• l’année dernière
Pour retracer une partie de l'histoire d'Ed Banger, qui fête ses 20 ans en 2023, on a demandé à Pedro Winter (le patron du label) et à Myd (sa dernière grosse signature) de monter dans une machine à remonter le temps. Quel a été le premier disque de chez Ed Banger que Myd a acheté ? Comment aurait pu s'appeler le label ? Pourquoi il ne faut jamais refuser une raclette ? Les réponses à ces questions sont dans cette vidéo, avec les Pyrénées en arrière-plan.

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Musique
Transcription
00:00 Je suis trop content que tu aies rejoint la famille, mon Midos.
00:04 Merci de m'avoir accueilli, de m'avoir adopté.
00:07 De t'avoir adopté, c'est ça.
00:09 Salut, c'est Mide.
00:10 On est à Garosnow et aujourd'hui, je suis journaliste et j'interviewe
00:14 la star de l'électro, Pedro Winter.
00:27 Dans les différents drafts de noms de labels que tu avais...
00:31 Ah putain, t'es bon.
00:33 Alors, c'est incroyable.
00:34 C'est une super bonne question.
00:36 Et celle-là, personne ne l'avait jamais posée.
00:38 Je pense que personne ne me l'a posée.
00:39 Quand j'ai cherché le nom du label, c'était au moment où j'avais ma boîte
00:41 de management qui s'appelait Bangers Entertainment et tout tournait autour
00:45 du heavy metal.
00:47 Je ne sais pas pourquoi.
00:49 Je sais pourquoi, parce que j'aimais cette culture-là,
00:52 mais ça n'avait aucun sens par rapport au label qu'on allait monter.
00:56 Et en fait,
00:58 qu'est-ce que j'ai retrouvé?
00:59 J'ai trouvé...
01:01 Putain, c'est nul.
01:02 Snake Pit.
01:05 J'ai failli appeler le label Snake Pit,
01:08 qui ne veut rien dire, qui est juste en fait
01:11 la fosse dans laquelle les gens se sautent dessus.
01:13 Et en fait, on peut le dire, parce que j'en ai déjà parlé,
01:16 c'est DJ Mehdi qui a trouvé le nom du label.
01:20 Puisque moi, j'avais cette boîte de management qui s'appelait Headbangers Ball,
01:23 qui est un hommage à Headbangers Entertainment,
01:25 qui est un hommage à l'émission mythique de MTV, Headbangers Ball.
01:30 Et c'est Mehdi, en discutant, qui me dit,
01:37 mais viens, on a qu'à créer un personnage qui s'appellerait Edouard Banger,
01:41 Headbanger, comme ça, c'est la même prononciation.
01:44 Sur le coup, je me suis un peu laissé embarquer.
01:46 Quelquefois, je me dis, putain, c'est un peu alambiqué comme nom.
01:49 Les gens ne vont pas comprendre, machin.
01:52 Et au final, Headbanger, ED plus loin BANGER,
01:56 les Américains pensent que c'est la version,
01:57 traduction française de Headbangers.
02:00 Donc, c'est assez marrant, c'est assez mignon finalement.
02:04 Et aujourd'hui, 20 ans plus tard,
02:07 je suis content de savoir que Headbanger est devenu un nom, un mot commun.
02:12 Dans le dictionnaire, il est rentré l'année dernière.
02:14 Il est rentré.
02:15 *Musique*
02:23 -Est-ce que l'histoire est vraie ou pas ?
02:24 -L'histoire avec Justice, on la voit venir.
02:26 -Est-ce que c'est une légende ?
02:29 -Non, non, c'est absolument pas une légende.
02:32 On est en 2002, d'ailleurs, parce qu'on a sorti le disque de Justice,
02:35 "Where are your friends" en 2003, mais c'est en 2002 que Saumy...
02:38 Je bosse à l'époque avec Saumy sur un autre projet qui n'est pas le label,
02:42 puisque Headbanger n'existe pas encore.
02:44 Et il me dit "je vais bouffer chez des potes, je vais bouffer une raclette".
02:47 Et je sais pas ce qu'il m'a pris,
02:49 certainement l'amour du fromage fondu.
02:51 Je lui dis "vas-y, incruste-moi, j'ai rien à faire ce soir-là,
02:54 incruste-moi, je les connais pas, mais bon, je ferai connaissance".
02:57 Et donc il m'incruste, on mange cette raclette,
02:59 et à la fin du dîner, Xavier et Gaspard, tout timides,
03:02 parce qu'ils sont jeunes, viennent me voir, on dirait "ah,
03:04 on sait ce que tu fais, tu te bosses dans la musique, machin,
03:06 nous aussi, on fait un peu de musique, on aimerait te faire écouter".
03:09 Et on va dans la chambre de Gaspard, qui habitait chez ses parents à l'époque,
03:11 et ils me font écouter "Never be alone",
03:13 un morceau que vous connaissez tous, "We are your friends".
03:16 Et moi, à ce moment-là, j'avais dans la tête cette idée de monter un label.
03:25 Et donc ça a pris 4 secondes, vraiment ça a pris 4 secondes.
03:28 Enivré encore de toute cette raclette que je venais d'ingurgiter.
03:32 Je leur dis "passez au bureau, je monte un label,
03:36 vous serez la nouvelle signature du label".
03:38 C'est aussi simple que ça.
03:40 - Est-ce que tu penses qu'il faut toujours lancer un label avec un morceau ?
03:45 - Nous, on a lancé le label Headbanger en 2003
03:47 avec le morceau "Mr. Flash", "Radar Rider".
03:50 - Donc tu l'as lancé avec...
03:56 En fait, c'est parti d'un morceau et pas d'une envie de label ?
03:58 - Ah oui, je vois ta question.
