Vols dans les magasins : Jérôme, commerçant, pousse un coup de gueule face à Olivier Véran !

  • l’année dernière
Cyril Hanouna recevra au cours d’une nouvelle émission les personnalités qui font l’actualité du moment. Leur vérités, leur promesses, les questions que se posent les Français, tout sera passé au crible pour ce moment de télé qui casse déjà les codes.


Pour cette grande première, le premier invité sera Éric Zemmour, journaliste et essayiste, presque candidat à l’élection présidentielle 2022.

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Transcript
00:00 Oui, j'ai effectivement été victime d'un vol.
00:02 C'est extrêmement banal malheureusement en France aujourd'hui.
00:04 On a, je pense, des milliers de commerçants à vivre ça au quotidien.
00:07 Quelques jours après, j'ai porté plainte.
00:10 Là, on est déjà moins nombreux à le faire aujourd'hui en tant que commerçant.
00:14 Un peu découragés, un peu…
00:16 Voilà, on se demande si ça va aboutir ou pas.
00:18 Et puis, deux jours après, j'ai convoqué mon équipe en leur disant
00:21 « Je vais faire quelque chose que je n'ai pas le droit de faire. »
00:23 J'ai diffusé les images des voleurs sur les réseaux sociaux.
00:26 – Ils s'en foutaient le visage ou s'en foutaient le visage ?
00:27 – Ils s'en foutaient le visage.
00:28 – Ah oui, vous n'avez pas le droit de le faire.
00:30 – Voilà, j'ai envie de vous poser la question.
00:32 À ma place, vous auriez fait quoi, Monsieur le Ministre ?
00:34 – Je n'aurais pas diffusé.
00:35 Alors, d'abord, je pense que c'est ultra pénible et rageant
00:39 de se faire voler quand on tient un commerce.
00:41 Les images, là vous avez flouté les visages.
00:43 Mais je les ai vues ces images sur Twitter.
00:45 J'ai vu effectivement les images.
00:46 – Oui, ils ont regardé tellement.
00:47 – Je pense qu'on enrage quand on est commerçant
00:49 et qu'on se fait voler son outil de travail comme ça.
00:51 Je pense qu'on enrage, donc je serai très en colère.
00:53 Mais vous savez, il y a un concept auquel je suis très attaché.
00:55 C'est qu'on ne se fait pas justice soi-même.
00:58 Je suis un profond républicain.
01:00 Je fais confiance dans le système judiciaire.
01:02 Quand ça ne va pas, il faut le transformer, il faut le renforcer.
01:04 On pourra en discuter, je pourrais vous dire en quelques mots ce qu'on va faire.
01:07 – Là, on voit bien le visage, en l'occurrence.
01:09 – Mais je vous dis juste, je ne veux pas d'une société
01:11 dans laquelle on finit par se faire justice soi-même.
01:13 Même si ça démange, même si on enrage encore une fois.
01:15 Parce que, alors là vous allez me dire que vous avez des preuves,
01:19 à l'évidence que ce sont eux, mais je pourrais vous citer
01:22 des exemples de personnes qui ont été victimes d'erreurs judiciaires
01:25 ou de lynchages parce que les gens ont considéré qu'ils étaient forcément coupables.
01:28 C'est pour ça qu'on a un système de justice dans un État de droit
01:31 qui doit fonctionner.
01:32 Néanmoins, il faut, un, vous avez raison, que les plaintes soient déposées,
01:35 qu'elles soient prises, que les enquêtes aillent plus vite.
01:37 Il faut qu'on ait une justice qui soit capable de juger plus vite.
01:41 Je ne sais pas si vous avez regardé ce qu'on a voté ces dernières années,
01:44 les engagements qui ont été pris par Éric Dupond-Moretti,
01:47 qui est le garde des Sceaux.
01:49 Je ne sais pas si vous avez vu un petit peu l'augmentation des effectifs,
01:51 la numérisation.
01:52 Mais sachez, plutôt que de vous abreuver de chiffres,
01:54 je vous donne un lien, d'ici à la fin du quinquennat,
01:56 la justice pour tous les faits civils, qui relève du civil,
02:00 aura été multipliée par deux la vitesse.
02:02 D'accord ?
02:03 Donc on mettra deux fois moins de temps à juger.
02:04 Ça, c'est un point qui est essentiel parce que, encore plus enrageant
02:07 que de se faire voler, encore plus enrageant d'avoir parfois des difficultés
02:10 pour porter plainte, c'est quand derrière, ça prend des plombes
02:12 et quand on juge le truc, vous ne savez même plus de quoi on vous parle.
