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Au cœur des manifestations contre la réforme des retraites, une banderole de l'alliance écologique et sociale regroupe syndicats et ONG écologistes. La CGT, Solidaires, FSU, la Confédération paysanne, Attac, Greenpeace, Oxfam et Les Amis de la Terre, protestent ensemble contre une réforme injuste qui prévoit de reculer l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans.

Cette réforme ne serait pas seulement socialement condamnable, elle serait aussi climaticide, estiment les militants écologistes qui participent au cortège. Ceux-ci dénoncent la logique productiviste de ce projet de loi qui incite à travailler plus, exploiter plus, produire plus, consommer plus, polluer plus et émettre plus d'émissions de gaz à effet de serre.

Il est temps de « réfléchir au travail d'un point de vue écologique », explique Vincent Gay, sociologue et membre d'ATTAC. Partager le temps de travail et les richesses est donc une mesure sociale et écologique. De quoi inciter le mouvement social à intégrer de plus en plus le mouvement climat. Et à convaincre que les luttes écologistes et sociales se complètent.

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News
Transcription
00:00 Macron nous fait la guerre, mais ça retraite aussi !
00:05 Mais on reste des terres, on peut créer le pays !
00:08 Macron nous fait la guerre !
00:11 Ces écologistes répondent à l'appel des syndicats
00:14 et marchent au front contre la retraite à 64 ans.
00:16 Hé ho, rassemblez-toi !
00:19 Foutons le pédophile !
00:21 Dès la première manifestation contre la réforme des retraites,
00:24 le 19 janvier, les drapeaux écologistes apparaissent
00:27 dans les cohortes des grévistes.
00:29 Un grand cortège de l'alliance écologique et sociale
00:31 met en avant la jonction entre le mouvement ouvrier,
00:34 des agriculteurs et des écologistes.
00:36 Ça montre également que la justice climatique et justice sociale,
00:39 c'est imbriqué, c'est ensemble.
00:40 C'est pour ça qu'on est là aujourd'hui.
00:43 Pourquoi ces militants font-ils de la lutte contre la réforme des retraites
00:46 un combat écologiste et pour la sauvegarde du climat ?
00:49 Le Média s'est plongé au milieu des troupes écolos du mouvement social,
00:52 suivant des figures engagées dans la bataille des retraites.
00:56 Comment avez-vous eu l'intention de me trahir ?
01:00 Faites de notre planète un grand jeu.
01:05 En épuisant en même temps les deux sources,
01:07 d'où jaillit toute richesse, la terre et le travailleur.
01:11 Lier la retraite à l'urgence climatique ne va pas de soi.
01:22 Pourtant, ce lien apparaît évident pour certains manifestants
01:25 qui dénoncent une réforme injuste et climaticide.
01:28 Cette réforme des retraites, elle est vraiment emblématique
01:31 d'un projet de société dont on ne veut pas.
01:32 C'est-à-dire que lutter pour l'environnement et pour l'écologie,
01:35 c'est aussi lutter pour une société plus sobre,
01:40 moins productiviste, moins consommatrice.
01:42 Et on sait qu'allonger la durée de cotisation,
01:44 donc allonger la durée de travail,
01:46 ça va avoir un impact plus fort sur l'environnement.
01:48 De fait, l'allongement du temps de travail, il a un impact sur le climat.
01:52 Parce que si on travaille plus, on va produire plus.
01:55 Et que cette logique productiviste, elle est néfaste pour le climat.
02:00 C'est aussi le GIEC, donc les scientifiques du climat qui le disent.
02:03 Il faut qu'on sorte de cette logique-là de toujours produire plus.
02:07 En réduisant la durée du travail,
02:08 on réduit aussi les émissions de gaz à effet de serre.
02:10 Parce que réduire le temps de travail,
02:11 c'est réduire les transports, les déplacements.
02:14 C'est réduire la production et la consommation
02:17 qui sont source d'émissions de gaz à effet de serre.
02:19 C'est aussi libérer du temps potentiellement
02:21 pour que les gens s'engagent dans la vie associative,
02:24 s'engagent pour des activités qui font du bien plutôt à l'environnement
02:27 que de le dégrader.
02:28 Donc on a le sentiment qu'aujourd'hui,
02:29 il faut lier effectivement le rapport au travail,
02:33 notre rapport à toutes et à tous au travail
02:35 et la protection de l'environnement.
02:37 Ce que dit le gouvernement,
02:39 c'est qu'il y a une nécessité de participer à davantage de production,
02:43 donc à davantage de croissance.
02:45 Or, cette idée d'une croissance infinie dans un monde de ressources finies,
02:49 elle est complètement contraire à la lutte contre le changement climatique.
02:54 Et justement, il faut qu'on arrive à réduire
02:57 à la fois la production et la consommation.
