MEURTRE D'UNE ENSEIGNANTE A SAINT JEAN DE LUZ : APRES LE DRAME, LA COLÈRE (1)

  • l’année dernière
Le collectif des Stylos Rouges dénonce depuis sa création les conditions de travail, de salaire et de respect dans lesquelles évoluent les personnels de l'éducation nationale.

Les faits qui se sont déroulés hier matin à Saint-Jean-de-Luz dans un établissement privé catholique renommé ne peuvent laisser personne indifférent. Un fait divers sordide : l'enseignante d'espagnol victime d'un élève se disant "possédé" pointe de nouveau les risques encourus quotidiennement par les personnels d'éducation. Au-delà de la conséquence funeste, c'est le fonctionnement du système d'encadrement des élèves qui est dénoncé par les nombre d'enseignant·e·s et par le porte-parole et administrateur du collectif des Stylos Rouges. Alors que ce drame marquera certainement durablement les esprits à Saint-Jean-de-Luz, notre journaliste Cemil Sanli reçoit Arnaud Fabre (membre du collectif Stylos Rouges) via la visio pour faire le point sur la situation politique dans laquelle cette triste actualité semble s’intégrer.

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Transcript
00:00 Le collectif des stylos rouges dénonce depuis sa création les conditions de travail, de salaire et de respect
00:05 dans lesquelles évoluent les personnels de l'éducation nationale.
00:08 Les faits qui se sont déroulés hier matin à Saint-Jean-de-Luz,
00:11 dans un établissement privé catholique renommé,
00:14 ne peuvent laisser personne indifférent.
00:16 Un fait divers sordide, l'enseignante d'Espagnol, victime d'un élève se disant possédé,
00:22 pointe de nouveau les risques encourus quotidiennement par les personnels d'éducation.
00:26 Alors au-delà de la conséquence funète, c'est le fonctionnement du système d'encadrement des élèves
00:31 qui est dénoncé ici par nombre d'enseignants et aussi par le porte-parole et l'administrateur du collectif des stylos rouges.
00:36 Alors que ce drame marquera certainement, très certainement, durablement les esprits à Saint-Jean-de-Luz et partout en France,
00:42 je reçois Arnaud Fabre par la Visio pour faire le point sur la situation politique
00:47 dans laquelle cette triste actualité semble s'intégrer.
00:50 C'est parti pour l'Entretien Express.
00:51 [Générique]
00:56 Bonjour Arnaud Fabre.
00:59 Bonjour.
01:00 Vous êtes là, vous m'entendez, tout va bien.
01:02 Merci d'être avec nous aujourd'hui.
01:04 Alors, quel est l'esprit dans lequel se trouvent les enseignants, on veut savoir, en fait,
01:09 et les élèves après ce drame quand même aujourd'hui ?
01:13 Hier, toute la France a assisté sidéré à l'assassinat d'une professeure de lycée.
01:20 Et l'émotion et la sidération laissent la place aussi aujourd'hui à une inquiétude,
01:25 parfaitement légitime, mais aussi à une forme de colère, au fond de rancœur, vous voyez,
01:33 comme un profond ressentiment qui est là depuis des années, ce n'est pas nouveau.
01:38 Mais on va dire qu'il y a une forme d'indignation chez les collègues, professeurs,
01:45 chez les collègues qui travaillent dans l'éducation nationale, qu'on oublie souvent,
01:49 les surveillants, les AESH, les ATSEM aussi, les personnels aussi d'encadrement,
01:55 les chefs d'établissement, premier et second degré.
01:59 Et puis, là, on voit que les réactions de nos responsables, très honnêtement,
02:06 ne sont pas à la hauteur de ce qui s'est produit hier.
02:11 Le ministre lui-même a fait une déclaration hier totalement soporifique,
02:15 légnifiante pour appeler au calme, à la responsabilité.
02:20 Bien entendu, bien entendu, c'est ce qu'on fait tous les jours.
02:24 Simplement...
02:26 Excusez-moi, parce qu'en fait, ce que dit le ministre d'appeler au calme, etc.,
02:30 on peut se comprendre dans un contexte où on va le voir,
02:34 en fait, beaucoup de personnes ont pu faire tout de suite le parallèle avec l'affaire Samuel Paty.
