Le remplaçant - La chronique d'Hippolyte Girardot

  • l’année dernière
Quand quelqu’un vous dit vous êtes irremplaçable, n’en croyez rien, ça veut dire qu’ils pensent déjà à votre remplaçant...

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00:00 17h46 sur cette antenne, cette émission est partie dans un tel n'importe quoi qu'on s'est dit
00:04 "Tiens, on va demander à Hippolyte Girbardot de nous parler cinéma"
00:07 Et là, hop, on rattrape la cohérence du truc, voyez ?
00:11 - Bah oui, quand même ! - Hippolyte, c'est à vous !
00:13 - Oui, euh... - J'arrive à lire, là ?
00:15 - Mercredi, c'est le cinéma !
00:17 - Je vous jure, on a pas l'ambiance ! - Mais l'ambiance, c'est la custre !
00:20 - Je vais dire doucement, hein, parce que...
00:22 Bon, je vais faire donc une chronique cinéma.
00:24 Un peu conceptuelle, un peu dans le style de ce que se faisait, il fut un temps, avec quelques grasses,
00:27 Thomas Bidguin, je sais pas si vous vous souvenez.
00:29 Pardon, pardon, pardon, on va parler casting,
00:32 puisque j'en suis souvent la victime, et particulièrement, on va parler de ce trou noir,
00:36 cet angle mort où chaque acteur est aveugle,
00:38 être un remplaçant.
00:40 C'est quoi, être le remplaçant dans mon métier ?
00:43 Bah, par exemple, on rencontre un autre acteur qui vient vous saluer,
00:45 il vous dit "Alors, ce rôle que t'as joué, c'était bien ?
00:47 - Hum ? - Bah oui, c'était... Oui, bah pourquoi, comment tu sais ?
00:50 - Bah non, je t'explique quand même, je devais le faire !
00:53 - Ah oui ? - Oui, oui, oui !
00:55 Avec le Réal, on était très très très chaud et tout, mais franchement, vu ce que c'était payé,
00:59 je pouvais pas, je te jure, je pouvais pas,
01:01 avec des impôts au cul, la piscine qui fuit toute l'année, franchement,
01:03 non, j'y arrivais pas, fallait que je renonce,
01:05 j'ai pensé à toi, et j'ai dit ton nom.
01:07 Ah bah, c'est sympa, c'est sympa, merci.
01:09 Non, mais en fait, c'est pas du tout comme ça que ça se passe,
01:12 c'est plutôt le moment qu'on vous dit ça, très délicat de la conversation.
01:15 En fait, tu ne le savais pas, il t'a rien dit, le Réal, que t'étais remplaçant.
01:19 Il est venu te voir avec des larmes dans les yeux en te disant qu'il ne pensait qu'à toi
01:22 pour ce rôle depuis le début.
01:24 Qu'il avait eu du mal à convaincre la prod, oui, je te jure, c'est vrai,
01:28 c'est effectivement mal payé, mais crois-moi,
01:30 tout le monde est au même tarif, enfin, ou presque,
01:32 alors s'il te plaît, s'il te plaît, dis-moi oui, dis-moi oui, dis-moi oui, s'il te plaît.
01:36 Alors tu dis oui, évidemment, t'es un peu flatté, le mec saute au plafond,
01:39 mais pas longtemps, non ?
01:41 Il saute au plafond, mais ça te fait une bonne impression, mais ça dure quoi ?
01:44 Deux jours, parce que tu sais pas pourquoi ensuite sur le tournage, c'est un peu bizarre.
01:48 Tu vois bien qu'il te regarde bizarrement pendant le tournage,
01:52 il est pas déçu non, mais un peu quand même, presque en fait,
01:54 il te demande de jouer d'une façon, tu piches pas trop, tu vois pas ce qu'il a dans la tête,
01:58 comme s'il demandait à Depardieu de jouer du Delerme, tu vois.
02:00 Et puis en fait, tu t'aperçois qu'il s'en fout un peu,
02:02 il prend plus de temps avec les autres acteurs, et tu te dis que tu sois là ou pas,
02:08 ou pire, que ce soit toi ou un autre en fait, il s'en fout, ça a aucune importance.
02:12 Alors quand tu croises ton pote qui te dit que tu l'as remplacé, t'as pigé.
02:15 Ouais, t'es tel remplaçant.
02:17 Mais en même temps, toi-même, tu sais bien que si tu dis non à un rôle, tu vas être remplacé.
02:22 Dans la semaine, dans le jour, ou la seconde, ça dépend de ta notoriété.
02:26 Même mort, on n'est pas à l'abri d'être remplacé.
02:28 On cherche le nouveau Coluche, le nouveau Claude Sautet, le nouveau Fellini.
02:31 On croit avoir trouvé la nouvelle Janis Joplin quand on découvre Amy Winehouse
02:36 au point qu'elle meurt au même âge.
02:38 On attend le nouveau Jimi Hendrix.
02:40 On ne croit pas du tout le nouveau Michel Sardou.
02:42 Un réact suffit dans la chanson française. Désolé Thomas.
02:46 En politique, j'en parle même pas.
02:47 Mais la gauche pleure pour retrouver un nouveau Mitterrand qui lui niera à la droite.
02:52 Un revival de Chirac, l'insubmersible.
02:55 Et en sport, j'en parle même pas.
02:58 Alors quand quelqu'un vous dit que vous êtes irremplaçable, n'en croyez rien.
03:01 Ça veut dire qu'il pense déjà à votre remplaçant.
03:03 Et d'ailleurs, je veux bien savoir par qui je suis remplacé la semaine prochaine, moi.
03:06 Le mercredi.
03:08 Hippo sera toujours hippo.
03:10 Merci Pauline Girardot.

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