Avec Avec Olivier Delamarche, économiste, co-fondateur de la lettre économique "Les Incorruptibles” fondateur et président du Family office Triskelion et Violaine des Courieres auteur de "Le management totalitaire" aux éditions Albin Michel
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00:00:00 Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:00:04 Nous sommes en guerre.
00:00:06 Nous allons donc provoquer l'effondrement de l'économie russe.
00:00:09 Ah, ça va me coûter combien ?
00:00:11 Nous vivons, et cela pas simplement depuis cet été, ces dernières années,
00:00:14 la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance.
00:00:16 Alors Pouyanné, arrête de te gaver !
00:00:19 C'est un salopard ! Vraiment j'ai pas de termes !
00:00:22 Nous sommes dans une guerre hybride.
00:00:23 Il y a 2500 études dans le monde qui montrent que plus on travaille, plus on émet du carbone.
00:00:28 Déjà elle est injustifiée tout simplement,
00:00:30 parce qu'on nous annonce que c'est pour équilibrer le système de retraite,
00:00:33 et en fait il n'y a pas de problème financier à long terme.
00:00:35 Si le système n'est pas en mesure de contenir l'augmentation des prix,
00:00:38 il faut augmenter les salaires.
00:00:40 Il faut que le système économique, dans son ensemble, procède à l'augmentation des salaires.
00:00:44 C'est tout système que tout ça.
00:00:45 On vit déjà cette précarité en étant étudiant,
00:00:47 et en fait on va continuer à la vivre jusqu'à la retraite.
00:00:51 Donc ça nous paraît important de nous mobiliser dès maintenant,
00:00:54 de descendre dans la rue, de ne pas reculer,
00:00:56 que le gouvernement ne recule pas,
00:00:58 et de continuer à lutter pour avoir un avenir meilleur pour notre génération,
00:01:01 et pour les générations qui vont suivre.
00:01:03 On va en parler évidemment ce jour de grève générale,
00:01:08 en tout cas qui se veut grève générale,
00:01:10 avec l'économiste Olivier Delamarche,
00:01:13 qui est cofondateur de l'administration économique Les Incorruptibles,
00:01:16 et qui est fondateur et président du familial office Priskelion.
00:01:20 De quoi cette grève aujourd'hui est-elle le nom ?
00:01:24 Et puis, auditeur résistant de Sud Radio,
00:01:28 je vais vous lire une lettre hallucinante,
00:01:30 adressée à une soignante suspendue d'un service,
00:01:35 du service fiscal, médical, administratif à Rennes.
00:01:40 On ne donnera ni le nom, ni évidemment le lieu exact,
00:01:44 mais je vais vous la lire, c'est une lettre authentique,
00:01:47 c'est une lettre vraiment hallucinante.
00:01:50 Et puis on va parler évidemment d'Olivier Faure, au congrès du PS.
00:01:54 Oui, oui, le PS, le PS.
00:01:56 Vous vous rappelez ce parti qui, il y a encore 20 ans,
00:01:59 raflait tout, la présidence,
00:02:02 tout, même 10 ans même, la présidence, le Sénat, l'Assemblée nationale,
00:02:06 les municipalités, les départements, les communes, les régions.
00:02:10 Et aujourd'hui, where is the PS ?
00:02:13 Où est le PS ?
00:02:15 Tout quoi quoi, va dix, il est où le PS ?
00:02:18 Et puis on va parler de ce qui se passe en Europe.
00:02:21 Et je vais recevoir l'autrice,
00:02:24 allez, on va dire l'autrice, soyons pas l'auteur,
00:02:26 Violenne Descourrières, qui est journaliste à Marianne,
00:02:28 qui a écrit un livre remarquable, passionnant,
00:02:31 sur le management totalitaire.
00:02:33 Et oui, il n'y a pas que les États qui sont totalitaires,
00:02:35 il n'y a pas que les dictatures,
00:02:37 il y a des managements, pas tous, bien sûr, pas tous,
00:02:40 mais qui posent vraiment un problème.
00:02:41 Elle a fait une enquête auprès des PDG, des DRH, des consultants,
00:02:45 et je vous assure le résultat, il n'est pas piqué des hannetons.
00:02:49 A tout de suite !
00:02:51 Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
00:02:54 le fait du jeu, grève contre le projet de loi sur les retraites,
00:02:58 et Elisabeth Born to be Alive a dit,
00:03:01 pas question, on ne touche pas aux 64 ans.
00:03:04 Et comme a dit les Beatles,
00:03:06 "Will you still lead me, will you still feed me,
00:03:09 when I'm 64 ?"