02:59 On est dans un monde qui va vers potentiellement les +3 degrés.
03:01 Aujourd'hui, on nous a confirmé qu'on va dépasser quasiment
03:04 de façon sûre le seuil des 1,5 degré.
03:06 Donc c'est la dégradation de notre niveau de vie
03:10 d'ici quelques décennies en réalité.
03:13 Donc là, on est en train de nous parler non seulement
03:15 du fait qu'on va devoir travailler plus,
03:16 mais en plus dans un climat qui sera de plus en plus dégradé.
03:18 Et derrière, on nous argumente que c'est pour la transition qu'on le fait.
03:21 Enfin, c'est de la folie, ça ne va pas du tout.
03:23 Donc non, bien évidemment, les plus démunis sont déjà les plus concernés
03:26 par le réchauffement climatique, que ce soit dans le périurbain,
03:29 dans les classes populaires, dans les quartiers populaires, dans l'industrie.
03:31 Les luttes écologistes et les luttes sociales
03:34 sont les deux facettes d'une même crise majeure.
03:39 Travailler plus, produire plus, consommer plus.
03:43 Les mots d'ordre du crédo capitaliste apparaissent désuets
03:45 auprès des tenants d'une retraite à 60 ans.
03:48 Dans les cortèges, certaines ONG avancent des solutions
03:51 qui s'opposent au carcan libéral.
03:52 Ce carcan qui refuse de changer de logique,
03:55 qui refuse de placer le climat, l'écologie, le social
03:58 et le bien-être au centre de sa politique.
04:00 On sait qu'aujourd'hui, il nous faut au moins un million d'emplois pour le climat.
04:03 Il y en a au moins 300 000 qu'on pourrait créer
04:05 dans la rénovation thermique des bâtiments.
04:07 Pour y arriver, il faut partager le travail.
04:10 Limite, il faut réduire le temps de travail plutôt que de l'augmenter
04:13 comme est en train de le proposer le gouvernement actuel.
04:15 La meilleure manière de générer de l'emploi aujourd'hui,
04:18 il y a des études qui le montrent dans les pays nord-européens, etc.
04:20 c'est de partager le temps de travail.
04:22 Donc de permettre à ceux qui sont les plus jeunes aujourd'hui
04:24 de rentrer sur ce marché du travail
04:27 et en plus de rentrer dans un marché du travail de la transition.
04:29 Donc ça ne suffit pas juste de dire on réduit le temps de travail.
04:32 Il faut créer l'emploi dont on aura besoin pour le futur.
04:35 Tout ce qui va être recyclage, énergie renouvelable,
04:38 le soin, l'accompagnement, le reconditionnement,
04:40 tout ça, c'est de l'emploi qui n'est pas nécessairement rentable
04:43 d'un point de vue capitaliste, si je le dis comme ça.
04:45 Mais il sera fondamental et nécessaire pour la transition écologique.
04:49 Au contraire, le monde que dessine aujourd'hui le gouvernement
04:52 est un monde du toujours plus.
04:53 Toujours plus d'exploitation, du travail et des ressources.
04:56 Toujours plus d'extraction, toujours plus de profit.
04:59 Un système des retraites par répartition affaibli
05:02 ouvrirait la porte à un système par capitalisation.
05:05 Véritable hantise des syndicats et des écologistes.
05:08 Qui veut ? Qui veut ?
05:09 Qui dit privatisation du système de retraite,
05:12 dit développement des retraites complémentaires et des fonds de pension.
05:15 Et aujourd'hui, s'il y a une raison climatique
05:17 pour laquelle il faudrait se mobiliser,
05:19 c'est le simple fait que ces fonds de pension
05:21 sont un soutien majeur aux énergies fossiles partout dans le monde.
05:26 Le peuple, le peuple, résistant !
05:30 Ça va inciter les Français et les Françaises qui le peuvent
05:33 d'épargner en plus de la retraite dans des investissements privés
05:38 comme dans les banques ou dans les assurances.
05:40 Et ce sont ces banques et ces assurances
05:42 qui financent les projets climaticides
05:46 comme par exemple BNP Paribas qui finance la bombe climatique
05:50 qui est ECOP en Ouganda et en Tanzanie,
05:53 qui est un projet de TotalEnergie.
05:56 Que la question écologique soit ancrée dans le mouvement social apparaît nouveau,
05:59 destinant une union au sein des luttes et la jonction de revendications.
06:03 Pour comprendre cette évolution,
06:05 nous avons invité Vincent Guay de l'ONG Attaq,
06:07 active au sein de l'Alliance écologique et sociale.
06:10 Il dénonce un projet de société qui vise à faire travailler plus longtemps
06:14 et à exploiter d'autant plus la nature.
