La chronique du Dr Milhau du 13/02/2023

  • l’année dernière
Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

Category

📺
TV
Transcript
00:00 Bonjour docteur.
00:00 Bonjour.
00:01 Brigitte Millieu avec nous, c'est aujourd'hui la journée internationale de l'épilepsie,
00:05 une maladie toujours stigmatisée.
00:07 On fait le point avec vous ce matin sur cette maladie très fréquente.
00:10 Oui, très fréquente.
00:11 C'est la deuxième maladie neurologique la plus fréquente après la migraine.
00:14 Ça touche 1% de la population.
00:17 Un enfant sur 100 est épileptique.
00:19 On ne sait pas rien.
00:20 Et c'est toujours vécu comme quelque chose de terrible.
00:23 10% des Français pensent encore que ça relève de la sorcellerie.
00:26 Et enfin, vous voyez, on est dans un autre monde.
00:29 C'est pour ça que cette journée internationale est importante.
00:32 Il faut pouvoir en parler.
00:34 Il faut arrêter de stigmatiser cette maladie.
00:36 Alors de quoi s'agit-il ?
00:37 Vous savez que notre cerveau, des milliards de neurones, ça fonctionne à l'électricité.
00:42 Il y a un neurone qui envoie un influence nerveux à un autre neurone.
00:45 Tout ça, c'est toujours dans le même sens.
00:47 C'est synchrone.
00:48 C'est réglé comme du papier à musique.
00:50 Tout se passe bien.
00:51 Sauf que dans l'épilepsie, il y a une espèce de court-circuit électrique qui va chambouler tout ça.
00:58 Et tout à coup, certains neurones, voire tous les neurones, voire une population de neurones,
01:02 vont se mettre à décharger tous en même temps de manière synchrone.
01:06 Alors vous comprenez bien que ça va mettre une grosse panique là-dedans et ça va tout changer.
01:11 Puisque normalement, tout est habitué, tout est réglé pour fonctionner les uns après les autres, se reposer, etc.
01:16 Donc là, on va distinguer deux grands types de crise d'épilepsie.
01:20 Soit ça touche tout le cerveau, le court-circuit, et ça va être une crise généralisée.
01:25 Et dans les crises généralisées, il y a deux types de crises.
01:28 Il y a celle que tout le monde connaît, le grand mal, où on voit la personne qui est agitée.
01:32 On l'appelle tonico-clonique.
01:34 Ça veut dire qu'en fait, les muscles vont commencer à être spastiques, à se durcir.
01:38 Puis après, ils vont être agités de tremblements, puis de convulsions.
01:41 Et donc, c'est tout le corps entier, avec aussi d'autres effets secondaires.
01:45 C'est la fameuse crise que l'on voit dans les films.
01:47 J'en profite d'ailleurs pour dire que lorsque vous voyez quelqu'un qui est en train de faire une crise d'épilepsie,
01:53 on ne s'approche pas, on ne touche pas.
01:55 Je profite aussi pour rappeler que personne n'a jamais avalé sa langue.
02:01 La langue, elle est bien accrochée, croyez-moi.
02:03 On ne risque pas de l'avaler.
02:04 Donc, il ne faut pas...
02:05 Si, éviter évidemment que la personne ne tombe, si on arrive juste au moment,
02:10 éventuellement lui enlever ses lunettes.
02:12 Mais ne jamais essayer de contenir. On n'y arrivera pas.
02:14 C'est douloureux d'ailleurs pour la personne.
02:16 Non, ce n'est pas douloureux. En plus, il ne se souvient de rien.
02:18 Il y a une perte de connaissance et il ne se souvient de rien.
02:21 Mais j'en profite pour rappeler que dans ces crises généralisées,
02:25 où tous les neurones comme ça sont concernés,
02:28 il y a aussi ce qu'on appelle les absences.
02:30 Et ça, les gens ne savent pas trop.
02:32 Et là, je m'adresse peut-être plus particulièrement aux professeurs des écoles
02:36 et aux parents, parce que ça touche aussi les enfants.
02:39 C'est-à-dire qu'en fait, à un moment, l'enfant,
02:42 il est comme la personne qui souffre d'absence,
02:44 complètement déconnecté de la réalité.
02:46 C'est-à-dire qu'il n'entend plus rien, il ne voit plus rien, il ne ressent plus rien.
02:49 Il est comme ça, ça dure quelques secondes, parfois quelques minutes.
02:53 Et donc, pour tout le monde, c'est un enfant qui n'écoute pas,
02:56 qui est dans la lune, qui ne fait rien.
02:58 Mais en fait, il est complètement déconnecté du monde extérieur.
03:01 - Comme s'il était débranché.
03:02 - Et c'est une crise généralisée, c'est une crise d'épilepsie.
03:06 Donc, il faut absolument le savoir et ne pas tout à coup dire à l'enfant
03:11 "il n'écoute pas, il ne se souvient de rien".
03:13 Ce n'est pas qu'il ne se souvient de rien, c'est qu'à un moment,
03:15 il a été totalement déconnecté du monde extérieur.
03:19 Donc, il y a ces deux types de crises dans les crises généralisées.
03:21 Et ensuite, il y a les crises localisées, c'est-à-dire que c'est une petite
03:25 population de neurones qui va se mettre à décharger comme ça, de manière synchrone.
03:30 Mais ça peut être à n'importe quel endroit.
03:31 Donc là, on va pouvoir avoir des troubles différents selon la population
03:36 de neurones concernés, s'il s'agit des neurones.
03:38 Mais ça peut être des hallucinations visuelles, auditives, olfactives,
03:43 des troubles de la sensibilité, si ce sont les neurones de la sensibilité,
03:46 de la motricité, si c'est la motricité, vous voyez, on peut avoir...
03:50 Il y a quasiment autant d'épilepsies qu'il y a d'épileptiques.
03:53 On en dit 50 formes différentes, mais il y en a sûrement beaucoup plus.
03:56 Chez chaque patient, c'est différent.
03:58 Donc, ce qu'il faut, c'est arrêter de stigmatiser cette maladie.
04:03 Il y a des enfants qui sont obligés de changer d'école parce qu'ils sont
04:06 harcelés à cause de leur pathologie.
04:08 Donc, il faut pouvoir en parler à l'école.
04:10 Il faut informer les professeurs des écoles que votre enfant est épileptique,
04:14 s'il l'est, et il faut consulter.
04:16 Et il y a des traitements, donc il ne faut pas le voir comme une fatalité.
04:20 Alors, c'est vrai que 15 à 20 % des personnes sont pharmacoresistantes,
04:25 résistantes au traitement.
04:26 Mais il y a aussi un grand biais, c'est que bien souvent,
04:31 vous ne pouvez pas savoir combien et quand vous allez faire une crise d'épilepsie.
04:35 Donc, en fait, entre les crises, vous êtes très bien.
04:38 Tout va très bien.
04:39 Donc, prendre un traitement tous les jours quand on ne sait pas vraiment,
04:43 etc., c'est assez difficile.
04:45 Mais en tout cas, l'importance de cette journée, c'est d'arrêter de stigmatiser
04:49 cette maladie et d'oser en parler.
04:51 C'est une maladie neurologique.
04:52 Je vous dis, c'est la deuxième la plus fréquente après la migraine.
04:55 C'est une maladie neurologique comme une autre.
04:56 Donc, il ne faut pas avoir honte d'en parler.
04:59 [Musique]
05:02 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]