00:03:11 Et oui, on ne sait pas.
00:03:12 Mais alors c'est intéressant, parce que
00:03:14 dans l'international, il y a "groupons-nous" et "demain".
00:03:17 Et alors là, on fait la manifestation
00:03:19 contre la grève des retraites, effectivement.
00:03:22 Alors on a vu des étudiants, déjà,
00:03:24 qui à 15 ans se disaient "mais que vais-je devenir à 64 ans ?"
00:03:27 Et effectivement, ça les empêche de dormir.
00:03:29 Bon, mais dites-moi,
00:03:31 il y a la hausse des prix à la consommation,
00:03:33 et Dieu sait si elles sont accélérées.
00:03:35 Le rebond des prix de l'énergie, on a entendu les boulangers,
00:03:38 les artisans, sur des prix par 3 fois, 4 fois, 10 fois même,
00:03:42 sur les prix de l'énergie.
00:03:44 On a vu tout ce qu'il y a.
00:03:45 L'alimentaire, les produits alimentaires,
00:03:47 la hausse des prix, etc.
00:03:49 Et puis, c'est drôle.
00:03:51 C'est drôle.
00:03:52 C'est drôle.
00:03:53 Entre guillemets, bien sûr.
00:03:55 Eh ben, on aimerait quand même un jour, peut-être,
00:03:57 qu'il y ait une, je ne sais pas,
00:03:59 peut-être une convergeuse des luttes.
00:04:01 Ce serait peut-être pas mal.
00:04:02 Savoir si ça va ensemble.
00:04:04 Mais auparavant, au fond,
00:04:06 de quoi cette grève,
00:04:07 de quoi cette grève générale est-elle le nom,
00:04:09 et de quoi on parle dans ce projet,
00:04:11 surtout dans un contexte d'une France de l'inflation,
00:04:14 de la hausse des prix,
00:04:15 de la crise d'électricité,
00:04:17 de l'énergie, etc.
00:04:19 Bonjour, Olivier Delamarche.
00:04:21 - Bonjour, André.
00:04:22 - Alors, Olivier Delamarche, en fait,
00:04:24 est-ce que c'est au-delà du nombre de personnes
00:04:29 qui seront dans la rue,
00:04:30 au-delà de la légitimité des protestations,
00:04:34 du mal-être, etc.
00:04:36 Est-ce qu'au fond, c'est une, je ne dirais pas une grève,
00:04:40 mais est-ce que c'est un projet,
00:04:41 ce projet qui nous présente,
00:04:43 en trompe l'œil,
00:04:44 ou au contraire, il faut le faire
00:04:46 tel qu'il a été défini par le gouvernement ?
00:04:49 - Ah non, pas du tout, non.
00:04:51 Mais c'est un...
00:04:53 C'est une réforme de plus.
00:04:57 Et moi, je vous fais les paris
00:04:59 que si elle passe,
00:05:01 dans deux ou trois ans,
00:05:03 on va vous en refaire une.
00:05:05 - Pourquoi ? Pourquoi ce n'est que ça ?
00:05:07 - Parce que vous avez un problème aujourd'hui
00:05:12 qui n'est pas un problème de retraite,
00:05:14 qui est un problème de travail.
00:05:16 On a un chômage qui,
00:05:17 contrairement à ce que dit M. Le Maire,
00:05:19 est bien, bien au-dessus du plein emploi.
00:05:24 On a des centaines,
00:05:27 on a plusieurs milliers de soignants
00:05:31 qui n'ont pas été réintégrés,
00:05:32 qui ne sont pas dans le chômage,
00:05:34 qui ne sont pas dans les statistiques,
00:05:36 mais qui ne travaillent pas.
00:05:39 Je crois qu'il faut d'abord s'occuper
00:05:42 plutôt du marché du travail,
00:05:44 de ce que M. Bruno Le Maire
00:05:48 a très bien fait pour les États-Unis,
00:05:50 mais pas pour la France,
00:05:51 qui est la réindustrialisation de la France.
00:05:55 On perd des dizaines de milliers
00:05:58 depuis des années,
00:06:01 même des centaines de milliers d'agriculteurs.
00:06:04 Donc occupons-nous déjà du travail
00:06:08 plutôt que de savoir
00:06:10 si on va prendre notre retraite à 60 ou à 62 ans.
00:06:13 Je pense que ce n'est pas le sujet.
