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00:00 Et on est parti aujourd'hui à la rencontre des agriculteurs qui faisaient grève et qui étaient vraiment très en colère.
00:04 Et après ceux qui manifestent pour travailler moins, on est tombé sur celui qui voulait travailler plus.
00:07 - Eh bien on est venu défendre l'agriculture.
00:10 - Ouais.
00:11 - Parce qu'aujourd'hui nous on vient demander à pouvoir travailler.
00:13 C'est assez rare de faire une manifestation pour demander à travailler.
00:16 - Ouais c'est vrai.
00:17 Et on est aussi tombé sur le mec qui a un peu trop siphonné son tracteur.
00:20 - Il y a un producteur, vous avez un transporteur, vous avez une sucrerie, des entreprises de transformation.
00:27 Et on est aussi tombé sur un mec qui n'avait rien à foutre là.
00:30 - Bonjour monsieur, vous êtes agriculteur ?
00:33 - Euh non.
00:34 - Ah.
00:34 - Non.
00:35 - Vous étiez en train de pisser ?
00:36 - Ouais c'est ça.
00:37 - Pardon.
00:37 Et d'autres qui étaient concernés mais pas trop.
00:39 - Et vous avez un message à faire passer ?
00:41 - Alors je dis coucou à mon épouse Véronique, bisous.
00:45 - D'accord.
00:45 - Ah oui non mais je disais un message à faire passer pour le gouvernement quoi, pour le...
00:50 On est tombé sur des agriculteurs qui avaient des slogans bien préparés.
00:52 - Qu'est-ce que vous avez à dire ?
00:54 - Qu'on est en colère, on en a marre !
00:56 Et d'autres un peu moins.
00:57 - On sent pas les couilles, c'est rien dedans.
00:59 - Dans cette manifestation, on avait aussi le Mozart du klaxon.
01:06 Le mec a installé un klaxon de ouf sur son tracteur, il a ambiancé tout le monde dans la manif, regardez.
01:11 - Et enfin nos équipes ont rencontré l'agriculteur le plus jovial.
01:14 Et vous allez voir, il a des klaxons à pas piquer des hannetons.
01:16 - J'ai 25 mélodies sur mon tracteur.
01:19 La plus connue, ça va être "Baby Shark".
01:21 Je sais pas si vous connaissez.
01:25 - Baby Shark, ta-da-da !
01:27 Et après "Baby Shark", "Joyeux anniversaire".
01:31 - C'est universel.
01:33 - Ah !
01:35 - Na-na-na-na !
01:38 Et on traverse l'Atlantique avec Dr Dre.
01:40 Et enfin on termine avec le Jean-Jacques Goldman des prés.
01:50 - Ils veulent, les gens disent qu'ils veulent manger des pâtes bien françaises.
01:54 (Applaudissements)
01:59 - On est aussi tombé sur un mec très remonté contre le gouvernement.
02:02 Seul problème, il avait pas répété de ouf les slogans avant de venir à la manif, regardez.
02:07 - On a également envoyé nos journalistes interviewer des agriculteurs en altitude.
02:11 - Qu'est-ce que t'as à dire au gouvernement ?
02:13 - Que c'est toujours, on nous supprime tout un tas de choses.
02:16 On nous enlève tous nos moyens de production.
02:18 Donc s'il y a plus besoin d'agriculteurs en France, il faut le dire, on arrête tout et voilà.
02:22 - On va voir que pour son slogan, il s'est pas trop fait chier quand même.
02:25 - Bah, aidez-nous quoi !
02:27 (Applaudissements)
02:28 - Il a raison.
02:30 On est tombé aussi sur un agriculteur qui s'appelle Jean-Guy.
02:33 Et visiblement, lui, il aimerait bien partager un repas avec moi surtout, c'est pour ça.
02:36 - J'ai fait la réforme des retraites, ça gueulait plus alors que là, au moins, ça boit d'un petit coup.
02:40 - Le problème, il est... Attends, qu'est-ce qu'il écrit sur le...
02:42 - Ah, touche pas à mon poste.
02:43 - Vous êtes de quoi, vous ?
02:44 - Bah, c'est vite. C'est vite, on le connaît pas mais...
