Florian Zeller a écrit cette scène de "The Son" juste pour Anthony Hopkins

  • l’année dernière
The Son n’est en rien la suite de The Father, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Mais après l’immense succès de son premier film porté par Anthony Hopkins - qui lui a valu l’Oscar du meilleur acteur en 2021 - le réalisateur Florian Zeller n’avait qu’une envie : travailler à nouveau avec lui. Et c’est en partie pour cela qu’il a ajouté cette scène qui n’était pas dans la pièce de théâtre originale.

La scène en question ne dure que quelques minutes au milieu des 2h03 du long-métrage, au cinéma ce mercredi 1er mars, et pourtant elle est centrale. Pour ce qu’elle apporte au scénario, mais aussi pour le jeu de Hugh Jackman et Anthony Hopkins dans un face-à-face tout en tension. « J’ai voulu écrire cette scène-là en partie parce que je voulais retrouver Anthony Hopkins. Mais aussi parce que je savais que j’avais envie de creuser cette piste du trauma transgénérationnel », nous confie le cinéaste français.

The Son c’est l’histoire d’une famille décomposée : un adolescent de 17 ans (Zen McGrath) qui traverse une dépression, une mère (Laura Dern) qui a l’impression d’avoir « tout raté » lorsque son fils demande à aller vivre chez son père, et ce père (Hugh Jackman) divorcé et remarié, complètement démuni face à cet enfant qu’il ne comprend plus. Sauf qu’au moment de cette scène clé, notre perspective de spectateur change complètement et le personnage du père... devient « le fils ».
Transcript
00:00 mais j'ai voulu écrire cette scène-là
00:02 en partie parce que je voulais vraiment
00:06 retrouver Antonio Pins.
00:08 [Musique]
00:32 Ça s'appelle "De Sonne"
00:34 et pourtant, comme je le disais,
00:35 on suit essentiellement la trajectoire de ce père,
00:38 mais à un moment,
00:39 à la faveur de cette scène,
00:41 on comprend qu'il est aussi un fils,
00:43 un fils en douleur,
00:44 et qui tentait juste d'être
00:46 le père qu'il n'a pas eu quelque part,
00:48 ou un meilleur père que celui qu'il a eu.
00:49 Et on se rend compte,
00:50 grâce à la cruauté extraordinaire d'Antonio Pins,
00:55 qu'il arrive à l'interpréter sans trop de difficultés.
00:58 [Musique]
01:05 C'est vrai que cette scène n'était pas dans la pièce,
01:08 même si le père du père,
01:10 c'est-à-dire le grand-père qui est joué ici par Antonio Pins,
01:12 était présent dans la pièce comme une sorte de fantôme,
01:14 parce qu'il était déjà question de cette question transgénérationnelle,
01:18 c'est-à-dire comment on reproduit des schémas qui nous ont abîmés,
01:21 et comment parfois on se positionne justement à l'inverse de ces schémas.
01:25 Enfin, on en est tous un peu là,
01:26 à tenter de faire différemment de nos propres parents,
01:29 de faire mieux.
01:30 [Musique]
01:40 J'ai voulu écrire cette scène-là,
01:42 en partie parce que je voulais vraiment retrouver Antonio Pins,
01:48 mais aussi parce que je savais que j'avais envie de creuser cette piste
01:52 du trauma transgénérationnel.
01:54 On avait travaillé ensemble,
01:57 Antonio Pins et moi, pour "The Father",
01:59 c'était une expérience très forte, très belle, très émotionnelle entre nous,
02:02 mais on ne s'était pas revus après à cause du Covid.
02:04 Et donc, c'était l'occasion de retrouver aussi,
02:07 l'occasion de voir ces deux acteurs,
02:10 Antonio Pins et Hugh Jackman, dans la même pièce.
02:13 Et je sentais qu'il allait se passer quelque chose de fort.
02:16 [Musique]
02:41 Après "The Father", il y a tellement de gens qui sont venus me voir,
02:44 en me disant "Mais est-ce qu'il va bien ?"
02:46 Comme s'il était lui-même en plein démonscénale.
02:48 Et je disais "Oui, c'est juste le plus grand acteur du monde".
02:50 Donc il y avait quelque chose de savoureux pour nous,
02:52 à jouer ici avec l'inverse de ce qu'on avait fait dans "The Father",
02:56 c'est-à-dire qu'il est à nouveau l'homme qui contrôle la situation
02:59 d'une façon presque maléfique.
03:01 [Musique]
03:07 Dans les contrats américains,
03:08 il y a une singularité, souvent, c'est qu'on a un certain temps par jour.
03:13 Le compte à rebours commence au moment où l'acteur quitte son hôtel.
03:17 Pour cette journée-là, la première journée qu'on a faite ensemble,
03:19 il me fallait à peu près 16 heures pour la tourner,
03:21 et j'en avais que 10, c'était déjà difficile.
03:23 Et finalement, il s'est mis à un hôtel très loin.
03:24 Et donc je me disais "Mais ça va être impossible de tourner cette journée
03:28 en 8 heures, alors que j'en avais besoin deux fois plus".
03:31 J'arrive le premier sur le plateau, et il était 5 heures du matin.
03:34 Et je pensais être le seul.
03:36 Et en fait, un assistant vient me voir en me disant "On a un problème".
03:38 Et je dis "Quoi ?"
03:39 Il me dit "Anthony est déjà là".
03:40 Et je dis "Anthony Hopkins ?"
03:42 Il me dit "Oui, il est déjà là".
03:43 Donc c'est à dire que mon compte à rebours avait déjà commencé.
03:45 Et je suis allé le voir, et je lui ai dit "Mais qu'est-ce que tu fais là ?"
03:47 Il me dit "Écoute, je me suis réveillé à 4 heures du matin,
03:49 j'avais tellement envie d'aller travailler que je me suis dit "Allez, on y va".
03:51 Malgré le fait que ce n'était pas le personnage principal de ce film-là,
03:54 il y a eu tout autant de dialogues, de questions, d'emails, de partages.
03:59 C'est-à-dire que peu importe le nombre de phrases qu'il a à dire,
04:04 il est là pour servir quelque chose d'autre que lui-même.
04:06 [Musique]

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