00:06:15 Je pense que, évidemment,
00:06:19 pour moi, aujourd'hui,
00:06:22 les manifestations, les grèves,
00:06:25 sont plutôt sur le fait
00:06:28 que M. Macron est encore là pour 5 ans
00:06:32 pour nous amener tous les désastres,
00:06:36 que ce soit économiques,
00:06:38 et même bientôt la guerre, s'il continue,
00:06:40 sur la même trajectoire qu'aujourd'hui.
00:06:44 Je pense que c'est aujourd'hui
00:06:47 plutôt ça qu'il faut aller regarder,
00:06:49 parce que figurez-vous que
00:06:51 si vous avez une guerre nucléaire,
00:06:52 votre retraite, ça ne sera pas le sujet.
00:06:55 – Non, mais ça c'est clair.
00:06:56 Olivier Delamarche, j'espère qu'on n'arrivera jamais à ce stade.
00:06:58 Tout est possible, évidemment, y compris le pire.
00:07:00 – Oui, mais enfin bon, on fait tout pour y aller.
00:07:02 Donc c'est quand même plutôt inquiétant.
00:07:05 On a un garçon qui n'a pas été élu pour ça, que je sache,
00:07:08 et qui s'amuse à envoyer de l'argent tous les jours,
00:07:12 envoyer des armes tous les jours.
00:07:14 – Non, c'est vrai, c'est vrai. On peut en parler.
00:07:16 Mais je voudrais qu'on revienne, en fait,
00:07:18 allons au fond des choses.
00:07:20 Est-ce que, d'avoir en toute bonne foi,
00:07:23 les millions ou centaines de milliers de gens,
00:07:26 ou les millions de gens qui vont au fond circuler ce soir ?
00:07:29 Moi, il y a deux choses, ce soir, aujourd'hui, toute la journée,
00:07:32 moi, il y a deux choses qui me frappent, Olivier Delamarche,
00:07:34 et j'aimerais avoir en tout cas, c'est qu'en fait,
00:07:36 aujourd'hui, beaucoup de monde, les jeunes, les moins jeunes,
00:07:39 à tous les étages, sont concernés par l'inflation,
00:07:42 par la hausse des prix.
00:07:43 Je n'entends que ça, je vais au marché,
00:07:46 je vais acheter de la viande, je vais acheter ceci, ceci, cela.
00:07:49 Tout explose.
00:07:51 On le voit, l'électricité, ne parlons pas des gens qui ont besoin de l'énergie,
00:07:55 on le voit aussi.
00:07:56 On voit tout cela, et ce qui est intéressant,
00:07:59 c'est qu'on fait une grève uniquement sur les retraites.
00:08:02 Vous allez me dire "oui, mais voilà, c'est là".
00:08:04 Mais comment ça se fait ?
00:08:05 Moi, c'est vrai qu'il n'y a pas des gens qui disent
00:08:07 "attendez, on fait une grève, et pourquoi pas, et au contraire,
00:08:11 mais sur le système qui ne fonctionne plus,
00:08:15 qui est en train de rouler sur lui-même, comme ça, à vide".
00:08:19 C'est ça qui me frappe.
00:08:21 On est d'accord André, c'est ce que je vous dis,
00:08:28 c'est bien plus large, c'est un ras-le-bol général
00:08:30 vis-à-vis de la politique économique de M. Macron,
00:08:35 qui fait qu'on est dans cette position-là.
00:08:38 Le coût de l'électricité, c'est vraiment M. Macron,
00:08:42 ce n'est pas l'Ukraine, ce n'est pas M. Poutine,
00:08:45 ce n'est pas M. Biden,
00:08:47 c'est vraiment M. Macron et c'est Bruno Le Maire
00:08:51 qui ne veulent pas sortir du système européen.
00:08:54 Donc tout ce qu'on a là depuis un moment,
00:08:58 qui est l'inflation, l'inflation générale,
00:09:01 elle n'est pas due à l'Ukraine.
00:09:04 Elle était là avant, vous aviez les prix du pétrole,
00:09:08 le dernier trimestre avant la guerre,
00:09:13 vous aviez les prix du pétrole qui étaient plus hauts qu'aujourd'hui.
00:09:17 Donc qu'est-ce qui s'est passé depuis ?
00:09:20 Il s'est passé simplement que l'euro s'est cassé la figure.
00:09:24 Et pourquoi l'euro s'est cassé la figure ?
00:09:26 Tout simplement parce qu'on n'a pas arrêté d'en émettre.
00:09:30 Et c'est les politiques économiques qu'ont pratiquées l'Europe
00:09:34 et M. Bruno Le Maire.