02:38 On pouvait comprendre que cet appel au calme pouvait être justifié.
02:41 Qu'en est-il ? Est-ce que c'est fondé selon vous, en fait, ce parallèle ?
02:48 C'est très compliqué. Là, on est 24 heures après les faits.
02:52 Simplement, on ne pourra pas dire cette fois-ci que c'est le contenu du cours qui pose des problèmes.
02:57 Vous voyez ? Parce qu'au fond, c'est ce qui a été dit au moment de l'affaire Samuel Paty
03:02 et qui continue d'ailleurs à être dit par des personnes, en l'occurrence,
03:05 qui refusent de voir ce qui s'est passé à ce moment-là.
03:08 Là, hier, malheureusement, c'était effectivement quelque chose sans doute de totalement imprévisible.
03:15 Ce qui, en revanche, est beaucoup plus prévisible,
03:19 ce sont les violences au quotidien que peuvent subir les personnels d'éducation et particulièrement les professeurs.
03:26 Alors, évidemment, ça ne va pas jusqu'au meurtre.
03:28 Et bien heureusement, puisque hier, encore une fois, l'élève concerné,
03:34 semble-t-il expliquer avoir été pris pour le coup de vision, genre de choses.
03:40 Bon, je ne suis pas psychiatre, donc on va laisser les experts sur ce domaine se prononcer.
03:46 Mais pour ce qui est de l'éducation, en revanche, nous, on a une expertise.
03:50 Et ce que l'on peut dire, c'est qu'on a énormément de professeurs, de collègues
03:54 qui sont en très grande souffrance au quotidien.
03:57 Tout simplement, c'est de la souffrance au travail.
04:00 Et cette souffrance au travail, elle va malheureusement, elle conduit beaucoup d'enseignants jusqu'au suicide.
04:05 On se souvient de Christine Renon, on se souvient de Jean Willot.
04:09 Et ça, c'est la face visible de la History.
04:13 Justement, vous parlez de face visible, vous le disiez à l'instant.
04:16 Alors là, vous parlez au nom du collectif des stylos rouges.
04:19 J'imagine que intégré dans ce collectif-là, vous pouvez avoir, vous justement,
04:25 la visibilité sur l'espace invisible, immergé de l'iceberg.
04:31 Parce que nous, on n'a dans l'actualité finalement que cette face à l'air libre
04:36 ou quand il y a des morts, quand il y a des drames vraiment très, très importants.
04:40 Mais alors que des petits drames, c'est un peu le quotidien, vous nous disiez à l'instant.
04:43 Pouvez-vous donner des exemples de ce que peuvent subir les personnels dans l'éducation nationale,
04:47 même privés, parce que là, il s'agit quand même du privé ?
04:50 Oui, sur les personnels, directement, ça peut être quand même des violences physiques.
04:55 Il faut savoir que, par exemple, nombre d'élèves en classe en primaire
05:00 se montrent violents envers les autres élèves, mais aussi envers les personnels adultes.
05:06 C'est vrai pour le coup de certains gamins qui mordent,
05:09 certains gamins qui tapent les adultes dans la salle sans aucune conséquence.
05:14 Il n'y a pas de cadre de punition ou de sanction dans les écoles primaires.
05:18 Et pour ce qui est des collèges et des lycées, malheureusement,
05:21 la plupart des actes de violence sont tournés le plus souvent entre les élèves.
05:28 Ça peut arriver aussi qu'il y ait, envers les adultes, des actes de violence physique.
05:33 Moi, ça m'était arrivé il y a plus de dix ans, un élève qui m'avait blessé un doigt.
05:38 Ça arrive en fait, alors évidemment, ça ne fait pas la une pour le coup des médias,
05:43 mais ça arrive tous les jours.
05:44 C'est vers les professeurs, mais souvent, c'est entre les élèves.
05:48 Et là, dans le second degré, collège, lycée, il va y avoir des procédures disciplinaires.
05:52 Le gros souci, c'est que bien avant 2018 et avant le hashtag #PasDeVague,
05:58 la plupart de ces affaires étaient mises sous le tapis.