02:46 - Hanouna.
02:47 - Hanouna.
02:48 - Il est monné à parole à tout le monde.
02:50 - Il mange pas de cochon, lui ?
02:52 - Bah non, je crois pas.
02:54 - Bah nous, c'est derrière.
02:55 - Vous voulez un petit sandwich ?
02:56 - Ah bah ça, oui.
02:57 - Eh bah impeccable.
02:58 (Applaudissements)
03:02 - Bon, et il faut le dire, il y avait autant de tracteurs que...
03:05 Voilà, il y avait... Ils se sont régalés, hein.
03:08 C'était dans la bonne ambiance.
03:10 On a retrouvé mon ami Jean-Guy, qui était bien occupé pendant qu'un de ses collègues était en train de nous parler.
03:14 Regardez ça, très drôle. Regardez bien derrière.
03:16 (Musique)
03:18 - Et on est toujours avec Jean-Guy, qui a décidé de joindre l'utile à l'agréable pendant cette manifestation.
03:22 - Ah, qu'ils pensent à ça, on se dit...
03:24 - Ah, c'est que vous, vous êtes dans le métier, vous comprenez la réalité.
03:27 - Ah, nos dirigeants, c'est hallucinant.
03:29 - Ouais, ils font rien, quoi.
03:30 - On peut prendre des mauvaises décisions. Moi, dans mon entreprise, j'en prends.
03:32 Mais je ne fais pas que ça, que prendre des mauvaises décisions.
03:35 - Ah mais attends, Jean-Guy va quand même pas faire boire nos équipes, là.
03:37 - Quand même, faut qu'il retourne à l'école.
03:39 - Bon, merci. On est bien reçus, hein.
03:41 - Ah bah attendez.
03:42 - J'ai Oudan, ici.
03:44 - Oudan n'a toujours eu la main sur tout.
03:46 - Ouais, il n'y a pas de CRS, bizarrement, à cette manif.
03:48 - On ne va pas les casser.
03:49 - Nous, on est là pour boire des coups et s'amuser. Donc on dit ce qu'on pense.
03:52 - Bon, bah super.
03:53 - Mais on est ouverts, mais on est fâchés après personne.
03:54 - C'est un message à lui dire.
03:55 - Cyril, si tu m'entends, à bientôt.
03:57 (Applaudissements)
03:59 - Je leur fais des gros bisous.
04:01 Franchement, je fais des gros bisous.
04:03 Vraiment, je les... Voilà, j'ai adoré ces classes.
04:05 Franchement, c'est... Voilà, c'est tout ce que j'aime.
04:07 Francky, là, on a voulu rigoler un peu, mais c'est vrai que la situation est très grave.
04:11 Vous, vous êtes céréalier.
04:13 - Alors, je précise, je suis chef de culture.
04:16 - D'accord.
04:17 - J'ai une exploitation agricole. J'ai des patrons, j'ai des comptes à rendre.
04:20 - D'accord.
04:21 - Mais bon, je suis dedans depuis 27 ans.
04:24 Pour moi, je suis paysan, c'est pareil.
04:27 - Aujourd'hui, comment vous arrivez à dégager, par moi, vous ?
04:31 - Alors, moi, je suis un salarié.
04:33 - Ouais, ça.
04:34 - Moi, j'ai mon salaire.
04:35 J'ai une exploitation de 300 hectares de mes patrons.
04:37 Si on veut, elle me fait vivre, moi.
04:39 - D'accord.
04:40 - Elle ne fait pas vivre mes patrons, qui sont âgés, ils ont des enfants.
04:43 Les enfants n'ont pas voulu reprendre l'exploitation,
04:45 parce qu'ils ont fait des études, ils ont voulu faire autre chose.
04:48 Parce qu'aujourd'hui, la agriculture, on n'attire plus.
04:50 - Ouais.
04:51 - Aujourd'hui...
04:52 - C'est vrai.
04:53 - Moi, je... Enfin, je suis venu parler pour la manif.
04:57 Grosso modo, je suis en colère, on est tous en colère,
04:59 parce qu'on nous a donné une décision,
05:02 il y a fin janvier, d'arrêter les traitements de semences
05:05 d'un nicotinoïde, des betteraves.