00:09:36 La planche à billets, vous voulez dire la planche à billets, oui c'est ça.
00:09:39 La planche à billets et toutes les erreurs économiques qu'on a pu faire.
00:09:42 Donc on est entièrement responsable de ça.
00:09:46 Et je constate tout de même qu'il y a quand même des choses assez curieuses
00:09:52 puisque je vous rappelle que les gilets jaunes se sont déclenchés
00:09:56 alors que le prix de l'essence était à 1,40,
00:09:59 qu'aujourd'hui on est à 2,20 et que je ne les entends pas.
00:10:03 Est-ce que la retraite est une priorité ?
00:10:09 Je trouve qu'il y a d'autres choses aujourd'hui
00:10:12 qui sont beaucoup plus importantes que ça et sur lesquelles on n'entend personne.
00:10:16 Oui, mais c'est ça Olivier Delamarche, justement c'est important d'en discuter.
00:10:21 Moi ce qui me frappe c'est qu'on a l'impression que tout se passe
00:10:24 comme si l'opposition, qu'elle soit, s'enferme dans des catégories,
00:10:31 dans des étiquettes, je ne dis pas qu'elles ne servent pas,
00:10:33 mais au lieu de regarder l'entièreté du système, je dirais presque holistique,
00:10:40 on regarde une partie et on dit "voilà, aujourd'hui c'est ça"
00:10:43 et alors on fait tout, on s'enflamme, on en parle du matin au soir, du soir au matin,
00:10:48 mais comme vous disiez aussi, la crise ne date pas ni de l'Ukraine ni de la Russie,
00:10:54 ça date d'avant et c'est, vous le dites Olivier Delamarche,
00:10:57 si je vous ai bien compris, c'est une politique en fait qui va aux doigts mouillés,
00:11:03 qui va au fil de l'eau, c'est un peu ça quoi.
00:11:06 Oui, c'est une histoire de tour de magie, c'est "regardez ma main gauche
00:11:16 pendant que je vous pique votre portefeuille de la main droite",
00:11:19 c'est exactement ce qui est en train de se passer,
00:11:21 c'est-à-dire qu'on focalise les gens sur l'histoire de la retraite,
00:11:25 alors c'est vrai qu'il y a des gens qui vont perdre sur cette réforme,
00:11:34 vous avez les femmes qui vont perdre aussi sur cette réforme, etc.
00:11:39 Mais le sujet, il est pour vous faire passer la pilule sur tout le reste,
00:11:46 surtout pendant ce temps-là, vous ne criez pas sur l'essence qui est à deux vingt,
00:11:51 pendant ce temps-là, vous ne criez pas sur les soignants qui ne sont pas réintégrés,
00:11:56 pendant ce temps-là, etc.
00:11:58 Donc vous avez tout un tas de choses aujourd'hui qui passent,
00:12:01 parce qu'on va descendre dans la rue pour les retraites,
00:12:06 et pendant ce temps-là, on vous fait les poches,
00:12:09 et c'est un coup classique en politique, on vous donne un os à ronger,
00:12:16 et pendant ce temps-là, on vous fait les poches,
00:12:18 c'est ce qui est en train d'arriver, et c'est assez classique aussi chez M. Macron.
00:12:23 - Et alors l'idée de faire les poches, parlons-en un peu dans le détail, Olivier Delamarche,
00:12:28 c'est vrai, on agite le chiffon rouge, les torés à d'or, etc.
00:12:33 et en même temps, il y a un problème, mais en même temps, on fait les poches.
00:12:38 Je voudrais qu'on fasse légèrement rapidement,
00:12:41 on vous fait les poches, à votre avis, c'est quelque chose qui va continuer,
00:12:45 parce que rien ne peut l'arrêter, je parle en tout cas dans les mois et les années qui viennent.
00:12:49 - Rien ne peut l'arrêter, quand vous n'avez pas, vous n'avez pas aujourd'hui de croissance,
00:12:53 vous avez une dette qui n'arrête pas d'augmenter,
00:12:56 puisque de toute façon, quoi que vous fassiez, vous êtes obligé de le financer par la dette,
00:13:01 puisque vous n'avez pas d'autres fonds,
00:13:06 c'est-à-dire une augmentation des revenus de l'État,
00:13:10 donc vous financez tout par la dette.
00:13:13 La dette, c'est quoi ? C'est des impôts décalés, c'est tout.