06:01 Aujourd'hui, c'est un peu mieux, un peu mieux.
06:04 Le problème, c'est que quand je dis un peu mieux,
06:06 ça veut dire qu'en fait, on écoute les professeurs
06:10 quand ils disent qu'il y a un sérieux souci et qu'il faut réagir.
06:14 Et c'est très compliqué pour nous. Pourquoi ?
06:17 Parce qu'au fond, ça oblige la plupart des professeurs,
06:21 qui très souvent sont engagés à la fois dans l'action politique,
06:25 dans l'action syndicale, on l'a vu ces dernières semaines,
06:28 engagés très souvent à gauche,
06:32 à avoir une position qui au fond est très conservatrice.
06:36 Et ça peut paraître paradoxal,
06:39 mais dans les faits, on ne peut pas instruire des enfants sans calme,
06:44 sans respect et surtout sans un cadre très structuré.
06:48 Il faut quand même comprendre que quatre ans après le début de PasDeVague
06:51 et des Stil Rouges, on a encore des chefs d'établissement
06:55 et des inspecteurs qui ne veulent absolument rien entendre
07:00 et qui expliquent aux professeurs "c'est comme ça, c'est votre boulot",
07:03 quitte à se prendre dans la tête des insultes, des manques de respect, etc.
07:10 Donc, oui, au bout d'un moment, ce PasDeVague-là,
07:12 le Sénat s'en était saisi, mais malheureusement,
07:17 le jeu des chaises musicales qui fait qu'un élève extrêmement perturbateur,
07:21 quand il va être sorti d'un établissement, va être réintégré ailleurs
07:25 et qu'il y en a un autre, parfois pire, qui prend sa place,
07:28 ça, ça n'a jamais bougé.
07:30 Et encore une fois, le suivi des élèves,
07:33 le suivi de ces élèves qui sont parfois en grande souffrance psychique,
07:37 il faut en avoir conscience quand même,
07:39 eh bien, le suivi de ces élèves-là, aujourd'hui, est quasiment impossible,
07:43 notamment parce qu'il n'y a pas d'entrée dans le son
07:46 à travers l'éducation nationale.
07:48 Il n'y a quasiment plus d'assistante sociale,
07:50 il n'y a quasiment plus d'heures d'infirmière scolaire.
07:54 Les psychologues de l'éducation nationale ont été externalisés,
07:59 ils ne sont plus dans les établissements,
08:00 les médecins scolaires sont quasiment inexistants.
08:03 Et en fait, finalement, tout est traité sous la forme de dossiers quasiment papiers.
08:08 Donc, c'est ça le problème.
08:09 Là, vous nous dites qu'il y avait quand même une défaillance de l'État, finalement.
08:12 Vous nous dites que les moyens pour prévoir ont été enlevés.
08:18 Alors, j'ai deux questions à vous poser.
08:19 Déjà, ça, est-ce que pour vous, vous dénoncez une défaillance de l'État ?
08:22 Premièrement, et dans un second temps,
08:24 est-ce que vous nous parlez de votre doigt blessé il y a déjà dix ans ?
08:27 Est-ce qu'il y a une évolution vers le pire depuis ces dix dernières années
08:31 ou peut-être vingt dernières années ?
08:35 En tout cas, ce que l'on voit, c'est qu'il y a...
08:38 L'école est attaquée et elle est attaquée en fait par une société qui en fait veut en faire,
08:45 non pas un service public qui est instruit,
08:48 qui permet de s'émanciper de ses déterminismes sociaux, pas du tout,
08:53 mais comme quelque chose qu'au fond, un service qu'on achète et qui doit être immédiat.
09:00 Par exemple, on va avoir malheureusement beaucoup de parents
09:04 qui sont dans une attitude assez consommatrice.
09:07 Ce n'est pas le cas de tous les parents, heureusement.
09:09 Il y en a beaucoup qui nous respectent, beaucoup qui sont très reconnaissants,
09:12 comme d'ailleurs la plupart de nos élèves, qui sont très reconnaissants au fond,
09:15 y compris d'ailleurs quand on les gronde,
09:18 parce qu'au fond, ils savent qu'ils n'auraient pas dû faire ce genre de choses.