06:16 Ce qui se joue finalement c'est en gros plus d'exploitation,
06:19 là en l'occurrence plus d'exploitation du travail
06:22 à travers l'allongement de la durée de cotisation
06:25 et le recul de départ de l'agent en retraite.
06:27 Mais tout le monde a bien conscience que ce gouvernement-là en particulier
06:32 est aussi violent avec les travailleurs qu'il l'est avec la nature
06:35 et on en a des exemples tous les jours.
06:37 Ce sociologue analyse un projet de société qu'il juge destructeur pour la planète.
06:41 C'est un gouvernement qui, oui, effectivement,
06:43 défend un système qui s'attaque à la fois au travail et à la terre.
06:48 Autour des retraites se joue en particulier la question du travail
06:53 et je crois que c'est l'occasion aussi d'interroger la question du travail
06:58 d'un point de vue écologiste aujourd'hui.
07:01 La révolution industrielle, une de ses conséquences,
07:04 ça a été l'accroissement très très fort de la durée du travail.
07:08 Et cet enjeu autour de la durée du travail,
07:10 il a été majeur pendant toute l'histoire du capitalisme.
07:13 Ce qu'il fallait faire pour les tenants du système,
07:16 c'est effectivement accroître l'efficacité du travail,
07:19 mais aussi sa durée.
07:21 Et on voit, si on prend par exemple la seconde moitié du XXe siècle,
07:24 à quel point la hausse de la productivité n'a pas permis,
07:28 au contraire, de se libérer du travail, de réduire le temps de travail,
07:31 mais a permis d'accélérer les processus d'exploitation de la nature.
07:36 Et donc autour de ce qu'on fait du travail
07:38 et comment une société envisage le travail,
07:41 et je parle en l'occurrence du travail salarié,
07:43 c'est bien sûr un enjeu majeur.
07:46 Il y a une recherche de libération par rapport au temps productif.
07:51 Et cette libération, à mon avis, est extrêmement importante
07:53 parce que c'est aussi celle qui permet d'envisager de faire de sa vie autre chose
07:59 que juste être soumis à l'impératif de production.
08:02 Et dans cette autre chose, il y a plein de choses.
08:04 Cette retraite va impacter les plus précaires,
08:07 ceux qui ont des métiers physiquement éprouvants.
08:10 Et ce qu'on a vu ces dernières années,
08:11 c'est que ces mêmes métiers physiquement éprouvants,
08:14 en particulier tous ceux qui travaillent en extérieur,
08:17 ceux qui sont confrontés à des matières dangereuses,
08:20 sont d'autant plus impactés par les crises environnementales.
08:24 On voit par exemple les travailleurs des chantiers du BTP
08:29 pendant les canicules, à quel point leur travail devient complètement impossible.
08:34 Ces travailleurs-là, on devrait au contraire penser à des formes de protection,
08:39 de réduction du travail,
08:42 d'amélioration de leurs conditions de travail dans des périodes extrêmement difficiles.
08:47 Eh bien non, c'est exactement le contraire qui est fait,
08:49 c'est-à-dire qu'on va leur demander de travailler plus longtemps.
08:54 Et les enjeux autour de la pénibilité et de leur articulation
08:57 avec ou la crise environnementale ou le fait d'être soumis à des produits toxiques,
09:03 par exemple, dans l'industrie,
09:05 elle est extrêmement importante.
09:07 Et ce gouvernement, à la fois avec cette réforme des retraites,
09:11 mais aussi par exemple avec les ordonnances Macron de 2017
09:13 qui ont limité la possibilité de reconnaître la pénibilité du travail,
09:20 ne va pas du tout dans le sens qu'il faudrait.
09:22 La question climatique, elle n'est pas du tout prise en compte nulle part.
09:26 Et du coup, je crois que ce qui se passe aujourd'hui,
09:28 entre ce décloisonnement encore insuffisant,
09:32 mais quand même entre les écologistes et les syndicalistes, pour le dire vite,
09:37 eh bien justement, il indique la voie que ne prend pas le gouvernement,
09:40 c'est-à-dire d'arriver à réfléchir globalement
09:43 à comment est-ce qu'on pense le temps de travail dans nos sociétés
09:46 face à la crise climatique.
09:47 Le mouvement contre le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans
09:52 ne fait que commencer,
09:53 esquissant des premiers soubresauts d'une lutte contre un monde injuste,
09:57 un monde qui nous précipite dans le chaos climatique,
10:00 un monde qui laisse surgir les monstres et abattre la catastrophe.
10:04 Ce monde unit contre lui toutes les classes populaires,
10:07 mais aussi tous les pans du mouvement social,
10:09 laissant paraître les convergences de demain,
10:11 celles du nouveau monde.
10:13 Sous-titrage Société Radio-Canada
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