• il y a 2 ans
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Le texte de la réforme des retraites va arriver dans l’hémicycle la semaine prochaine. Le Rassemblement national va chercher à se mettre en avant. Marine Le Pen entend capitaliser sur une éventuelle défaite de la gauche : si la réforme passe, le RN pourrait fustiger l’impuissance de la gauche, et se faire le réceptacle naturel des désespérances et des colères.
On entend donc une petite musique qui décrit l'attitude discrète de Marine Le Pen comme une stratégie habilement attentiste : elle compte les points, elle récoltera les fruits, les électeurs se vengeront dans les urnes, etc.
Mais pourquoi voir ce retrait relatif comme le produit d’un calcul ? Et si, tout simplement, le Rassemblement national était en difficulté dans la séquence politique actuelle ?

Médiatiquement atone, éclipsée par les journées de mobilisation, condamnée soit à ressasser le deuxième tour de la présidentielle de 2022, soit à renvoyer à celle de 2027, Marine Le Pen est contrainte de jouer un second rôle.

Néanmoins la charge de la preuve, en quelque sorte, revient à la gauche politique, qui doit faire la démonstration que l’articulation entre le travail parlementaire et la mobilisation sociale peut faire plier le gouvernement. Sans quoi le RN pourrait reprendre la main.


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Transcription
00:00 Le texte de la réforme des retraites va arriver dans l'hémicycle la semaine prochaine, le 6 février.
00:04 Le Rassemblement national va chercher à se mettre en avant.
00:07 Il s'est clairement positionné contre.
00:09 De toute façon, nous votons contre le texte,
00:10 puisque Elisabeth Borne nous a dit, 64 ans, ça ne bougera pas.
00:17 Marine Le Pen entend capitaliser sur une éventuelle défaite de la gauche.
00:21 Si la réforme passe, le RN pourrait fustiger l'impuissance de la gauche
00:25 et se faire le réceptacle naturel des désespérances et des colères.
00:29 C'est pour cela que vous n'allez pas dans les cortèges ?
00:31 Non, ça n'est pas pour cela.
00:32 Nous avons une philosophie depuis très longtemps
00:35 qui, encore une fois, fait le choix de combattre là où les électeurs nous ont emmenés.
00:42 Mais ces combats s'accumulent.
00:45 Je veux dire, nos électeurs sont, encore une fois,
00:48 pour beaucoup d'entre eux, dans les manifestations en province.
00:51 On entend donc une petite musique qui décrit l'attitude discrète de Marine Le Pen
00:56 comme une stratégie habilement attentiste.
00:58 Elle compte les points, elle récoltera les fruits,
01:01 les électeurs se vengeront dans les urnes.
01:03 Mais pourquoi voir nécessairement ce retrait relatif comme le produit d'un calcul ?
01:08 Et si, tout simplement, le RN était en difficulté dans la séquence politique actuelle ?
01:15 Le RN semble avoir marqué un point cette semaine à l'Assemblée
01:27 quand sa motion référendaire a été tirée au sort.
01:30 Une procédure censée aboutir à faire décider directement le texte par les Français
01:34 plutôt que par le Parlement.
01:35 La NUPES refusant de la voter, le RN se sert de cet épisode
01:39 pour entonner le refrain de la complicité avec Macron.
01:42 Est-ce que ces gens-là sont capables de faire passer l'intérêt de leur boutique,
01:46 leur idéologie et l'intérêt de leur parti après les intérêts du peuple français ?
01:50 Les Français ne comprendraient pas que des partis politiques qui sont contre cette réforme
01:54 ne votent pas la motion référendaire du Rassemblement national.
01:57 Il faut comprendre deux choses.
01:58 D'abord, rappelons les circonstances.
01:59 La NUPES avait déposé en premier sa motion référendaire.
02:04 Mais il ne peut y avoir qu'une seule motion référendaire par projet de loi.
02:07 C'était à la conférence des présidents de l'Assemblée, majoritairement macroniste, de départager.
02:12 Tous les moyens de départager, antériorité du dépôt, nombre de votants, etc.,
02:16 aboutissaient à prendre celle de la NUPES.