09:21 Malheureusement, on a une chaîne hiérarchique qui le plus souvent,
09:26 on va dire, laisse faire, ne veut pas voir,
09:30 ou essaye concrètement de calmer les choses.
09:33 C'est pour ça que je disais que les paroles du ministre étaient dénifiantes,
09:37 parce qu'au fond, la rectrice de Bordeaux est intervenue hier pour dire
09:40 "alors les collègues, votre place, vraiment c'est demain, devant les classes,
09:45 vous prenez les élèves, ils ont besoin de vous".
09:48 Évidemment, c'est notre quotidien, c'est notre métier,
09:50 c'est nous qui l'avons choisi, malgré nos salaires indignes.
09:53 Mais ce qui est certain, c'est qu'à un moment donné,
09:57 beaucoup de collègues d'hier soir se disaient "mais en gros, on fait quoi ?
10:01 Est-ce qu'on fait un droit de retrait partout en France ?"
10:04 C'est-à-dire que les gens veulent marquer le coup,
10:06 ils veulent marquer le coup parce qu'évidemment, l'actualité politique,
10:11 la réforme des retraites, les augmentations de salaires indignes qu'on nous propose,
10:16 tout ça, ça va accentuer une colère, un ressentiment.
10:20 Mais ce qui est certain, c'est qu'à un moment donné,
10:24 on ne pourra pas faire en sorte que l'éducation nationale aille mieux
10:27 sans mettre plusieurs dizaines de milliards d'euros par an dessus.
10:32 10 milliards sur les salaires.
10:34 Il faut absolument mettre 5 à 10 milliards sur le recrutement.
10:38 On ne peut pas continuer à travailler avec des classes à 32, 34, 35.
10:44 Il faut savoir qu'aujourd'hui, des milliers de classes en France
10:47 vont être fermées à la rentrée.
10:49 À nouveau, dans le primaire à Paris,
10:52 je crois qu'on est à 170 classes de primaire qui ferment.
10:55 Au lieu de se dire, on va peut-être profiter d'avoir 22 élèves par classe,
10:59 non, on va faire des classes à 32.
11:02 Et tous les personnels dont je parlais,
11:04 qui ne sont pas des personnels enseignants, mais qui travaillent à l'école,
11:07 les secrétaires, les gestionnaires,
11:11 les personnels au contact des élèves, infirmières scolaires, psy, EN,
11:15 les psychologues de l'éducation nationale,
11:16 tous ces postes-là, actuellement, n'arrivent pas à être pourvus.
11:20 Et les postes de professeurs aussi.
11:23 Tout simplement parce que malheureusement, déjà, il n'y a pas assez de postes.
11:26 Et quand on ouvre les postes,
11:27 nos conditions de travail sont tellement dégradées que ça n'acquiert plus.
11:33 Justement, là, vous dites, c'est intéressant,
11:35 puisque vous faites le lien avec les revendications,
11:38 tout du moins les contestations contre la réforme des retraites.
11:41 Est-ce que le collectif Stilo Rouge,
11:44 et peut-être même le monde de l'enseignement,
11:46 enfin, tout ce qui se rapproche,
11:47 sont prêts et prêts à venir dès le 7 mars dans la grève ?
11:51 Est-ce que vous allez vous saisir de l'occasion
11:53 pour justement revendiquer dans cette grande bataille-là,
11:55 la grève générale à partir du 7 mars ?
11:59 Ah oui, ça, il n'y a aucun doute.
12:01 Bien sûr, aujourd'hui, pour le coup, et comme hier,
12:04 nous réagissons à l'assassinat d'une collègue.
12:08 Mais depuis très longtemps, on est à fond contre cette réforme
12:13 qui, au fond, est extrêmement injuste.
12:15 Elle est très injuste, notamment pour des gens
12:19 qui ont commencé à travailler très tôt,
12:20 mais aussi pour des gens qui ont fait des études
12:22 et qui ont commencé à travailler un peu plus tard,
12:24 vers 24, 25, 26 ans.
12:26 Parce qu'évidemment, ces gens-là n'auront jamais
12:29 les années de cotisation nécessaires
12:31 pour avoir une retraite pleine,
12:33 à moins de travailler jusqu'à 70 ans.
