Louane et Laurie Darmon témoignent de leurs TCA

  • l’année dernière
Elle se livre comme rarement. À cœur ouvert, le regard ému mais rassuré par la présence de son amie à ses côtés, elle nous confie son chemin.

Louane a longtemps souffert de boulimie et se bat toujours contre l’hyperphagie et la dysmorphophobie.

Laurie, elle, a vaincu l’anorexie mentale à 27 ans, après dix années de lutte.

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Transcript
00:00 Moi c'est hyper intéressant le fait de parler de TCA et en vrai j'en ai jamais parlé ouvertement.
00:08 Je ne me rends compte que maintenant de ce que j'ai vraiment traversé.
00:19 Pourtant j'ai commencé à parler de l'anorexie mentale quand elle est partie en fait.
00:24 Sorti d'une traite, j'ai écrit un texte un matin, qui s'appelle "Mai 2018"
00:28 et c'est la date à laquelle j'ai compris que j'étais plus anorexique.
00:31 Mais je pensais que j'étais déjà plus anorexique depuis 4-5 ans.
00:34 Je remangeais, j'avais agressé, mais j'avais toujours pas mes règles,
00:36 j'avais toujours pas de désir et j'étais pas heureuse en fait, j'étais triste.
00:40 Moi c'est hyper intéressant le fait de parler de TCA,
00:45 j'en ai jamais parlé ouvertement donc c'est plus difficile de raconter mon chemin.
00:52 Mais TCA à moi c'est quoi ? Ça se traduisait par deux formes différentes.
00:57 Ça a commencé quand j'avais 12 ans parce qu'on m'avait insultée sur mon corps en fait.
01:02 C'est des mecs qui m'ont appelée boule de gras devant mon collège.
01:06 J'ai fait de la boulimie hyper tôt, enfin à 12 ans du coup, c'est resté longtemps.
01:12 Et puis quand j'ai essayé de sortir de ça toute seule,
01:20 je me suis retrouvée dans des grosses phases d'hyperphagie.
01:23 Bon la boulimie tout le monde sait ce que c'est, l'hyperphagie c'est quasiment la même chose,
01:26 sauf que tu vomis pas.
01:27 Du coup forcément avec la boulimie et l'hyperphagie,
01:30 tu te retrouves avec une forme de dysmorphophobie forcément.
01:35 Et moi je suis hyper fière parce que je suis sortie de la boulimie.
01:42 Ça fait toujours un peu peur mais je crois qu'on est bon sur cette situation là.
01:47 Maintenant ça fait quelques années donc je touche du bois.
01:50 L'hyperphagie c'est toujours rare mais toujours compliqué.
01:58 Donc j'avance et j'espère qu'un jour j'en arriverai là où toi t'en es.
02:05 Parce que j'ai vraiment l'impression que c'est une ligne qui est tellement fine.
02:19 Un truc que mes parents ont pas fait parce que c'était pas quelque chose qu'on faisait à l'époque
02:22 mais je lui dis tous les jours, c'est stupide, enfin non c'est pas stupide en fait,
02:27 c'est super parce que ça booste sa confiance en elle.
02:30 Et tous les jours je lui demande qui c'est la plus intelligente,
02:34 elle me dit c'est moi.
02:35 Qui c'est la plus belle, elle me dit c'est moi.
02:37 Qui c'est la plus forte, c'est moi.
02:38 Et je lui dis qui est-ce qui va devenir une femme extraordinaire ?
02:40 Et elle me répond c'est moi et tous les jours je fais ça.
02:42 Et alors peut-être que c'est trop et peut-être qu'elle aura trop confiance en elle,
02:46 je préfère qu'elle ait trop confiance en elle qu'elle ait pas confiance en elle.
02:48 Parce que, quelle struggle de pape pour qu'on s'en sorte.
02:52 Par rapport à ce que j'ai connu, c'est tous les jours merveilleux aujourd'hui.
03:02 Parce que j'étais normalement dans une prison transparente
03:06 où en fait à chaque fois que je me faisais du bien,
03:10 donc en mangeant ou en étant dans le confort, en dormant, plein d'autres choses,
03:16 j'avais des sensations de brûlure.
03:18 Donc ça, de ne plus les ressentir déjà, c'est quelque chose d'immense.
03:22 J'avais le souvenir que moi plus jeune, j'étais hyper fan de différents artistes
03:31 que je placardais sur mes murs avec les posters, etc.
03:36 Et en fait, j'idéalisais vachement ces artistes
03:40 où en tout cas je m'attachais uniquement à ce que je voyais sur les posters.
03:45 Et donc nécessairement, ça a biaisé ma notion de beauté.
03:51 Et je me suis simplement structurée comme une jeune fille des années 2000.
03:58 - Puis on nous le dit de toute façon. - Oui.
03:59 - C'est horrible, mais encore aujourd'hui, on en est en 2023 et on nous le dit encore.
04:03 On l'entend encore.
04:04 Que quand tu fais...
04:06 Les gens du milieu, quand tu fais un métier d'image, il faut que tu sois comme ça.
04:10 Et c'est hyper dur à vivre et c'est hyper décevant.
04:15 Et moi, j'avoue, je suis arrivée à un point dans ma vie où quand on me dit ce genre de choses,
04:18 je suis en mode genre...
04:20 Tu peux pas dire ça.
04:21 Tu peux pas dire ça parce que la majorité des femmes en France, déjà, elles sont pas comme ça.
04:26 La majorité des corps en France, dans le monde, ne sont pas comme ça.
04:30 Et tu peux pas vouloir montrer quelque chose qui est...
04:36 Pas irréaliste, parce que c'est la morphologie de certaines personnes,
04:38 mais qui est un idéal qui peut plus être un idéal aujourd'hui.
04:44 C'est un spectacle où les différents artistes et les différents intervenants
04:53 qui ont tous, qui exercent tous des métiers d'image, de représentation ou d'éloquence,
05:00 ont carte blanche pendant cinq minutes pour exprimer à leur manière,
05:03 leur rapport à leur corps et leur notion de l'acceptation de soi.
05:07 Et si on décidait d'accepter encore
05:11 De laisser parler nos cœurs à nos corps
05:16 Tu crois pas qu'on se sentirait plus fort
05:20 Surtout si ça ne ressemble à personne
05:25 (rires)
05:28 (musique)

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