous, ce qu'on appelle, notre confédération, nous appelle à l'arrêt.
00:07:13 On a tracté, on a fait, dans toutes les zones industrielles,
00:07:16 depuis déjà plus de 15 jours, on a essayé de mobiliser les salariés
00:07:19 pour qu'ils se prennent en main eux-mêmes, et qu'ils soient eux-mêmes à l'arrêt,
00:07:22 c'est-à-dire se mettre en grève dès demain.
00:07:24 On espère que nombreux seront présents parmi nous,
00:07:26 et nous serons dans tout ce qui est les zones logistiques, les centres routiers.
00:07:31 Nous essayerons au maximum de ne pas gêner la population.
00:07:35 C'est le but, n'est pas rechercher d'embêter ceux qui souhaitent rouler,
00:07:38 ou circuler, ou se déplacer.
00:07:40 C'est plus important pour nous de travailler au niveau de la profession.
00:07:43 C'est pour ça que, en ce qui concerne mon organisation,
00:07:46 nous serons vraiment sur des endroits spécifiquement professionnels,
00:07:49 mais on sera très nombreux, et on sera dans toutes les régions,
00:07:52 dans de nombreux points.
00:07:53 Évidemment, ça pourra occasionner quelques gênes,
00:07:56 dès qu'on sort d'une zone, à force de tracter,
00:07:59 que cela pourra occasionner quelques perturbations légères de transport.
00:08:03 Mais le but recherché n'est pas celui-là.
00:08:05 - Oui, blocage de plateforme logistique,
00:08:07 débarrage filtrant, des opérations escargots aussi ?
00:08:10 - Non, pas d'opérations escargots,
00:08:12 du filtrant pour les routiers, pour les professionnels,
00:08:15 en ce qui nous concerne, non.
00:08:17 Des filtrants pour les professionnels, les poids lourds, bien évidemment,
00:08:20 pour expliquer aux conducteurs leur intérêt qu'ils ont
00:08:23 que cette réforme ne passe pas, si on arrive à faire changer d'avis gouvernement,
00:08:26 qui est importante pour nos secteurs,
00:08:28 car, comme vous le savez Jean-Jacques,
00:08:31 tu le sais très bien, tu connais bien le monde du routier,
00:08:33 que ce n'est pas facile, c'est pénible,
00:08:35 notre profession est reculée de deux ans,
00:08:37 c'est quand même lourd pour nous.
00:08:39 - Je rappelle que vous êtes leader du secteur,
00:08:41 la CFDT, routes, Patrick Blaise,
00:08:43 le gouvernement s'est engagé à maintenir votre dispositif
00:08:47 de congé de fin d'activité.
00:08:51 De quoi s'agit-il ?
00:08:52 Il s'agit de prendre en compte la pénibilité de votre travail,
00:08:55 avec une retraite plus tôt.
00:08:57 Vous avez aujourd'hui 57 ans,
00:08:59 alors si la réforme est mise en place,
00:09:02 vous passez à 59, c'est cela ?
00:09:04 - C'est tout à fait ça Jean-Jacques,
00:09:06 et quelque part, deux ans de plus,
00:09:08 alors bien entendu, le gouvernement,
00:09:10 c'est un accord qu'il faut savoir que les salariés cotisent,
00:09:12 pour obtenir ce départ,
00:09:14 pour ce qui est des conducteurs,
00:09:16 des secteurs de la convention collective du transport,
00:09:18 et évidemment, ça ferait un recul,
00:09:21 mathématiquement, de deux ans,
00:09:23 ça a été à la dernière réforme.
00:09:25 Mais de partir de 57 à 59,
00:09:27 pour certains, c'est quand même très pénible,
00:09:29 surtout pour beaucoup qui ont commencé à rouler très jeunes,
00:09:33 dès 21 ans, puisque c'était l'obtention du permis avant,
00:09:36 où on ne pouvait commencer qu'à 21 ans.
00:09:38 - Je crois que le congé de fin d'activité est possible,
00:09:41 si le conducteur a 26 ans d'activité, c'est cela ?
00:09:45 - Alors, pour le transport de personnes, c'est 30 ans,
00:09:48 et 26 ans pour le transport marchandise,
00:09:50 il faut d'activités complètes,
00:09:52 mais bien souvent, ces personnes-là,
00:09:54 on les ont largement, et même beaucoup plus.
00:09:56 - Alors, Patrick, vous êtes mobilisé,
00:09:58 vous êtes mobilisé demain,
00:10:00 vous serez mobilisé aussi mercredi ?
00:10:03 - Oui, pour la journée de la femme, dans la continuité,
00:10:06 parce que c'était déjà une manifestation
00:10:08 qui était déjà prévue,
00:10:10 et qui était déjà dans nos tablettes, bien évidemment,
00:10:12 et demain, dans tous les secteurs,
00:10:14 que ce soit les transports par autocar,
00:10:16 bien évidemment, les transports sanitaires,
00:10:18 les convoyeurs de fonds,
00:10:20 les transports de fonds et valeurs,
00:10:22 les routiers, les bases logistiques.
00:10:24 - Est-ce que le mouvement s'annoncerait suivi, Patrick Blaise ?
00:10:26 - De notre côté à nous,
00:10:28 oui, il est remonté,
00:10:30 et à chaque fois,
00:10:32 on était très mobilisé, y compris dans les cortèges,
00:10:34 oui, demain, il y aura une forte mobilisation,
00:10:36 les salariés se sont concernés,
00:10:38 et seront présents eux-mêmes,
00:10:40 oui, très fortement,
00:10:42 on verra beaucoup plus, demain, des personnes
00:10:44 au niveau du transport, dans la rue,
00:10:46 qu'il n'y en a aujourd'hui.
00:10:48 - Romain est avec nous, Romain,
00:10:50 bonjour Romain. - Oui, bonjour,
00:10:52 et bonjour M. Blaise aussi.
00:10:54 - Romain, vous êtes vous-même
00:10:56 au volant, hein Romain ?
00:10:58 - Moi, je suis un accident de travail,
00:11:00 vous voyez, on me parle de retraite,
00:11:02 mais c'est ma deuxième opération du dos, moi.
00:11:04 J'en ai eu une à 29 ans,
00:11:06 et j'ai eu un accident de camion,
00:11:08 en 2021, donc sur zone
00:11:10 S1 jusqu'à
00:11:12 L4,
00:11:14 donc déjà, vous voyez la pénibilité,
00:11:16 je sais ce que c'est déjà,
00:11:18 pour les vibrations, pour de charges lourdes,
00:11:20 etc., mais moi,
00:11:22 mon questionnement, en fait, c'est sur le CFA,
00:11:24 donc il y a
00:11:26 27 ans, de conduite dans le
00:11:28 transport public,
00:11:30 - Congé de fin d'activité, le CFA, oui.
00:11:32 - Moi, je conduis des camions
00:11:34 depuis l'âge de 25 ans,
00:11:36 j'en ai 43
00:11:38 bientôt, c'est ma 16e,
00:11:40 17e année, mais j'ai une carrière
00:11:42 à chier, donc moi, vous voyez, le CFA,
00:11:44 donc avant d'avoir les 27 ans
00:11:46 ou les 29 ans qu'on veut nous mettre,
00:11:48 de CFA, moi, je suis loin de les avoir atteints,
00:11:50 et puis j'ai 43 ans, comme je vous le dis,
00:11:52 deux opérations du dos, une rupture du tendon d'achide
00:11:54 et un cancer, qui a été
00:11:56 soigné, une
00:11:58 orchidectomie, donc
00:12:00 vous voyez, moi, je rentre
00:12:02 un peu dans ce
00:12:04 tranche de la population
00:12:06 où on est déjà un peu usé
00:12:08 par le travail, vous voyez, déjà
00:12:10 43 ans. - Romain,
00:12:12 vous soutenez
00:12:14 cette contestation ?
00:12:16 - Je soutiens totalement,
00:12:18 totalement,
00:12:20 parce que déjà, on est un métier
00:12:22 où on fait énormément d'heures, et où en fait,
00:12:24 la grande majorité des transporteurs
00:12:26 font minimum 200 heures par mois,
00:12:28 et on est au SMIC, ça fait des années, moi, ça fait 16 ans,
00:12:30 16 ans, je vous dis que j'ai pas
00:12:32 d'évolution salariale, que j'ai rien
00:12:34 du tout, et à l'époque,
00:12:36 je me souviens, j'étais chez Norbert d'Entre-Sangles,
00:12:38 et quand je suis rentré, les syndicats, vous savez,
00:12:40 ils avaient voté à l'époque
00:12:42 25 centimes de l'heure pour
00:12:44 les nouveaux entrants, alors on prenait
00:12:46 les tournées les plus difficiles,
00:12:48 on était les moins payés, et il y a personne
00:12:50 qui nous défendait sur ça.
00:12:52 - Romain, Romain, Patrick Blaise,
00:12:54 est-ce que les salaires ont augmenté
00:12:56 correctement dans le transport ?
00:12:58 - Non, pas suffisamment,
00:13:00 ils ont augmenté, mais loin de là, donc
00:13:02 Romain, déjà, je voulais le saluer,
00:13:04 parce que c'est quelqu'un, vraiment,
00:13:06 qui souffre, et qui sait de quoi il parle
00:13:08 dans notre profession, et
00:13:10 derrière ça, malgré toutes les
00:13:12 protections que l'on peut avoir,
00:13:14 par exemple, je vais en citer une autre,
00:13:16 on a mis en place une inaptitude
00:13:18 à la conduite, qui sera certainement concernée
00:13:20 un jour, à un moment donné, Romain,
00:13:22 mais ce n'est pas suffisant, tout ce qu'on met,
00:13:24 alors bien sûr, on met des protections, mais ce n'est pas suffisant,
00:13:26 mais on l'utilise beaucoup, c'est pour ça
00:13:28 qu'aujourd'hui, le congé de fin d'activité, c'est quelque chose
00:13:30 de très important, le décalé encore
00:13:32 dans l'âge, va être une difficulté supplémentaire,
00:13:34 bien entendu, pour les conducteurs et conductrices,
00:13:36 et c'est véritablement
00:13:38 un métier très difficile.
00:13:40 Vous voyez, je vais juste faire une aparté,
00:13:42 rapidement, mais qui concerne bel et bien le transport.
00:13:44 Au Portugal,
00:13:46 en Espagne, ils viennent d'arriver
00:13:48 à mettre en place l'interdiction
00:13:50 du chargement/déchargement des plus
00:13:52 de 3,5 tonnes, c'est-à-dire que ça doit
00:13:54 être au chargeur, au donneur d'ordre
00:13:56 de charger les véhicules et de les décharger,
00:13:58 le conducteur doit juste veiller à ce que
00:14:00 le chargement soit bien effectué, le déchargement aussi.
00:14:02 Et bien, en France, on demande
00:14:04 ça depuis l'année dernière, il est vrai qu'aujourd'hui
00:14:06 on a un ministre des Transports qui est
00:14:08 à l'écoute et qui a mis en place une commission
00:14:10 pour travailler sur le sujet, mais on a
00:14:12 un gros gros problème avec les chargeurs et les donneurs
00:14:14 d'ordre d'aujourd'hui, qui refusent systématiquement
00:14:16 que cet avancé arrive, alors
00:14:18 qu'on a pu le faire en Espagne, ça a été
00:14:20 mis en place au Portugal, ça va être signé en Italie
00:14:22 prochainement, le chargement/déchargement
00:14:24 interdit permettrait
00:14:26 déjà aussi de soulager
00:14:28 largement la pénibilité des conducteurs
00:14:30 et conductrices, parce qu'il y a beaucoup de conductrices
00:14:32 qui rejoignent cette profession aujourd'hui,
00:14:34 mais avec beaucoup de difficultés. Et en plus
00:14:36 de ça, donc, toucher à l'âge de la retraite
00:14:38 qui va nous décaler notre congé de fin d'activité,
00:14:40 c'est encore une problématique supplémentaire.
00:14:42 Mais il est vrai que les salaires ne sont
00:14:44 pas à la hauteur du travail que l'on fait,
00:14:46 que les conducteurs font aujourd'hui, et il est
00:14:48 vrai que c'est un manque, mais tout le monde est concerné
00:14:50 là-dessus, hein, il ne faut pas que les employeurs,
00:14:52 il y a les chargeurs qui sont concernés aussi.
00:14:54 - Bien sûr, Patrick, j'ai une dernière question, Patrick,
00:14:56 à vous poser.
00:14:58 Si, au bout de deux jours
00:15:00 de mobilisation, de contestation,
00:15:02 le gouvernement reste
00:15:04 intransigeant, vous faites quoi ?
00:15:06 - Bien écoutez, c'est tout
00:15:08 simple, hein, Jean-Jacques. On va continuer
00:15:10 à suivre les appels des confédérations,
00:15:12 parce que sur des sujets aussi importants,
00:15:14 c'est pas une fédération transport qui peut décider,
00:15:16 nous on est une confédération, vous savez très bien
00:15:18 comment on est structuré, Jean-Jacques, et donc,
00:15:20 de cette façon-là, on va suivre l'appel de nos
00:15:22 confédérations, et on continuera à suivre
00:15:24 l'appel de notre confédération, bien évidemment,
00:15:26 et à essayer de faire que
00:15:28 cette réforme qui est injuste,
00:15:30 eh bien, soit prise en compte et que l'État
00:15:32 recule, ce serait pas un désaveu de l'État,
00:15:34 de prendre en compte la demande de ces
00:15:36 salariés-là. - Merci beaucoup,
00:15:38 Patrick Blaise, merci d'avoir été avec nous
00:15:40 en direct ce matin sur l'antenne de Sud Radio,
00:15:42 il est 11h moins le quart,
00:15:44 pour savoir et comprendre, le matin, ce n'est pas
00:15:46 compliqué, vous l'avez entendu,
00:15:48 les conducteurs routiers qui entrent
00:15:50 dans la danse, à partir de demain, notamment
00:15:52 la CFDT, premier syndicat,
00:15:54 chez les transporteurs,
00:15:56 nous allons poursuivre,
00:15:58 vous réagissez, 0826-300-300,
00:16:00 vous n'hésitez pas,
00:16:02 nous allons parler de cette sixième journée de mobilisation
00:16:04 contre la réforme des retraites demain,
00:16:06 la circulation des trains sera très perturbée,
00:16:08 Félix Mathieu va nous en parler,
00:16:10 juste après la pub, et ensuite, je vais
00:16:12 changer de sujet, bras de fer,
00:16:14 un autre bras de fer, entre les médecins
00:16:16 et la sécurité sociale, cette fois,
00:16:18 de plus en plus de médecins envisagent
00:16:20 de se déconventionner,
00:16:22 leur passion, les conséquences,
00:16:24 leur passion ne seront plus remboursées par la sécurité sociale,
00:16:26 nous allons en parler,
00:16:28 juste après la pub, il est 10h46,
00:16:30 Sud Radio,
00:16:32 parlons vrai, chez Bourdin,
00:16:34 10h30, midi 30,
00:16:36 Jean-Jacques Bourdin,
00:16:38 des médecins sont en colère, bras de fer,
00:16:40 entre les médecins et la sécurité sociale,
00:16:42 je vais y revenir dans un instant, mais,
00:16:44 je vous parle de la sixième
00:16:46 journée de mobilisation contre la réforme des retraites,
00:16:48 demain, encore une fois,
00:16:50 cette réforme des retraites,
00:16:52 le gouvernement doit retirer
00:16:54 sa réforme, allez-y,
00:16:56 dites-nous, est-ce que
00:16:58 vous approuvez les syndicats ?
