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Thierry Marx, chef étoilé, président de l’Umih, était jeudi 2 février l’invité du 8h30 franceinfo.

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Transcription
00:00 le gouvernement propose dans sa loi immigration qui a été présentée hier
00:03 un titre de séjour "métiers en tension".
00:06 Vous dites "banco".
00:07 Je dis "banco" mais je dis "mettez-nous dans les métiers en tension".
00:11 250 000 postes à pourvoir dans nos métiers,
00:14 on n'est toujours pas sur la liste des métiers en tension.
00:17 Donc là, il y a déjà une première chose à réparer.
00:20 Et puis effectivement, je dis "banco" déjà pour les gens qui sont
00:23 sur le sol français, qui travaillent dans nos métiers
00:26 et qui par moment se retrouvent dans l'illégalité
00:28 parce qu'il y a une lenteur administrative sur le renouvellement de leur titre de séjour.
00:32 Vous connaissez, vous, des restaurants ou des hôtels
00:34 qui ont embauché des clandestins en connaissance de cause ces dernières années ?
00:38 Tout le monde fait ça aujourd'hui dans le métier ?
00:40 Non, non, non. D'abord, je dis que non, tout le monde ne fait pas ça.
00:44 D'abord, quand on recrute, on n'est pas agent de police.
00:47 On ne peut pas vérifier quand on a une carte d'identité ou un titre de séjour sous le nez.
00:51 On ne peut pas vérifier sa validité, ça, ce n'est pas notre rôle.
00:54 Mais globalement, la profession fait très attention
00:57 à être dans la légalité, pas dans l'illégalité.
01:00 Après, il y a ceux qui emploient des personnes qui sont en fragilité,
01:03 qui n'ont pas de papier, ça, c'est de la délinquance.
01:05 Donc ça, moi, je ne cautionne pas ça du tout.
01:07 Mais ça existe aussi ?
01:08 Mais ça existe, bien sûr.
01:09 Mais regardez ceux qui pédalent pour amener des repas à domicile.
01:13 Bien souvent, ils sont clandestins et ils n'ont pas de titre de séjour.
01:18 Et ça, par contre, il faut le dénoncer.
01:21 Toutes ces plateformes utilisent des personnels qui ne sont pas déclarés,
01:24 voire qui sont dans l'illégalité sur le sol français.
01:27 Vous dénoncez les autres, mais dans les cuisines des restaurants parisiens,
01:29 par exemple, est-ce que vous avez connaissance d'une certaine proportion
01:32 de sans-papier dans les cuisines ou pas ?
01:34 Non, non, pas du tout.
01:34 C'est-à-dire qu'encore une fois, on fait très attention à vérifier
01:38 la légalité des gens que nous recrutons.
01:41 S'il y a des gens qui sont contrevenant là-dessus,
01:44 ce n'est pas un syndicat professionnel de le défendre ou de les dénoncer.
01:47 Ce n'est pas notre métier.
01:48 Mais en tout cas, il faut lutter contre ça.
01:51 Ce n'est pas normal.
01:52 Reste que dans vos métiers, dans les métiers de la restauration,
01:54 il y a une part importante d'étrangers.
01:57 Pourquoi vous avez besoin d'embaucher des étrangers
02:00 à des postes particuliers dans la restauration ?
02:02 Je vais d'abord ramener ça à des chiffres.
02:04 C'est 17% sur 1,3 million de salariés.
02:07 Et nous ne recrutons pas des étrangers.
02:11 Nous recrutons des pâtissiers, des boulangers, des cuisiniers,
02:14 du personnel de service, du personnel de nettoyage,
02:17 mais absolument pas d'étrangers.
02:18 Si nous ne trouvons pas sur le sol français des gens à recruter,
02:23 que des gens viennent de l'extérieur de l'Hexagone
02:25 et qu'ils sont en toute légalité sur le sol français,
02:27 nous les recrutons bien évidemment.
02:29 Mais ce n'est pas nouveau.
02:30 Il y a une espèce d'opacité quand on parle d'émigration.
02:34 Mais moi, l'émigration, je l'ai toujours connue.
02:36 Je l'ai toujours connue dans nos métiers,
02:37 dans les métiers du bâtiment aussi,
02:39 dans les métiers de la logistique.
02:40 Ce n'est pas uniquement sur les métiers de l'hôtellerie et de la restauration.
02:43 Hier, c'est une opposante à cette mesure qui était à votre place, Thierry Marx.
02:46 C'est Marine Le Pen, cheffe de file des députés du Rassemblement national.
02:51 Voici comment elle expliquait son refus de ces titres de séjour.
02:55 Ça fait 40 ans qu'on a 300 000 emplois non pourvus en France.
02:58 Ça fait 40 ans qu'on nous vend le fait de faire venir
03:02 des travailleurs étrangers pour les remplir.
03:04 Et ça fait 40 ans qu'on a toujours les 300 000 emplois en question.
03:08 Moi, je propose à tous les secteurs en tension d'augmenter les salaires.
03:11 Parce que la réalité, c'est que si ces secteurs sont en tension,
03:13 c'est parce que les métiers qu'ils exigent,
03:15 souvent le BTP, souvent la restauration,
03:18 ne sont pas assez bien payés.
03:19 Qu'est-ce que vous lui répondez sur la question des salaires ?
03:22 C'est une mauvaise information de Madame Le Pen,
03:24 parce que les salaires ont été revalorisés.
03:26 La grille des salaires a été créée et on a augmenté de 12%
03:30 et 5% de plus pour les salaires les plus modestes.
03:34 Après, sur la replanification...
03:35 Sachant que certains de ces salaires étaient en dessous du minimum légal
03:38 depuis plusieurs années.
03:39 On les a remis dans les clous de la légalité.