00:13:17 Et c'est comme tout ce qui est mis en place aujourd'hui,
00:13:20 quand on vous fait des chèques, parce qu'aujourd'hui, ça fonctionne comme ça,
00:13:26 en France, on vous fait des chèques pour tout,
00:13:30 donc on va vous faire des chèques, on va vous bloquer des prix,
00:13:33 mais quand on vous fait un chèque, quand l'État vous fait un chèque,
00:13:37 c'est vous qui vous faites un chèque à vous-même,
00:13:40 vous avez un chèque à vous-même,
00:13:43 et vous avez un chèque à vous-même,
00:13:46 et vous avez un chèque à vous-même,
00:13:49 et vous avez un chèque à vous-même,
00:13:52 et vous avez un chèque à vous-même,
00:13:55 et vous avez un chèque à vous-même,
00:13:58 et vous avez un chèque à vous-même,
00:14:01 et vous avez un chèque à vous-même,
00:14:04 et vous avez un chèque à vous-même,
00:14:07 vous n'êtes pas plus riche,
00:14:10 et c'est ça que c'est de la com' et de la mauvaise com',
00:14:15 c'est de plus en plus de la mauvaise com',
00:14:18 si les gens ne s'en aperçoivent pas, il faut qu'ils réfléchissent un peu,
00:14:21 qu'ils se posent un peu, et ça nous évitera d'avoir un troisième mandat pour M. Macron,
00:14:26 parce qu'on va faire ça en ce moment,
00:14:29 donc s'il vous plaît, s'il vous plaît, ne me faites pas ça !
00:14:34 - Oui, non mais, il y a quelque chose effectivement d'irréel,
00:14:40 enfin en tout cas de très étonnant dans cette espèce de démarche
00:14:44 qui continue effectivement depuis assez longtemps maintenant.
00:14:48 Olivier Delamarche, à votre avis,
00:14:51 est-ce qu'on va rester, je vous posais la question,
00:14:56 mais au fond, qu'est-ce qui peut changer ?
00:14:59 Parce que ce que vous décrivez, qui est frappé au coin du bon sens,
00:15:03 il n'y a aucune raison que ça change,
00:15:06 de temps en temps on fera des grandes manifestations,
00:15:08 les gens vont dire, on est rentrés, regardez comment on a mobilisé,
00:15:11 d'ailleurs c'est formidable parce que le chiffon rouge,
00:15:15 l'opposition, qu'elle soit d'extrême gauche ou d'extrême droite ou autre,
00:15:19 elle fonce là-dedans, elle dit voilà,
00:15:22 et puis veut dire, nous avons ce soir, regardez, nous avons montré la toute-puissance populaire.
00:15:26 Mais donc à votre avis, allez, c'est circulaire, il n'y a rien à voir,
00:15:30 continuez de circuler, mais il n'y aura toujours rien à voir.
00:15:34 Mais il n'y aura toujours rien à voir,
00:15:36 parce qu'en fait on ne réglera jamais le problème comme ça,
00:15:39 c'est-à-dire que j'avais dit, quand j'étais venu il y a quelques semaines,
00:15:46 à propos déjà des retraites, je vous avais dit,
00:15:49 on a un problème de démographie, on a un problème de dépendance,
00:15:54 et on a un problème aussi de non-travail,
00:15:58 c'est-à-dire que tant que vous aurez des taux de chômage comme aujourd'hui,
00:16:02 eh bien on sera très très loin du plein emploi,
00:16:05 et donc on sera très très loin du niveau qui est acceptable
00:16:09 pour qui n'est pas un cotisant pour un pensionné.
00:16:14 Donc tant que vous avez des niveaux bas comme ça d'activité,
00:16:21 eh bien vous ne pourrez pas tenir le système.
00:16:24 Et si au moins on recommence d'une page blanche
00:16:28 et on reconstruit un système qui est…
00:16:31 alors je ne parle pas du tout d'aller vers la capitalisation,
00:16:35 parce que la capitalisation aussi, il y a beaucoup de choses à dire,
00:16:39 on fera une émission à la suite,
00:16:41 on fera une conférence aux fonds américains qui sont tous en faillite,
00:16:45 et quand on vous propose ça, évidemment au plus haut des marchés,
00:16:49 ça me paraît pas le bon système.
00:16:52 Mais en revanche, essayez de repenser complètement le système,
00:16:56 parce qu'il faut le repenser.
00:16:58 – Il faut repenser le travail, oui.
00:17:01 – Il faut repenser le travail parce que sinon vous aurez,
00:17:05 je vous l'ai dit dès le début,
00:17:07 vous aurez dans trois ans une autre réforme
00:17:10 qui passera de 64 à 65 ou à 66,
00:17:14 et on finira comme les japonais avec une retraite à 80 ans.