00:17:00 Pas tous, qui veulent bloquer le pays,
00:17:02 certains syndicats veulent bloquer le pays, pas tous,
00:17:04 est-ce irresponsable à vos yeux ?
00:17:06 Allez-y, 0826 300 300,
00:17:08 je voudrais que nous ouvrions le débat,
00:17:10 que nous organisions un véritable forum,
00:17:12 ici, entre 10h30 et
00:17:14 midi 30, parlons vrai, chez Bourdin,
00:17:16 donc demain, la circulation
00:17:18 des trains sera très perturbée, Félix Mathieu.
00:17:20 Oui, il y a un train sur 5 en moyenne
00:17:22 pour les TGV Inouïe et Ouïgô, ainsi que pour les TER,
00:17:24 selon la SNCF,
00:17:26 Thalys et Eurostar sont aussi concernés,
00:17:28 avec 2 trains sur 3 en moyenne,
00:17:30 des liaisons France-Allemagne et France-Espagne
00:17:32 totalement interrompus.
00:17:34 Du côté des intercités, il n'y aura aucune circulation
00:17:36 de jour comme de nuit, à l'exception
00:17:38 quand même d'un aller-retour Paris-Brive,
00:17:40 de 2 aller-retours Paris-Clairmont,
00:17:42 trafic normal sur la liaison Toulouse-Andaille,
00:17:44 mais par des cartes de substitution,
00:17:46 précise la SNCF. Sur les lignes
00:17:48 France-Illienne, un train sur 3
00:17:50 va circuler sur les RER A et B,
00:17:52 sur les lignes H, K, U,
00:17:54 un train sur 5 sur les RER C et D,
00:17:56 ainsi que sur les lignes J, L, N, R,
00:17:58 un train sur 10 sur le
00:18:00 RER E et
00:18:02 la ligne P. Des métros également
00:18:04 très perturbés, les métros qui fonctionneront
00:18:06 pour la plupart des lignes seulement aux heures de pointe.
00:18:08 Attention, en tout cas, le préavis
00:18:10 de grève commence dès ce soir, 19h,
00:18:12 la SNCF recommande aux voyageurs qui le peuvent
00:18:14 d'annuler ou de reporter
00:18:16 leur déplacement, pourquoi pas de privilégier
00:18:18 le télétravail. Un SMS
00:18:20 ou un mail va avertir ceux dont le train est annulé
00:18:22 avec possibilité de faire changer leur billet
00:18:24 ou tout simplement de le faire rembourser.
00:18:26 - Merci Félix.
00:18:28 Les médecins sont en colère, des médecins,
00:18:30 pas tous, des médecins sont
00:18:32 en colère. Christelle
00:18:34 Audigier, bonjour.
00:18:36 - Bonjour.
00:18:38 - Oui, bonjour. - Bonjour, vous m'entendez ?
00:18:40 - Oui, je vous entends moyennement,
00:18:42 c'est pas très bon, vous êtes fondatrice du
00:18:44 collectif Médecins en colère.
00:18:46 C'est pas la... Vous êtes...
00:18:48 - Non, c'est Médecins pour Demain.
00:18:50 - Ah, c'est Médecins pour Demain ?
00:18:52 Oui, enfin, vous êtes en colère.
00:18:54 - Oui.
00:18:56 - Bon, Christelle, je vous entends très mal,
00:18:58 je pense que ça va être très difficile
00:19:00 parce que, je vais résumer, on va essayer
00:19:02 de rappeler, Christelle, de quoi s'agit-il.
00:19:04 Un bras de fer
00:19:06 est engagé entre des médecins
00:19:08 et la Sécurité Sociale. Des médecins
00:19:10 envisagent de se déconventionner.
00:19:12 Ça veut dire quoi, déconventionner ? Ça veut dire que les
00:19:14 patients ne seront plus remboursés par la Sécurité Sociale.
00:19:16 Christelle Audigier,
00:19:18 ça va mieux, là, je sens que ça va mieux.
00:19:20 - Oui, bonjour, c'est plus agréable.
00:19:22 - Ah, ben voilà, c'est bien mieux.
00:19:24 Alors, donc,
00:19:26 des médecins de plus en plus nombreux
00:19:28 envisagent de se déconventionner.
00:19:30 Vous l'envisagez, Christelle ?
00:19:32 - Alors, non, pas du tout,
00:19:36 puisque Médecins pour Demain a pour vocation
00:19:38 de défendre une convention,
00:19:40 mais une convention juste.
00:19:42 Et nous avons pu voir, lors de la
00:19:44 proposition de la dernière convention, que c'était
00:19:46 absolument ubuesque, qu'on
00:19:48 écrivait des contraintes, alors que nous prévenons
00:19:50 depuis des mois
00:19:52 que les médecins
00:19:54 fuient, se reconvertissent,
00:19:56 se déconventionnent
00:19:58 et entraînent une problématique.
00:20:00 Donc,
00:20:02 nous sommes vraiment
00:20:04 clairement, ce qui se passe actuellement
00:20:06 n'est que la conséquence de l'échec
00:20:08 de ces négociations, avec
00:20:10 une convention qui a vraiment été unilatérale.
00:20:12 - Oui, mais Christelle,
00:20:14 vous, vous n'envisagez pas pour l'instant
00:20:16 de vous déconventionner, mais certains
00:20:18 médecins envisagent
00:20:20 le déconventionnement.
00:20:22 - Ben, tout à fait,
00:20:24 ça fait tout à fait, puisque
00:20:26 certains l'envisagent, certains
00:20:28 rédigent des
00:20:30 lettres d'impulsion de déconventionnement
00:20:32 dans le projet qui n'est pas le nôtre, qui est celui
00:20:34 de l'UFML. On a beaucoup de
00:20:36 questions vis-à-vis de cela,
00:20:38 c'est-à-dire que les médecins envisagent
00:20:40 de rester des soignants,
00:20:42 mais plutôt, on est
00:20:44 dans un contexte où le secteur 1
00:20:46 est maltraitant, extrêmement difficile
00:20:48 également pour maintenir les
00:20:50 cabinets médicaux à flot,
00:20:52 et donc les médecins préfèrent
00:20:54 partir en secteur 3, mais continuer
00:20:56 à soigner leurs patients, parce que
00:20:58 le contexte actuel en France
00:21:00 est dramatique en termes d'offre de soins,
00:21:02 ils préfèrent continuer
00:21:04 à offrir du soin plutôt que devenir
00:21:06 gardien de chef ou partir à l'étranger.
00:21:08 - Non, non, pardon, Christelle Audigier, là je vais vous
00:21:10 arrêter, parce que si vous entrez en secteur
00:21:12 3, honoraire libre, vous ne
00:21:14 préférez pas soigner vos patients, vous préférez
00:21:16 vous aller soigner des patients qui ont les moyens
00:21:18 de ne pas
00:21:20 être remboursés.
00:21:22 - Alors,
00:21:24 bien entendu que la
00:21:26 problématique principale de ce secteur
00:21:28 3, c'est que le remboursement
00:21:30 est à hauteur
00:21:32 de 61 centimes pour un médecin
00:21:34 généraliste, et à 1,22€ pour un médecin
00:21:36 spécialiste. Donc, ça c'est
00:21:38 le tarif d'autorité qui n'a pas
00:21:40 changé depuis 30-50
00:21:42 ans, et
00:21:44 je suis bien d'accord que
00:21:46 c'est dramatique qu'on en arrive là,
00:21:48 mais ça fait des mois qu'on prévient, on me dit
00:21:50 "Attention, il nous faut une convention
00:21:52 qui rende de l'attractivité à la médecine
00:21:54 libérale, attention,
00:21:56 incitez les médecins, il faut les
00:21:58 revaloriser, les entreprises médicales ne
00:22:00 tiennent plus". Et donc, vous avez
00:22:02 cette inégalité
00:22:04 qui apparaît, et ça fait des mois
00:22:06 que Médecins pour Demain prévient et dit
00:22:08 "Attention", et qui se bat
00:22:10 pour que la convention soit juste,
00:22:12 et malheureusement, l'État ne nous a pas
00:22:14 écoutés, et nous sommes à présent au règlement
00:22:16 arbitral, et ça va être de la responsabilité
00:22:18 du ministère de la Santé
00:22:20 de rédiger
00:22:22 et de signer un règlement arbitral qui soit
00:22:24 peut-être plus juste que ce qui a été envisagé
00:22:26 pendant cette convention. - Oui, alors l'assurance maladie
00:22:28 propose d'augmenter le tarif de la consultation
00:22:30 de 1,50€, un peu plus
00:22:32 en contrepartie de contraintes nouvelles,
00:22:34 vous vous dites "c'est largement, largement
00:22:36 insuffisant".
00:22:38 - Tout à fait,
00:22:40 tout à fait, ça ne couvre même pas l'inflation
00:22:42 26,50€,
00:22:44 ça ne couvre même pas l'inflation, et vous avez
00:22:46 des médecins qui travaillent en moyenne 55
00:22:48 heures par semaine, et on leur dit "Eh bien
00:22:50 en plus, vous devez faire de la coordination,
00:22:52 en plus, vous devez accueillir
00:22:54 des internes, en plus, vous devez augmenter
00:22:56 vos locaux et payer une assistance
00:22:58 médicale". Mais ça ne couvre pas,
00:23:00 les comptes sont pas bons.
00:23:02 - C'est la raison pour laquelle...
00:23:04 - Dans 10 ans, on est dans un état encore plus
00:23:06 catastrophique qu'aujourd'hui.
00:23:08 - Je comprends Christelle Audigier,
00:23:10 vous-même, vous hésitez
00:23:12 des conventionnements ou pas ?
00:23:14 - Ce n'est pas quelque chose que j'envisage
00:23:18 à l'heure actuelle. - Oui.
00:23:20 Oui. C'est allé trop loin ?
00:23:22 ...
00:23:24 - Allô ? - C'est que je laisse
00:23:28 sa chance aux prochaines
00:23:30 négociations conventionnelles.
00:23:32 - J'ai compris. J'ai compris. Merci
00:23:34 beaucoup Christelle Audigier, merci.
00:23:36 Il est 10h57, mais ça gronde parmi
00:23:38 les médecins. Alors si vous voulez réagir,
00:23:40 0826 300 300. Pourquoi est-ce que j'ai voulu
00:23:42 évoquer ce sujet ? Pour une raison toute simple,
00:23:44 c'est que là,
00:23:46 les discussions sont au point mort,
00:23:48 il y a une
00:23:50 médiation évidemment qui est engagée,
00:23:52 il va falloir trouver une solution parce que
00:23:54 ce sont les patients qui vont être les
00:23:56 premières victimes. Parce que imaginons
00:23:58 que de plus en plus de médecins se déconventionnent,
00:24:00 vous irez chez le médecin, vous serez plus
00:24:02 remboursé par la Sécurité sociale. Est-ce que
00:24:04 vous imaginez,
00:24:06 alors que tout le monde vante
00:24:08 notre système de santé en France ?
00:24:10 Il est 10h58, merci d'être
00:24:12 avec nous. Je vais passer à toute autre chose
00:24:14 juste après les
00:24:16 infos de 11h. De quoi
00:24:18 allons-nous parler ? Nous allons parler
00:24:20 de ce qui se passe, des
00:24:22 dangers, des dangers d'une
00:24:24 tendance, le wokisme,
00:24:26 la cancel culture. Attention,
00:24:28 danger, c'est la ministre de la Culture
00:24:30 elle-même, Rima Doulmalak,
00:24:32 qui le dit, la France. Prend-elle
00:24:34 le chemin de la censure au nom de la
00:24:36 défense de toutes les minorités ?
00:24:38 Des textes d'auteurs, vous savez, qui sont
00:24:40 révisés, des mots qui sont changés,
00:24:42 des phrases édulcorées, livres, films,
00:24:44 tableaux, tout le monde y passe.
00:24:46 La liberté d'expression est-elle menacée ?
00:24:48 Doit-on protéger l'exception culturelle française ?
00:24:50 Nous allons en parler. Débat,
00:24:52 entre 11h et midi sur l'antenne de Sud Radio.
00:24:54 Sud Radio, parlons vrai
00:24:56 chez Bourdin, 10h30,
00:24:58 midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
00:25:00 Nous allons ouvrir le débat
00:25:02 autour de
00:25:04 la cancel culture,
00:25:06 les déprogrammations,
00:25:08 le wokisme,
00:25:10 enfin bon, la ministre de la
00:25:12 Culture, Rima Abdoulmalak,
00:25:14 pense qu'il y a danger.
00:25:16 Elle redoute de voir la France
00:25:18 prendre le chemin américain de la
00:25:20 censure de livres, de la
00:25:22 censure de films ou de tableaux,
00:25:24 alors qu'en Amérique du Nord,
00:25:26 "offenseur offensé"
00:25:28 est devenu "blasphème". C'est ce que
00:25:30 souligne Michel Guérin, rédacteur
00:25:32 en chef au Monde, dans une chronique
00:25:34 remarquée, publiée
00:25:36 récemment. Une guerre culturelle
00:25:38 est-elle engagée ? Nous allons ouvrir le débat.
00:25:40 Les exemples se multiplient,
00:25:42 des textes d'auteurs célèbres sont révisés,
00:25:44 des mots changés, des phrases édulcorées
00:25:46 pour ne pas heurter telle ou telle sensibilité.
00:25:48 S'agit-il d'une censure ?
00:25:50 Le débat est ouvert avec nos
00:25:52 trois invités, par ordre
00:25:54 alphabétique, Richard Frémder, qui est
00:25:56 historien. Bonjour Richard. - Bonjour. - Merci
00:25:58 d'être avec nous. Christophe Rioux, journaliste et écrivain.
00:26:00 Bonjour. Merci d'être là.
00:26:02 Et Louis-Georges Thun, ancien président
00:26:04 du Conseil représentatif des associations
00:26:06 noires de France, professeur S-Lettres.
00:26:08 Bonjour. - Bonjour. - Merci docteur S-Lettres
00:26:10 et professeur de Lettres. Merci d'être avec nous
00:26:12 tous les trois. Nous avons en ligne
00:26:14 aussi notre confrère
00:26:16 Lucas Jakubowicz. Bonjour
00:26:18 Lucas. - Bonjour. Est-ce que vous m'entendez
00:26:20 bien ? - Mais oui, je vous entends très bien
00:26:22 Lucas. Vous êtes rédacteur en chef
00:26:24 Décideur Magazine. C'est bien cela.
00:26:26 Alors vous avez ému, si je
00:26:28 puis dire, vous avez ému les réseaux
00:26:30 sociaux Lucas, parce que vous avez lancé
00:26:32 une... Si je dis
00:26:34 que c'est une absurdité,
00:26:36 vous me dites quoi ? C'est une volontaire,
00:26:38 une absurdité volontaire.
00:26:40 Qu'avez-vous fait sur les réseaux sociaux
00:26:42 Lucas ? - J'ai fait
00:26:44 le pire des crimes apparemment possibles sur
00:26:46 les réseaux sociaux au règne le premier
00:26:48 degré. J'ai fait une blague.
00:26:50 J'ai fait croire jeudi après-midi
00:26:52 que les éditions qui éditaient
00:26:54 Astérix et Obélix en anglais allaient
00:26:56 remanier tous les albums
00:26:58 pour cacher les sangliers parce que ça
00:27:00 heurtait les
00:27:02 protecteurs des animaux. - Oui.