12:34 Mais je ne sais pas si vous imaginez, pour le coup,
12:36 une de mes collègues de PS
12:38 faire une démonstration sur les barres parallèles des agrés
12:40 ou le saut en hauteur à 70 ans, 68 ans,
12:44 ça semble un peu compromis quand même.
12:46 Et même le métier d'enseignant, aujourd'hui,
12:49 est un métier qui est physiquement fatigant.
12:53 C'est usant, même nerveusement.
12:55 Et à partir de là, c'est véritablement une déclaration de guerre,
13:01 comme une bonne partie de ce que fait malheureusement Emmanuel Macron.
13:04 Donc oui, on est dans un contexte qui montre que,
13:07 concrètement, nos responsables politiques nous demandent
13:09 de ne pas bouger et d'être responsables,
13:11 alors qu'eux, eux-mêmes, ont une attitude
13:15 qui est totalement irresponsable.
13:17 Parce que dans les faits, ils mettent le feu
13:20 au lieu d'essayer d'améliorer les choses.
13:22 Donc oui, nous, nous réclamons, pour le coup,
13:25 un investissement financier extrêmement important,
13:27 particulièrement sur les salaires.
13:28 Nous sommes les seuls à demander à ce que 1000 euros nets
13:31 par mois par professeur soient mis sur la table
13:34 et que, par exemple, des personnels aussi,
13:36 comme les inspecteurs qui nous font souvent la leçon,
13:38 reviennent devant les classes.
13:40 Tout simplement parce que ça fera faire des économies à l'État
13:43 et qu'en plus de ça, ces gens-là seront un peu plus nos collègues.
13:47 Voilà, donc vous voyez, tout ça, c'est une réorganisation
13:51 aussi assez simple, qui n'est pas très compliquée,
13:53 mais qui changera aussi l'état d'esprit dans lequel se fait l'école.
13:57 Actuellement, quand il y a un problème,
13:59 on dit souvent que c'est l'adulte qui a eu un problème.
14:03 Alors que nos élèves, certes, depuis pas mal d'années,
14:07 connaissent pour le coup les travers de notre temps,
14:10 de notre société, sont parfois fatigués le matin
14:13 parce qu'ils se sont endormis trop tard,
14:14 parce qu'ils ont fait trop d'écran,
14:16 parce qu'ils sont pris aussi dans des histoires de conflits,
14:19 dans des réseaux sociaux, etc.
14:21 Des choses qui n'existaient pas au fond il y a 20 ou 30 ans.
14:24 Donc ça, c'est nouveau.
14:25 Mais pour autant, faire une école responsable
14:28 avec plus d'heures de cours en maths, en français, en anglais, etc.
14:33 Donner les moyens à l'école et aux professeurs
14:36 de faire des cours qui soient des cours construits
14:39 pour donner aux élèves le temps de s'épanouir.
14:41 C'est-à-dire que si un élève a besoin d'un peu plus de temps,
14:44 peut-être qu'une petite année de plus, ça lui fera du bien.
14:48 Mais non, tout aujourd'hui est considéré comme une ligne budgétaire.
14:52 Un professeur supprimé, c'est bien.
14:54 Enfin, un professeur pour le coup en moins, finalement, c'est pas mal.
14:57 Un professeur qui demande une dispo, aucun problème.
15:00 Nous allons mettre un contractuel sous-payé et recruté en 24 heures.
15:04 Vous voyez, tout ça, ça fait que comme à l'hôpital,
15:07 finalement, l'école va mal et que malheureusement,
15:10 ce qui s'est produit hier, c'est un drame, c'est une catastrophe.
15:14 C'est une catastrophe pour notre collègue, pour la famille de cette collègue,
15:18 pour les élèves qui ont assisté à cet assassinat
15:21 et même malheureusement pour l'assassin, parce que sa vie est brisée, à ce jeune.
15:25 Et donc, ce qui est terrible ici, c'est qu'au fond,
15:28 il n'y a même pas eu la possibilité de faire autre chose qu'une minute de silence.