02:15 Donc là, il faut que ça aille beaucoup plus vite.
02:17 On va aussi utiliser le numérique.
02:18 Donc on va pouvoir davantage porter plainte en ligne.
02:20 Être en contact avec la justice en ligne.
02:22 Mieux prendre soin des victimes.
02:24 On peut réagir ensemble.
02:25 Bien sûr, allez-y.
02:26 Je n'ai pas fait justice moi-même.
02:28 J'ai voulu aider la police.
02:30 Vous avez ?
02:31 J'ai aidé la police.
02:32 Vous l'avez mis sur les réseaux sociaux, vous savez très bien.
02:34 Ça fait un buzz monstrueux.
02:35 Vous l'avez fait avec une intention derrière.
02:37 Oui, je l'ai fait parce que j'avais envie que ces gens-là, on les arrête.
02:40 Et aujourd'hui, les forces de police, elles n'ont plus les moyens.
02:42 Elles sont débordées.
02:43 Mais vous voulez que les...
02:44 Pardon ?
02:45 Attendez, je vais terminer.
02:46 Vous voulez que les arrêtent comment ?
02:47 Vous voulez que des gens dans la rue arrêtent la personne ?
02:48 Je ne voulais pas, parce que si je n'étais pas passé dans cette émission quelques jours après,
02:51 je pense qu'on en serait au point mort.
02:53 Comme des milliers et des milliers de Français, de commerçants français qui ont porté plainte
02:57 et qui attendent qu'un jour il se passe quelque chose.
02:59 Parce que c'est complexe.
03:01 C'est complexe de les interpeller.
03:02 C'est complexe de les condamner ensuite.
03:05 Parce que les condamner à quoi d'ailleurs ?
03:06 Bien sûr.
03:07 Grâce à la médiatisation de ça, effectivement, on va les retrouver.
03:11 Mais si je ne passe pas dans cette émission,
03:13 si je ne fais pas ce petit buzz, vous l'appelez comme ça,
03:16 auprès des radios et des télés qui m'ont reçu dans cette journée un peu surprenante pour moi,
03:21 on ne les retrouve pas.
03:23 Parce qu'aujourd'hui, vous avez des Français qui, tous les jours, vont porter plainte, M. Véran.
03:26 Tous les jours.
03:27 Moi, je vais vous dire quelque chose.
03:29 Vous voyez, voilà ce que j'ai mis sur la devanture de mon magasin.
03:32 Vous avez mis quoi ?
03:33 J'ai mis "Magasin, établissement sous vidéosurveillance, en cas de vol".
03:37 Attendez, je vais expliquer mon propos.
03:39 Je n'ai pas parlé.
03:40 Nous diffusons les images sur les réseaux sociaux.
03:42 Et moi, j'incite les commerçants qui le veulent,
03:45 non pas à diffuser sur les réseaux sociaux,
03:47 mais à commencer à faire changer la peur de côté.
03:50 Aujourd'hui, c'est les commerçants qui ont peur.
03:52 C'est les vendeuses dans les magasins qui ont peur, M. Véran.
03:54 C'est les vendeurs qui sont régulièrement embêtés.
03:57 Et puis, derrière, il y a tellement d'affaires, de violences conjugales,
04:02 de bagarres, d'agressions.
04:04 Et vous le savez, qu'aujourd'hui, le vol des trois vêtements chez moi
04:08 ou de ce qui se passe tous les jours dans tous les magasins, ça passe après.
04:11 Et ça, aujourd'hui, ce n'est plus possible.
04:12 Les commerçants en ont marre.
04:14 Et j'ai une proposition à vous faire.
04:17 Vous faites des guichets uniques.
04:18 Je vous ai entendus tout à l'heure, je vous ai écoutés.
04:20 Je pense que vous êtes un gouvernement extrêmement ouvert.
04:23 Je le souhaite, en tous les cas,
04:24 parce que nous, on est à l'écoute de ce que vous allez nous proposer.
04:28 J'ai pris mon agenda, parce que j'espère qu'on aura l'occasion
04:30 de prendre rendez-vous pour travailler sur le sujet.
04:34 L'émission, elle est formidable.
04:35 Elle permet de faire savoir, mais derrière, il faut agir.