00:27:04 - Et que le terme de "manisme" et d'"obésité"
00:27:06 d'Obélix est problématique.
00:27:08 Voilà, c'était ça la blague. Sachant que
00:27:10 c'était une fake news parce que j'avais
00:27:12 sourcé la source et j'avais dit que c'était
00:27:14 Tullus Détritus, qui est un personnage de
00:27:16 "La Divinie". - Oui. - Voilà.
00:27:18 - Et que c'était l'éditeur anglais
00:27:20 d'Astérix et Obélix.
00:27:22 - C'était l'éditeur anglais, oui. - L'éditeur
00:27:24 anglais qui
00:27:26 avait opéré
00:27:28 ce gommage en quelque
00:27:30 sorte. - Voilà. - Et Lucas,
00:27:32 donc ça a provoqué immédiatement
00:27:34 des quantités de réactions.
00:27:36 - Voilà, ça s'est fait en plusieurs temps.
00:27:38 Alors en fait, le premier lot de réactions
00:27:40 c'était des gens qui étaient...
00:27:42 qui ont compris que c'était de l'humour, qui ont rigolé.
00:27:44 Et ce qui ressortait aussi,
00:27:46 et c'est ça le plus préoccupant, c'est que les gens
00:27:48 avaient intériorisé le fait que c'était possible
00:27:50 et que ça risquait tout à fait d'arriver
00:27:52 aux Etats-Unis, en Angleterre
00:27:54 et ensuite en France. Donc ça c'est vraiment
00:27:56 ce qui m'a le plus frappé,
00:27:58 c'est que les gens ont trouvé ça drôle,
00:28:00 d'accord, mais aussi possible.
00:28:02 Pour moi ça c'était le plus important.
00:28:04 - Oui, et possible de supprimer
00:28:06 des scènes
00:28:08 de sangliers, où l'on voit des sangliers
00:28:10 rôtir, ou des scènes de chasse,
00:28:12 symbole de maltraitance animale.
00:28:14 - Tout à fait, écoutez, ça s'est fait
00:28:16 pour Roald Dahl, c'est en train de se faire pour
00:28:18 James Bond. - On va en parler.
00:28:20 - J'ai fait cette blague avant tout, en fait,
00:28:22 dans un esprit citoyen.
00:28:24 C'est-à-dire que moi, en tant que citoyen, mais aussi journaliste,
00:28:26 ce qui m'horripile
00:28:28 en ce moment, c'est effectivement, et
00:28:30 j'en parle beaucoup, la censure des œuvres d'art.
00:28:32 Bd, romans, etc. C'est toujours
00:28:34 le même, finalement, c'est une minorité
00:28:36 d'idéologues, qui sont vraiment très très minoritaires,
00:28:38 mais très très outranciers,
00:28:40 qui font la pression sur les acteurs de la culture,
00:28:42 sur les musées, sur les éditeurs,
00:28:44 pour en fait, vers quelque chose
00:28:46 qui est totalement hors-royain, au sens propre du terme,
00:28:48 c'est changer le passé,
00:28:50 pour que ce soit conforme au canon du présent.
00:28:52 Ce que les gens ne comprennent pas,
00:28:54 c'est que ce type de, on va dire,
00:28:56 de posture intellectuelle,
00:28:58 ça a déjà existé,
00:29:00 et ça existe encore, dans les régimes totalitaires,
00:29:02 par exemple, l'islamiste, où on cache, par exemple,
00:29:04 le corps des femmes, on contrôle les mœurs dans l'art,
00:29:06 c'est des autodacées nazies aussi,
00:29:08 et voilà, ça a vraiment existé,
00:29:10 et ça me choque
00:29:12 que ça se fasse en France,
00:29:14 en Europe, dans l'indifférence générale politique.
00:29:16 - Eh bien, vous lancez le débat, hein, vous lancez le débat,
00:29:18 mais Lucas Jakubowicz, terminé
00:29:20 sur les réactions, donc beaucoup, beaucoup de réactions,
00:29:22 incroyables, sur les réseaux sociaux.
00:29:24 - Oui, et alors, aussi, le pire, et ça,
00:29:26 quand même, c'est vraiment préoccupant, c'est que
00:29:28 dans les 20 minutes qui ont suivi le canular,
00:29:30 il y a des personnalités intellectuelles, publiques,
00:29:32 parfois de premier plan,
00:29:34 qui l'ont retweeté et qui l'ont pris au pied de la lettre.
00:29:36 Il y a des députés du Rassemblement National,
00:29:38 il y a des responsables de LR,
00:29:40 beaucoup de gens de Chirac aux conquêtes,
00:29:42 mais aussi des gens du PS, des intellectuels,
00:29:44 des membres de Think Tank, il y a même des journaux
00:29:46 qui ont commencé à écrire des brèves sur le sujet,
00:29:48 sans prendre la peine
00:29:50 de vérifier si c'est un canular ou pas.
00:29:52 - D'abord, ça montre,
00:29:54 Lucas, je vous arrête tout de suite,
00:29:56 ça montre l'une des dérives de notre métier,
00:29:58 c'est-à-dire qu'à partir du moment où,
00:30:00 sur les réseaux sociaux, vous avez une affirmation
00:30:02 qui est diffusée,
00:30:04 immédiatement, malheureusement,
00:30:06 aujourd'hui, de plus en plus de rédactions
00:30:08 les reprennent, ces affirmations,
00:30:10 mais sans vérifier quoi que ce soit, hein, Lucas ?
00:30:12 - Oui, mais je vous pose une question,
00:30:14 qui est responsable de la dérive ?
00:30:16 Est-ce que c'est le journaliste qui fait une blague sciemment ?
00:30:18 C'est-à-dire un canular, un peu une fake news ?
00:30:20 Ou bien, est-ce que c'est des responsables publics
00:30:22 qui ont un mandat électoraux,
00:30:24 qui pèsent dans l'opinion publique ?
00:30:26 - Les deux, les deux, Lucas !
00:30:28 Les deux, Lucas !
00:30:30 - Moi, pour le coup,
00:30:32 je me sens pas du tout responsable, hein,
00:30:34 j'assume totalement.
00:30:36 - Vous, vous avez... Vous, c'était un canular.
00:30:38 Non, je...
00:30:40 Je parle de celles et ceux
00:30:42 qui ne vérifient pas
00:30:44 les informations avant de les diffuser,
00:30:46 de les publier, je parle pas de vous, Lucas.
00:30:48 Et puis, je me mets à la place aussi,
00:30:50 vous avez raison, Lucas,
00:30:52 des politiques qui embrayent tout de suite,
00:30:54 là encore, sans vérifier quoi que ce soit.
00:30:56 - Hum.
00:30:58 - Lucas ! - Oui ?
00:31:00 - Oui. Puis, dernière chose, dites-moi.
00:31:02 Ensuite,
00:31:04 une fois la supercherie, enfin,
00:31:06 le canular éventé,
00:31:08 que s'est-il passé ?
00:31:10 - Bah, d'abord, le canular, il a pas été
00:31:12 éventé, parce qu'il était explicitement
00:31:14 indiqué. Ce qui s'est passé, c'est...
00:31:16 C'est ce qui se passe toujours sur les réseaux sociaux,
00:31:18 c'est que pendant deux jours, il y a du buzz,
00:31:20 il y a des gens qui se félicitent,
00:31:22 il y a des gens qui insultent,
00:31:24 il y a des gens qui reprennent l'info, etc. Ça fait parler.
00:31:26 Ce qui s'est passé, quand même, c'est que
00:31:28 beaucoup de médias ont repris l'info,
00:31:30 l'ont mise en avant. Les éditeurs
00:31:32 de Lucky Luke, de Tintin, d'Astérix
00:31:34 ont été obligés de se mouiller,
00:31:36 et de dire publiquement, en tout cas en langue française,
00:31:38 et aussi en langue anglaise
00:31:40 quand ils ont les droits, jamais ils retoucheront
00:31:42 aux oeuvres. Donc, pour moi, c'est le plus important.
00:31:44 - Oui. Qu'ils ne retoucheront
00:31:46 jamais aux oeuvres. Bon, merci.
00:31:48 - C'est ce qu'ils disent. - Merci, Lucas.
00:31:50 Vous avez fait votre effet, dans tous les cas.
00:31:52 - Oui, mais je n'imaginais pas que ça
00:31:54 prendrait une telle ampleur, mais c'est un exercice
00:31:56 sociologique assez intéressant, on va dire.
00:31:58 - C'est vrai. Je suis d'accord. Merci,
00:32:00 Lucas Jakubowicz. Merci à vous. - Il n'y a pas de quoi.
00:32:02 - Merci d'être intervenu.
00:32:04 Qu'en pensez-vous ?
00:32:06 Quelle réaction ?
00:32:08 Qui veut commencer ? Christophe Rioux ?
00:32:10 - Oui, vous avez parlé de guerre culturelle,
00:32:12 en citant effectivement un article.
00:32:14 Moi, je pense aussi que la dimension
00:32:16 que l'on sous-estime, c'est la guerre économique.
00:32:18 C'est la dimension économique de ces sujets.
00:32:20 C'est axéamment que tout ça est organisé
00:32:22 aussi, à travers des stratégies
00:32:24 économiques, voire marketing.
00:32:26 Et si on prend peut-être un exemple,
00:32:28 qui est celui de Roald Dahl...
00:32:30 - Alors, on va expliquer,
00:32:32 puisque vous voulez prendre l'exemple.
00:32:34 On va entrer dans l'exemple Roald Dahl, mais
00:32:36 sur ce qu'a fait,
00:32:38 ce que signifie
00:32:40 l'initiative prise par mon confrère,
00:32:42 qu'en pensez-vous ?
00:32:44 Il a eu raison ou pas de faire ça ?
00:32:46 Qu'est-ce qu'il a montré
00:32:48 en prenant cette initiative ?
00:32:50 - Il a montré que toutes ces questions,
00:32:52 aujourd'hui, de sensibilité,
00:32:54 de "sensitivity",
00:32:56 sont très liées
00:32:58 à la puissance des réseaux sociaux
00:33:00 et à l'emballement médiatique.
00:33:02 Donc ça, c'est devenu un catalyseur.
00:33:04 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la question culturelle,
00:33:06 quelle qu'elle soit,
00:33:08 dans l'édition, dans le cinéma, dans l'art contemporain,
00:33:10 elle est fortement marquée
00:33:12 par la présence des réseaux sociaux comme caisse de résonance.
00:33:14 - Et qu'en pensez-vous,
00:33:16 Louis-Georges Thun ?
00:33:18 - Je suis d'accord avec ça, mais...
00:33:20 - Il a eu raison de faire ça ? Enfin, il a montré...
00:33:22 - Je trouve qu'il y a un petit côté
00:33:24 "pompier pyromane".
00:33:26 C'est-à-dire, j'allume l'incendie et je montre qu'il y a un problème
00:33:28 que les gens ne vérifient pas. Alors, c'est vrai qu'il y a un problème,
00:33:30 mais il le renforce.
00:33:32 Je trouve qu'il y a un peu un double jeu
00:33:34 dans cette histoire. Il est bien content d'avoir fait le buzz.
00:33:36 - C'est significatif, quand même.
00:33:38 - C'est un révélateur, mais c'est pas une surprise.
00:33:40 On le savait déjà.
00:33:42 Mais je pense qu'il y avait vraiment une volonté de faire le buzz.
00:33:44 Et en plus, quand il est journaliste,
00:33:46 moi, ça me gêne un peu, parce que
00:33:48 des gens font confiance à la profession de journaliste,
00:33:50 normalement, et quand un journaliste fait
00:33:52 une fake news,
00:33:54 je trouve que ça n'aide pas
00:33:56 à la crédibilité des médias dont nous avons besoin.
00:33:58 - Non, ça, je vous rejoins.
00:34:00 Louis-Georges Thun.
00:34:02 Richard Frander,
00:34:04 je trouve que ça commence très fort, parce qu'on a là toute la synthèse
00:34:06 d'où c'était d'aujourd'hui. C'est-à-dire qu'effectivement,
00:34:08 on veut aller vite, on n'est pas dans la cancel culture,
00:34:10 on est dans la fast-food culture. C'est-à-dire, je balance
00:34:12 une info, que je sois journaliste ou n'importe qui,
00:34:14 effectivement, c'est pire, je trouve, quand on est journaliste,
00:34:16 parce qu'on a déjà moins confiance dans les journalistes.
00:34:18 Alors là, c'est de pire en pire, on est dans le complotisme.
00:34:20 Ensuite, il n'y a aucune
00:34:22 vérification des autres journalistes derrière,
00:34:24 ce qui est de pire en pire, et c'est effectivement ce qui se passe
00:34:26 aujourd'hui, parce qu'on doit aller le plus vite possible pour sortir
00:34:28 l'info le premier. Et plus
00:34:30 c'est idiot, plus ça passe, dirais-je.
00:34:32 Et puis ensuite, les politiques s'y mettent,
00:34:34 ce qui est encore pire.
00:34:36 Défaut de culture, mais quand vous continuez,
00:34:38 effectivement, et on est dans le sujet, si vous continuez,
00:34:40 vous faites venir un historien, moi je vais être le méchant
00:34:42 de service, mais moi j'ai besoin
00:34:44 du livre, j'ai besoin de la base, de la base
00:34:46 originale, pas du livre réécrit.
00:34:48 Si vous continuez à réécrire des livres, et à mettre
00:34:50 trois mots de vocabulaire, vous aurez une société qui n'aura
00:34:52 que trois mots de vocabulaire, et qui n'aura que des réactions,
00:34:54 on va dire barbares,
00:34:56 rapides, idiotes.
00:34:58 Il est onze heures et quart,
00:35:00 nous allons entrer dans le sujet, et nous allons prendre l'exemple
00:35:02 Roald Dahl, tout de suite,
00:35:04 puisque, qui n'a pas lu
00:35:06 quand il était enfant,
00:35:08 qui n'a pas eu un enfant, qui a lu Roald Dahl,
00:35:10 auteur de Charlie et la chocolaterie,
00:35:12 du BGG, le bon gros géant.
00:35:14 Allez, on...
00:35:16 Parce que, pourquoi est-ce qu'on va parler de Roald Dahl ?
00:35:18 Eh bien, parce que
00:35:20 certains textes ont été modifiés.
00:35:22 Il est onze heures quinze, à tout de suite.
00:35:24 (Générique)
00:35:26 Sud Radio Parlons Vrai, chez Bourdin,
00:35:28 10h30, midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
00:35:30 - Bien, des textes
00:35:32 d'auteurs célèbres, révisés,
00:35:34 des mots changés,
00:35:36 des phrases édulcorées.
00:35:38 Avant d'entrer dans l'exemple Roald Dahl,
00:35:40 ça s'est multiplié ces derniers temps ?
00:35:42 Vous qui observez tout cela,
00:35:44 vous êtes des experts, est-ce que ça s'est multiplié ?
00:35:46 Ça se multiplie en ce moment.
00:35:48 Est-ce que les exemples se multiplient ?
00:35:50 Dites-nous, Christophe.
00:35:52 - C'est tout à fait nouveau, puisqu'on a déjà eu des précédents,
00:35:54 si on regarde même historiquement,
00:35:56 dans le temps long. Et puis,
00:35:58 il est clair qu'on a eu le flop des cinq.
00:36:00 Il y a quelques temps, on a eu Agatha Christie,
00:36:02 on a eu Joseph Conrad, on a eu...
00:36:04 - Qu'est-ce qui s'est passé avec Agatha Christie ?