00:17:17 – 80 ans !
00:17:18 – Je ne suis pas sûr que ce soit le but du jeu,
00:17:22 et ça ne règle rien, ça ne règle jamais rien,
00:17:25 parce que ce n'est pas une vraie réforme,
00:17:29 on avait un logiciel qui fonctionnait quand il n'y avait pas de chômage,
00:17:33 quand il y avait de la croissance, et quand il y avait une bonne natalité,
00:17:37 là les données ne sont plus les mêmes, il faut les changer,
00:17:40 mais il faut repartir avec un vrai projet et pas "je repousse de deux ans".
00:17:45 – Mais vous avez remarqué en même temps, Olivier Delamarche,
00:17:48 les grandes paroles qu'on a entendues là, ces jours-ci,
00:17:51 "le travail produit du carbone quand on travaille",
00:17:54 "on fait de la pollution, on pollue quand on travaille",
00:17:57 et des jeunes qui disaient "mais oui,
00:17:59 semaine de 4 heures par jour, 16 heures par semaine", etc.
00:18:05 Vous avez vu les cris contre "à bas le travail et le droit à la paresse" ?
00:18:09 Enfin Olivier Delamarche, vous n'êtes pas dans le sens de l'histoire !
00:18:12 – Non, moi je trouve qu'il y a la bêtise qui produit beaucoup de CO2, ça surtout,
00:18:18 non mais c'est… en plus c'est évident si vous voulez,
00:18:23 si vous flattez la paresse, vous allez avoir beaucoup de gens d'accord avec vous,
00:18:29 et c'est ce qui est en train de se passer,
00:18:32 donc on voit des gens qui n'ont jamais travaillé,
00:18:34 et qui vous disent "il faut un droit à la paresse", bien sûr,
00:18:40 mais il faut aussi qu'il y ait des gens qui bossent comme vous,
00:18:47 jusqu'à votre âge, pour payer ceux qui foutent rien.
00:18:51 – Merci Olivier Delamarche, en tout cas, merci de vos éclaircissements,
00:18:55 et puis écoutez, pour les autres, ceux qui font la grève,
00:18:58 et bien bonne grève, et ceux qui ne la font pas, bon travail,
00:19:03 et puis pour tous les autres, essayons peut-être de sortir
00:19:07 de la perception de la réalité et du faux-semblant.
00:19:11 [Musique]
00:19:12 – Sud Radio, André Bercoff.
00:19:14 [Musique]
00:19:16 – Bercoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:19:19 – On lit une lettre, auditeur, auditrice de Sud Radio, hallucinante,
00:19:23 c'est une lettre qu'on a, dont on a prouvé, on a enlevé évidemment le lieu exact,
00:19:29 c'est une soignante, et la personnalité de la soignante,
00:19:33 qui a reçu ça, recommandé avec accusé de réception,
00:19:36 ça va de Rennes, le 12 janvier 2023.
00:19:39 Je vous lis la lettre, écoutez bien, je parle, c'est d'une soignante suspendue,
00:19:45 donc je rappelle que depuis septembre, août septembre 2021,
00:19:48 elle ne touche à rien, ni indemnité, ni chômage, ni rupture de contrat, ni rien,
00:19:55 puisque ce n'est pas une rupture de contrat, c'est une suspension.
00:19:58 Ils sont quand même quelques milliers, ou même dizaines de milliers,
00:20:01 enfin peu importe, même si c'était une personne, rien.
00:20:05 Et voici ce qu'elle reçoit du centre, je ne sais pas si c'est...
00:20:09 enfin, un impôt de l'administration, je vais vous dire ça comme ça.
00:20:12 "Madame, vous êtes suspendue de vos fonctions depuis le 5 octobre,
00:20:17 depuis le 8 octobre 2021, dans le cadre de la loi numéro 2021-1040 du 5 août 2021,
00:20:24 relative à la gestion de la crise sanitaire, suite à votre non-vaccination contre la Covid-19.
00:20:31 Pendant cette suspension, vous avez conservé le bénéfice des garanties de protection sociale
00:20:37 complémentaires, mutuelles et prévoyances auxquelles vous avez souscrit."
00:20:42 J'ai bien souscrit, donc elle paye, elle a payé cette dame.
00:20:44 "Ainsi, depuis cette date, un trop-perçu s'accumule chaque mois sur votre paye
00:20:51 et s'élève aujourd'hui, donc janvier 2023, à un montant de 169,40 euros."