15:34 Très bien, mais je crois que certains feront la minute de silence, le dos retourné,
15:39 pour justement dire simplement cette chose, c'est que oui, on est consterné,
15:45 on est aujourd'hui sidéré, on est ému par ce qui s'est passé hier,
15:49 mais on n'est pas du tout d'accord avec ce qui est en train de se passer
15:53 et on continuera à le dénoncer.
15:55 Nous, les stylos rouges, avec nos organisations professionnelles,
15:57 avec nos syndicats, pour dire que malheureusement, le travail tue
16:01 et on en a encore eu une preuve ces derniers jours.
16:04 Combien de suicides dans l'éducation nationale ?
16:06 Combien de morts du Covid ?
16:08 Bien sûr, on peut en parler.
16:09 Effectivement.
16:10 Alors, ma dernière question, en fait, ça s'adresse sur l'aspect un peu public-privé,
16:14 c'est-à-dire que là, ça a lieu, rappelons-le, dans le cadre d'un attestement à la fois privé,
16:19 mais surtout prestigieux dans un quartier favorisé.
16:21 Alors, on peut penser que l'administration publique, l'éducation nationale, n'est pas en cause
16:26 et finalement, que dans le privé, on est à l'abri de ce genre de choses.
16:29 Alors là, c'est vraiment un cas extrême, mais tout du moins, de ce qui peut,
16:32 comme vous le dites si bien, amener à ce genre de situation.
16:36 Alors, au-delà du fait sordide d'hiver qu'il y a, qui est terrible,
16:40 vous en faites une lecture politique globale, on le voit là.
16:43 Quelle leçon, très rapidement, on peut en tirer et un message bref,
16:48 clair à retenir de cette étape qu'on vient de traverser ensemble ?
16:54 Un message simple et clair ?
16:56 Moi, je vous dirais, évidemment, bien sûr, continuez à aller au travail.
17:00 N'ayez pas peur de vos élèves, mais surtout, n'ayez pas peur de votre administration
17:06 et n'ayez pas peur pour le coup de vos supérieurs hiérarchiques.
17:09 N'hésitez pas, n'ayez pas peur de prendre la parole en public et en l'occurrence,
17:15 de continuer non pas à utiliser des événements parfois qui sont terribles,
17:20 mais par contre, à dire qu'il y a des causes.
17:24 On nous dit que c'était un prévisif, peut-être, mais malheureusement,
17:27 des professeurs attaqués, des professeurs, pour le coup, mis en dépression,
17:33 des professeurs qui craquent, ça, ça continuera.
17:35 Et ça continuera pourquoi ?
17:37 Parce que tout simplement, malheureusement, notre État, effectivement, est très déficient
17:41 et nos responsables politiques refusent de mettre le pourcent de PIB,
17:46 c'est-à-dire 26 milliards qu'il faudrait pour que l'école fonctionne
17:50 comme aujourd'hui tous les pays de l'OCDE en France.
17:53 Voilà ce qui manque et donc c'est normal à la fois d'être ému,
17:57 c'est normal d'être sidéré, mais c'est normal d'être en colère.
18:00 Et nous, les stylos rouges, nous continuerons à porter cette parole
18:03 qui est une parole à la fois combative, mais qui est une parole aussi de conviction.
18:08 Parce que nous ne sommes pas simplement des gens qui râlons,
18:11 nous sommes des gens en l'occurrence qui avons une idée de notre métier
18:14 et qui avons aussi une idée de notre dignité.
18:16 Et je trouve que les responsables politiques hier n'ont pas été très dignes
18:21 en nous appelant simplement à être bien calmes et à reprendre tout simplement nos élèves.
18:25 Nous resterons calmes, nous reprendrons nos élèves.
18:29 En revanche, comme vous l'avez dit, à partir du 7 mars,
18:32 là nous serons un peu moins calmes et nous ne serons pas devant nos élèves,
18:35 nous serons en grève.
18:36 Merci beaucoup, monsieur Fabre.
18:39 On vous remercie encore une fois pour cet entretien
18:41 et on vous souhaite une très bonne journée
18:43 et bien le courage pour continuer avec vos collègues.
18:46 Merci.
18:47 [SILENCE]

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