00:36:06 On avait changé, on avait modifié un peu ?
00:36:08 - On avait effectivement modifié le titre.
00:36:10 Et moi, ça m'a beaucoup fait penser...
00:36:12 - Et Dipty Neck ! - Exactement !
00:36:14 Et ça m'a beaucoup fait penser aussi à cette formule...
00:36:16 - Dipty Neck, on l'a appelé comment ?
00:36:18 - Ils étaient dix.
00:36:20 Et ça m'a fait penser justement
00:36:22 à la formule d'Uberto Eco, qui dit
00:36:24 assez justement "un titre doit embrouiller
00:36:26 les idées". Pour le coup, ce titre a vraiment
00:36:28 embrouillé les idées. C'est toute la question de
00:36:30 l'intégrité même du titre
00:36:32 et de le modifier.
00:36:34 Mais il y a d'autres éléments, le club des cinq
00:36:36 qui a perdu son passé simple,
00:36:38 et des changements
00:36:40 comme ceux de Roald Dahl, qui sont
00:36:42 extrêmement importants. - Alors Roald Dahl, j'explique,
00:36:44 auteur de "Charlie et la chocolaterie",
00:36:46 de BGG, "Le bon gros géant".
00:36:48 Tu as un petit exemple,
00:36:50 "Tant éponge n'est plus terriblement grosse
00:36:52 et flasque, mais devient une
00:36:54 vieille brute
00:36:56 méchante".
00:36:58 Elle n'est plus grosse et flasque.
00:37:00 - Parce que flasque, c'est peut-être un peu compliqué
00:37:02 pour des jeunes, et puis ça choque...
00:37:04 - C'est parce que c'est compliqué, le mot ?
00:37:06 Ou c'est parce que flasque,
00:37:08 évidemment, c'est péjoratif.
00:37:10 - Tout est compliqué à partir du
00:37:12 moment où on a l'impression que ça va gêner
00:37:14 certains qui peut-être ne
00:37:16 comprennent pas, ou qui seront gênés
00:37:18 en termes d'ethnie, en termes
00:37:20 de politique, en termes de tout.
00:37:22 On a peur de tout.
00:37:24 - On a peur de tout, Louis-Georges Pint ?
00:37:26 - Il faut resituer ces débats dans la très
00:37:28 longue durée, c'est ce que vous disiez, monsieur Rillaud,
00:37:30 parce que ça a toujours existé.
00:37:32 C'est-à-dire que la littérature
00:37:34 a toujours été une réécriture. Par exemple,
00:37:36 les contes. - Oui. - Les contes
00:37:38 sont un fond mythologique.
00:37:40 Les contes de Grimm,
00:37:42 d'Andersen, de Perrault ont été réécrites.
00:37:44 C'est-à-dire que pour Cendrillon, par exemple, on en a compté au moins
00:37:46 345 versions. Et
00:37:48 parfois on disait, parce que dans la version
00:37:50 de Perrault, de Grimm, par exemple, à la fin,
00:37:52 les sœurs, elles sont mutilées, elles se coupent
00:37:54 les orteils. Et on dit aujourd'hui, c'est un peu
00:37:56 compliqué. Dans la version allemande, figurez-vous que les sœurs
00:37:58 sont sur des chaussures brûlantes,
00:38:00 elles sont punies, elles meurent, en fait, comme ça.
00:38:02 Évidemment, pour des enfants d'aujourd'hui, on ne voudrait pas mettre des choses
00:38:04 comme ça. Donc il y a toujours eu des versions.
00:38:06 - Et pourquoi ? - En tout cas, aujourd'hui, personne ne
00:38:08 fait ça. - Personne ne fait ça.
00:38:10 Donc, ce que je veux dire par là, c'est que
00:38:12 dans beaucoup de cas, notamment en littérature de jeunesse,
00:38:14 il est très difficile d'identifier un fond,
00:38:16 une origine,
00:38:18 parce que ce sont des textes
00:38:20 qui ont circulé, et il y a 345
00:38:22 versions de Cendrillon.
00:38:24 Donc quand vous dites "il faut respecter l'auteur", oui, mais lequel ?
00:38:26 - Oui, mais lequel ? - C'est un exemple.
00:38:28 - C'est pas la même chose. - Il y a un autre exemple, c'est Blanche-Neige
00:38:30 et les Sept-Nains.
00:38:32 Le baiser,
00:38:34 le prince
00:38:36 doit embrasser
00:38:38 un baiser d'amour véritable
00:38:40 pour que Blanche-Neige
00:38:42 se libère du maléfice.
00:38:44 Du maléfice de la méchante
00:38:46 reine. Alors, il paraît que
00:38:48 ce baiser, c'est une création de Disney en
00:38:50 1937. - Mais c'est pour ça que je dis que
00:38:52 toutes ces oeuvres, en fait, ont vécu.
00:38:54 Donc souvent, on se dit "il faut respecter
00:38:56 l'auteur", mais des auteurs, il y en a beaucoup.
00:38:58 Moi, j'ai lu, par exemple, Homer en
00:39:00 sixième, dans une version pour enfants.
00:39:02 C'est-à-dire qu'on a considéré que
00:39:04 l'Iliade, c'était trop compliqué. J'ai lu
00:39:06 une version pour enfants, ce qui ne m'a pas empêché de lire après
00:39:08 le texte original. Donc, ça fait
00:39:10 très très longtemps, Jules Verne, par exemple,
00:39:12 la plupart des enfants, on le lit dans des
00:39:14 versions raccourcies. - Oui, mais là, c'est parce que
00:39:16 on considère que c'était trop compliqué.
00:39:18 Les raisons pour lesquelles
00:39:20 certains textes sont revisités sont autres.
00:39:22 - Quand vous publiez Jules Verne dans une version divisée
00:39:24 par deux, il y a beaucoup de choses
00:39:26 qui disparaissent. Moi, ce que je dis, c'est qu'au fond,
00:39:28 on a toujours écrit.
00:39:30 Moi, ce que j'aimerais simplement, c'est la transparence.
00:39:32 C'est-à-dire que quelqu'un qui dit
00:39:34 "je vais changer le texte",
00:39:36 j'ai envie de dire, sur le fond, ça ne me gêne pas.
00:39:38 J'aimerais juste le savoir.
00:39:40 J'aimerais juste savoir, dans une introduction,
00:39:42 une préface, ce qui a été changé.
00:39:44 Et le débat, pour moi, ne porte pas sur
00:39:46 le fait qu'on ait changé ou pas,
00:39:48 mais pourquoi on a voulu changer.
00:39:50 Et il y a de bonnes ou de mauvaises raisons.
00:39:52 Si on dit "on va changer
00:39:54 Homer, tout en le précisant
00:39:56 pour qu'il soit plus accessible à la jeunesse",
00:39:58 je dis, c'est une bonne idée.
00:40:00 Si on dit "on va changer tel autre texte
00:40:02 par rapport à telle sensibilité",
00:40:04 je dis, il faut débattre au cas par cas.
00:40:06 Donc je ne ferai pas un débat de fond,
00:40:08 de principe, je veux dire,
00:40:10 parce que ça s'est toujours fait.
00:40:12 Simplement, on le fait souvent sans dire.
00:40:14 Je prends un exemple simple. Les sonnets de Shakespeare,
00:40:16 qui sont pour la plupart des sonnets
00:40:18 homosexuels, homoérotiques,
00:40:20 eh bien, pendant des siècles,
00:40:22 on les a transcrits en changeant
00:40:24 les "hi" en "shi".
00:40:26 Donc il n'était plus amoureux d'un homme et d'une femme.
00:40:28 Mais on ne le disait pas.
00:40:30 Alors si on l'avait dit dans une préface,
00:40:32 "l'homosexualité ne nous convient pas, on a changé etc."
00:40:34 Bon, à la limite, mais non.
00:40:36 On avait occulté, on avait trafiqué l'oeuvre.
00:40:38 Là, je sais, c'est gênant.
00:40:40 Vous voyez, moi, ce qui me gêne plus, c'est l'absence de transparence.
00:40:42 Parce qu'on a toujours écrit,
00:40:44 mais on ne le dit pas toujours.
00:40:46 - Oui, mais Louis-Georges Teint,
00:40:48 lorsque dans les romans de Jan Fleming,
00:40:50 le créateur de James Bond,
00:40:52 on change les textes,
00:40:54 par exemple les références à la couleur de peau noire
00:40:56 qui sont supprimées,
00:40:58 une peau couleur chocolat,
00:41:00 on supprime cette phrase-là.
00:41:02 Ou des yeux en amande,
00:41:04 on supprime aussi cette phrase-là.
00:41:06 Ça vous choque ou pas qu'on la supprime ?
00:41:08 - Si on ne dit pas dans une introduction, dans une préface,
00:41:10 "nous avons fait des modifications pour telle ou telle raison",
00:41:12 là, ça me choque.
00:41:14 Si on précise les raisons pour lesquelles on le fait,
00:41:16 je dis, ça ouvre un débat intéressant.
00:41:18 - Qu'est-ce que vous en pensez, Richard Flanders ?
00:41:20 - J'hallucine parfois un petit peu de ce que j'entends,
00:41:22 mais j'entends, mais je ne comprends pas.
00:41:24 Non, ça ne s'est pas fait depuis toujours.
00:41:26 Quand on veut réécrire quelque chose,
00:41:28 on écrit un autre texte, par exemple,
00:41:30 "La Marmite" qui a été écrite
00:41:32 dans le 3ème siècle avant notre ère,
00:41:34 de Plaute, c'est devenu "L'Avare"
00:41:36 plus tard, parce que ça a été réécrit,
00:41:38 mais c'est devenu une autre oeuvre.
00:41:40 Pour ce que vous racontiez,
00:41:42 non, c'est des contes et légendes,
00:41:44 et effectivement, les contes et légendes, c'est de l'oral.
00:41:46 Et l'oral, effectivement, il y a 340 versions,
00:41:48 peut-être 340 000, parce que dans différents pays...
00:41:50 - Des versions écrites, j'ai pris des versions écrites.
00:41:52 - Et ça devient ensuite des versions écrites, évidemment,
00:41:54 mais c'est pas la même chose.
00:41:56 Donc, pourquoi réécrire un livre ?
00:41:58 En plus, c'est une aberration, comme je disais tout à l'heure,
00:42:00 un historien ne peut pas dire
00:42:02 "Qu'est-ce que je prends, moi, comme livre ?
00:42:04 Qu'est-ce que je prends, moi, en tant qu'historien, comme texte ?
00:42:06 Je prends l'original, je prends celui qui plaît, parce qu'on ne veut pas dire ceci."
00:42:08 - Mais moi, qui suis historien de la littérature,
00:42:10 je prends tous les textes. Si je veux le texte original,
00:42:12 j'ai besoin de savoir que la version que j'entrelais main
00:42:14 n'est pas la version originale.
00:42:16 - Oui, mais quel est le texte que l'on doit livrer
00:42:18 au public, au grand public ?
00:42:20 Est-ce que c'est le texte original,
00:42:22 ou est-ce que c'est le texte modifié ?
00:42:24 - C'est un choix éditorial. L'éditeur, il prend une responsabilité.
00:42:26 - Alors, il y a une raison économique.
00:42:28 - Il a besoin, bien sûr.
00:42:30 Mais, s'il dit...
00:42:32 D'abord, du vivant de l'auteur, il y a parfois beaucoup de versions.
00:42:34 Ronsard, par exemple,
00:42:36 a souvent réécrit plus de 7 ou 8 fois
00:42:38 ses œuvres de son vivant.
00:42:40 Donc, encore une fois, que l'éditeur
00:42:42 fasse un choix,
00:42:44 c'est sa liberté. Mais qu'il ne dise
00:42:46 pas quel est ce choix, là,
00:42:48 c'est le danger. - Mais, lorsqu'Agatha Christie,
00:42:50 le titre "Les 10 petits nègres" est changé,
00:42:52 c'est le titre qui est changé.
00:42:54 - Mais, Agatha Christie, de son vivant,
00:42:56 avait déjà, sur ce point précis, c'est pour ça que je dis qu'il faut aller au cas par cas,
00:42:58 elle avait déjà donné un accord
00:43:00 pour l'édition anglaise sur ce titre-là.
00:43:02 Et les ayants droit, qui ont évidemment
00:43:04 des droits, par définition, ont donné
00:43:06 leur accord. Donc, quand les ayants droit
00:43:08 à fonciorer l'auteur disent "oui"
00:43:10 à ce changement, eh bien,
00:43:12 on peut ne pas être d'accord. Mais, du point de vue légal,
00:43:14 ils ont, évidemment, le droit.
00:43:16 - Vous voyez pourquoi je dis qu'il est important
00:43:18 de regarder les choses de cas par cas ?
00:43:20 - Mais, est-ce que, dans de nombreux cas,
00:43:22 on peut parler de censure ? Parce que, encore une fois,
00:43:24 la ministre de la Culture s'inquiète.
00:43:26 Certains écrivent
00:43:28 et parlent de censure, Salman Rushdie
00:43:30 lui-même ! C'est une censure absurde !
00:43:32 L'éditeur
00:43:34 devra avoir honte, l'éditeur
00:43:36 de Roald Dahl,
00:43:38 devra avoir honte de changer comme ça
00:43:40 un texte, de changer des mots,
00:43:42 de changer des phrases ? Oui,
00:43:44 j'ai envie de me souvenir
00:43:46 du siècle des Lumières,
00:43:48 où, justement, on se levait
00:43:50 contre l'oppression. On va prendre Beaumarchais,
00:43:52 si vous me donnez quelques secondes, je vais vous lire Beaumarchais,
00:43:54 parce que, quand même, dans son
00:43:56 "Mariage de Figaro", vous avez donc le héros
00:43:58 qui veut changer de métier et qui, donc, se lance
00:44:00 dans la presse et dit "pourvu que je ne parle
00:44:02 en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte,
00:44:04 ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place,
00:44:06 ni des corps en crédit, ni de l'opéra,
00:44:08 ni des autres spectacles, ni de personnes qui tiennent
00:44:10 à quelque chose, je puis tout imprimer".
00:44:12 On a fait la révolution pour ça.
00:44:14 Mais attention, les mots ont un sens.
00:44:16 Pour la liberté d'expression. Mais oui,
00:44:18 mais la révolution, c'est un retour au départ.
00:44:20 Les mots ont un sens. Il faut faire attention
00:44:22 à ne pas revenir à ça.
00:44:24 Et ça, moi, je m'inquiète très fortement, parce qu'on
00:44:26 va... On prive les mots de sens ?
00:44:28 Mais bien entendu. On prive
00:44:30 des textes de sens ? Vous parliez de Ronsard
00:44:32 qui réécrivait, mais on a
00:44:34 d'autres. Flaubert passait une journée
00:44:36 à écrire parfois une phrase.
00:44:38 Et les mots ont un sens. C'est extrêmement
00:44:40 important. Quand vous privez,
00:44:42 si on prive qu'on soit éditeur
00:44:44 ou qu'on soit ayant droit, si on prive
00:44:46 l'oeuvre originale, mais changez de titre.
00:44:48 Dans ces cas-là. Changez de fait d'une autre
00:44:50 oeuvre. - Vous parlez d'une manière un peu générale.
00:44:52 - Mais non, mais c'est important. - Je ne dispose pas.
00:44:54 Mais lorsque un auteur réécrit ses oeuvres,
00:44:56 ou lorsque des ayants droit
00:44:58 proposent des modifications, ils ont légalement
00:45:00 le droit de le faire, typiquement.