00:20:57 Vous m'entendez ? 169,40 euros.
00:21:00 "Afin de régulariser la situation, nous vous demandons de bien vouloir nous envoyer un règlement
00:21:06 d'un montant de 169,40 euros par chèque, à l'ordre du Thésaurier du Centre Eugène Marquis."
00:21:13 C'est la lettre de Reine.
00:21:15 "De plus, pour éviter d'avoir une fiche de paye avec un solde négatif
00:21:19 lié au prélèvement de la mutuelle et de la prévéance chaque mois,
00:21:22 nous vous proposons de mettre en place un prélèvement automatique mensuel sur votre compte.
00:21:27 Le montant du prélèvement automatique s'élèvera à 60 euros,
00:21:30 correspondant à votre participation.
00:21:33 La participation employeur de la prévoyance restera à notre charge."
00:21:37 Vous trouvez, si je vois un document à remplir, je vous prie d'agréer, madame.
00:21:40 Voilà la lettre que quelqu'un qui ne touche pas un centime d'euros depuis août 2021,
00:21:47 elle a payé 169,40 euros parce qu'elle a un trop-perçu.
00:21:53 Et voilà, ça se passe comme ça en 12 France en janvier 2023.
00:22:00 Méditez, méditez.
00:22:02 Tout de suite dans le face-à-face du mardi 31 janvier,
00:22:06 André Bercoff reçoit la journaliste Violaine Descourrières
00:22:09 pour son livre "Le Management Totalitaire".
00:22:12 Vous nous appelez au 0826 300 300, on attend vos témoignages.
00:22:17 Vous seriez à tout de suite sur Sud Radio.
00:22:20 Sud Radio.
00:22:22 Les Français parlent au français.
00:22:26 Les carottes sont cuites.
00:22:29 Les carottes sont cuites.
00:22:31 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:22:34 Et une nouvelle qui a bouleversé le monde,
00:22:37 Olivier Faure vient d'être réélu patron du PS.
00:22:40 C'est vraiment eu égard aux effectifs,
00:22:43 c'est une grande nouvelle qui va bouleverser l'humanité.
00:22:46 Non, je plaisante, c'est très très bien, on est content.
00:22:49 Mais Olivier Faure, il a fait un discours au congrès du PS,
00:22:52 et il y a eu quelque chose d'assez, d'assez croquignolé,
00:22:56 je peux vous le dire, auditeur de Sud Radio.
00:22:58 Mais écoutez plutôt.
00:23:00 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:23:03 Les perles du jour.
00:23:05 Olivier Faure, il faut arrêter avec "moi je mérite, je mérite, je mérite".
00:23:08 C'est quoi ça, le mérite ?
00:23:10 Eh bien, Olivier Faure, il a défini cela,
00:23:12 écoutez ce qu'il a dit dans son discours au congrès du PS,
00:23:16 après sa victoire, un peu légère, un peu étroite,
00:23:20 mais victoire quand même, écoutez.
00:23:22 "Et oui, donner aux écoles des moyens en fonction de l'origine sociale des élèves,
00:23:28 et oui, contraindre les établissements privés,
00:23:31 comme les établissements publics,
00:23:33 à respecter une carte scolaire,
00:23:35 et à accueillir tous les publics.
00:23:38 Engager la rupture avec la tyrannie du mérite,
00:23:42 voilà ce qu'il doit nous porter."
00:23:44 Alors là, les bras m'en tombent.
00:23:47 La tyrannie du mérite.
00:23:49 C'est vrai, la méritocratie,
00:23:51 travailler, mériter, acquérir,
00:23:55 eh bien non, non, qu'est-ce que c'est que cette mérite ?
00:23:57 Il a raison, c'est pire que la dictature du 3ème Reich.
00:24:00 La tyrannie du mérite, nous dit le camarade Olivier Faure.
00:24:06 Il parle de la carte scolaire,
00:24:08 et ce qu'il a demandé dans ses rangs,
00:24:10 et je ne citerai pas des noms,
00:24:12 parce que nous sommes vertueux, nous,
00:24:15 les gens progressistes qui évitent la carte scolaire,
00:24:19 pour que leurs enfants n'aillent pas dans l'imbicité sociale.
00:24:23 Est-ce qu'il faut arrêter la salivation progressiste,
00:24:27 et la vie à la conservateur ?
00:24:30 Il faut peut-être arrêter tout ça.
00:24:32 La tyrannie du mérite.
00:24:33 Mais ce qui compte aujourd'hui, c'est quoi ?
