Réforme de la police nationale : "La réforme est plus que nécessaire parce qu’il y a un manque de coordination entre les services, mais la départementalisation de la PJ est préjudiciable", estime le sénateur (apparenté LR) Philippe Dominati, auteur du rapport sur la direction centrale de la police judiciaire
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00:00 Merci d'être avec nous, Philippe Dominati, et de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:05 Vous êtes élu de Paris, apparenté au groupe Les Républicains.
00:08 Vous avez remis un rapport sur la réforme de la police judiciaire.
00:11 On va en parler dans quelques minutes, mais d'abord, évidemment, l'actualité, c'est la réforme des retraites.
00:14 Elisabeth Wann, qui a donc maintenu le cap.
00:16 Hier, sur France 2, elle a eu un long exercice de pédagogie, mais elle n'a pas fléchi, en tout cas, sur le report de l'âge de départ à 64 ans.
00:24 Elle a fait quelques ouvertures sur quelques points, mais elle maintient le cap alors que des dizaines de milliers de Français, des centaines de milliers de Français, étaient dans la rue pendant deux journées.
00:33 Est-ce qu'elle a eu raison de maintenir ce cap ? Est-ce qu'elle ne donne pas l'impression de ne pas écouter ce que dit la rue ?
00:39 Elle n'a pas le choix. Elle n'a pas le choix parce que si elle ne maintient pas le cap, elle abandonne la réforme,
00:44 une réforme dont le président de la République parle depuis 2017. Ça a occupé presque l'actualité de son quinquennat.
00:54 Vous vous souvenez qu'il y a eu un haut-commissaire chargé de cette réforme qui est devenu ministre, qui a quitté le gouvernement.
01:00 Il l'a mis dans le programme présidentiel. Il l'avait annoncé pour le mois de septembre, puis pour le 10 décembre.
01:06 Maintenant, nous sommes le 1er février. À chaque fois, il y a des adaptations plus ou moins réussies.
01:13 En réalité, ça n'avance pas. Il est temps que le pays passe à autre chose. Il n'y a pas que cela dans le pays.
01:20 C'est un sujet important, mais il y a d'autres sujets importants sur l'énergie, sur la vision de l'avenir de l'Europe, les menaces, un certain nombre de choses.
01:30 À minimum, maintenant, il faut avancer. C'est au Parlement d'agir. Il faut véritablement en finir. Il y a d'autres choses, d'autres sujets.
01:40 C'est très important. Tous les présidents de la République ont été confrontés à cette réforme.
01:46 Ils ont tous procédé par ce qu'on pourrait appeler la politique du salami, c'est-à-dire que je coupe une petite tranche,
01:52 je fais une petite réforme et je laisse le problème à mon successeur et au gouvernement suivant.
01:58 Mais la réforme des retraites, je dirais qu'il y en a une grande manifestation, une grande colère des Français par décennie,
02:08 parce que c'est un problème inéluctable. On a un système qui n'est pas financé. Les jeunes payent pour les anciens.
02:15 Et en réalité, il n'y a plus assez de jeunes pour payer pour les générations les plus âgées.
02:19 Donc en maternelle, on comprend ça. Alors après, il y a des adaptations.
02:23 Soit vous baissez le niveau des retraites, soit effectivement vous allongez la durée de vie à partir du moment
02:29 où vous avez la chance pour les Français de vivre plus longtemps.
02:32 – Mais est-ce que c'était le bon moment de faire cette réforme ?
02:34 On voit que sur le fond, vous la soutenez, mais est-ce qu'il n'y a pas un problème de calendrier ?
02:38 – Il y a toujours un problème de calendrier, mais là on est au début d'un quinquennat.
02:43 Je veux dire, ça a été dans le programme présidentiel.
02:46 Les syndicats dont on parle en permanence représentent quoi dans la population française ?
02:52 On sait très bien qu'essentiellement, ce qui défile, c'est la fonction publique.
02:57 Quand même, il faut se dire les choses. Moi, je suis parisien, j'ai vécu à Paris.
03:03 C'est essentiellement à 80% la fonction publique qui défile.
03:07 – Il n'y a pas que ça, vous le voyez Philippe de Junet.
03:10 Il n'y a pas que des gens syndiqués qui défilent.
03:12 – Et pourtant, le gouvernement favorise largement le mode de retraite de la fonction publique
03:17 par rapport au reste de toute la population active.
03:20 – Il n'y a pas que des gens syndiqués qui défilent, vous avez vu.
03:22 – Non, bien sûr que non.
03:23 – Vous avez vu des manifestations dans des villes moyennes, dans des petites villes, dans des villages.
