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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il s'intéresse aux "déboussolés de la retraite".

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Transcription
00:00 - Un édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brézé. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04 - Depuis quelques temps Emmanuel Macron se tenait à l'écart du débat sur les retraites.
00:08 Il est intervenu hier en Conseil des ministres pour fustiger, je le cite,
00:12 "les oppositions qui n'ont plus de boussole et qui sont totalement perdues".
00:16 Est-ce que ça veut dire Alexis, que le président de la République compte s'engager dans la bataille ?
00:21 - Franchement, ça m'étonnerait un peu parce qu'il me semble plutôt qu'il va laisser Elisabeth Borne s'user et s'exposer.
00:28 Et vu le degré de popularité d'Emmanuel Macron parmi les parlementaires, ça vaut sans doute mieux pour le succès de la réforme.
00:35 Mais si cette sortie veut dire quelque chose, c'est me semble-t-il que le président est inquiet.
00:40 Et il faut dire que le rejet surprise mardi soir du fameux index senior par les voix mêlées de la NUPES, du RN et des LR n'est pas très rassurant.
00:49 Dans la majorité, personne ne l'avait vu venir et ce qui s'est produit une première fois peut fort bien se reproduire une seconde.
00:55 Bref, aujourd'hui, nul ne peut jurer avec une absolue certitude que le texte serait adopté.
00:59 Bon, après, il faut bien reconnaître que ce que dit Emmanuel Macron n'est pas absolument sans fondement.
01:04 Quand il dénonce les contorsions de la droite qui hier encore défendait la retraite à 65 ans et qui trouve aujourd'hui que 64 ans c'est trop, on peut pas lui donner tort.
01:15 Quand il fustige le double langage de la gauche et du RN qui pleure à chaudes larmes sur le sort injuste fait aux seniors poussés hors des entreprises
01:23 et qui récuse le dispositif des signes à être protégés, il a parfaitement raison.
01:28 Il a raison, mais peut-être pourrait-il en même temps songer à balayer devant sa porte et celle de son gouvernement,
01:34 dont la boussole, pour reprendre ses mots, n'a pas toujours été d'une exactitude absolue.
01:39 - Vous m'intriguez là, qu'est-ce que vous voulez dire par ça ?
01:42 - Eh ben, quand on a claironné pendant des années qu'il n'y a pas de problème de déficit des régimes de retraite
01:48 et qu'il serait non seulement inutile, mais aussi injuste de demander aux plus modestes de travailler plus longtemps
01:53 et qu'on finit par expliquer aujourd'hui qu'il faut impérativement repousser l'âge de départ si l'on veut éviter la faillite du système,
01:59 c'est pas un modèle de cohérence.
02:01 Quand on a dépensé sans sourciller des centaines de milliards pour lutter contre les effets économiques du Covid,
02:07 compenser la flambée des prix de l'énergie, et qu'on monte maintenant une usine à gaz législative pour économiser au mieux une douzaine de milliards,
02:15 et encore chaque jour ça diminue, c'est pas non plus une démonstration d'extra-lucidité.
02:20 - Il reste 36 heures pour le débat sur les retraites, est-ce que vous pensez qu'on aura le temps d'étudier le fameux article 7,
02:26 celui qui prévoit le report de l'âge légal de départ à 64 ans ?
02:29 - Bah écoutez, rien n'est fait, il est décrit, mais ça m'étonnerait, parce qu'en vérité dans cette affaire, on nage en pleine hypocrisie.
02:35 Il y a évidemment l'hypocrisie des amis de Mélenchon qui bloque volontairement les débats et le vote
02:41 uniquement pour pouvoir crier de main à la tyrannie, au raft démocratique, et attiser ainsi, espère-t-il, la mobilisation de la rue.
02:49 Mais le gouvernement qui proteste contre ces manœuvres d'obstruction, en réalité s'en accommode fort bien.
02:55 Dans le climat d'incertitude actuelle, il n'a aucune envie qu'on passe au vote,
02:58 il préfère aller directement à la case Sénat sans prendre de risques inutiles, hypocrisie.
03:03 Et la droite qui râle aussi contre Mélenchon, en fait elle est ravie.
03:07 Éviter le vote, pour elle, c'est le seul moyen de ne pas étaler ses divisions, hypocrisie.
03:11 Ajoutons le RN, qui dépose une motion de censure dans le seul but de montrer que la NUPES refuse de la voter,
03:16 et là le bal des hypocrites sera au complet.
03:19 Je vais vous dire, je ne sais pas si à la fin des fins ce psychodrame national permettra de rétablir l'équilibre financier de nos régimes de retraite,
03:26 mais ce que je sais, c'est qu'il ne permettra sûrement pas de restaurer la confiance des Français dans leur classe politique.
03:32 Alexis Brezet, l'édito politique sur Europe.

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