02:19 Sauf l'idée de tirage au sort, la majorité macroniste a donc sciemment choisi l'unique voie
02:24 pouvant aboutir à prendre la motion du RN.
02:27 Marine Le Pen cherche à faire une polémique et je vais lui répondre de manière très simple.
02:30 Je conteste le fait, un, qu'on ait contourné les règles de l'Assemblée nationale avec un tirage au sort,
02:35 et deux, la manière dont s'est fait ce tirage au sort,
02:37 puisque d'habitude c'est à proportion des signataires.
02:40 Nous avons déposé, nous, la NUPES en premier.
02:42 Nous avons le plus de signataires et donc nous demandons l'annulation de cette décision.
02:46 Ensuite, il faut comprendre que ça ne débouchera jamais sur un référendum.
02:49 Il faut que cette motion soit votée par l'Assemblée nationale,
02:52 passe par le Sénat et in fine, que le président de la République dise OK.
02:56 OK pour un référendum.
02:58 Vous imaginez Macron en train de dire ça ?
03:00 Mais le RN, pour sa communication, a besoin de présenter cette motion référendaire
03:05 comme une solution qui pourrait aboutir, mais qui est entravée par cette méchante gauche.
03:09 Jean-Luc Mélenchon et l'ensemble de ses députés préfèrent Emmanuel Macron à l'intérêt du peuple français.
03:15 Car pour le reste du travail parlementaire, il n'est pas certain que le RN tire son épingle du jeu.
03:20 Il misait sur une obstruction parlementaire de la NUPES
03:22 pour se présenter comme le bon élève à l'Assemblée.
03:25 Si la NUPES arrête ces enfantillages qui risquent d'empêcher le vote,
03:30 eh bien je suis convaincu que l'Assemblée nationale votera contre cette réforme des retraites.
03:35 Le nombre d'amendements reste élevé, 13 000 pour la France insoumise
03:39 contre juste 200 pour le RN.
03:41 Mais la France insoumise a abandonné son projet d'obstruction stricte.
03:44 Elle en avait annoncé des dizaines de milliers à l'automne.
03:47 Et cela pour s'adapter au délai plus court d'examen du texte.
03:51 Reste que je ne vois pas très bien en quoi ce nombre d'amendements proposés par la NUPES
03:55 est compatible avec la volonté de faire apparaître dans les débats
03:59 l'inanité de l'argumentaire de la majorité.
04:02 Ce sera donc tactique contre tactique.
04:04 Jouer la montre comme elle est fille pour permettre à la mobilisation sociale de prendre de l'ampleur,
04:09 alors qu'ils auraient pu jouer le débat pour essayer par exemple de faire monter les tensions entre Renaissance et les LR.
04:15 Ou bien jouer la carte du parti d'opposition raisonnable comme le RN,
04:19 mais en prenant le risque que ces interventions passent totalement inaperçues.
04:24 Néanmoins, il y a eu un test électoral récent.
04:27 Dans trois circonscriptions, il y a eu des législatives partielles
04:30 parce que les élections de juin avaient été invalidées.
04:32 Résultat des courses, le RN perd un député, quand la NUPES en gagne un.
04:37 Évidemment pour autant qu'on puisse en tirer des conclusions sur ces élections
04:40 qui mobilisent encore moins que celles de juin.
04:43 Ensuite, et surtout, le RN est marginalisé par la rue.
04:48 L'extrême droite combat historiquement l'auto-organisation des travailleurs,
04:51 détestant l'internationalisme des syndicats et opposant à la lutte des classes
04:56 un principe nationaliste de concorde avec le patronat.
04:59 Le RN joue sur l'ignorance de l'histoire en s'offusquant que les syndicalistes
05:03 lui disent qu'il n'est pas le bienvenu dans les cortèges.
05:06 La violence avec laquelle M. Martinez a expliqué qu'il jeterait les députés en dehors des manifestations,
05:13 c'est honteux, objectivement.
05:14 Et ça démontre qu'encore une fois, ces syndicats défendent leurs intérêts propres
05:17 et pas les intérêts des Français.
05:19 Mais le parti d'extrême droite doit se livrer à un numéro d'équilibriste.