00:45:02 Après, je dis, il doit y avoir un débat.
00:45:04 Et sur chacun des sujets,
00:45:06 on peut débattre. Mais,
00:45:08 encore, pour qu'il y ait un débat, encore, il faut qu'on soit
00:45:10 informé de ce qui a été changé.
00:45:12 Donc, ce n'est pas la même chose lorsqu'il y a une
00:45:14 volonté d'occultation, et lorsqu'il y a un
00:45:16 changement qui répond à des exigences
00:45:18 sur lesquelles on peut être d'accord ou pas d'accord.
00:45:20 Donc, je pense qu'il faut être très attentif,
00:45:22 moi je le dis en tant qu'historien de la littérature,
00:45:24 aux situations qui ne sont pas les mêmes.
00:45:26 Et encore une fois, c'est un débat très ancien.
00:45:28 Les éditions expurgées, par exemple,
00:45:30 c'est très ancien.
00:45:32 Aujourd'hui, simplement, on en parle plus
00:45:34 parce qu'il y a les réseaux sociaux.
00:45:36 Mais c'est pas que ça ne nous mène en soi à nouveau.
00:45:38 - Ça dépasse les textes, aujourd'hui.
00:45:40 Aujourd'hui, ça atteint
00:45:42 le théâtre, ça atteint le cinéma.
00:45:44 - Bien sûr, c'est toujours tel cas.
00:45:46 Hollywood, par exemple, en matière de cinéma,
00:45:48 que faisait-il et pourquoi ont-ils eu
00:45:50 ce succès planétaire ? C'est-à-dire que,
00:45:52 dès le début, ils faisaient
00:45:54 des séances
00:45:56 auprès des différentes minorités.
00:45:58 Donc, ils faisaient venir
00:46:00 un Irlandais, un Noir, un Latino,
00:46:02 ils disaient "Regardez ce film".
00:46:04 Et différents publics disaient "Non, moi, j'aime pas", etc.
00:46:06 Ils intégraient cela
00:46:08 et disaient "Avec cette
00:46:10 manière, nous pourrons vendre notre film
00:46:12 non seulement au niveau national,
00:46:14 mais au niveau international". On mettait toujours des acteurs
00:46:16 français, des acteurs brésiliens, des acteurs
00:46:18 espagnols, et jusqu'à aujourd'hui... - C'est du marketing.
00:46:20 - C'est du marketing. - C'est du marketing. - Et ils ont
00:46:22 décidé, et c'est leur choix,
00:46:24 d'intégrer la réception
00:46:26 dans la production. Vous ne pouvez pas être d'accord.
00:46:28 Mais c'est pas quelque chose de nouveau, vous voyez.
00:46:30 Et c'est pour ça que le cinéma américain
00:46:32 c'est si bien vendu un peu partout, et même au niveau
00:46:34 international. - Je comprends. - C'est-à-dire que vous prenez
00:46:36 un ave américain, mais vous mettez un acteur
00:46:38 français, vous êtes sûr qu'il fera un carton en France.
00:46:40 Et on a de bons acteurs français par ailleurs.
00:46:42 Donc, encore une fois,
00:46:44 cette intégration de la sensibilité
00:46:46 n'a absolument rien de nouveau. Dès le début
00:46:48 du cinéma, dès le début de la littérature,
00:46:50 ces phénomènes se font... Toute la littérature
00:46:52 médiévale fonctionne comme ça, par exemple. - Bien.
00:46:54 Il est 11h30, nous allons poursuivre ce débat qui est passionnant.
00:46:56 Et si vous voulez vous mêler
00:46:58 à notre conversation, n'hésitez pas, 0826
00:47:00 300 300. A tout de suite,
00:47:02 un peu de pub, il est 11h30.
00:47:04 - Sud Radio Parlons Vrai
00:47:06 chez Bourdin, 10h30,
00:47:08 midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
00:47:10 - Il est 11h34, allez.
00:47:12 Je reprends ce que dit
00:47:14 la ministre de la Culture
00:47:16 et encore une fois, c'est mon confrère
00:47:18 du Monde qui
00:47:20 rapporte ce qu'elle
00:47:22 dit. Elle dit "Il n'est pas question de restreindre
00:47:24 la liberté d'interpréter tel ou tel rôle."
00:47:26 À propos du cinéma,
00:47:28 pour la ministre, un noir peut jouer
00:47:30 un blanc, un hétéro, un homo,
00:47:32 une femme, un personnage
00:47:34 trans et inversement.
00:47:36 Elle prend l'exemple de Tom Hanks,
00:47:38 Tom Hanks, acteur américain,
00:47:40 oscarisé pour son rôle d'homosexuel atteint du sida
00:47:42 dans Philadelphia, qui aujourd'hui
00:47:44 refuserait le rôle, parlant
00:47:46 de l'inauthenticité d'un hétéro
00:47:48 jouant un gay.
00:47:50 Et à cela, l'acteur français
00:47:52 Vincent Dedienne a rétorqué que si Tom Hanks
00:47:54 n'est pas gay, Denzel Washington,
00:47:56 son avocat dans le film, n'est pas avocat
00:47:58 dans la vie. Ajoutant, il fait
00:48:00 sale temps pour les acteurs.
00:48:02 C'est très intéressant.
00:48:04 - Je serais d'accord avec ça
00:48:06 si nous étions dans un monde sans discrimination.
00:48:08 Prenons la question noire, par exemple.
00:48:10 Beaucoup de noirs, aux Etats-Unis
00:48:12 comme en France, n'avaient pas
00:48:14 un très grand accès au monde du cinéma
00:48:16 et ne pouvaient jouer que des rôles de noirs,
00:48:18 entre guillemets. Par exemple,
00:48:20 pour les femmes, c'était le rôle de la domestique,
00:48:22 la bonniche, comme on dirait.
00:48:24 Pour les hommes,
00:48:26 c'était le rôle du malfrat ou du domestique.
00:48:28 Donc, lorsqu'il y avait de grands
00:48:30 rôles, les acteurs noirs ne pouvaient pas
00:48:32 jouer des rôles ordinaires, c'est-à-dire des rôles
00:48:34 de blancs. Donc,
00:48:36 si vous voulez, lorsque les noirs ne peuvent jouer
00:48:38 que des rôles de noirs, et qu'en plus,
00:48:40 Otello est joué par un blanc,
00:48:42 comme c'est arrivé il y a quelques années
00:48:44 ici en France, à l'Odéon,
00:48:46 on peut ni jouer les rôles de noirs
00:48:48 fameux, ni jouer
00:48:50 les rôles sans couleur fameux.
00:48:52 Nous sommes toujours cantonnés à des rôles
00:48:54 mineurs, de noirs,
00:48:56 marginaux. Nous n'avons pas de grands rôles.
00:48:58 Donc, dans un cadre idéal,
00:49:00 je dirais, il n'y a pas de problème. Mais on n'en est
00:49:02 pas là. Vous voyez la difficulté ?
00:49:04 Donc, si un acteur noir ne peut jouer
00:49:06 ni les grands rôles de noirs,
00:49:08 ni les grands rôles de blancs, quelle est la carrière
00:49:10 à laquelle il pourra aspirer ?
00:49:12 - Je suis d'accord, mais en quoi
00:49:14 est-ce choquant qu'un grand, en rang,
00:49:16 qu'un grand personnage blanc soit
00:49:18 joué par un acteur noir ? Est-ce que c'est
00:49:20 choquant ? Vous pensez que ça nous choquerait ?
00:49:22 - C'est ça qui a été testé, par exemple,
00:49:24 dans les chroniques de "Bridgerton", qui se passe
00:49:26 dans la royauté anglaise,
00:49:28 avec des acteurs noirs, ce qui est évidemment
00:49:30 complètement fantaisiste. Au début,
00:49:32 les gens ont été choqués, et je crois
00:49:34 qu'après quelques minutes, ils ne voient
00:49:36 plus la couleur. - Il faut dire qu'il est exceptionnel, l'acteur.
00:49:38 - L'acteur est exceptionnel. C'est ça qu'on retient.
00:49:40 C'est intéressant, parce qu'ils disent finalement,
00:49:42 un noir peut jouer un rôle de blanc, parce que la Reine
00:49:44 Victoria était blanche, mais il y a une actrice noire...
00:49:46 - Certains ne veulent pas. - Voilà. Certains ne veulent pas. C'est ça le problème.
00:49:48 - Certains ne veulent pas qu'un noir joue un rôle de blanc,
00:49:50 mais certains, dans la communauté
00:49:52 noire, comme dans la communauté blanche.
00:49:54 - Mais en réaction. - En réaction.
00:49:56 - Parce que des noirs se disent "si nous, nous ne pouvons pas
00:49:58 jouer des rôles de blanc, pourquoi est-ce qu'on voudrait autoriser
00:50:00 des blancs à jouer des rôles de noir ?" Mais,
00:50:02 si tout le monde pouvait jouer n'importe quel rôle du moment
00:50:04 qu'il était un grand acteur, le problème serait réglé.
00:50:06 - Ça vous choque qu'un hétéro
00:50:08 joue un rôle de gay ? - Je ferais la même réponse.
00:50:10 - La même réponse ? - Mais regardez Omar Sy,
00:50:12 par exemple. Omar Sy dans "Arsène Lupin".
00:50:14 Il joue même pas le rôle d'Arsène Lupin.
00:50:16 Il joue le rôle de quelqu'un qui aime
00:50:18 Arsène Lupin. Mais, aussitôt que les gens
00:50:20 ont su qu'il y avait un film qui s'appelle
00:50:22 "Arsène Lupin" dans lequel Omar Sy joue
00:50:24 le rôle principal, ça a été évidemment
00:50:26 polémique sur polémique, l'héroïsme,
00:50:28 etc. Or, même si Omar Sy
00:50:30 jouait le rôle d'Arsène Lupin, pourquoi pas ?
00:50:32 - Oui,
00:50:34 Christophe Rieu. - Oui, on le voit bien que
00:50:36 depuis Otello et Orson Welles,
00:50:38 on voit bien que tout ça a agité,
00:50:40 qu'il y a eu du grand débat autour de tous ces sujets
00:50:42 et que la question c'est la contextualisation.
00:50:44 C'est évidemment la question du
00:50:46 contexte. Et je reviendrai à l'exemple qu'on évoquait tout à l'heure
00:50:48 qui était celui des comptes. C'est un peu la même
00:50:50 chose. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le danger,
00:50:52 le vrai danger, au-delà de la
00:50:54 censure qu'on a citée ou
00:50:56 soulignée,
00:50:58 qui me semble, dans un certain
00:51:00 nombre de cas, assez éloignée.
00:51:02 Voilà, on peut
00:51:04 avoir de l'auto-censure. En revanche,
00:51:06 c'est la charge même, la puissance.
00:51:08 Si je reprends l'exemple des comptes,
00:51:10 il ne faut pas oublier qu'un psychanalyste
00:51:12 comme Bruno Bettelaume, dans sa psychanalyse
00:51:14 des comptes de fées, a signé
00:51:16 au compte une puissance cathartique
00:51:18 d'émotion et que
00:51:20 édulcorer ces œuvres
00:51:22 est un risque majeur.
00:51:24 - Mais si on rend les textes plats ?
00:51:26 Un livre, ça aide à grandir.
00:51:28 Ça aide les enfants à apprendre.
00:51:30 On ne peut pas
00:51:32 édulcorer un texte
00:51:34 sous prétexte.
00:51:36 - Non, je ne sais pas. Les enfants
00:51:38 ont besoin de réalité.
00:51:40 - Ce n'est pas au bon vouloir.
00:51:42 Quand vous supprimez de la comtesse de Ségur,
00:51:44 il y a une partie du baptême.
00:51:46 Il y a le baptême, donc on ne peut pas l'étudier
00:51:48 dans les écoles laïques. On en arrive
00:51:50 à quelque chose qui n'est pas normal.
00:51:52 Or, ce qui est grave, à mon sens,
00:51:54 c'est que sous prétexte d'égalité
00:51:56 pour tous, on va en arriver à des gens
00:51:58 qui, nous, on a eu la chance d'aller à l'université,
00:52:00 donc on a des enfants, donc on peut dire
00:52:02 "tu vas lire plutôt celui-ci,
00:52:04 donc l'original", et donc on va avoir
00:52:06 une véritable inégalité des chances
00:52:08 sous prétexte d'égalité.
00:52:10 Ça n'a pas de sens.
00:52:12 - J'ai lu un autre texte,
00:52:14 je vais le citer,
00:52:16 de Laure Murat, je ne sais pas si vous la connaissez,
00:52:18 qui est historienne, essayiste, professeure de littérature
00:52:20 à l'université de Californie,
00:52:22 à Los Angeles, et qui dit
00:52:24 "Attention, on ne réécrit pas l'histoire,
00:52:26 dit-on", c'est ce qu'elle a écrit,
00:52:28 "or rien n'est plus faux,
00:52:30 on passe son temps à réviser nos jugements,
00:52:32 à découvrir de nouveaux éléments, à fournir
00:52:34 des interprétations inédites, la cancel culture,
00:52:36 à qui il est reproché
00:52:38 de sortir les choses de leur contexte,
00:52:40 et d'imposer un regard manichéen sur le passé,
00:52:42 braque le projecteur sur des aspects
00:52:44 le plus souvent liés à l'histoire coloniale
00:52:46 dans le but de rééquilibrer un récit jugé mythique,
00:52:48 partial, incomplet,
00:52:50 pour mieux s'en émanciper."
00:52:52 Elle défend.
00:52:54 - Moi je suis d'accord avec ce que dit Laure Murat,
00:52:56 je vais prendre l'exemple très fameux de Tintin au Congo.
00:52:58 Tout le monde se rappelle
00:53:00 l'image extrêmement raciste de Tintin au Congo.
00:53:02 Les ayants droit,
00:53:04 donc la maison d'édition,
00:53:06 dans l'édition anglaise, a proposé
00:53:08 une introduction
00:53:10 expliquant le contexte de l'époque.
00:53:12 Ce qui me semble une très bonne formule.
00:53:14 Lecran, à l'époque j'en étais président,
00:53:16 avait demandé exactement la même chose
00:53:18 dans la version française.
00:53:20 La maison d'édition l'a refusée.
00:53:22 Donc nous n'avons jamais demandé que l'on supprime
00:53:24 Tintin au Congo ou qu'on le récrive.
00:53:26 On disait, il faut mettre un contexte,
00:53:28 vous avez parlé tout à l'heure de contexte à juste titre,
00:53:30 et on se demande pourquoi dans le contexte français
00:53:32 ils ont refusé alors que dans le contexte anglais
00:53:34 ils l'ont fait. Voyez, le problème il est là.
00:53:36 C'est pour ça que je dis que nous devons être
00:53:38 attentifs aux situations,
00:53:40 parce que la situation de Tintin au Congo n'est pas la même
00:53:42 que celle de Hergé, n'est pas la même que celle des comptes de Grimm,
00:53:44 n'est pas la même que celle d'Omer dont je parlais,
00:53:46 etc. Et dans l'emballement
00:53:48 médiatique, on est souvent guidé par
00:53:50 des préoccupations idéologiques et pourquoi pas,
00:53:52 et on mélange tout. Or chacune de ces
00:53:54 situations est très différente.
00:53:56 - Mais quel est le rôle de l'école ?
00:53:58 Quel est le rôle de l'école aujourd'hui ? Pardon, mais
00:54:00 l'école devrait servir à ça, à contextualiser.
00:54:02 Malheureusement, c'est pas du tout le cas.