05:07 Bon, très bien, c'est une norme européenne.
05:09 Sauf que depuis deux ans, M. Macron, notre cher président,
05:13 nous a donné des dérogations chaque année,
05:16 pour les refaire pour trois ans,
05:18 pour le temps de trouver des nouvelles variétés,
05:21 des nouvelles génétiques, des nouvelles techniques.
05:23 Malheureusement, il faudrait plus longtemps,
05:25 parce qu'une année, c'est qu'une année.
05:27 On ne fait qu'un essai par an.
05:30 Et puis, la veille de nous donner l'autorisation,
05:32 bizarrement, l'Europe a dit non, stop, stop, stop,
05:34 tout le monde a arrêté, donc vous vous arrêtez.
05:37 Très bien, pas de problème.
05:39 M. Macron a été gentil, il a dit,
05:41 "Les gars, l'Europe a dit stop."
05:43 Sauf qu'en Europe, vous prenez l'Allemagne,
05:46 vous prenez la Belgique, vous prenez certains pays,
05:48 ils n'ont pas de traitement de semences,
05:50 mais ils ont des insecticides très puissants,
05:52 qu'ils mettent en plein champ, donc avec les tonneaux,
05:54 vous vous imaginez, donc pour le coup,
05:56 qui tuent les auxiliaires, les abeilles, la biodiversité.
05:59 Et nous, on ne les a pas, nous.
06:01 Parce que nous, en France, on se l'interdit.
06:03 Donc on joue un match de foot, mais pas avec les mêmes règles.
06:05 Voilà, vous savez. Nous, on joue avec les pieds,
06:07 eux, ils jouent avec les pieds et les mains.
06:09 C'est ça. Donc M. Macron l'est bien gentil,
06:11 mais à ce moment-là, l'Union européenne,
06:13 c'est pour tout le monde. Donc il y a un moment,
06:15 j'ai envie de dire, il sort un peu les coronets,
06:17 et puis il dit non, mais il y a certains pays en Europe,
06:19 ils l'ont dit, moi, je préfère mes sulteries,
06:22 mes planteurs, pour l'instant, on les autorise.
06:25 C'est un bien de le dire ça, parce que ça, on ne le sait pas.
06:27 - Parce qu'il faut savoir que le... Excusez-moi.
06:29 - Allez-y, allez-y.
06:31 - Rien que la filière Bétrave, vous entendez au média partout,
06:33 c'est 40 000 emplois, c'est complètement faux,
06:35 c'est bien plus que ça. Emplois directs, indirects,
06:37 transporteurs, machinistes, tout, c'est énorme.
06:39 Ça représente entre 6 et 10 milliards de PIB.
06:42 Le sucre en France.
06:44 Alors demain, on va arrêter cette année,
06:47 déjà rien qu'avec l'annonce 30% de planteurs en moins.
06:49 On va se prendre une gamelle si on a un printemps sec,
06:52 parce qu'on va se reprendre de la maladie avec le puceron.
06:54 Donc on va faire 30 tonnes ou 40 tonnes,
06:56 donc pas rentable du tout, on va perdre du pognon,
06:58 l'année prochaine, on ne fera plus de Bétrave.
07:00 Qu'est-ce qui se passera ? Les sucreries fermeront.
07:02 Donc une économie qui s'arrêtera.
07:04 Très bien, pas de souci. L'éthanol.
07:06 Vous savez comment c'est fait, l'éthanol ?
07:08 L'éthanol en France, c'est 100% Bétrave française.
07:10 Donc l'éthanol à 1 euro, ça sera 2, 3 euros.
07:13 Parce qu'on importera les Bétraves.
07:15 Parce qu'il ne faut pas rêver. Moi j'entends des écolo...
07:17 Je ne suis pas contre les écolo, attention.
07:19 J'entends des écolo qui me disent "Francky, c'est bien,
07:21 on mange moins de sucre". Moi le premier, j'en mange moins.
07:23 C'est sûr, mais le sucre il ne sert pas qu'à manger.
07:25 Il y en a partout. Exactement, il y en a partout.
07:27 Carburant, il y en a partout.