04:38 Pourquoi est-ce que demain, on n'envisage pas que les commerçants français
04:41 qui viennent tous les jours au commissariat de Versailles ou ailleurs
04:44 pour porter plainte, pourquoi est-ce qu'il n'y aurait pas un accueil spécifique
04:48 pour ces commerçants qui vont attendre deux ou trois heures
04:51 avant que leur plainte soit enregistrée ?
04:52 Donc, ils n'y vont plus.
04:53 Est-ce que ce n'est pas quelque chose qu'on peut réfléchir, envisager ensemble ?
04:57 On a fait un guichet prioritaire, c'est Gérald Darmanin qui l'a porté,
05:02 dans les hôtels de police et les gendarmeries,
05:04 pour les femmes victimes de violences.
05:05 Parce que là, il y a une notion d'urgence, de protection et de préservation immédiate.
05:10 Donc là, il y a un système de coupe-fil pour leur permettre de le faire.
05:14 Moi, je vais vous dire quelque chose.
05:16 Je ne crois pas du tout à l'exclusion par le numérique.
05:19 Je pense qu'il faut laisser, évidemment, des points d'accueil physiques,
05:22 parce qu'il y a des gens qui n'utilisent pas forcément le numérique.
05:25 Par contre, je crois sincèrement que la France doit être capable demain,
05:27 comme d'autres pays, et c'est d'ailleurs notre volonté,
05:29 de pouvoir aussi avoir un système de plainte en ligne
05:31 et de suivre votre dossier en ligne directement.
05:33 – C'est clair, monsieur.
05:34 – Je vous le dis, il y a une loi qui a été portée par Guillaume Moretti.
05:37 On va rajouter 8 000 officiers de justice, magistrats, greffiers.
05:41 On va multiplier par deux la vitesse de la justice.
05:43 On va favoriser les traitements des dossiers, etc.
05:46 Tenir davantage compte, d'ailleurs, de la situation dans laquelle se trouvent les victimes,
05:49 ce qui était aussi une priorité pour nous.
05:51 Vous avez aussi une augmentation des forces de police, d'effectifs, etc.
05:53 Vous êtes d'Amiens, c'est ça ? – Oui.
05:55 – Donc peut-être qu'à Amiens, avant, il y avait une voiture de bac qui tournait la nuit.
05:58 Maintenant, il doit y en avoir trois ou quatre,
05:59 ce qui a quand même un impact très important.
06:01 Je vous dis les chiffres comme ça, mais vous voyez l'ordre de grandeur.
06:03 Chez moi, à Grenoble, c'est le cas.
06:05 Et ça permet vraiment d'améliorer la sécurité.
06:07 Mais dans votre insécurité du quotidien, telle que vous la décrivez,
06:10 et je la crois vraie, et pour les gens qui travaillent avec vous dans les commerces
06:13 et qui voient des voleurs et qui sont au contact de gens qui sont parfois virulents,
06:16 la vidéo est un système de protection qui permet de retrouver les auteurs.
06:22 Par contre, je vous dis juste, là où je ne vous suis pas,
06:24 le seul point sur lequel je ne vous suis pas dans cette discussion,
06:26 j'ai compris qu'il y avait des faits à tirer l'attention d'eux,
06:29 mais si tout le monde se met à publier sur les réseaux sociaux
06:32 les photos, visages découverts de gens dont ils estiment qu'ils auront causé du tort,
06:36 en fait, la société ne va pas y survivre.
06:38 Je vous le dis très clairement, parce qu'il va se passer quoi ?
06:40 C'est des lynchages, des meutes ?
06:42 Voilà, donc ce n'est pas ce qu'on veut.
06:44 Donc, je vous dis par rapport à ça, que ce soit une alerte pour dire aux gens
06:47 "Faites attention, sinon vous risquez d'être embêtés, et pas que par la police."
06:51 Mais ne diffusons pas, ne commençons pas à rentrer dans cette diffusion,
06:55 dans cette société de diffusion des visages des gens dont ils estiment qu'ils ont commis du tort.
06:58 Je ne sais pas, je pense que c'est potentiellement un délit,
07:01 je ne suis pas sûr qu'ils risquent grand-chose en pratique,
07:03 mais ça reste un délit, ça reste un délit.
07:05 Il faut vraiment comprendre pourquoi.
07:07 J'ai déjà entendu, Cyril, dans cette émission, des propos sur le fait des intentions
07:12 ou de la spontanéité avec laquelle on pourrait se faire justice soi-même.
07:16 Je vous le dis, on peut râler, on peut trouver que ça ne va pas assez vite,
07:19 qu'il n'y a pas assez de moyens, on l'entend et on le pense,
07:21 puisqu'on nous-mêmes, on fait en sorte que ça aille plus vite et on rajoute des moyens.