00:54:04 - Explication !
00:54:06 - C'est comme ça qu'on fabrique des êtres humains
00:54:08 évolués.
00:54:10 - Bien sûr. - Et évolués et curieux.
00:54:12 - Madeleine, tiens.
00:54:14 - Oui, bonjour. - Oui, Madeleine,
00:54:16 vous allez bien, Madeleine. Merci d'être avec nous.
00:54:18 - Oui, bonjour, très bien. Merci pour vos émissions,
00:54:20 c'est vraiment extraordinaire.
00:54:22 Moi, je voulais dire, moi je suis de l'ancienne
00:54:24 génération, et je pense
00:54:26 que la France doit garder sa liberté
00:54:28 d'expression. Alors, j'ai
00:54:30 beaucoup aimé votre dernier
00:54:32 interlocuteur en étant pas
00:54:34 manichéen, et je pense que
00:54:36 il faut qu'il y ait un groupe
00:54:38 en l'État, je pense que c'est l'État
00:54:40 peut-être, pour avoir
00:54:42 un groupe
00:54:44 pour que l'école, pour que tout ça soit
00:54:46 bien mis en perspective,
00:54:48 parce qu'on va arriver...
00:54:50 - On garde le texte originel,
00:54:52 et quand il faut mettre en perspective,
00:54:54 on met en perspective. - Exactement.
00:54:56 Il faut
00:54:58 arriver à ce que les
00:55:00 gamins comprennent, à ce que les gens comprennent.
00:55:02 Les gens manquent de culture
00:55:04 actuellement, et l'école,
00:55:06 bon, ça devient terrible, quoi.
00:55:08 - Oui, vous avez raison, Madeleine. - Donc la France
00:55:10 doit rester la France. On n'est
00:55:12 pas l'Amérique, on n'est pas l'Angleterre.
00:55:14 - Là, on est bien d'accord, c'est d'ailleurs un peu
00:55:16 l'unanimité, autour de
00:55:18 l'exception... Parlons
00:55:20 de l'ex... Ah non, vous n'êtes pas d'accord, Louis
00:55:22 Georgetown ? Merci, Madeleine ! - Chaque pays est une
00:55:24 exception. - L'exception culturelle française. - Chaque pays est une exception.
00:55:26 - Oui, chaque pays est une exception. - Parce que le mot "exceptionnel"
00:55:28 a deux sens. Soit on veut dire unique,
00:55:30 soit on veut dire supérieur. - Mais dites-moi,
00:55:32 pour mettre un peu de... pour animer
00:55:34 notre débat, Churchill,
00:55:36 on connaît tous, on a...
00:55:38 Moi, j'ai beaucoup lu Churchill, bon,
00:55:40 évidemment,
00:55:42 Churchill, l'inégalité des races,
00:55:44 il en a fait des déclarations, on le sait.
00:55:46 Bon, sa
00:55:48 statut qui a été
00:55:50 tagué, par exemple, raciste,
00:55:52 on a mis sur sa statue, vous comprenez ça ?
00:55:54 - Alors, concernant Churchill, il ne s'agit pas simplement
00:55:56 de déclaration. - Oui. - Il faut se
00:55:58 rappeler que pendant la Seconde Guerre mondiale, il a organisé
00:56:00 une famine en Inde,
00:56:02 qui a causé la mort de 3 millions de personnes. - Ça c'est vrai. - C'est un crime contre
00:56:04 l'humanité. - Mais il y a plus que des déclarations. - Les Russes ont fait la même chose
00:56:06 en Ukraine, il y a un très bon documentaire qui a été
00:56:08 fait. Donc, c'est un crime contre l'humanité. - En
00:56:10 USS, pas qu'en Ukraine, mais bon. - Voilà.
00:56:12 - Oui. - Vous avez raison. Donc,
00:56:14 c'est un autre débat, mais qui est assez proche, vous avez raison.
00:56:16 Et lorsque
00:56:18 on a l'exaltation
00:56:20 de ces personnages historiques qui ont commis des crimes contre
00:56:22 l'humanité, nous avons le même problème en France.
00:56:24 - Ben, Napoléon ? - Napoléon.
00:56:26 Quand j'étais président de l'Ukraine,
00:56:28 nous avons fait campagne, par exemple. - Quel crime contre
00:56:30 l'humanité ? - Attendez, attendez. Sur Colbert,
00:56:32 vous avez la statue de Colbert, vous savez
00:56:34 qu'il est celui qui a préparé le Code noir,
00:56:36 celui qui a fondé la Compagnie des Indes,
00:56:38 qui était une compagnie esclavagiste. Quand vous avez
00:56:40 sa statue devant l'Assemblée,
00:56:42 sous l'écrito "liberté, égalité,
00:56:44 fraternité", alors qu'il était l'ennemi de la liberté,
00:56:46 l'ennemi de l'égalité, l'ennemi
00:56:48 de la fraternité. C'est un problème. Faut-il
00:56:50 casser la statue ? Je dis non. - Non.
00:56:52 - Faut-il la garder devant l'Assemblée ? Je dis non.
00:56:54 Je dis, il faut la mettre dans un musée, ou précisément...
00:56:56 - Mais pourquoi est-ce que vous ne la gardez pas devant l'Assemblée
00:56:58 avec une explication ? - Ben, même ça,
00:57:00 ça a été refusé. - Justement, avec une explication...
00:57:02 - Mais même ça, ça a été refusé. - Avec une explication, comment dire ?
00:57:04 Juste, une explication
00:57:06 équilibrée. - Mais même ça, ça a été refusé.
00:57:08 Vous voyez ? M. Macron a dit "on ne touche
00:57:10 à rien", le président de l'Assemblée a dit la même chose.
00:57:12 Donc même ça, vous voyez, puisqu'on avait dit la même chose sur Tintin,
00:57:14 on pourrait faire la même chose.
00:57:16 Même ça, ça a été refusé.
00:57:18 Vous voyez ? - C'est à ça qu'on sert.
00:57:20 C'est à ça que je sers. Il faudra remettre ton contexte.
00:57:22 - Il n'existe rien. - Oui, heureusement qu'on est là
00:57:24 pour contextualiser. - C'est pour ça que, quand on dit
00:57:26 "les gens, ils veulent tout casser", etc., je dis non.
00:57:28 Nous voulons expliquer. Mais précisément,
00:57:30 ceux qui en fassent, en ce discours
00:57:32 idéologique, sont les premiers à refuser
00:57:34 toute explication. Lorsqu'on sait que
00:57:36 l'Elysée a été un palais qui a été
00:57:38 acheté par le plus grand esclavagiste
00:57:40 de l'histoire de France. - Oui.
00:57:42 - Qui est-ce qui le sait ? - Oui.
00:57:44 - J'ai créé une tribune pour le dire, ça a été confirmé,
00:57:46 c'était sur France Culture. M. Macron
00:57:48 qui a toujours dit "il faut regarder la vérité
00:57:50 en face", mais il n'a rien regardé du tout.
00:57:52 Et les yeux, évidemment,
00:57:54 aveugles, ils ne voient rien. - Oui, mais...
00:57:56 - On pourrait avoir un lieu... - On déménage ?
00:57:58 - Non, pas du tout. On peut avoir un lieu à l'Elysée
00:58:00 ou sur le site de l'Elysée
00:58:02 qui dit "voilà l'historique, mais nous
00:58:04 avons avancé, l'esclavage a été aboli", etc.
00:58:06 C'est pas compliqué. - Non, ça je suis d'accord.
00:58:08 - Et comment vous expliquer qu'on ait détruit
00:58:10 la statue de Victor Schellcher ? Alors à ce moment-là,
00:58:12 est-ce que c'est pas un manque de culture et d'éducation ?
00:58:14 - Alors, en Martinique, en effet, Victor Schellcher...
00:58:16 - Je leur dis que c'est celui qui a aboli l'esclavage.
00:58:18 - C'est celui qui a aboli l'esclavage. Ça n'a pas de sens.
00:58:20 - Alors, moi je ne l'aurais pas fait.
00:58:22 - Non, mais c'est pas vous. - Mais je précise.
00:58:24 La raison pour laquelle
00:58:26 les gens... Enfin, au fond, le message a été
00:58:28 maladroit, je pense, même si sur le fond
00:58:30 je suis d'accord, mais je n'aurais pas fait ça.
00:58:32 Ce que les gens ont voulu condamner en Martinique,
00:58:34 ce n'est pas Schellcher,
00:58:36 mais le schellcherisme. C'est-à-dire que
00:58:38 dans toutes les rues de la Martinique, le lycée Schellcher,
00:58:40 la ville de Schellcher, la maternité Schellcher,
00:58:42 et on célèbre toujours, comme on dit,
00:58:44 le grand Sauveur Blanc.
00:58:46 Alors que les libérateurs
00:58:48 martiniquais, qui sont nombreux,
00:58:50 vous avez Delgrèce, vous avez...
00:58:52 - On a d'autres. - Eh bien, ne sont jamais
00:58:54 célébrés. Donc au fond, les gens
00:58:56 n'ont pas voulu dire "Schellcher était un salopard".
00:58:58 Ils ont voulu dire "Il y en a marre
00:59:00 de la célébration permanente des héros blancs".
00:59:02 Et il y en a, alors que les héros noirs ne sont pas...
00:59:04 Mais je suis d'accord qu'en faisant cela, c'était
00:59:06 peut-être mal compris. Donc il fallait faire autrement.
00:59:08 - On en revient à ce qu'on disait tout à l'heure. - Mais le message, au fond, il était bon.
00:59:10 - On en revient à ce qu'on disait tout à l'heure. Quand on a plus de vocabulaire,
00:59:12 on devient, entre guillemets,
00:59:14 barbare, on devient violent.
00:59:16 - Mais comment peut-on, dans certains
00:59:18 pays, cacher la nudité de tel ou tel
00:59:20 statut, par exemple ?
00:59:22 - Oui, mais c'est ridicule.
00:59:24 - Mais oui, c'est...
00:59:26 - C'est évident, vous avez la danse
00:59:28 de Carpeau sur l'opéra,
00:59:30 qu'on adore tous, qu'on a balancé
00:59:32 de l'encre dessus.
00:59:34 - Ce sont des pratiques très anciennes. - Mais bien sûr !
00:59:36 - C'est aussi mieux que le christianisme.
00:59:38 - Les oeuvres sont là pour choquer, par contre.
00:59:40 - On a vraiment un télescopage, quand on regarde
00:59:42 que ce soit l'acte de Déboulonnais
00:59:44 ou les réécritures,
00:59:46 on voit bien qu'on a un télescopage entre
00:59:48 un temps long, le temps de l'art,
00:59:50 le temps de l'art et de la littérature
00:59:52 sous toutes les formes artistiques
00:59:54 et culturelles, et un temps court
00:59:56 qui est celui de sensibilité parfois
00:59:58 exacerbée. Et ce
01:00:00 télescopage temporel fait
01:00:02 qu'on a une forme
01:00:04 parfois de radicalité
01:00:06 avec ce télescopage.
01:00:08 - Je vais peut-être revenir sur une chose, vous disiez tout à l'heure, l'histoire,
01:00:10 on la revisite, il faut la revisiter,
01:00:12 l'histoire c'est une science, et toutes les sciences doivent être
01:00:14 remises tout le temps à plat,
01:00:16 à zéro, il faut aller chercher,
01:00:18 moi je passe mon temps à déboulonner des statues
01:00:20 pour les remonter
01:00:22 le plus près possible. - C'est aussi la découverte, l'histoire.
01:00:24 - Mais bien sûr, et il faut essayer d'être
01:00:26 à chaque fois au plus près de la vérité, c'est pas facile.
01:00:28 - Évidemment. Il est 11h47, allez,
01:00:30 petite pub et nous terminons ce débat passionnant,
01:00:32 d'ailleurs je vous remercie, 0826
01:00:34 300 300, vous n'hésitez pas. A tout de suite.
01:00:36 - Sud Radio Parlons Vrai
01:00:38 chez Bourdin,
01:00:40 10h30, midi 30,
01:00:42 Jean-Jacques Bourdin. - Wauquiz me cancelle
01:00:44 culture, déprogrammation,
01:00:46 la ministre de la Culture
01:00:48 pense qu'il y a danger,
01:00:50 nous en parlons ce matin.
01:00:52 Alors, en Amérique du Nord,
01:00:54 offenser est devenu blasphème.
01:00:56 C'est ce que dit la ministre
01:00:58 de la Culture, vous êtes d'accord ?
01:01:00 Offenser est devenu blasphème, non ?
01:01:02 - Je crois qu'elle exagère. Elle faisait référence
01:01:04 à un certain nombre de réformes qui ont eu lieu dans les Oscars,
01:01:06 et dans le jury
01:01:08 des Oscars, il y a maintenant plus de femmes
01:01:10 et plus de personnes noires.
01:01:12 - Dites-moi, puisque
01:01:14 vous parlez des Oscars,
01:01:16 pour concourir en 2024
01:01:18 dans la catégorie du meilleur
01:01:20 film, il faudra remplir
01:01:22 deux de ces critères,
01:01:24 un rôle principal ou secondaire issu
01:01:26 d'un groupe ethnique sous-représenté,
01:01:28 30% des rôles secondaires
01:01:30 issus de groupes minoritaires,
01:01:32 c'est un intrigue axé sur une minorité.
01:01:34 - C'est la logique des quotas.
01:01:36 - On met des quotas
01:01:38 dans des oeuvres ?
01:01:40 - Je vais vous donner un exemple. On a mis des quotas
01:01:42 pour les femmes et pour la diversité aux Etats-Unis
01:01:44 dans le jury aussi.
01:01:46 Les choses commencent à changer.
01:01:48 Une personne comme Usanne Palsy,
01:01:50 qui est une cinéaste martiniquaise,
01:01:52 donc française,
01:01:54 a reçu, il y a
01:01:56 trois mois, un César,
01:01:58 un Oscar pour l'ensemble de sa carrière aux Etats-Unis.
01:02:00 Elle est une star reconnue
01:02:02 au plus haut niveau.
01:02:04 Ici, les médias n'en ont pas parlé, aucune télé,
01:02:06 le monde, Libération, non.
01:02:08 Et on ne la connaît pas. Pourquoi ?
01:02:10 Parce que Usanne Palsy, malgré son talent qui est incontestable,
01:02:12 elle a fait tourner Marlon Brando,
01:02:14 elle a reçu des prix internationaux
01:02:16 dès ses premiers films, "Rue Casenègre" par exemple.
01:02:18 Elle est connue au niveau international,
01:02:20 elle est célèbre aux Etats-Unis,
01:02:22 il n'y a pas beaucoup d'acteurs français qui ont reçu un Oscar.
01:02:24 - Mais elle vit aux Etats-Unis, non ?
01:02:26 - Elle vit en France. Vous pouvez la contacter demain matin,
01:02:28 je vous le dirai si vous voulez.
01:02:30 En France, elle n'est pas reconnue.
01:02:32 Donc, si on ne prend pas des mesures drastiques,
01:02:34 on n'y arrive pas.
01:02:36 Si on avait d'autres solutions, j'en serais ravi,
01:02:38 mais aujourd'hui, ça n'est pas le cas dans le cinéma.
01:02:40 Ça évolue évidemment, heureusement,
01:02:42 mais on revient de loin. La première femme
01:02:44 aux Etats-Unis, la femme noire,
01:02:46 à recevoir un Oscar,
01:02:48 elle n'a pas pu recevoir son Oscar parce que c'était
01:02:50 une salle blanche interdite aux noirs.