07:29 On va l'importer du Brésil, on va l'importer des pays de l'Est
07:31 avec des produits que vous n'imaginez même pas
07:33 ce qu'ils mettent dedans.
07:35 Et là on a le cul propre, on a un pays propre
07:37 parce qu'on a fait des bonnes solutions,
07:39 mais par contre on bouffe de la merde.
07:41 C'est ça notre coup de gueule.
07:43 Laurent, vous êtes éleveur, vous avez une ferme biologique en Normandie.
07:45 Et pour vous, le quotidien d'éleveur, c'est de plus en plus compliqué.
07:47 Vous êtes éleveur depuis combien de temps ?
07:49 Je me suis installé en 2001.
07:51 2001, donc ça fait plus de 22 ans.
07:53 22 ans, oui.
07:55 Au début, ça se passait bien pour vous ?
07:57 Oui, j'avais, comment dire,
07:59 je me suis installé dans une zone naturelle
08:01 en Vallée de Seine,
08:03 qui est une zone sensible
08:05 environnementale,
08:07 en nature à 2000.
08:09 C'est-à-dire qu'il y a une responsabilité au niveau de la biodiversité.
08:11 Donc en fait, on vous demande
08:13 de vous investir
08:15 en faisant attention justement
08:17 aux auxiliaires et en préservant
08:19 l'environnement qui est présent.
08:21 Et en fait,
08:23 les choses se compliquent de plus en plus.
08:25 Et comment dire,
08:27 on n'a pas trop le droit
08:29 à l'erreur,
08:31 puisqu'en fait, on est tous
08:33 dépendants d'aide pour nos exploitations.
08:35 On doit avoir la santé,
08:37 on doit être irréprochable.
08:39 Construire une vie familiale,
08:41 c'est compliqué,
08:43 puisqu'en fait, on est beaucoup pris.
08:45 Là, je suis ici présent
08:47 parce que mon ami
08:49 Patrick Mourin,
08:51 qui a créé la Marche de l'espoir,
08:53 qui soutient les éleveurs
08:55 en difficulté, en grave difficulté,
08:57 souhaitait que je leur présente,
08:59 puisque je suis un exemple de quelqu'un
09:01 qui essaie,
09:03 qui représente bien son combat.
09:05 Et en fait,
09:07 on fait de la concurrence sans le vouloir
09:09 pour un tas de gens qui veulent se réapproprier
09:11 la nature.
09:13 Et en même temps, on est des hommes,
09:15 on a nos faiblesses, on peut avoir des problèmes
09:17 de santé, on n'a pas toujours de solution pour ça
09:19 non plus.
09:21 - Vous avez décidé de faire ce métier, pourquoi ?
09:23 - En fait,
09:25 à l'origine, je suis diplômé dans le sport,
09:27 spécialiste de sport de combat,
09:29 et j'ai choisi ce métier-là,
09:31 parce que pour moi, protéger l'environnement,
09:33 faire
09:35 un pas entre la nature
09:37 et l'agriculture, en liant les deux,
09:39 il y avait une logique.
09:41 À l'heure actuelle, il n'y a plus de logique, la logique
09:43 n'est que financière. Quand vous achetez
09:45 votre morceau de viande ou votre salade, vous ne vous posez pas
09:47 forcément de questions si le champ est entouré de haies,
09:49 si la bête
09:51 est née en France, mais qu'elle a mangé en France,
09:53 qu'elle a grandi en France.
09:55 On nous regarde des fois comme des gens,
09:57 forcément,
09:59 je m'appelle Le Vaché, j'adore mes vaches,
10:01 c'est une passion.
10:03 - Tant que le bœuf n'est pas... - C'est pas mon cousin.
10:05 - Comment dire ?
10:07 On a
10:09 beaucoup de mal à trouver des difficultés,
10:11 puisqu'en fait, on est des concurrents
10:13 à pas mal de gens par rapport à l'espace.
10:15 En ce qui concerne mon exemple,
10:17 au niveau de la ferme,
10:19 un projet immobilier,
10:21 c'est s'approcher,
10:23 mais en concurrence,
10:25 et peut nuire dangereusement
10:27 à l'évolution de l'exploitation.
