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Regardez L'invité de RTL du 05 mars 2023 avec Stéphane Carpentier.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:03 Stéphane Carpentier, RTL matin jusqu'à 9h15.
00:07 Et en ce dimanche il est 9h moins 10, merci de nous rejoindre.
00:09 Nous avions envie ce matin de comprendre le pourquoi du comment de cette déferlante de cocaïne sur les côtes françaises.
00:15 Une marée blanche dont nous vous avons parlé ces derniers jours sur RTL, des tonnes retrouvées sur les plages de la Manche ou saisies dans le port du Havre.
00:23 Pourquoi et comment ? Les questions que nous posons ce matin à Christian de Roquigny, numéro 2 de l'Offast, l'office anti-stupéfiants.
00:30 Bonjour à vous. Bonjour monsieur.
00:32 Christian de Roquigny, vous partagez vous ce constat, vous le confirmez, que la voie maritime est devenue la principale porte d'entrée de la coke sur notre sol.
00:40 La voie maritime est effectivement le vecteur employé à 75% pour les importations de cocaïne en France.
00:46 Ça arrive essentiellement par conteneur, un peu et dans une moindre mesure donc par voilier.
00:51 Et en termes de chiffres, la cocaïne en France, ça représente quoi en termes de quantité, en termes de saisie ?
00:56 Il y a quelques années, il y a 6-7 ans, on disait pour avoir un ordre de grandeur, 1 tonne d'héroïne, 10 tonnes de cocaïne, 100 tonnes de cannabis.
01:05 Aujourd'hui, on constate qu'on est à 1,4 tonne d'héroïne, on est à quasiment 28 tonnes de cocaïne, 128 tonnes de cannabis.
01:15 Donc l'explosion, l'explosion, c'est la cocaïne.
01:18 Et c'est la cocaïne depuis 2-3 ans en fait, où effectivement il y a eu des saisies de produits stupéfiants de cocaïne, ont été multipliées par 2 en un an.
01:27 Voilà, ça c'est l'évolution, ça veut dire que c'est beaucoup plus qu'avant en termes de cocaïne, Christian de Rochini.
01:32 Les prix, ça vaut quoi aujourd'hui ? On l'achète combien, le kilo, en Amérique du Sud par exemple, et on le revend combien en France ou en Europe ?
01:39 En Colombie, qui est le principal pays producteur de cocaïne, le kilo, il est à 1 000 euros à peu près, pour vous donner une idée.
01:48 Quand il arrive chez nous, en gros, il est à 30-35 000 euros.
01:53 Et après, quand on va dans le détail, il est à 65 euros le gramme.
01:58 Donc effectivement, on voit que ce qui lui donne de la valeur, c'est beaucoup la traversée de l'Atlantique.
02:03 Absolument, donc c'est un marché juteux, on le comprend bien avec les chiffres que vous avancez ce matin sur RTL.
02:07 Vous avez cité la Colombie, cette drogue, elle vient d'où précisément, de quel pays en particulier ?
02:12 Le principal producteur, c'est la Colombie, on le sait. Il y a des pays qui sont également producteurs, c'est le Pérou, c'est la Bolivie.
02:19 Enfin, on est donc en Amérique du Sud.
02:22 Si on s'intéresse à nous, c'est-à-dire à la France, est-ce qu'on a aujourd'hui le profil, si c'est possible, c'est-à-dire un profil de la clientèle ?
02:29 Le maître mot, c'est qu'il y a une disponibilité du produit.
02:32 Avant, il n'était pas aussi disponible. Il était effectivement, en tout cas c'est comme ça qu'on le décrivait, réservé à un certain milieu,
02:39 un milieu de la fête ou autre chose, du showbiz, je ne sais pas.
02:42 Ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que la cocaïne, elle est assez bas dans le milieu social, je pense, au crack par exemple.
02:48 Le crack, c'est de la cocaïne.
02:51 Et on a de l'autre côté la consommation par, effectivement, dans le milieu festif.
02:56 Ce sont deux extrêmes, en quelque sorte, qui sont consommateurs.
03:00 Mais c'est vrai qu'on a une très grande disponibilité du produit aujourd'hui en France.
03:04 Pour revenir à la France, justement, et à ces arrivées que j'évoquais dans l'actualité, on cite beaucoup le Havre comme un point névralgique, c'est-à-dire le port du Havre.
03:13 Vous le confirmez, ça ?
03:14 Oui, on le confirme.
03:15 Quand on regarde plus précisément les chiffres, on constate que sur les 28 tonnes saisies en 2022 de cocaïne, 10,4 tonnes arrivent sur le port du Havre.
03:25 Et en fait, pour vous donner un autre chiffre, 78% des saisies qui sont réalisées dans les ports français sont faites sur le port du Havre.
03:33 C'est la porte d'entrée de la cocaïne en France, la principale, disons.
03:37 En 2020, et c'était pas une affaire de Covid, en 2020, on était à 3,9 tonnes saisies au Havre, et en 2021, on est passé à 10,3 tonnes.
03:46 On a eu une explosion en 2021, ça a très légèrement augmenté en 2022.
03:51 Et donc, il y a un sujet, et c'est la raison pour laquelle le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a fait des annonces à l'occasion de la communication des chiffres,
03:58 pour dire qu'il allait multiplier par trois les effectifs de policiers sur le port du Havre.
04:03 Comment elle peut sortir du port du Havre, cette drogue, par exemple ? Comment c'est géré ? Est-ce qu'il y a des réseaux qui sont en place dans un port comme celui-ci ?
04:12 Il faut savoir que quand on parle de cocaïne, on parle d'organisations criminelles qui ont les sorties des ports.
04:18 C'est-à-dire qu'ils ont effectivement des individus qui sont en mesure de leur garantir des sorties.
04:24 Ça passe évidemment par de la corruption, par de l'intimidation, ça passe par de la violence.
04:30 Pour vous donner un élément chiffré qui est à mon avis relativement significatif, sur le port du Havre, en trois ans, 17 dockers ou manutentionnaires ont été enlevés et séquestrés en lien avec le trafic de stupéfiants.
04:43 Donc, ce sont les premières victimes de ces importations par le port du Havre.
04:47 Quand on fait autant de saisies, on doit comprendre quoi nous ? C'est qu'il y a plus de drogue qui arrive, que vous, vous êtes sur le terrain plus efficace. C'est quoi la réalité ?
04:56 En la matière, il faut être très modeste. Je ne sais pas répondre à votre question. Est-ce que ça veut dire qu'il y a plus de produits ?
05:02 Ou est-ce que ça veut dire que les services, pas seulement l'Office anti-stupéfiants, mais c'est les chiffres de tous les services, police, douane, gendarmerie, l'armée aussi, la marée nationale a un grand rôle en la matière.
05:13 Donc, on ne sait pas répondre. Est-ce qu'on a été meilleur ? J'espère. Mais est-ce qu'il y a eu beaucoup plus de produits ? Je le crains.
05:21 Merci de nous avoir détaillé la situation, Christian de Rochigny, numéro 2 de l'Office anti-stupéfiants, directeur adjoint de l'Office anti-stupéfiants, d'avoir été l'invité de RTL matin à week-end. Merci à vous.
05:31 Merci beaucoup.
05:32 [SILENCE]

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