01:02:52 - Pour aller plus loin, l'offense existe
01:02:54 dans de très nombreuses oeuvres.
01:02:56 Il faut garder cette offense,
01:02:58 non ?
01:03:00 - Pourquoi pas ? Mais toutes les offenses ne sont pas les mêmes.
01:03:02 Par exemple, "Offenser les puissants",
01:03:04 ce n'est pas la même chose que "Offenser
01:03:06 les plus discriminés".
01:03:08 Vous comprenez ? Un film,
01:03:10 une oeuvre de Tartuffe,
01:03:12 le Tartuffe de Molière,
01:03:14 c'est "Offenser les puissants".
01:03:16 Nous devons soutenir cela. Quand Molière écrit
01:03:18 "Les femmes savantes" pour se moquer des femmes
01:03:20 qui veulent faire des sciences, ce n'est pas la même chose.
01:03:22 Alors, est-ce qu'il faut censurer les femmes savantes ? Bien sûr que non.
01:03:24 J'enseignais "Les femmes savantes",
01:03:26 mais j'explique qu'il y a à l'époque ce qu'on appelle la querelle des femmes.
01:03:28 Beaucoup de femmes et d'hommes
01:03:30 se battent pour que les femmes aient accès
01:03:32 à l'éducation. - Mais on ne doit pas toucher aux femmes savantes.
01:03:34 - Et on enseigne les femmes savantes en mentionnant
01:03:36 que Molière s'inscrit dans un débat
01:03:38 en prenant une position
01:03:40 qui va à l'encontre de l'accès des femmes à l'éducation.
01:03:42 - Non, parce que certains demandent la censure.
01:03:44 - C'est très important. Certains le demandent.
01:03:46 Mais voyez bien que ce n'est pas ce que je dis.
01:03:48 En tout cas, moi ce que je trouve intéressant, c'est que
01:03:50 au début, nous étions dans un débat, ici ou dans la société,
01:03:52 qui ressemblait à un débat pour ou contre
01:03:54 et non tout le monde est pour la liberté, etc.
01:03:56 De moment qu'on entre dans les
01:03:58 contextes qui sont
01:04:00 très différents les uns des autres,
01:04:02 là, je pense qu'on sort de l'idéologie
01:04:04 et on entre dans la réflexion.
01:04:06 - Sortir de l'idéologie, ça m'intéresse beaucoup.
01:04:08 - Et c'est l'intérêt de ce débat.
01:04:10 Et la dame, je la remercie, elle disait
01:04:12 qu'il faut sortir du manichéisme.
01:04:14 L'interlocuteur précédent, je crois que c'est moi,
01:04:16 permettait de sortir de ça. Et je crois que c'est ça.
01:04:18 - On n'a pas à penser, quand on est dans un schéma,
01:04:20 on est pour ou contre l'américanisation,
01:04:22 le roquis, ceci, cela, non. Voyons les cas
01:04:24 qui sont très différents. Quand un auteur
01:04:26 de son livre change les choses, c'est pas la même chose
01:04:28 quand un ayant droit...
01:04:30 - Et nous n'avons pas le même regard sur les œuvres
01:04:32 qu'un américain ou qu'un...
01:04:34 - Exactement. - Oui, justement, on parlait
01:04:36 quotas, on parlait représentation des minorités,
01:04:38 là encore, j'en reviens à l'économie
01:04:40 qui me semblait être une clé centrale, fondamentale.
01:04:42 Aujourd'hui, on le voit,
01:04:44 dans l'édition par exemple qu'on a citée
01:04:46 au tout début, mais on le retrouve aussi dans le cinéma,
01:04:48 on était dans des logiques de déclinaison,
01:04:50 on déclinait un format, on passait
01:04:52 du grand format aux poches,
01:04:54 ensuite on est passé à des diversifications,
01:04:56 en allant du livre vers l'audiovisuel,
01:04:58 aujourd'hui on est dans l'hyper-segmentation.
01:05:00 On travaille la logique de niche.
01:05:02 Et donc, la stratégie des industries
01:05:04 culturelles et créatives, celles qu'on appelle
01:05:06 les ICC aujourd'hui, c'est vraiment
01:05:08 de viser des segments de population
01:05:10 de plus en plus différenciés.
01:05:12 La culture n'a rien inventé,
01:05:14 ça existait déjà dans le domaine du luxe et de la cosmétique,
01:05:16 avec l'ethnocosmétique par exemple,
01:05:18 où vous avez des produits adaptés en fonction des types de peau.
01:05:20 - Donc on adapte le produit, l'oeuvre,
01:05:22 à l'air du temps. - On l'adapte à l'air du temps
01:05:24 et on l'adapte dans des logiques de niche.
01:05:26 - Regardez à fond comme "Intouchables",
01:05:28 qui comme on le sait bien sûr, est un des films
01:05:30 les plus réussis, enfin qui a le plus d'audience
01:05:32 en France. Au fond,
01:05:34 ce film n'était pas du tout bankable
01:05:36 au départ. Les deux personnages
01:05:38 principaux, un homme en fauteuil roulant,
01:05:40 un jeune noir des banlieues, etc.
01:05:42 Mais les producteurs de ce film
01:05:44 se sont dit "ce sont des gens qu'on ne voit pas
01:05:46 beaucoup à la télévision",
01:05:48 donnant leur une place centrale.
01:05:50 Je crois que beaucoup de gens se sont reconnus dans ce film
01:05:52 parce que précisément,
01:05:54 on voyait ce qu'on ne voit pas. Le cinéma français,
01:05:56 parfois il se passe dans trois arrondissements parisiens.
01:05:58 Là, les gens ont dit "tiens, c'est différent".
01:06:00 Et cette logique commerciale
01:06:02 que vous avez évoquée à juste titre,
01:06:04 elle peut être intéressante. C'est une logique d'inclusion,
01:06:06 je dirais même c'est une logique républicaine.
01:06:08 - Oui, Richard Flanders. - Moi je suis aussi chef d'entreprise.
01:06:10 J'ai le choix quand j'ai des clients.
01:06:12 Soit effectivement, je parlais de culture
01:06:14 fast-food, soit je leur vends de la merde
01:06:16 parce que je sais que c'est facile, je peux le refaire rapidement.
01:06:18 Soit je me dis "j'aime pas la culture pour tous".
01:06:20 L'idée de rabaisser la culture
01:06:22 pour tout le monde, c'est pas le sens.
01:06:24 Moi j'aime essayer d'élever les gens
01:06:26 vers la culture, donc j'évite de leur vendre
01:06:28 de la merde, j'évite justement de faire du marketing
01:06:30 de base et j'essaye d'élever
01:06:32 un petit peu le niveau, mais parce que j'aime bien
01:06:34 me regarder dans la glace. Après c'est les chefs d'entreprise
01:06:36 divers et variés. Mais attention,
01:06:38 je pense que Disney est en train
01:06:40 de revenir un petit peu en arrière,
01:06:42 puisqu'on parle économie. Ca se passe pas
01:06:44 si bien que ça, leurs abonnements, parce que le
01:06:46 wokisme, la cancel culture est en train de...
01:06:48 les gens commencent à en avoir un peu ras-le-bol.
01:06:50 Netflix, c'est pareil, qu'ils fassent attention.
01:06:52 C'est le marché qui décide.
01:06:54 - Oui, ça c'est le marché qui décide.
01:06:56 - Il faut peut-être le préciser.
01:06:58 Pour Netflix, dans le cas de Netflix,
01:07:00 qui a racheté la société des ayants-droit
01:07:02 de Roald Dahl. C'est comme ça qu'on reboucle la boucle.
01:07:04 C'est-à-dire que les gars-femmes
01:07:06 où on se retrouve à un certain nombre
01:07:08 d'acteurs économiques comme Netflix
01:07:10 ou Disney qu'on vient de citer,
01:07:12 sont vraiment au cœur de cette stratégie.
01:07:14 - En tout cas, je plaide pour la complexité
01:07:16 et qu'on se sorte de l'idéologie dans ces débats
01:07:18 qui n'est pas à penser. - Tout à fait d'accord.
01:07:20 - Merci à tous les trois d'être venus nous voir
01:07:22 pour débattre sur un sujet que je trouve
01:07:24 très intéressant, qui mérite réflexion,
01:07:27 dans tous les cas. Et vous avez été
01:07:29 nombreux, je sais, à appeler. J'ai pas pu vous prendre
01:07:31 tous malheureusement à l'antenne.
01:07:33 Merci, il est 11h57.
01:07:36 Sud Radio parle en vrai chez Bourdin.
01:07:38 10h30, midi 30.
01:07:40 Jean-Jacques Bourdin.
01:07:42 - Il est 12h13. Je suis heureux
01:07:44 de donner la parole à Thibault.
01:07:46 Thibault qui est avec nous ce matin
01:07:48 et qui est un militant. Un militant
01:07:50 de Dernière Rénovation. Bonjour Thibault.
01:07:52 - Bonjour Jean-Jacques. - Merci d'être avec nous.
01:07:54 Dernière Rénovation, expliquez-nous.
01:07:56 C'est un mouvement activiste
01:07:58 qui défend l'environnement.
01:08:00 Expliquez-nous exactement.
01:08:02 Quel est l'objectif et
01:08:04 qui est... Je parle de Dernière Rénovation.
01:08:06 Pourquoi ? Parce que dernièrement,
01:08:08 l'un de vos militants, que vous connaissez bien,
01:08:10 a interpellé le président de la République.
01:08:12 C'était au Salon de l'Agriculture.
01:08:14 Le président de la République
01:08:16 qui... Bon, la discussion
01:08:18 ne s'est pas tellement engagée.
01:08:20 C'est vrai que le militant a posé des questions
01:08:22 au président de la République et
01:08:24 il n'a pas attendu la réponse.
01:08:26 Et il est parti. Mais l'Élysée
01:08:28 vous a proposé une rencontre.
01:08:30 Vous ne seriez pas seul.
01:08:32 Là, il y aurait d'autres mouvements
01:08:34 défendant l'environnement. Une rencontre ?
01:08:36 Oui, enfin,
01:08:38 pour l'instant, vous n'avez reçu aucune invitation. C'est cela, Thibault ?
01:08:40 - Oui, tout à fait.
01:08:42 Pour l'instant, on a
01:08:44 répondu à l'invitation d'Emmanuel Macron
01:08:46 qu'il a partagée publiquement
01:08:48 à la suite de...
01:08:50 - De l'interpellation ? - De l'interpellation et surtout
01:08:52 de l'agression qu'il y a eu sur
01:08:54 un autre citoyen
01:08:56 qui soutient Dernière Rénovation, qui s'est fait
01:08:58 violenter par des forces de l'ordre.
01:09:00 - Il y avait une agression ? - Il s'est fait tirer
01:09:02 les cheveux. - Tirer les cheveux ?
01:09:04 C'est vrai que ça se fait pas. - Il s'est fait tirer les cheveux
01:09:06 et plaquer au sol pour avoir essayé de parler
01:09:08 au président. Et à la suite de ça,
01:09:10 le président Emmanuel Macron
01:09:12 a fait une invitation publique
01:09:14 pour dire que lui, il était très ouvert au dialogue
01:09:16 etc. et que
01:09:18 c'était un peu nous qui
01:09:20 refusions d'échanger.
01:09:22 Et donc nous, on a répondu à cette invitation
01:09:24 favorablement.
01:09:26 Et pour l'instant, il n'y a toujours pas de
01:09:28 retour au-delà du coup de communication
01:09:30 du président. - Bon, écoutez, si
01:09:32 il y a retour, il y aura... Enfin, je ne sais pas
01:09:34 s'il y aura un retour, nous verrons bien, de toute façon, nous allons le suivre.
01:09:36 S'il y a retour, vous irez à l'Elysée ?
01:09:38 - Donc nous, ce qu'on a...
01:09:40 - Vous irez dialoguer avec Emmanuel Macron ?
01:09:42 - Nous, on souhaite dialoguer avec Emmanuel Macron,
01:09:44 on souhaite dialoguer avec le gouvernement.
01:09:46 Notre campagne, elle vise
01:09:48 à obtenir une revendication et
01:09:50 ça a toujours été extrêmement clair.
01:09:52 La façon dont le gouvernement peut
01:09:54 mettre fin aux actions. Donc on a une campagne
01:09:56 de résistance civile qui vise à
01:09:58 obtenir un plan de rénovation énergétique
01:10:00 du bâtiment. Depuis le début,
01:10:02 ça fait un an, on a envoyé une lettre, il y a un an,
01:10:04 au gouvernement. - Votre objectif, c'est
01:10:06 obtenir un plan de rénovation énergétique
01:10:08 des bâtiments ? - Spécifiquement,
01:10:10 faire passer les mesures
01:10:12 qui ont été élaborées
01:10:14 par les citoyens de la Convention citoyenne pour le climat
01:10:16 il y a maintenant deux ans,
01:10:18 qui ont été appuyées par des experts,
01:10:20 et qui ensuite ont été balayées par
01:10:22 Emmanuel Macron dans la foulée. Donc on les a
01:10:24 reprises. Et puisque ce qui n'a pas marché
01:10:26 par les urnes, ce qui n'a pas marché par
01:10:28 la Convention citoyenne pour le climat,
01:10:30 maintenant on essaye de
01:10:32 forcer le gouvernement
01:10:34 à adopter ces mesures qui bénéficieront
01:10:36 au plus grand nombre. - Bien, plus largement,
01:10:38 il n'y a pas que
01:10:40 dernière rénovation, il y a plusieurs mouvements
01:10:42 qui sont d'activistes,
01:10:44 qui défendent le climat,
01:10:46 et qui parfois,
01:10:48 je ne sais pas moi, par exemple, j'ai vu dégradation
01:10:50 de distributeurs de billets de banque,
01:10:52 BNP Paribas,
01:10:54 blocage de jets privés,
01:10:56 des pneus de SUV
01:10:58 qui sont dégonflés,
01:11:00 ça sert à quelque chose ?
01:11:02 - Je ne sais pas. A quoi ça sert ?
01:11:04 - Alors moi je ne vais pas faire
01:11:06 une analyse de toutes les
01:11:08 tactiques militantes qui existent et qui ont existé
01:11:10 dans l'histoire. - Qu'est-ce que vous en pensez ?
01:11:12 - Moi je pense que les tactiques d'action,
01:11:14 elles ne sont pas choisies par ceux qui les utilisent,
01:11:16 elles sont définies par nos adversaires.
01:11:18 - C'est-à-dire ? - C'est-à-dire qu'en fait,
01:11:20 on ne fait bien que...
01:11:22 - Expliquez-vous, parce que
01:11:24 c'est pour ça, le grand public
01:11:26 ne comprend pas. Un distributeur,
01:11:28 bon, BNP Paribas,
01:11:30 que BNP Paribas finance
01:11:32 l'énergie fossile,
01:11:34 c'est condamnable.
01:11:36 Et une immense majorité de Français
01:11:38 peuvent condamner.
01:11:40 Mais sans prendre à des distributeurs
01:11:42 de billets de banque de BNP Paribas,
01:11:44 je ne vois pas le... - La question c'est
01:11:46 qu'est-ce qui marche ?
01:11:48 - Qu'est-ce qui marche ? Qu'est-ce qui marche depuis 40 ans Jean-Jacques ?
01:11:50 - Oui, qu'est-ce qui marche ?
01:11:52 - Pas grand chose pour l'instant.
01:11:54 Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter depuis 40 ans,
01:11:56 les sécheresses s'aggravent...