10:29 Et en même temps, on a
10:31 beaucoup de choses qui sont là pour nous faire baisser les bras,
10:33 plutôt que de nous aider, à nous accompagner,
10:35 à franchir tous ces combats.
10:37 - Vous avez eu en plus des problèmes de santé, je crois,
10:39 dans la période du Covid.
10:41 Comment ça se passe quand on est éleveur,
10:43 quand on a des problèmes de santé, on fait quoi, comment ?
10:45 - En fait, ce qui s'est passé, c'était...
10:47 En fait,
10:49 j'ai fait 9 tests Covid,
10:51 ils ont tous été négatifs,
10:53 et en fait, dans l'année 2020,
10:55 je fais un test, j'avais
10:57 des kiss de 7 mm sur les poumons,
10:59 et en fait, j'avais fait mon travail
11:01 comme je pouvais, à la vitesse que j'avais,
11:03 que je pouvais, donc j'avais 4 ans à 10 ans.
11:05 C'est-à-dire que quand, en fait, on n'a pas
11:07 le temps de faire notre travail en temps et en heure,
11:09 on n'entretient pas bien forcément nos clôtures,
11:11 nos animaux peuvent se sauver,
11:13 la tolérance sur les routes,
11:15 vu que ça peut générer des accidents, c'est très compliqué,
11:17 on ne cherche pas
11:19 forcément de tolérance, mais d'être
11:21 compris, au moins, et puis en même temps,
11:23 en fait, on travaille aussi
11:25 pour vous, parce qu'en fait,
11:27 on donne notre vie pour vous.
11:29 Bon, on doit acheter toute notre capitale,
11:31 on ne nous le donne pas, on l'achète.
11:33 On ne sait pas un jour
11:35 à quel prix on le revendra.
11:37 En fait, quand vous êtes
11:39 en ville, vous n'avez
11:41 pas de jardin, quand vous arrivez
11:43 en vacances dans nos campagnes,
11:45 vous aimez les voir fleurir avec des arbres,
11:47 avec des haies, avec des animaux sauvages.
11:49 C'est grâce aussi à ces agriculteurs
11:51 qui font la part des choses.
11:55 Et plus que jamais, on a besoin de vous
11:57 pour soutenir, comment dire,
11:59 ce métier.
12:01 Les éleveurs, qui pour
12:03 beaucoup restent, vivent leur cheptel,
12:05 ou sont découragés parce qu'il y a trop d'heures
12:07 de travail, le prix de l'énergie qui a flambé
12:09 autour de ça,
12:11 ou en fait, ça ne nous laisse pas
12:13 de perspective. C'est-à-dire que
12:15 c'est nouveau pour nous, on ne sait pas ce que ça va donner.
12:17 Et puis avec ça, il faut vivre.
12:19 Il faut qu'on soit une famille, si on a des enfants.
12:21 - Vous avez trouvé l'amour, vous, ou pas encore ?
12:23 - Oui, elle s'appelle Sandrine,
12:25 elle est de Lourdes, elle nous suit ce soir.
12:27 - Je l'embrasse, Sandrine. Pas grâce à l'amour et dans le prix ?
12:29 - Euh... Non.
12:31 Non. C'était indirectement, on va dire.
12:33 - Parce qu'elle vous a vu ?
12:35 - Oui, et puis en fait, on s'est rencontrés
12:37 sur les marchés qu'on a créés entre nous
12:39 pour faire vivre, après l'émission,
12:41 mes collègues agriculteurs,
12:43 qui rencontrent aussi des difficultés, qu'on ne parle pas forcément,
12:45 puisqu'en fait, quand on a des difficultés,
12:47 souvent, on préfère se taire.
12:49 Parce que du coup, c'est...
12:51 En fait, notre fierté, notre métier,
12:53 c'est l'amour de nos champs, de nos animaux,
12:55 et du coup, on n'est pas toujours bien compris,
12:57 et du coup, la récompense n'est pas forcément là.
12:59 - Non.
13:01 - Donc, ce marché-là, sur toute la France,
13:03 c'est une façon de nous rencontrer,
13:05 on est tous des passionnés,
13:07 et puis aussi de soutenir le monde rural en général.
