• il y a 2 ans
"Je savais depuis très longtemps que je ne voulais pas d’enfant". Artoise a 23 ans et a choisi de se ligaturer les trompes ; une méthode de contraception permanente. Elle explique sa décision et dénonce le tabou ainsi que le manque d'éducation sur le sujet.

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Transcription
00:00 se faire ligaturer les trompes, c'est irréversible, mais avoir des enfants aussi.
00:02 Je m'appelle Arthois, j'ai 23 ans et je me suis fait ligaturer les trompes
00:04 parce que je suis sûre et certaine que je veux pas d'enfant.
00:06 Alors le but de cette opération, c'est donc à viser contraceptive définitive,
00:12 donc aussi ce qu'on appelle aussi une stérilisation.
00:15 Cette opération, on y a accès dès qu'on a 18 ans.
00:18 Le seul critère, c'est donc de ne pas être sous tutelle
00:20 et de respecter un délai de réflexion de 4 mois.
00:23 Il y a beaucoup de désinformation, de mauvaise information par rapport aux médecins.
00:27 Ils disent que c'est pas possible, que c'est interdit si on n'a pas eu d'enfant,
00:29 si on est trop jeune, etc.
00:30 Il y en a aussi certains qui ne sont pas au courant
00:32 qu'en fait dès 18 ans, on peut y avoir accès.
00:34 Je suis passée par pas mal de groupes sur les réseaux sociaux
00:37 et j'ai aussi eu la chance de trouver un peu mon âme sœur sur Twitter
00:40 qui a posté un témoignage et qui m'a orientée là où elle était allée.
00:43 On m'a proposé aussi de voir un ou une psychologue,
00:47 chose que je n'ai pas faite parce que c'est facultatif
00:50 et que j'en avais pas besoin, selon moi.
00:51 L'opération en elle-même n'est pas douloureuse.
00:53 On fait un petit trou au niveau du nombril
00:56 et deux petits trous dans le bas du ventre et sur l'un des côtés.
01:00 Et du coup, on vient couper deux morceaux de trompe
01:03 et ensuite on les cauterise.
01:05 Ça n'enlève absolument pas les règles, mon utérus est toujours fonctionnel.
01:08 Est-ce qu'on est obligé de congeler des oocytes ?
01:10 Moi, on ne m'a pas du tout posé la question.
01:12 Peut-être que si on me l'avait posé, j'y aurais réfléchi,
01:13 mais ça n'a pas été le cas, donc je ne l'ai pas fait.
01:15 Est-ce que c'est réversible ?
01:16 Aujourd'hui, il y a des techniques qui commencent à se développer
01:19 pour reconstruire les trompes,
01:20 mais cette opération, c'est avisé de stérilisation,
01:25 donc non, c'est considéré comme irréversible.
01:26 Oui, c'est totalement remboursé par la sécurité sociale,
01:29 rien à payer, rien à avancer.
01:30 Alors, je me suis renseignée par curiosité,
01:32 il semblerait que l'opération tout compris,
01:34 ça aurait coûté à peu près 6 000 euros.
01:36 Moi, ça faisait plusieurs années que j'avais une contraception,
01:39 j'ai d'abord eu une pilule pendant plusieurs années,
01:41 mais ça ne convenait pas.
01:42 Ensuite, j'ai fait poser un stérilet, mais ça ne me convenait pas non plus.
01:45 Et je savais depuis très longtemps que je ne voulais pas d'enfant.
01:47 Je ne me suis jamais imaginé mère.
01:49 Jamais.
01:50 Quand on est une femme, on a toujours cette peur du retard de règles
01:53 ou de la contraception qui ne fonctionne pas, etc.
01:55 Là, au moins, je suis tranquille.
01:56 Le pour, c'était que ça allait me libérer,
01:58 que moi, en fait, je ne voulais plus avoir à penser à ma contraception
02:00 et que j'allais pouvoir me libérer de ce poids de la maternité,
02:04 même d'un point de vue de la pression sociale.
02:06 Le contre, c'était que c'était une décision qui était définitive,
02:09 potentiellement que j'allais être confrontée à beaucoup de négations,
02:13 à beaucoup de moralisations,
02:15 que ce soit par rapport à ma famille ou par rapport à mon entourage.
02:18 J'ai aussi beaucoup été effrayée par ce qui s'est passé aux États-Unis
02:21 et le fait qu'on soit revenue sur le droit à l'avortement.
02:23 Et je me suis toujours dit, si un jour, en France, on est confrontée à ça,
02:26 au moins, moi, j'aurais sauvé ma peau.
02:28 Oui, j'ai pris des réflexions, même parfois de personnes où je n'y attendais pas.
02:31 Moi, j'ai essayé de faire en sorte quand même d'aller voir des médecins
02:35 qui n'allaient pas me mettre dans ces situations-là.
02:37 Mais par exemple, j'ai dû aller voir des infirmières en dehors de l'hôpital
02:40 pour des prises de sang.
02:41 Là, j'ai pris ces remarques-là de, évidemment, vous allez regretter.
02:45 Pourquoi vous l'avez fait ?
02:46 J'avais besoin de me justifier, alors qu'aujourd'hui,
02:48 je me dis que je préférerais toute ma vie regretter de ne pas avoir d'enfant
02:51 que de regretter d'en avoir eu.
02:52 Ensuite, dans mon cercle proche, familial,
02:54 c'est vrai que je me suis vraiment limitée à en parler à très peu de personnes
02:57 et j'en ai parlé à mes parents quand l'opération était fixée, globalement.
02:59 Les réflexions qui revenaient le plus souvent, c'était surtout la peur de regretter
03:03 ou pourquoi j'en arrivais à faire quelque chose d'aussi radical.
03:07 Je leur disais que oui, c'était une forme de radicalité,
03:10 mais que de toute manière, moi, j'étais décidée
03:12 et que pour moi, ce n'était pas plus dangereux
03:15 ou pas plus abrasif que d'avoir un stérilet dans l'utérus, par exemple.
03:19 Je me sens quand même libérée d'un poids
03:22 et je sais aussi qu'auprès des gens qui m'entourent,
03:25 ça a ancré quelque chose de maintenant.
03:27 Je ne dirais plus que je pourrais changer d'avis plus tard
03:29 puisque de toute manière, ce n'est plus possible.
03:31 Le but, ce n'est pas du tout de faire culpabiliser les femmes
03:33 qui ont des enfants, qui veulent en avoir.
03:35 C'est surtout d'informer pour les femmes qui se poseraient des questions,
03:38 les personnes qui sont curieuses, de savoir que c'est possible
03:41 que vous ayez des enfants ou pas, si vous êtes majeure,
03:44 vous y avez le droit, vous y avez accès.
03:46 Et c'est important de le savoir parce qu'on ne vous le dit pas forcément.
03:49 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]
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