03:27 Est-ce que vous n'avez pas l'impression qu'il y a une colère des Français
03:30 alors qu'il ne fallait peut-être qu'à la réforme des retraites ?
03:32 – Il y a beaucoup d'incompréhension.
03:34 Le vrai sujet déjà de la réforme des retraites que l'on devrait poser,
03:37 qu'on n'a pas posé aux Français, c'est est-ce que le système par répartition,
03:41 c'est-à-dire d'une génération qui paye l'autre sur l'autre, c'est le bon système,
03:45 alors que tous les pays développés pratiquement au monde
03:48 font le système par capitalisation.
03:51 Pourquoi on ne met pas le sujet sur la table ?
03:53 C'est ça le vrai sujet, le problème est de savoir
03:55 si on n'aurait pas pu mettre une dose de capitalisation.
03:58 – Vous êtes favorable à une dose de capitalisation ?
04:00 – Oui, bien sûr, ça se fait dans tous les pays du monde.
04:03 Il n'y a qu'en France où année après année, quinquennat après quinquennat,
04:07 on proteste contre l'adaptation financière du système des retraites
04:12 parce qu'on n'arrive plus à le financer.
04:14 Si on ne paye pas, qui paye ? C'est le contribuable, c'est le même.
04:19 On prend dans la poche droite ou dans la poche gauche,
04:22 c'est ça le système des retraites.
04:24 – On va parler du fonds de la réforme et du Parlement,
04:26 puisque vous le disiez, maintenant c'est au Parlement
04:28 de décider de ce que sera cette réforme,
04:30 ça arrive lundi dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
04:32 on va en parler avec nos partenaires de la presse régionale,
04:34 on va à Mulhouse où on retrouve Emmanuel Delahaye.
04:36 Bonjour Emmanuel, merci d'être avec nous,
04:38 journaliste politique au journal l'Alsace et aux dernières nouvelles d'Alsace.
04:42 Et vous avez sondé, vous Emmanuel, les députés alsaciens
04:45 alors que le débat commence lundi.
04:47 Comment ils abordent ce débat parlementaire ?
04:49 – Alors pas tous pareils, Orianne, bonjour.
04:52 En fait, ils sont 15 en Alsace des députés,
04:54 il y en a 2 de la NUPES, un LFI et une Europe Écologie-Les Verts,
04:59 dont on devine qu'ils sont opposés à la réforme.
05:02 Alors on s'est surtout intéressés aux 13 autres, je vous avoue.
05:05 Il y en a 11 à des titres divers qui font partie de la majorité présidentielle,
05:10 avec des étiquettes diverses, je veux dire.
05:13 Et puis 2 républicains, des collègues de M. Dominati.
05:17 Parmi les 11 de la majorité qui sont naturellement les plus enclins
05:21 à voter cette réforme, il n'y a aucun automatisme pour autant,
05:25 ce ne sont pas des députés godillots.
05:28 Plusieurs m'ont confié d'emblée qu'ils avaient été très irrités
05:31 par les propos de la Première Ministre du week-end dernier,
05:34 quand elle disait que le report de l'âge légal à 64 ans n'était plus négociable.
05:39 Ils l'ont vu comme un affront fait au rôle même du Parlement,
05:43 qui entend bien jouer tout son rôle dans le travail législatif,
05:47 et donc pouvoir apporter sa pierre à l'édifice,
05:51 et amender le texte autour duquel le débat vient de débuter.
05:55 Alors ils auront peut-être été adoucis par le ton plus conciliant
06:00 de la Première Ministre hier soir, mais n'empêche que, encore une fois,
06:03 j'y insiste, plusieurs ont été froissés par ces propos très fermes
06:07 d'il y a une semaine, d'Elisabeth Borne.
06:10 Et puis, quand ils parlent d'amendement, ce n'est pas juste pour le plaisir,
06:13 ils me disent qu'à leurs yeux, le texte actuel est encore perfectible,
06:18 et ils sont soucieux de l'améliorer sur des points comme la pénibilité
06:22 de certains métiers, les carrières longues, les carrières au contraire
06:26 fractionnées des femmes en raison des congés maternités,
06:30 la prise en compte, pourquoi pas, du bénévolat ou du statut d'aidant
06:34 pour certaines personnes qui peuvent aider des proches malades.
06:39 Enfin voilà, ils entendent bien pouvoir pleinement jouer leur rôle
06:43 de législateur au cours des deux semaines qui s'ouvrent.