13:09 - Vous travaillez combien d'heures par jour, tous les deux ?
13:11 - Bon, alors, en ce moment,
13:13 moi, c'est une période calme, donc je vais faire mes 8h.
13:15 - D'accord. Normal.
13:17 - Moi, en fait, en ce moment, je peux faire mes 8-10h,
13:19 mais péniblement, puisqu'en fait,
13:21 je reviens de soucis de santé très graves,
13:23 et en fait, par rapport au Covid,
13:25 quand vous devez être hospitalisé, j'ai été hospitalisé,
13:27 on m'a dit "vous restez", j'avais pas de solution pour mes animaux,
13:29 je lui ai dit "bon, on débranche tout, je me barre".
13:31 - Ah ouais ? - Non.
13:33 - Vous êtes parti de l'hôpital, vous avez tout...
13:35 - J'ai dit "je pars, vous me garderez pas,
13:37 j'ai pas de solution pour m'occuper de mes vaches,
13:39 je rentre chez moi".
13:41 Parce que derrière ça, on vous accuse...
13:43 Vous savez, les animaux, on s'occupe aussi bien des naissances,
13:45 mais des fois, on a des moments très tristes,
13:47 et on nous juge là-dessus.
13:49 Et donc on dit "c'est un mauvais éleveur",
13:51 ceci, cela...
13:53 Et après, moi, j'ai choisi les animaux en liberté,
13:55 dans les champs,
13:57 plutôt qu'en bâtiment, c'est un choix,
13:59 parce que du coup, c'est beaucoup plus de travail,
14:01 c'est plus de surveillance,
14:03 et en bâtiment, c'est d'autres problématiques.
14:05 Et on est tous agriculteurs,
14:07 on est tous des complémentaires,
14:09 on vous offre notre passion, notre métier,
14:11 chacun à notre façon.
14:13 Et donc là, plus que jamais, on a besoin de l'unité,
14:15 mais c'est aussi l'unité du pays,
14:17 parce qu'à l'heure actuelle,
14:19 manger français, c'est aider les paysans français.
14:23 - Vous arrivez à dégager combien par mois, vous ?
14:25 - Au bout, ça fait zéro.
14:27 - Quoi, zéro ? Vous travaillez pour rien ?
14:29 - Ça paye la nourriture de mes deux patous,
14:31 qui viennent d'arriver, parce que le loup
14:33 est arrivé en Normandie, il est passé.
14:35 - Ah, le loup ? - Le loup est passé, oui.
14:37 - Il faudrait qu'il passe par chez Daniel.
14:39 (Rires)
14:41 Ça fait longtemps qu'elle l'a pas vu.
14:43 (Rires)
14:45 - Quoi, zéro ?
14:47 - En fait, parce que tout est investi dans la ferme.
14:49 J'ai eu un souci, à un moment donné,
14:51 au mois de novembre,
14:53 parce que la ferme et la maison,
14:55 souvent, tout est lié.
14:57 Donc, on revient avec nos difficultés à la maison.
14:59 En fait, je me suis fait couper le courant.
15:01 Et là, j'ai fait un...
15:03 J'étais complètement...
15:05 Je savais plus quoi faire.
15:07 C'est ma compagne, qui venait d'arriver dans ma vie,
15:09 qui a fait tout ce qu'elle pouvait
15:11 pour m'en mettre au courant, au mois de novembre.
15:13 Mais c'était extrêmement compliqué.
15:15 J'avais pas de soutien autour de moi,
15:17 puisque, en étant agriculteur sur un bel espace,
15:19 on peut gêner des projets
15:21 de gens qui sont plus nombreux autour de nous.
15:23 Donc, en fait, c'est très difficile
15:25 d'avoir le soutien d'un maire,
15:27 d'avoir le soutien de ses conseillers
15:29 ou d'avoir le soutien, tout simplement,
15:31 de gens qui veulent autre chose que de l'argent
15:33 si jamais on disparaît.
15:35 Parce que si on disparaît, c'est des champs
15:37 qu'on va pouvoir faire des maisons.
15:39 A l'heure actuelle, c'est 50 000 euros
15:41 et donc, nous, on va gagner
15:43 pas grand-chose à l'hectare.