03:41 Par exemple, du bâtiment, il y a un minimum hôtelier
03:45 qui est au-dessus des autres SMIC.
03:48 Donc, il faut le savoir.
03:49 Et encore une fois, il y a peut-être la replanification
03:52 du travail dans nos métiers, le travail sur la coupure,
03:54 tout ça sont des choses que nous regardons dans le détail.
03:57 Mais mal payé, non, vous n'êtes pas mal payé dans l'hôtellerie-restauration.
04:00 Marine Le Pen, elle, elle dit en fait,
04:01 en créant des titres de séjour métiers en tension,
04:04 en fait, on crée une trappe à bas salaire.
04:06 Ça va être avantageux pour vous,
04:07 parce que si vous recrutez des étrangers,
04:10 eh bien, l'avantage, ils sont conviables déjà.
04:12 Et en plus, vous pouvez les payer le moins cher possible.
04:15 Non, non, je ne suis pas du tout de cet avis-là.
04:17 C'est ma profession.
04:18 Nos professions de l'hôtellerie-restauration
04:20 travaillent beaucoup sur la formation professionnelle.
04:22 L'inclusion par le travail est une très bonne inclusion.
04:25 Et la montée en compétences dans les métiers,
04:27 nous avons besoin de spécialistes dans nos métiers.
04:29 Encore une fois, nous ne recrutons pas les personnes
04:31 parce qu'elles viennent de l'extérieur de l'Hexagone,
04:33 qu'elles seraient étrangères.
04:34 Nous cherchons des solutions pour l'entreprise,
04:36 des pâtissiers, des cuisiniers, des chefs,
04:39 du personnel de service, tout ça.
04:41 - Et en qu'est-ce qui fait que vous n'y arrivez pas ?
04:43 - Je pense qu'il y a une récurrence,
04:45 et puis il y a une replanification de nos métiers.
04:47 J'en suis convaincu.
04:48 - Ça veut dire quoi, une replanification ?
04:49 Qu'il faut repenser des journées de travail ?
04:51 Par exemple, 3h le midi, 4h le soir, et rien entre les deux ?
04:54 - Oui, ça peut être ça, mais ça peut être aussi de travailler.
04:57 Il y a des gens qui nous offrent aujourd'hui la possibilité
04:59 de travailler 4 jours et 3 jours de repos.
05:01 - Il y a un regard sur la semaine de 4 jours dans la restauration ?
05:04 - Oui, je ne dis pas que c'est la panacée,
05:06 je ne dis pas que c'est l'alpha et l'oméga.
05:07 Mais aujourd'hui, on voit bien qu'on ne veut plus avoir
05:09 un rapport sacrificiel au travail.
05:12 Qu'on le veuille ou non, toutes les études le prouvent.
05:14 - Ça, vous le regrettez ?
05:15 - Non, pas du tout, mais je trouve ça normal.
05:17 Vous ne pouvez pas avoir dans l'entreprise des gens
05:19 qui peuvent se mettre en télétravail,
05:21 et puis de demander aux gens qui sont très opérationnels terrain
05:23 de ne pas pouvoir le faire.
05:25 Donc, effectivement, il va falloir s'asseoir autour d'une table
05:28 avec les organismes syndicaux, patronaux et salariés,
05:32 et puis de se dire, est-ce qu'il n'est pas temps
05:34 de repenser notre société ?
05:36 Parce qu'effectivement, on a tout un tas de publics
05:39 qui ne veulent pas avoir un rapport sacrificiel au travail.
05:41 - Par exemple, la semaine de 4 jours, vous nous l'avez cité,
05:43 ça peut être une proposition du patronat aujourd'hui.
05:46 - Mais bien sûr, et puis il y a déjà des entreprises
05:49 qui l'ont déjà fait.
05:50 Il y a aujourd'hui des gens qui ouvrent moins longtemps
05:53 leurs restaurants, leurs hôtels, pour essayer
05:55 de trouver une compensation.
05:57 Le salaire, c'est une chose.
05:58 Nous avons augmenté les salaires.
05:59 Et encore une fois, quand vous travaillez dans l'hôtellerie-restauration,
06:02 vous n'êtes pas dans le secteur le plus mal payé.
06:04 C'est-à-dire qu'on fait évoluer les salaires assez rapidement.
06:07 - Vous dites qu'il y a la question du logement aussi.
06:09 Par exemple, les saisonniers, quand ils ont besoin d'aller travailler
06:12 sur le littoral en été, par exemple, ils peuvent aller bosser
06:15 parce qu'il y a du boulot.
06:16 En revanche, ils ont un problème de logement.
06:18 Ça coûte trop cher.
06:19 - Mais c'est pas...
06:20 Effectivement, vous avez raison pour les saisonniers,
06:22 et vous avez raison pour les gens qui cherchent un travail.
06:24 Aujourd'hui, sur le fait de ne pas prendre un emploi,
06:28 plusieurs facteurs se mettent en place,
06:30 et notamment celui de la mobilité et celui du logement.
06:33 Vous avez un travail à 100 km, vous perdez votre logement social,
06:37 vous n'en retrouverez pas d'autre.
06:38 Aujourd'hui, il y a un déficit sur le logement qui est criant.
06:42 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous ne pouvez pas vous loger.
06:44 Aujourd'hui, nous avons des personnels qui louent une chambre à trois
06:48 parce qu'ils ne pourront pas venir travailler sur le lit.
06:50 Or, ils sont passionnés, ils ont envie de prendre un emploi,
06:52 ils ont envie de réussir leur carrière dans le métier,
06:54 mais ils n'arrivent pas à se loger.
06:56 Le problème de la prise d'emploi, il est multifactoriel,
06:59 il n'est pas simplement lié à l'offre et à la demande.

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