06:46 Didier Lemaire, qui est député horizon du Haut-Rhin, me disait peut-être
06:50 sous un coup d'humeur, s'il n'y a plus rien à négocier,
06:53 eh bien dans ce cas-là, moi je n'exclue pas de voter contre.
06:56 Dans un même ordre d'idées, son collègue du Bahrein, Vincent Thiebaud,
07:00 me disait, ce n'est pas respectueux du Parlement, tout simplement.
07:03 Et puis encore un autre exemple, Bruno Fuchs du Modem, Haut-Rhin,
07:07 député du Haut-Rhin, me disait, pour l'instant je suis dubitatif,
07:11 le gouvernement, à mes yeux, s'y est mal pris en focalisant le débat
07:16 sur la question de l'âge de départ, l'âge légal de départ,
07:20 alors qu'à mes yeux, le vrai critère, c'est le nombre d'années de cotisation.
07:24 Voilà leur état d'esprit. Je termine sur les deux collègues républicains
07:28 de M. Dominati. Il y a Patrick Hetzel, un vétéran de l'Assemblée nationale,
07:32 et lui, c'est très simple, il me dit, honnêtement, je vais forger mon jugement
07:36 au cours des deux semaines qui viennent, en fonction des critères que je vous ai cités.
07:41 Lui aussi, par exemple, est particulièrement sensible à la question des petites retraites.
07:45 Il y sera attentif et il déterminera son vote sur ce point en grande partie.
07:50 Mais pour l'instant, il me dit, j'ai trois boutons devant moi,
07:53 je ne sais pas encore lequel j'utiliserai pour contre ou abstention.
07:56 Et puis enfin, le tout dernier, c'est Raphaël Schellenberger, député du Haut-Rhin.
08:00 Lui, il est très sceptique sur la volonté de conciliation du gouvernement,
08:05 sur sa volonté d'écoute, et donc il se prépare probablement à voter contre, me dit-il.
08:10 Et du coup, ma question à M. Dominati, elle vient assez naturellement.
08:14 Ce sont vos collègues républicains d'Alsace, alors certes, ils sont députés,
08:18 ils ne sont pas sénateurs, mais ce sont malgré tout vos collègues de parti.
08:21 Est-ce que vous comprenez leur réticence, voire leur irritation actuelle ?
08:26 – Là où tous les parlementaires de tous les partis en Alsace semblent avoir raison,
08:33 c'est que le gouvernement a du mal à s'y prendre pour communiquer,
08:38 pour expliquer le sens de sa réforme, et une maladresse politique
08:42 que je crois que c'est effectivement… tout le monde le ressent,
08:47 tous les parlementaires le ressentent.
08:49 D'ailleurs, essayez de citer, et je mets au défi presque n'importe quel Français,
08:56 les quarts des membres du gouvernement.
08:59 Généralement, au bout de cinq ou six, les citoyens ne savent plus
09:02 parce que ce gouvernement n'incarne plus un gouvernement,
09:06 il ne dirige plus le pays.
09:08 Dans beaucoup de ministères, on ne sait pas qui incarne la politique du gouvernement.
09:12 Il y a cinq, six ministres connus, et au-delà, il y en a 35 qui sont inconnus.
09:16 Ça c'est la première chose.
09:18 Pour mes collègues du Parti républicain, je ne sais pas…
09:24 je sais simplement qu'il y a eu des candidats aux dernières élections présidentielles
09:30 par ce parti, par cette mouvance politique, et qu'il y avait un projet,
09:34 à plusieurs reprises, proclamé, que ça a été dans le passé par François Fillon,
09:39 que ça a été par Valérie Pécresse, c'était un âge…
09:42 – C'était même plus dur.
09:43 – … qui était 65 ans, et au Sénat, chaque année, nous avons voté,
09:48 là où il y a une majorité de droite, dans les deux assemblées,
09:53 depuis chaque année, dans le budget social, l'âge légal de 65 ans.
09:58 – Donc vous dites à vos collègues républicains qui ne veulent pas voter
10:01 qu'ils manquent de cohérence ?
10:02 – On peut simplement changer d'avis en quelques mois ou en quelques semaines,
10:05 on a le droit, parce que les modalités techniques ne sont pas bonnes.
10:09 C'est vrai qu'il y a des cas particuliers qu'il faut étudier,
10:12 c'est le rôle du Parlement, mais sur le plan du programme,
10:15 on sait très bien qu'on a à financer, parce que la durée de vie s'allonge
10:20 dans notre pays, des gens qui partent et qui bénéficient d'une retraite
10:24 pendant beaucoup plus longtemps que lorsqu'on a créé ce système,
10:27 et que donc il n'y a pas 36 solutions de financer.