15:45 - Il faut préciser, il ne faut pas oublier
15:47 que trois quarts du territoire français,
15:49 c'est qui qui s'en occupe ?
15:51 - Les agriculteurs. - Exactement.
15:53 - Si on continue comme ça, c'est la mort
15:55 des agriculteurs dans pas longtemps.
15:57 Déjà, les enfants ne veulent pas reprendre.
15:59 Donc, il y a beaucoup de chefs de culture comme moi.
16:01 Tant mieux, moi, je suis un passionné, j'ai de la chance.
16:03 - Mais bon.
16:05 - J'ai mon fils qui veut faire pareil.
16:07 - Très bien. - On arrive à transmettre.
16:09 - Mais si vous ne voyez pas
16:11 les contraintes, quand même, c'est énorme.
16:13 Administratif.
16:15 On a 10 casquettes pour ce métier-là.
16:17 Au bout des cours, on peut avoir zéro.
16:19 - C'est ça. C'est incroyable.
16:21 - Là, depuis une année,
16:23 on s'était dit, tiens,
16:25 les prix remontent, ça va faire plaisir,
16:27 les betteraves, tout. Là, on lui met
16:29 le coup de main dessus, on ne va plus faire
16:31 de betterave. Les charges, nous n'en parlons pas.
16:33 Je ne vous parle pas des charges, les intrants,
16:35 tout ce qui est engrais, gazoil, fuel, etc.
16:37 Ça explose le matériel.
16:39 C'est beau, vous avez vu, plein de tracteurs.
16:41 Comme je dis à vos collaborateurs,
16:43 les journalistes, c'est beau, mais ça appartient à la banque.
16:45 Quand on a fini de les payer, il est usé, il faut le changer,
16:47 il faut recommencer. Et un tracteur comme ça,
16:49 comme je suis venu... - Vous faites combien de tracteurs comme ça ?
16:51 - Celui que je suis venu, ça vaut 250 000 euros.
16:53 - C'est énorme. - 250 000 euros.
16:55 - Mais il n'y a pas qu'un tracteur. C'est-à-dire qu'il y a plusieurs tracteurs.
16:57 Il y a la moissonneuse-bateuse, on n'a même plus les moyens d'en racheter une.
16:59 Donc la note, celle de mon patron, elle a 10 ans,
17:01 elle va jusqu'au bout. Parce que j'ai de la chance,
17:03 je touche un peu en mécanique,
17:05 on a des bons concessionnaires,
17:07 donc on arrive à... Mais bon, c'est pas durable.
17:09 Alors, vivre avec des subventions, c'est bien.
17:11 Là, le ministre,
17:13 j'ai entendu que le ministre a dit
17:15 "Pour les betteraves, c'est pas grave,
17:17 on va faire ce qu'il faut pour vous anamnéser la perte de betterave."
17:19 On veut pas vivre la perte de fusion, nous. On veut vivre du travail.
17:21 Moi, là, je suis en colère,
17:23 vraiment en colère, c'est qu'il n'y a pas le ministre de l'Agriculture
17:25 qui est venu, il n'y a pas Macron.
17:27 Il y a quelques élus de Paris qui étaient très sympathiques, d'ailleurs.
17:29 - Les élus de Paris, ils sont sympa.
17:31 - Quelques élus de Paris, je sais pas s'ils sont sympa ou pas.
17:33 - Ils devaient chercher les rats dans la manif.
17:35 - Non, non, mais, alors ceci dit,
17:37 je tiens à remercier les Parisiens, parce qu'on les a vraiment
17:39 emmerdés à traverser Paris. Ils ont été super sympas.
17:41 - Et vous voyez, je vous dis, c'est tout, on vous aime.
17:43 - Des photos, ils nous ont applaudis.
17:45 On peut les applaudir, parce que franchement,
17:47 on est très bien.
17:49 - C'est bien, bien bien.
17:51 - Je tiens à remercier
17:53 aussi les syndicats, parce que sans eux,
17:55 je ne serais pas venu. C'est toute une organisation.
17:57 Il y a à peu près 500 tracteurs.
17:59 On vient de tous les quatre coins.