05:22 Car l'opinion non seulement soutient ces mouvements,
05:25 mais tend même de plus en plus à soutenir d'éventuels blocages.
05:29 Alors les cadres du RN, par opportunisme apportent un soutien verbal aux mobilisations,
05:35 restent réservés sur la grève et condamnent les actions de blocage de l'économie.
05:40 Donc on est prié de s'opposer à la réforme,
05:42 mais si possible sans bruit et surtout sans construire un rapport de force
05:46 avec le gouvernement et le patronat.
05:48 Les mobilisations et comment on bloque la réforme des retraites,
05:53 ce n'est pas leur problème.
05:53 Eux, ce qu'ils veulent, c'est leur petite place.
05:55 Le discours du RN est toujours le même.
05:57 Nul besoin de vous organiser, de lutter, de fraterniser en manifestation ou sur les piquets de grève.
06:03 Non, non, restez chez vous, allez juste dans l'isoloir quand il faudra et votez pour nous,
06:07 on va s'occuper de tout.
06:09 Enfin, sur le fond, le RN n'est pas très à l'aise,
06:13 car il peut difficilement se faire passer pour la force politique
06:16 la plus historiquement opposée à cette réforme des retraites.
06:20 Le parti n'a jamais eu une position claire sur les retraites en raison de son opportunisme électoral.
06:25 Fin des régimes spéciaux et âge légal de 65 ans, proposé par Jean-Marie Le Pen en 2007.
06:31 60 ans avec 40 annuités de cotisation avancées par Marine Le Pen en 2017.
06:36 Désormais, le RN est revenu à 62 ans avec 42 ou 43 annuités selon les profils,
06:43 et grosso modo 60 ans pour ceux qui ont commencé avant 20 ans.
06:46 Pour justifier ce revirement, Marine Le Pen invoque la dette et l'état de l'économie française.
06:51 Donc pas très loin de l'argumentaire du gouvernement.
06:54 Les orateurs du RN répètent ad nauseam que la gauche ou les dirigeants syndicaux
06:58 ont appelé à voter Emmanuel Macron,
07:00 donc ont soutenu ou sont indirectement responsables de la réforme.
07:04 Il y a comme une contradiction d'ailleurs à faire élire, à choisir un président de la République
07:08 et à six mois plus tard organiser la contestation contre ce texte.
07:11 C'est une vision naïve des enjeux de la présidentielle,
07:14 car il laisse entendre que d'un point de vue économique et social,
07:17 le programme de Marine Le Pen est aux antipodes de celui d'Emmanuel Macron.
07:21 Or il faut marteler que le RN s'inscrit dans l'injonction néolibérale
07:26 à baisser le coût du travail, en essayant d'alléger les cotisations sociales.
07:30 Il y a des recettes qui sont anciennes du côté de la droite néolibérale.
07:34 Tout ce qu'il y a, c'est beaucoup de baisses de prélèvements obligatoires,
07:39 donc des baisses d'impôts sur le revenu.
07:40 On permet au patron d'augmenter les salaires sans cotisation sociale,
07:45 encore plus que ce qu'a fait Emmanuel Macron.
07:48 Donc on met dans la main des Français plus de cash
07:52 pour moins de financement des solidarités collectives.
07:55 Et ce, pour satisfaire son électorat de petits patrons
07:58 et pour appâter des salariés par une augmentation du salaire net.
08:01 Or ce sont les cotisations qui financent les retraites.
08:04 Ce parti accompagne donc le mouvement d'assèchement de notre système social.
08:09 En somme, médiatiquement à Thônes, éclipsé par les journées de mobilisation,
08:14 condamné soit à ressasser le deuxième tour de 2022,
08:17 soit à renvoyer à la présidentielle de 2027,
08:21 Marine Le Pen est contrainte maintenant de jouer un second rôle.
08:24 Néanmoins, la charge de la preuve, en quelque sorte, revient à la gauche politique,
08:28 qui doit faire la démonstration que l'articulation entre le travail parlementaire
08:32 et la mobilisation sociale peut faire plier le gouvernement.
08:36 Sans quoi le RN pourrait reprendre la main.
08:40 A la semaine prochaine.
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08:51 Merci à tous !
08:53 Merci à tous !

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