10:30 Soit vous baissez le niveau des retraites, et vous vivez mal,
10:34 et il y a beaucoup de retraités qui vivent mal,
10:36 parce que tout ça n'avait pas été prévu, il y a des carrières qui ont été oubliées,
10:40 il y a des femmes qui n'ont jamais été cotisées,
10:43 alors qu'elles étaient femmes d'artisans ou femmes de commerçants,
10:46 et elles n'ont pas pris ça en compte, donc il faut rééquilibrer tout ça.
10:49 Mais c'est le système, et c'est le rôle du gouvernement
10:52 de bien expliquer et de moduler la réforme de la retraite.
10:55 Mais mes collègues, ils savent très bien qu'il y a 3 mois, ils étaient pour 65 ans.
11:00 – Monsieur Dominati, alors justement, cette maladresse du gouvernement,
11:04 est-ce que vous la pensez rattrapable ?
11:05 Est-ce qu'il a encore temps pour le gouvernement de redresser la barre, en quelque sorte ?
11:09 – Écoutez, c'est pour ça que je disais, si maintenant il n'avance pas,
11:13 autant qu'il lâche prise, et peut-être que…
11:17 Le président, il a le pouvoir de dissolution, si le gouvernement n'arrive plus à gouverner,
11:23 on appelle au peuple, dans ces conditions, il y a un pouvoir de dissolution.
11:28 Il est là pour gouverner, alors qu'il gouverne, ou qu'il rende le pouvoir, c'est tout.
11:34 Mais le problème du pays demeure, le financement demeure.
11:39 3 000 milliards de dettes en 30 ans, c'est une réalité.
11:44 Moi je veux bien qu'on aille à 4 000, 5 000, non je ne veux pas,
11:47 parce que je pense que c'est déraisonnable, et je pense à mes enfants.
11:50 Mais à un moment donné, il faut quand même gérer.
11:53 – Juste un mot, parce que vos collègues républicains députés,
11:56 ils ont déposé un amendement pour dire que tous ceux qui ont travaillé,
11:59 qui ont commencé à travailler avant 21 ans, ils doivent savoir appliquer les 43 annuités,
12:02 mais pas le report de l'âge légal de départ à 64 ans.
12:05 Vous pourriez les suivre là-dessus ?
12:06 – Oui, je pense qu'effectivement, sur le nombre de trimestres à travailler,
12:11 c'est comme les emplois, c'est vrai qu'il y a des emplois
12:14 où à un certain âge, vous ne pouvez pas les exercer.
12:17 Je veux dire, on ne peut pas faire un régime totalement général.
12:23 Mais il y a aussi des disparités à gommer.
12:26 Pourquoi pour la fonction publique, c'est les 6 derniers mois qui comptent,
12:29 et pourquoi pour les autres, c'est la moyenne des 25 dernières années ?
12:35 Dites-moi, par exemple, ok, régulérison pour tout le monde, un équilibre pour tout le monde,
12:43 mais pourquoi pour le secteur privé, on ne prend pas les 6 derniers mois de retraite ?
12:48 Expliquez-moi, pourquoi on le prend pour les uns et pas pour les autres ?
12:52 Pourquoi il y a une capitalisation de la retraite pour, par exemple, la fonction publique,
12:56 et pas pour le secteur privé ?
12:57 Moi, je suis dans le monde de l'entreprise, j'aimerais, mais alors mettons sur la table tout le monde.
13:03 – Merci.
13:04 – Donc ça, c'est la capacité du gouvernement à convaincre, à réguler et à trouver le financement.
13:12 – Merci Emmanuel Delahaye, merci d'avoir été avec nous.
13:14 On regarde vos deux unes, l'Alsace, davantage d'entreprises en difficulté en Alsace,
13:19 et puis la une des dernières nouvelles d'Alsace, l'école, est encore trop inégalitaire.
13:23 Merci beaucoup Emmanuel d'avoir été avec nous ce matin.
13:27 On va passer à votre travail au Sénat, puisque vous avez remis un rapport il y a quelques jours,
13:33 et on va voir le détail avec Audrey Viettas.
13:37 [Musique]
13:44 Bonjour Audrey.
13:45 – Bonjour.
13:46 – Et Audrey, vous avez donc vu le rapport qu'a rendu Philippe Dominati sur les conséquences
13:50 que pourrait avoir la réforme de l'organisation de la police nationale sur la PJ.
13:54 Quels sont les grands enseignements ?
13:55 – Alors Aurélienne, avant de commencer, si vous me permettez,
13:57 je voulais commencer justement par un court extrait d'interview.