18:01 - J'espère que vous allez s'écouter et que ça va bouger vite pour vous.
18:03 - Alors, franchement, je voulais m'en fendre penser.
18:05 - Vous y croyez pas du tout ?
18:07 - Pas du tout, non. Les banques auraient besoin
18:09 déjà d'être à l'écoute.
18:11 - On n'a pas de perspective.
18:13 - Voilà, du coup, souvent,
18:15 les gens qui ont des fermes essayent de vendre
18:17 un peu de terrain à bâtir pour des fois combler
18:19 les problématiques de trésorerie.
18:21 Mais si vous n'avez pas de terrain à bâtir à vendre,
18:23 vos problèmes de trésorerie, c'est compliqué.
18:25 Moi, ce qui m'est arrivé, c'est qu'en 2020,
18:27 en 2019,
18:29 en fait,
18:31 la situation n'était déjà pas évidente.
18:33 Le banquier me demande
18:35 de mettre mes économies
18:37 pour qu'il me donne sa confiance.
18:39 Je lui donne mes économies.
18:41 Et derrière ça,
18:43 il a essayé de me mettre en l'air.
18:45 Et donc, ça...
18:47 - Oui, mais c'est ce qui arrive à tout le monde.
18:49 - Donc là, ce qu'on a besoin, c'est qu'il faut prendre en compte
18:51 qu'il y a deux agriculteurs qui se suicident.
18:53 Et en fait, on est là aussi pour ça.
18:55 Parce que le... Comment ? Patrick Morin,
18:57 "Marcheur de l'espoir", et l'action,
18:59 elle est pour que vous vous sensibilisez
19:01 que ces villas qui sont là pour vous,
19:03 elles sont utiles. Et que ces gens-là,
19:05 quand ils... Tout leur travail, toute leur passion,
19:07 ça fait que vous manquerez pas de nourriture.
19:09 Parce que là, vous manquez déjà un peu d'électricité quand même.
19:11 Les prix ont flambé.
19:13 Et si jamais les prix de l'alimentation flambent...
19:15 - C'est pas fini. - Ça fera comment ?
19:17 Il y a des gens qui mangeront pas.
19:19 - J'ai l'impression de dire ça à deux agriculteurs par jour
19:21 depuis quelques années. - Ça se sert.
19:23 - En 2010, on était plus de 520 000 agriculteurs.
19:25 En 2020, 22, on est 415 000.
19:27 Donc on perd 100 000 en un an.
19:29 L'équivalent d'un département en 10 ans.
19:31 - Ouais.
19:33 - Bon, maintenant, il y a une nouvelle loi qui est sortie
19:35 depuis le 1er janvier. On n'a plus le droit
19:37 d'artificialiser les terres agricoles.
19:39 Bon, certes, OK, c'est déjà un progrès.
19:41 Mais... J'aurais aimé... - Faut que ça bouge.
19:43 - Non, mais c'est pas ça. C'est que vos enfants,
19:45 tous, vont manger. Je veux pas critiquer...
19:47 - Alors là, vous regardez les gens,
19:49 ils ont des enfants de 65 ans.
19:51 - Non, mais ce que je veux dire, c'est que...
19:53 - C'est de la merde. - Je veux pas critiquer
19:55 ce qui vient de l'extérieur. Mais nous, en France,
19:57 on est, depuis 20 ans, élus la meilleure agriculture
19:59 du monde, la plus durable, la plus propre.
20:01 Et on veut encore être encore plus propre
20:03 de chez propre. Mais il y a un moment,
20:05 on est en train de se couper l'herbe du pied,
20:07 on est en train de se suicider. - On peut pas faire plaisir
20:09 à tout le monde. Un moment, c'est pas possible.
20:11 - Je discutais tout à l'heure, on loge avec Laurent.
20:13 Il est bio. Nous, sur l'exploitation,
20:15 on est en train de faire la plupart du biais
20:17 du biais commercial et le reste en conventionnel.
20:19 Comme je vous l'ai dit, on a besoin des deux.
20:21 - Bien sûr. - On a besoin du bio,
20:23 puisqu'il y a de la demande, pour ceux qui en veulent.
20:25 Et on a besoin du conventionnel,