01:11:58 - Les sécheresses s'aggravent, les émissions de gaz
01:12:00 à effet de serre... - Continuent d'augmenter
01:12:02 dans le monde depuis 40 ans. - Oui mais ça a beaucoup baissé.
01:12:04 - Elles continuent d'augmenter. - Oui.
01:12:06 - Elles sont beaucoup plus élevées aujourd'hui. On a émis la moitié
01:12:08 des gaz à effet de serre dans les 30 dernières années,
01:12:10 sur les 2000 dernières années,
01:12:12 la moitié ont été émises sur les 30 dernières années.
01:12:14 Et ça continue d'augmenter.
01:12:16 La question c'est pas tant de savoir est-ce que tel ou tel truc
01:12:18 ça marche etc. La limite c'est des débats
01:12:20 stratégiques d'activistes.
01:12:22 - Ce que je veux dire c'est qu'il n'y a pas d'autres moyens d'action ?
01:12:24 - Lesquels ?
01:12:26 - Je ne sais pas moi.
01:12:28 - On a marché dans la rue, 2,5 millions de personnes
01:12:30 qui sont allées manifester. Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:12:32 Rien du tout.
01:12:34 - Vous avez marché dans la rue, ça a très bien marché,
01:12:36 si je puis dire, et ensuite
01:12:38 vos manifestations suivantes ont moins bien marché.
01:12:40 Il y a beaucoup moins de monde.
01:12:42 - Mais pendant un an il y avait des millions de personnes dans la rue.
01:12:44 Il y a un moment des mobilisations, ça ne dure jamais des années avec des millions de personnes dans la rue.
01:12:46 Emmanuel Macron ne les a pas écoutées.
01:12:48 Les scientifiques font des conférences etc.
01:12:50 Emmanuel Macron ne les écoute pas.
01:12:52 On a eu 200 000 gilets jaunes
01:12:54 qui sont descendus dans la rue. On a eu une convention citoyenne
01:12:56 pour le climat notamment. Qu'est-ce qui s'est passé après ça ?
01:12:58 - Les gilets jaunes sont descendus dans la rue
01:13:00 parce que le gazole coûte trop cher.
01:13:02 - Non, ils sont descendus dans la rue
01:13:04 pour dire
01:13:06 la transition écologique
01:13:08 ne se fera pas au dépens des plus pauvres.
01:13:10 Et c'est à ce dessin
01:13:12 que servait la convention citoyenne pour le climat.
01:13:14 Ça n'a pas été écouté.
01:13:16 La pédagogie a été faite, ça n'a pas été écouté.
01:13:18 Il y a un moment, je veux dire, les tactiques
01:13:20 elles sont imposées par la situation.
01:13:22 Quand on accule quelqu'un dans une ruelle
01:13:24 et qu'on lui explique qu'il va crever dans 40 ans,
01:13:26 je veux dire,
01:13:28 le fait de dire que c'est
01:13:30 les personnes qui sont acculées qui elles-mêmes choisissent leurs tactiques,
01:13:32 c'est faux. Les tactiques elles sont imposées par ce qui est en train de se passer
01:13:34 et par le fait que le gouvernement refuse
01:13:36 toutes les autres alternatives.
01:13:38 - Mais est-ce que vous ne pensez pas
01:13:40 que l'urgence climatique,
01:13:42 puisqu'on parle du climat,
01:13:44 c'est banalisé, dans l'opinion ?
01:13:46 Que c'est la raison
01:13:48 pour laquelle justement il y a moins de monde
01:13:50 dans la rue pour défendre le climat, il y a moins de monde
01:13:52 qu'il y a 3, 4, 5...
01:13:54 5 ans ?
01:13:56 Non ? - Non, je crois pas que c'est parce
01:13:58 que l'urgence est banalisée, je crois que c'est parce que les gens n'y croient plus,
01:14:00 parce que les gens sont déprimés par un gouvernement...
01:14:02 - Ils ne croient plus à quoi ? Ils ne croient plus à l'urgence climatique ?
01:14:04 - Non, au fait qu'il y a un changement politique possible
01:14:06 par la voie de la manifestation, par exemple.
01:14:08 - Mais... - Et pourquoi est-ce qu'il y a
01:14:10 autant d'abstentions, par exemple, quand on vote ?
01:14:12 Pourquoi est-ce qu'il y a aussi peu de jeunes qui vont voter ?
01:14:14 Pourquoi est-ce que maintenant il y a moins de personnes qui descendent dans la rue ?
01:14:16 C'est parce qu'une fois qu'on l'a fait, une fois, deux fois, trois fois, cinq fois,
01:14:18 qu'on est descendus dans la rue gentiment,
01:14:20 qu'on a demandé et que rien ne se passe,
01:14:22 il y a une perte, en fait, parce que la manifestation,
01:14:24 ça reste quand même une manière de...
01:14:26 ça reste un acte
01:14:28 de confiance envers le gouvernement qui vise à dire
01:14:30 "on va descendre dans la rue et on va vous dire
01:14:32 qu'on n'est pas d'accord et on fait confiance qu'une fois
01:14:34 que vous comprendrez qu'on n'est pas d'accord,
01:14:36 là, on ira... là, vous allez agir.
01:14:38 - C'est la rue qui décide ?
01:14:40 - Ce sera beaucoup plus "à mon sens"
01:14:42 - Est-ce que c'est la rue qui décide ou c'est l'urne
01:14:44 qui décide ? Est-ce que c'est la rue
01:14:46 qui décide ou c'est le vote qui décide ?
01:14:48 - C'est les deux,
01:14:50 dans nos systèmes démocratiques.
01:14:52 Ça a toujours été les deux. - C'est-à-dire que l'élu,
01:14:54 l'élu,
01:14:56 démocratiquement,
01:14:58 dans un pays démocratique,
01:15:00 l'élu est là pour
01:15:02 imaginer des lois
01:15:04 et les faire voter ou pas,
01:15:06 d'ailleurs, et ensuite les faire appliquer
01:15:08 ou pas. Est-ce que
01:15:10 c'est la rue qui doit dire
01:15:12 non et qui doit imposer sa loi ?
01:15:14 - C'est les deux qui dialoguent.
01:15:16 Il y a toujours eu les deux depuis... - Aujourd'hui, on n'est plus
01:15:18 dans ce dialogue ? - Disons,
01:15:20 l'expression du peuple
01:15:22 se fait entendre de plein de manières différentes. Le vote,
01:15:24 en est une, mais parce qu'il y a plein
01:15:26 d'insuffisances dans le système électoral,
01:15:28 parce que c'est quinquennal,
01:15:30 parce que, du coup, on vote et ensuite on n'a plus
01:15:32 rien à dire pendant cinq ans, les gens sont élus sur des
01:15:34 programmes que de toute façon ils ne vont jamais tenir,
01:15:36 il y a une toute petite partie... - Mais ils sont élus ! - Oui, mais il y a une toute petite
01:15:38 partie de la population qui vote, etc.
01:15:40 Ça a une certaine valeur, mais c'est
01:15:42 extrêmement limité. - Mais vous ne pouvez pas reprocher à ceux qui
01:15:44 se présentent à une élection
01:15:46 le fait que les citoyens
01:15:48 n'aillent pas voter ? - Non, non, tout à fait,
01:15:50 mais c'est juste que du coup,
01:15:52 il faut prendre acte de ça, et du fait
01:15:54 que ce n'est pas suffisant comme manière
01:15:56 de représentation du peuple,
01:15:58 et les manifestations, les actions directes,
01:16:00 etc. sont d'autres mécanismes de
01:16:02 représentation du peuple, et aussi des mécanismes de
01:16:04 représentation d'un peuple qui ne peut pas aujourd'hui voter.
01:16:06 Parce que ce qu'il faut savoir, c'est qu'une partie des gens
01:16:08 pour lesquels...
01:16:10 une partie des personnes qui vont bénéficier
01:16:12 de ce qu'on est en train de faire, ce n'est pas juste les habitants
01:16:14 de la France aujourd'hui, c'est des personnes qui ne sont pas nées aujourd'hui,
01:16:16 c'est des personnes qui ne peuvent pas aller voter.
01:16:18 Et donc on est en train de sceller le destin de personnes
01:16:20 qui aujourd'hui n'ont pas leur mot à dire dans les politiques,
01:16:22 que ce soit en France à l'avenir, ou que ce soit dans les
01:16:24 pays du Sud global, par exemple. Ils n'ont rien à dire sur
01:16:26 le gouvernement Macron,
01:16:28 par exemple, aujourd'hui.
01:16:30 Cédric est avec nous. Bonjour Cédric.
01:16:32 - Bonjour Jean-Jacques Bourdin,
01:16:34 bonjour à votre invité Thibault.
01:16:36 - Thibault qui est un militant de Dernière Rénovation,
01:16:38 qui est un mouvement
01:16:40 activiste qui défend le climat.
01:16:42 Oui Thibault.
01:16:44 - Bonjour Thibault.
01:16:46 J'aurais juste à vous dire
01:16:48 qu'en fait il y a beaucoup plus
01:16:50 de choses qu'il faudrait peut-être regarder.
01:16:52 Moi je travaille dans le transport et en ce moment
01:16:54 je fais du démantèlement des éoliennes.
01:16:56 Est-ce que vous savez les caractéristiques
01:16:58 et les problèmes que pose l'éolien
01:17:00 quand en fait il est démantelé ?
01:17:02 Vous allez sur les hauteurs de Situ
01:17:04 dans l'Aude et vous allez voir
01:17:06 la déforestation
01:17:08 qu'il y a eu, vous allez voir tout ce qui a été
01:17:10 pourri. Il y a de l'huile hydraulique
01:17:12 partout par terre. J'ai des photos si vous voulez.
01:17:14 Vous allez voir que tout est détruit.
01:17:16 On nous parle également du démantèlement de l'amiante
01:17:18 et du recyclage
01:17:20 de l'amiante. L'amiante ne se recycle pas.
01:17:22 Vous allez à Saint-Etienne-des-Tréchours
01:17:24 qui est derrière Bédarieux
01:17:26 dans les hauteurs des hauts cantons
01:17:28 de là-bas. Ils sont en train de faire des trous
01:17:30 dans nos forêts.
01:17:32 À nous, où j'ai joué quand j'étais môme,
01:17:34 ils enterrent tout, ils remettent
01:17:36 de la terre par-dessus.
01:17:38 - Oui mais l'amiante, il faut bien essayer
01:17:40 de trouver une solution pour
01:17:42 démanteler l'amiante.
01:17:44 - Mais ce n'est pas du démantèlement puisqu'en fait
01:17:46 c'est foutu dans nos forêts et en fait
01:17:48 finalement, c'est nous qui en subissons
01:17:50 les conséquences. - Oui je comprends. - Ça sent qu'en plus de ça
01:17:52 on sait comment ça se passe dans les rôles.
01:17:54 Quand on a des épisodes sévenoles, la dernière fois
01:17:56 il y a eu des éboulements. - Bien sûr.
01:17:58 - Parce qu'en fait finalement il n'y a plus rien qui tient puisqu'ils enlèvent les arbres
01:18:00 pour faire des trous pour pouvoir mettre
01:18:02 l'amiante dedans. Et tout ça, j'ai des photos,
01:18:04 j'ai des vidéos, j'ai tout. Si ils veulent, je peux tout leur envoyer.
01:18:06 - Merci Cédric.
01:18:08 Oui, c'est vrai qu'il y a des combats écologiques.
01:18:10 L'éolien. Vous êtes favorable
01:18:12 à l'éolien ou pas ?
01:18:14 - Déjà nous, on n'est pas une campagne sur l'éolien.
01:18:16 On pourrait avoir plein de débats techniques.
01:18:18 L'écologie c'est comme n'importe quel champ d'activité.
01:18:20 On peut avoir des débats techniques sur plein de choses.
01:18:22 Nous en l'occurrence, on est une campagne
01:18:24 qui prône... - Et vous c'est plus politique ?
01:18:26 - Qui prône la sobriété.
01:18:28 Nous ce qu'on prône c'est
01:18:30 le fait qu'on consomme moins d'énergie
01:18:32 via notamment une mesure
01:18:34 comme la rénovation énergétique. - Il faut bien produire de l'énergie
01:18:36 tout de même. - Oui mais sauf que du coup,
01:18:38 nous, ce pour quoi on se bat,
01:18:40 c'est pour qu'on en consomme moins avant de se dire comment est-ce qu'on fait
01:18:42 pour en consommer plus et différemment.
01:18:44 Ce qui est évident aujourd'hui, c'est qu'on ne pourra pas remplacer tout l'approvisionnement
01:18:46 qu'on a d'énergie actuelle par des éoliens.
01:18:48 Ce ne sera pas possible. Pour des raisons matérielles,
01:18:50 pour des raisons que décrivent vos producteurs, etc.
01:18:52 Après, je ne veux pas entendre
01:18:54 le débat de combien de proportions il en faudrait, etc.
01:18:56 Moi, je ne suis pas un expert et il faut inviter des gens qui sont des experts
01:18:58 là-dessus. Nous, on s'appuie sur ce que des experts
01:19:00 de la rénovation ont donné.
01:19:02 On n'est pas un mouvement
01:19:04 d'experts, etc. On est un mouvement
01:19:06 citoyen qui vise à... - Mais vous êtes un mouvement citoyen et politique.
01:19:08 Vous êtes un mouvement politique ?
01:19:10 Oui, on est un mouvement politique, évidemment.
01:19:12 C'est ce sur quoi on travaille.
01:19:14 C'est la vie de la cité.
01:19:16 C'est la vie de comment est-ce qu'on crée des conditions d'habitabilité
01:19:18 qui soient pérennes pour nous, pour
01:19:20 les habitants du Sud global, pour les habitants de France
01:19:22 des siècles à venir.
01:19:24 Est-ce qu'il faut, pour défendre
01:19:26 le climat et l'environnement,
01:19:28 aller plus loin dans la radicalité ?
01:19:30 C'est une question que vous vous posez.
01:19:32 Déjà, je ne veux plus qu'on dise "défendre le climat et l'environnement"
01:19:34 parce que ça ne veut rien dire.
01:19:36 En réalité, on ne défend pas le climat et l'environnement.
01:19:38 C'est les gens. C'est les humains, éventuellement les animaux.
01:19:40 C'est le vivant sur Terre.
01:19:42 - Pour défendre le vivant,
01:19:44 est-ce qu'il va falloir plus de radicalité ?
01:19:46 C'est un débat, je sais,
01:19:50 qui est engagé au sein de vos mouvements.
01:19:52 - En fait, moi je ne le sais pas. C'est le gouvernement qui nous le dira.
01:19:58 Mais ce qui est sûr, c'est
01:20:00 qu'il faudra plus de radicalité.
01:20:02 C'est clair.
01:20:04 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:06 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:08 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:10 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:12 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:14 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:16 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:18 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:20 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:22 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:24 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:26 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:28 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:30 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:32 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:34 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:36 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:38 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:40 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:42 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:44 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:46 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:48 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:50 - C'est le gouvernement qui le dira.
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01:20:54 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:56 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:20:58 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:00 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:02 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:04 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:06 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:08 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:10 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:12 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:14 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:16 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:18 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:20 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:22 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:24 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:26 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:28 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:30 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:32 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:34 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:36 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:38 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:40 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:42 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:44 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:46 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:48 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:50 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:52 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:54 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:56 - C'est le gouvernement qui le dira.
01:21:58 votre point de vue, vos idées. 12h27 André Bercoff.