14:01 Nous sommes en octobre dernier,
14:03 lors d'une manifestation des enquêteurs de la police judiciaire,
14:06 c'est extrêmement rare, il faut le souligner,
14:08 contre la réforme de la police nationale voulue par Gérald Darmanin.
14:11 Écoutez.
14:12 – La réforme de la police telle qu'elle est envisagée à l'heure actuelle,
14:17 surtout dans les départements, dans les antennes,
14:21 ça va créer un déficit de fonctionnaires sur des affaires de haute importance,
14:29 telles que tout ce qui est question de probité,
14:32 et pour l'instant il n'y a que la police judiciaire
14:35 qui peut s'attaquer à ce genre de fléau,
14:38 et donc on est farouchement contre cette réforme.
14:41 – On sent l'inquiétude, une réforme qui pourrait affaiblir la police judiciaire,
14:45 et c'est en substance ce que dénonce votre rapport,
14:48 un rapport que vous avez commencé bien avant,
14:50 la polémique qui est montée à l'automne,
14:52 avec, on s'en souvient, le limogéage d'Éric Arella,
14:54 le patron de la PG de Marseille.
14:56 En substance, vous êtes d'accord avec le ministre de l'Intérieur,
14:58 il faut une réforme de la police nationale,
15:00 qui travaille trop en silo, qui est trop cloisonné,
15:03 mais le gouvernement ne s'y prend pas, d'après vous, de la bonne manière.
15:06 Pour comprendre, il faut d'abord savoir ce qu'est la police judiciaire.
15:09 C'est l'héritière des Brigades du Tigre,
15:12 je vais y arriver, créée par Georges Clemenceau au début du XXe,
15:15 pour traiter le haut du spectre de la criminalité,
15:18 le crime organisé, le terrorisme, plus largement,
15:21 les crimes les plus graves et les plus complexes.
15:23 Elle peut intervenir, et c'est très important,
15:25 sur un large spectre géographique.
15:27 Elle a pour cela des moyens dédiés, qui ne sont pas superflus,
15:30 c'est ce que vous soulignez, et elle obtient des résultats probants.
15:33 74% d'élucidations contre les contrefaçons,
15:36 95% pour les affaires de trafic de stupéfiants.
15:40 Bref, ça fonctionne. Avec la réforme,
15:42 la PJ serait, comme tous les autres services de la police,
15:45 départementalisée et placée sous l'autorité d'un préfet.
15:48 Ce qui provoque deux inquiétudes, relevées dans votre rapport.
15:51 La crainte qu'on prenne les moyens de la police judiciaire
15:54 pour aider à résoudre les plus petits délits,
15:56 et le cloisonnement trop étriqué de la PJ,
15:58 à l'échelle du département, alors que le crime organisé
16:01 se mondialise et se complexifie, ce sont vos termes.
16:04 En clair, Philippe Dominati, est-ce que le gouvernement
16:06 doit revoir sa copie ?
16:07 Oui, sur ce volet-là de la réforme, il doit revoir sa copie.
16:10 Je pense que d'ailleurs le ministre en a pris conscience,
16:13 puisqu'il a plutôt procédé à une sorte de phase de transition
16:17 à un moratoire, sur ce volet-là. Il a reculé d'ailleurs.
16:21 Il a reculé sur le calendrier ?
16:23 Il a reculé le calendrier, il attend des retours d'expérience.
16:28 Il temporise, mais il a reculé sur le calendrier.
16:30 Moi, je fais un rapport pour la commission des finances,
16:33 qui a duré assez longtemps, parce qu'on a été interrompu
16:36 par la crise du Covid. Ce qu'il y a de vrai, c'est que dans le budget,
16:40 rien n'est prévu. 2023, ça devait être appliqué en 2023.
16:44 Est-ce qu'on crée un échelon supplémentaire dans le département
16:48 et ça améliore l'efficacité, ou au contraire,
16:51 est-ce qu'on complique la hiérarchie ?
16:54 En tout cas, le rapport pour la commission des finances,
16:57 c'est simple. Est-ce que ces services ont les moyens
17:00 de bien fonctionner ? Oui. Est-ce qu'ils fonctionnent bien ?
17:02 Oui. Est-ce que la réforme l'impacte ? Oui.
17:06 Je détaille les services. Est-ce qu'une réforme de la police nationale
17:09 est nécessaire ? Elle est plus que nécessaire,
17:12 parce qu'il y a un éclatement, un manque de coordination,
17:18 je dirais, entre les services, mais la départementalisation
17:23 de l'action de la police judiciaire est préjudiciable.