07:24 Mais jamais on ne doit tomber dans une société où on se fait justice soi-même.
07:28 Monsieur le ministre, il y a eu une augmentation depuis le mois de janvier 2022
07:32 de quasiment 20% de vols en plus dans les magasins.
07:35 Alors, vous savez qu'il y a une réduction des cambriolages de 25% sur l'année.
07:40 Non mais attendez, c'est les chiffres.
07:42 Si quand Monsieur présente des chiffres, vous les considérez comme factuels,
07:47 quand je présente les chiffres de la police nationale, on les décribilise,
07:50 ça veut dire qu'on ne fait pas confiance à sa police, je fais confiance à ma police.
07:53 Et les chiffres de la police et des gendarmes, c'est aujourd'hui,
07:55 vous avez 25% de baisse des cambriolages, vous avez 20%.
07:58 Il y a encore beaucoup trop d'actes de délinquance, personne ne dit le contraire.
08:01 Vous voyez ce que je veux dire ?
08:02 Moi, je vous dis, ce qui se passe à Amiens, se passe à Dunkerque, à Grenoble,
08:07 à Vembreuchy, partout, partout en France.
08:09 Aujourd'hui, les commerçants, j'attire juste votre attention sur ce fait-là.
08:12 Mais je ne nie pas ça, du tout, du tout.
08:14 Non, mais je n'ai pas terminé ma phrase, Monsieur le ministre.
08:16 Ils en ont marre parce qu'effectivement, aujourd'hui, ils sont face à un mur
08:20 et aujourd'hui, vous avez des magasins où les gens entrent et repartent avec des vêtements
08:24 et plus personne ne fait rien parce qu'on n'a plus les moyens,
08:26 parce que les filles, elles ne vont pas risquer leur vie pour attraper un vêtement.
08:29 C'est surtout la justice derrière, vous dites, ils ne risquent rien, donc ils vont recommencer.
08:33 Ils risquent, ils risquent.
08:34 Mais on pourrait modifier, Monsieur le ministre, si on le voulait.
08:36 Ah non, c'est un délit, c'est pénal.
08:38 Si on le voulait, on pourrait modifier les choses.
08:40 L'installation d'un guichet qui permettrait de recevoir les commerçants,
08:43 je vous regarde dans les yeux quand je vous dis ça, vous aideriez les commerçants ?
08:46 Et c'est souvent des mineurs aussi, Jérôme.
08:49 Donc forcément, derrière, voilà, ils sont pas juste.
08:52 Vous savez quoi ? De toute façon, je vous ai dit, j'ai arrivé ici l'esprit ouvert.
08:55 Donc je ne dis pas qu'on a les solutions pour tout.
08:57 Donc moi, je suis d'accord. Vous me proposez qu'on se voit.
08:59 Donc on va vous donner une carte.
09:01 Vous n'êtes pas le premier ce soir à qui je vais donner une carte.
09:03 Et c'est très bien comme ça.
09:04 Ça m'a ravi.
09:05 Et je veux bien qu'on en discute et qu'on regarde ensemble.
09:07 Je veux bien qu'on fasse expertise à votre proposition.
09:09 Je veux dire, j'ai commencé cette émission, Cyril, en disant que chaque Français est utile
09:14 et que les idées qui sont les vôtres et que les tracas, la détresse dans laquelle vous pouvez évoluer au quotidien,
09:20 je ne dis pas que nous, État, gouvernement, on a des solutions pour tout.
09:24 Je dis juste qu'on est bardé de bonnes intentions et qu'on a envie de bien faire.
09:28 Il y a des choses qu'on peut faire, des choses qu'on ne peut pas faire,
09:31 ou parce que ce n'est pas légal ou parce qu'on n'a pas les moyens de le faire,
09:33 ou parce qu'on ne peut pas le faire tout de suite.
09:35 Ça n'empêche pas de se poser la question, de savoir si on peut le suivre.
09:37 Donc moi, je suis ouvert.
09:38 – Parlons-en.
09:39 – Je ne suis pas mieux exposé que mon cas.
09:41 – Merci Jérôme.
09:42 – On en discutera.
09:44 – On en discutera, il ne sera plutôt que minuit.
09:46 – Petit joint Stone, je crois André.
09:48 – Il ne serait pas sur un fauteuil qui tourne.
09:50 – Très bientôt.
09:51 [Musique]

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