04:01 Moi, ça a été complètement accidentel,
04:02 dans le sens où, effectivement, c'est un artiste qui est venu me voir
04:05 pour me proposer un autre job, il cherchait un manager.
04:08 Moi, je ne voulais pas être son manager,
04:09 mais ce qui m'a fait écouter m'a donné envie de monter un label.
04:12 Donc, effectivement, l'étincelle était musicale.
04:15 On est en 2003,
04:17 la musique électronique française commence un peu à décliner
04:21 ou en tout cas à moins intéresser les gens.
04:23 L'espèce de folie autour du live de Daft Punk n'est pas encore là,
04:27 puisque en 2003, on est entre Discovery et Human After All.
04:31 Donc, il y a un espèce de petit creux.
04:33 Moi, j'ai un peu plus de temps libre et c'est comme ça que je monte le label.
04:36 Les Dafts sont en studio en train de préparer la suite.
04:39 Et inconsciemment, je pense que j'ai voulu, moi aussi, monter mon label.
04:43 Et la rencontre, alors il y a Justice, évidemment,
04:45 mais il y a DJ Mehdi, avec qui je travaille aussi à l'époque, à ce moment-là,
04:48 qui, lui, bosse déjà sur un nouveau projet.
04:53 Et d'ailleurs, ça sera en 2006, le premier album,
04:56 le premier long format qu'on sort sur El Bango Records,
04:58 c'est le deuxième album de DJ Mehdi, qui est évidemment une fierté.
05:01 Aujourd'hui, avec le recul, c'est qu'il a un goût évidemment particulier,
05:05 parce qu'il nous a quittés en 2011.
05:07 Mais j'adore en tout cas repenser à ce disque de 2006,
05:12 que les gens, en tout cas, j'espère qu'aujourd'hui,
05:14 le jeune public peut découvrir.
05:17 Pour moi, il marque vraiment la couleur musicale, ce qu'est Ed Banger.
05:21 Pour les gens dans l'inconscient collectif, Ed Banger, c'est Justice,
05:24 Sébastien, Monsieur Oiseau.
05:25 Et justement, je trouve intéressant aujourd'hui de réécouter Lucky Boy,
05:29 qui est vraiment un croisement entre la musique électronique et le hip hop.
05:32 [Musique]
05:41 - Et toi, quand tu étais à Lille, en 2005, t'avais un artiste que t'aimais bien chez Ed Banger ?
05:47 - Pas particulièrement.
05:50 Mais j'avais ce magasin de disques à Lille,
05:53 c'était un magasin de disques vinyles qui s'appelait USA Import.
05:56 C'était un énorme magasin de disques.
05:58 - Et dans lequel j'allais acheter toutes les semaines un disque.
06:02 - En gros, mon argent de poche passait dans des disques vinyles.
06:05 Et toutes les semaines, j'allais écouter des disques.
06:07 Et un jour, je tombe sur ce disque sans savoir ce que c'est.
06:11 Parce qu'en fait, le graphisme de la rondelle de ce disque, il n'est pas très clair.
06:16 Et Justice, à l'époque, pour moi,
06:18 ce n'était pas du tout clair que c'était le nom du groupe.
06:20 Parce que c'était marqué Justice versus Simeone, Never be alone.
06:26 Comment je pouvais savoir ce que c'était ?
06:27 À l'époque, c'était Epochs My Space.
06:30 Et il s'avère que j'ai écrit à Justice sur My Space,
06:33 qu'ils m'ont répondu, parce qu'à l'époque, il y avait un chat sur My Space.
06:37 C'est ce qui est assez fou.
06:38 C'est comme si sur Instagram, il y a un chat sur Insta,
06:40 mais un truc beaucoup plus libre et où on pouvait échanger.
06:43 Et on avait échangé quelques mots.
06:44 Et du coup, j'avais su que c'était...
06:47 - De Parisien, OK.
06:49 Je suis trop content que tu aies rejoint la famille, mon midos.
06:54 - Merci de m'avoir accueilli, de m'avoir adopté.
06:57 - De t'avoir adopté, c'est ça.
06:59 Mais non, mais c'est en plus, comme je le raconte,
07:03 parce que là, on traverse comme ça un peu vite fait l'histoire du label.
07:07 Mais 2017, nous, c'est important aussi pour un label de se réinventer,
07:12 de se repositionner, de retenter des choses.
07:15 Et effectivement, ce n'était pas gagné d'avance,
07:18 la façon dont tu t'es intégré et dont tu as eu la charge de représenter le label.
07:22 Moi, j'ai beaucoup misé sur toi en disant, tiens,
07:26 tu vois, entre les Justice qui sont en studio,
07:28 Sébastien qui fait de la musique de film,
07:30 Oiseau qui fait de plus en plus de cinéma.
07:33 À un moment, tu as eu cette charge-là depuis deux, trois ans à représenter le label.
07:37 Et effectivement, c'est un bonheur de voir les bonnes ondes que tu distilles.
07:44 - C'est parce que tu le fais bien, parce que tu ne m'as pas stressé.
07:46 - Oui, mais c'est ça.
07:47 Mais c'est assez kiffant.
07:49 Dans les chapitres, en tout cas, du label,
07:52 il y a un chapitre mid que tu as écrit avec de belles lettres dorées.
07:59 - Trois lettres écrites en or.
08:03 - Trois lettres écrites en or.
08:04 - Trois lettres écrites en or.
08:05 - Trois lettres écrites en or.
08:06 - Trois lettres écrites en or.
08:07 - Trois lettres écrites en or.
08:08 - Trois lettres écrites en or.
08:09 - Trois lettres écrites en or.
08:10 - Trois lettres écrites en or.
08:12 - Trois lettres écrites en or.
08:13 ♪ ♪ ♪
08:15 [SILENCE]

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