17:26 Ce qu'il y a de vrai, et le ministre, comme la direction générale
17:30 de la police, ont raison, parce que la police judiciaire
17:33 est trop cantonnée dans le haut du spectre, c'est-à-dire
17:36 qu'elle traite assez peu d'affaires. Elle traite les affaires
17:39 les plus importantes, mais assez peu d'affaires par rapport
17:42 à tous les délits et à tous les crimes qu'il y a.
17:45 Mais juste pour conclure, ça veut dire qu'il ne faut pas supprimer
17:47 cette réforme de la police judiciaire, il faut revoir la copie ?
17:50 Il faut revoir la copie, oui, bien sûr. C'est le sens du rapport.
17:53 Mais il y a une réforme à faire. Et au Sénat, on essaye de faire
17:56 les choses. Donc on dit, globalement, il faut une réforme,
18:00 mais là, ça ne colle pas. Et ça ne colle pas à cause
18:03 essentiellement de l'organisation administrative de nos pays,
18:06 qu'est la départementalisation. Les bassins de criminalité
18:09 dépassent largement le cadre du département.
18:12 Nous avons fait des agents de l'État qui sont des spécialistes,
18:17 des spécialistes dans la technologie. La criminalité est de plus en plus
18:24 forte par la technologie. Il y a une course-poursuite, je dirais,
18:27 entre les criminels et les policiers pour la technologie.
18:31 Il y a des bassins, le côté international, à peu près 20 à 25 %
18:35 de la criminalité en France, elle est internationale,
18:38 elle n'est pas cantonnée dans un département.
18:40 Or, la hiérarchie, ce qu'on appelle la police en silo, jusqu'à présent,
18:44 on dépendait de l'office central. Je suis un agent qui fait un métier
18:48 difficile dans le domaine de la drogue, dans la criminalité financière,
18:52 dans la cybercriminalité, je dépends de mon office central.
18:56 Là, la crainte, c'est que je vais dépendre d'un directeur départemental
19:00 qui va me noter, qui va me payer, je dépendrai de ma hiérarchie.
19:04 Et lorsqu'en haut, on voudra dire, mais il faudrait aller dans les départements
19:08 voisins ou infiltrer tel groupe ou telle zone géographique,
19:13 la tentation sera forte pour les patrons du département de dire,
19:19 oui, mais avant, vous allez me traiter les délits moindres.
19:23 Il y a une différence entre le vol d'une tondeuse à gazon
19:27 et le braquage d'une banque. Et donc, on ne peut pas mélanger.
19:31 Alors, on dit, il y a trop d'augmentation de la criminalité.
19:34 Et on va demander à ces agents spécialistes de faire la police judiciaire
19:40 pour aider la voie publique qui est engorgée.
19:43 On peut prendre des chirurgiens pour soigner des grippes.
19:46 On a le droit, ce sont des médecins.
19:49 Mais il vaut mieux qu'ils fassent, je dirais, le métier pour lequel
19:52 ils ont été formés, ils ont travaillé, ce ne sont pas les mêmes horaires.
19:56 Il y a beaucoup de choses qui vont par.
19:58 Et donc, nous, on dit simplement et raisonnablement au Sénat,
20:01 au ministre, sur ce sujet, on n'est pas tout à fait d'accord.
20:04 – Justement, sur ce sujet, vous craignez que la PJ fasse l'effret
20:07 de la concurrence au sein des différents services de police.
20:09 On apprend par exemple, dans votre rapport,
20:11 que les membres de la police judiciaire sont surnommés les seigneurs de la PJ
20:15 et qu'ils pourraient en pâtir finalement de cette concurrence entre les services.
20:18 – Oui, c'est vrai.
20:20 Je dirais, on sent la confrontation entre différents services.
20:24 Dans le rapport que je fais, j'ai constaté, je suis allé sur place,
20:28 j'ai rencontré beaucoup de monde, on sent que pour certains,
20:30 ce sont les seigneurs, d'autres les nantis.
20:33 On dirait, ils prennent les affaires qu'ils veulent, ils ne participent pas,
20:37 ils ne sont pas dans le cadre de la hiérarchie,
20:40 mais c'est leur méthode de fonctionner depuis presque un siècle.
20:43 Je dirais une sorte d'indépendance et eux craignent l'indépendance.
20:47 Alors le ministre essaye de les rassurer en disant,
20:49 sur l'indépendance, vous n'aurez pas à faire ceci, vous n'aurez pas à faire cela,
20:53 mais c'est une réforme qui n'est pas très originale
20:56 parce qu'elle ressemble trop à le jacobinisme de l'administration française.
21:03 On crée un échelon supplémentaire.
21:05 Où sont les bureaux ?
21:06 Quel moyen on va mettre pour les directeurs départementaux de la police ?
21:10 J'ai visité plusieurs départements, les services sont éclatés.
21:13 Entre la police judiciaire qui est à 3 km, la sécurité publique, la PAF,
21:18 et les directeurs disent, mais est-ce que vous allez me donner,
21:21 monsieur le sénateur, un bâtiment pour regrouper tous les services ?
21:24 Dans ce bâtiment, je n'ai même pas la place pour les bureaux.
21:27 On peut rêver d'une police idéale, mais d'abord l'État doit mettre les moyens.
21:32 Rien n'est prévu.
21:33 Lorsqu'on demande des prévisions financières, on n'en a aucune.
21:37 – Vous avez justement entendu dans le témoignage que j'ai diffusé tout à l'heure,
21:41 vous parlez aussi d'un manque de concertation avec les agents sur le terrain
21:44 et d'une réforme qui n'a pas su convaincre les services concernés.
21:47 – Oui, c'est d'autant plus extraordinaire que le directeur général de la police
21:52 est un homme reconnu et qui vient de la police judiciaire.
21:55 Donc il connaît son métier, c'est incontestable.
21:58 J'ai connu -3 directeurs de la police, lui il est vraiment du métier.
22:05 Il fait partie de ceux qui critiquent le plus la réforme.
22:08 Il a essayé d'adapter cette réforme nécessaire de la police par la départementalisation.
22:15 Ce n'est pas à la bonne échelle géographique.
22:17 Encore une fois, sur ce côté-là, ça ne fonctionne pas.
22:21 Et puis deuxièmement, on se pose la question du préfet.
22:26 En réalité, est-ce qu'on essaye de décharger le préfet d'un certain nombre de fonctions
22:31 ou on essaye de trouver un fusible entre le préfet et les services de police ?
22:36 Parce qu'actuellement, dans le métier de préfet,
22:39 presque un tiers ou 40% de l'activité quotidienne, journalienne d'un préfet,
22:45 c'est la sécurité publique, c'est l'immigration, c'est la drogue,
22:50 c'est un certain nombre de choses.
22:51 Et c'est vrai que le préfet, il a en face de lui souvent
22:54 une seule personne qui incarne la gendarmerie
22:56 et plusieurs personnes qui incarnent la police.
22:59 Mais dans le département, ça va se jouer comment ?
23:02 Or là, c'est un service qui est vraiment transfrontalier, j'allais dire,
23:07 parce que ça concerne des zones régionales.
23:09 Il y a eu des zones régionales récentes,
23:12 mais on n'a même pas encore le retour d'expérience.
23:15 – Merci Audrey. À tout à l'heure.
23:17 – Oui, on va parler de réforme des retraites.
23:19 – On reparle de ça, évidemment. – Surprenantment.
23:21 – Un mot sur ce qui s'est passé au Sénat avant-hier soir.
23:24 Ce vote historique est un peu surprise, finalement, sur l'IVG,
23:28 le Sénat qui a inscrit dans la Constitution
23:30 la liberté de recourir à l'IVG.
23:32 La majorité de droite dans sa majorité n'y était pas favorable,
23:35 et c'est pourtant un amendement du sénateur LR, Philippa,
23:38 qui a trouvé le consensus dans l'hémicycle.
23:41 Vous l'avez voté, cet amendement,
23:43 alors que vous étiez abstenu lors de l'examen précédent du texte.
23:46 Pourquoi ? Parce que la formulation de Philippa
23:49 était meilleure que le précédent texte ?
23:51 – Oui, et puis il y a eu une incompréhension.
23:53 Il y a plusieurs thèses sur ce sujet.
23:56 D'abord, un certain nombre de collègues disent
23:59 qu'il ne faut pas toucher la Constitution pour tous les sujets,
24:03 parce qu'on ne va pas en sortir.
24:05 Ils peuvent avoir raison.
24:07 Moi, lorsque je suis rentré au Sénat, j'ai modifié à sept reprises,
24:11 j'ai été convoqué à sept reprises à Versailles en quatre ans
24:14 par deux présidents de la République de droite
24:16 pour des modifications de la Constitution,
24:18 parfois touchant sur l'environnement.
24:20 – Donc c'est un argument qui ne tient pas pour vous ?
24:22 – Non, pour moi c'est un argument qui n'est pas nécessairement le plus probant.
24:27 Bon, alors après il y a la compréhension.
24:30 Et la compréhension, c'est que pour beaucoup de personnes,
24:33 ça a semblé être une remise en cause de la loi Veil.
24:37 Et ça, moi je n'étais pas partisan et ce n'est pas cette lecture du texte.
24:42 Alors évidemment, il y a une subtilité politique
24:45 présentée par l'opposition,
24:47 prenant prétexte du débat qui a eu lieu aux États-Unis,
24:50 alors que ce n'est pas un sujet franco-français,
24:52 il n'y a pas de danger en France.
24:54 Mais cette incompréhension qui semblait dire que le Sénat,
24:59 entre guillemets un peu ringard,
25:01 allait remettre en cause l'existence de l'application de la loi Veil,
25:07 pour moi ce n'était pas, en tout cas, mon choix politique.
25:11 Donc lorsque la première fois ça a été présenté au Sénat,
25:14 je me suis abstenu entre, je dirais, ces différentes visions,
25:19 la première sur la Constitution, les autres sur la remise en cause,
25:22 la troisième sur l'internationalisation du débat.
25:25 L'amendement de Filiba me convenait parce qu'il mettait les choses au point,
25:28 et c'est pour cela que je l'ai voté,
25:31 et que finalement il a convaincu un grand nombre de collègues de la droite de le voter.
25:35 – Il nous reste une minute, on va parler de Paris,
25:38 et de ce qui vous agace un petit peu, c'est la question des trottinettes.
25:41 Puisque Anne Hidalgo veut une votation sur cette question des trottinettes,
25:45 début avril, pas vous ?
25:47 – D'abord je trouve ça cocasse,
25:49 parce que Mme Hidalgo pourrait poser plein de questions aux Parisiens
25:53 sur la propreté de Paris, sur le fait de son engagement
25:56 de ne pas avoir augmenté les impôts locaux et de les augmenter,
25:59 elle s'était engagée de ne pas se présenter aux présidentielles,
26:02 la seule chose qu'elle ait trouvée, c'est la trottinette.
26:05 On se demande à quoi elle sert, en termes de légitimité,
26:07 parce que si la maire de Paris a perdu tellement sa légitimité
26:10 qu'elle ne peut même plus arbitrer entre les vélos et les trottinettes,
26:14 on se demande vraiment à quoi elles servent.
26:16 Donc c'est déjà l'objet même du sujet,
26:19 c'est dans l'indifférence presque la plus totale.
26:22 Deuxièmement, symboliquement ça m'amuse,
26:24 parce que le premier cadeau qu'on fait à un enfant c'est une trottinette,
26:27 alors c'est bien, on va interdire les jets privés,
26:30 on va interdire les trottinettes, on va interdire beaucoup de choses,
26:33 l'interdit c'est la règle actuellement, souvent de la gauche,
26:37 d'interdire les terrasses chauffées, etc.
26:41 Donc c'est une ambiance un peu étonnante.
26:44 Troisièmement, moi j'utilise les trottinettes et je suis pour les trottinettes.
26:47 Alors déjà, on va commencer par les trottinettes,
26:50 on va interdire après les vélos, après les scooters et les livreurs,
26:53 et puis après les motos, après les voitures, après les taxis, après les poids-dour.
26:57 Donc c'est de placer les uns contre les autres.
27:01 Alors évidemment, c'est mal géré les trottinettes, je vous le dis tout de suite,
27:05 il y en a par terre, il y en a partout, il y en a sur les trottoirs,
27:07 ils roulent n'importe comment,
27:08 mais là c'est pas la faute des utilisateurs des trottinettes,
27:11 c'est la faute de la police municipale qui n'est pas présente,
27:15 qui n'est pas là, qui n'est pas...
27:17 Mais qu'elle interroge sur la propreté de Paris, ça vaudrait la peine,
27:20 mais sur les trottinettes, c'est tout ce qu'on a trouvé,
27:22 donc ça m'amuse, quoi, ça m'amuse.
27:24 - Et c'est clair.
27:25 - C'est pas très amusant, mais c'est un problème qui concerne la ville.
27:28 - On a compris votre message.
27:29 Merci beaucoup Philippe Dominati d'avoir été notre invité dans 20 minutes
27:32 dans le Club du Territoire, vous l'avez compris.
27:33 On reparlera de la réforme des retraites, opération pédagogie,
27:35 d'Elisabeth Borne hier soir, alors peut-elle encore convaincre ?
27:38 Ce sera la question et on va en parler tout de suite avec notre prochaine invitée,
27:41 c'est la députée de la France Insoumise Aurélie Trouvé qui nous rejoint.
27:44 - Très bien.
27:45 - Merci. - Merci.
27:46 - Bonne journée. - Au revoir.