00:24:35 C'est qu'on travaille, c'est qu'on fasse,
00:24:37 c'est qu'on ne reste pas dans cette espèce de chose
00:24:39 où on se demande où on va,
00:24:41 et qu'on travaille dans la dignité, bien sûr,
00:24:43 et qu'on travaille avec le souci de faire,
00:24:47 parce que pendant ce temps-là, j'adore
00:24:49 cette messe de petite France qui se recroqueville,
00:24:51 pendant que tous les pays autour s'avancent, s'avancent,
00:24:54 mais nous, on est là, on est contents,
00:24:56 on a tout ce qu'il faut, on est contents.
00:24:59 Et en ce moment, et dites-moi les agriculteurs,
00:25:02 ils sont rémunérés au mérite ?
00:25:04 La tyrannie du mérite qu'ils peuvent faire
00:25:06 de tous ces gens, les agriculteurs, les soignants,
00:25:08 tous ces gens qui crèvent au travail,
00:25:11 et ils ne font pas, eux, ils ne méritent pas,
00:25:13 ils ne sont pas méritoires de travailler comme ils travaillent ?
00:25:17 Allons Olivier Faure, sortez les incantations,
00:25:19 sortez la logomachie, sortez de la liturgie,
00:25:23 et commencez à vous frotter au monde réel,
00:25:25 et vous ne serez pas l'EPS à 1,5 ou 2% des voix.
00:25:31 Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
00:25:34 le face à face.
00:25:36 Vous êtes bien sur Sud Radio,
00:25:38 le face à face du mardi 31 janvier
00:25:40 avec Violaine Descourrières pour son livre
00:25:42 "Le Management totalitaire" aux éditions Albin Michel.
00:25:45 Bonjour Violaine Descourrières.
00:25:46 Bonjour.
00:25:47 Alors, Violaine Descourrières, un livre remarquable,
00:25:50 un livre fort, parce qu'un livre qui décrit justement,
00:25:53 en ce jour de grève pour les retraites,
00:25:55 il décrit le monde du travail.
00:25:57 Ce monde du travail, qu'est-ce qu'il est,
00:26:00 qu'est-ce qu'il est devenu ?
00:26:01 Et vous avez un vrai travail d'enquête.
00:26:03 Vous voyez, on dit "les journalistes ne travaillent pas",
00:26:04 ce n'est pas vrai.
00:26:05 Ce n'est pas vrai, il y a beaucoup de journalistes qui travaillent,
00:26:07 qui font très bien leur boulot.
00:26:09 Et je pensais au livre sur les EHPAD,
00:26:11 je pense à ce livre sur le management totalitaire.
00:26:14 Alors vous n'y allez pas de main morte au départ,
00:26:16 vous citez Anna Arendt,
00:26:18 vous dites "mais évidemment, ce n'est pas le troisième Reich,
00:26:21 mais quand même, il y a des problèmes".
00:26:24 Et alors, vous avez interviewé énormément de PDG,
00:26:29 vous avez interviewé des patrons,
00:26:31 des directeurs de ressources humaines,
00:26:33 vraiment beaucoup de monde,
00:26:36 et vous constatez des choses très fortes.
00:26:38 Et je voudrais d'abord, que vous me disiez,
00:26:40 ces patrons, ces patrons de grandes sociétés,
00:26:43 comme Proglio, comme Lachmann,
00:26:45 ils donnent leur nom, enfin voilà,
00:26:47 ils ne vous demandent pas de cacher leur nom,
00:26:49 et puis beaucoup d'autres,
00:26:50 et vous dites, vous disiez, avant qu'on prenne l'antenne,
00:26:53 vous disiez "ils sont inquiets, ils sont furieux". De quoi ?
00:26:56 - Oui, alors c'est vraiment une des grandes découvertes de cette enquête,
00:26:59 c'est que, donc moi, j'avais la question d'une dérive totalitaire en tête,
00:27:04 et donc j'ai voulu poser la question à ces anciens PDG,
00:27:08 et je pensais qu'ils allaient lever les yeux au ciel,
00:27:11 et en fait, j'ai été très marquée,
00:27:13 parce qu'ils ont souligné le mot.
00:27:15 Alors, je parle notamment, dans cette enquête de 5 ans,
00:27:18 de mon entrevue avec Henri Proglio,
00:27:21 ancien PDG de Veolia, jusqu'en 2009, et puis de EDF,
00:27:25 alors lui, effectivement, le mot totalitaire, il l'a souligné,
00:27:28 il est extrêmement inquiet,
00:27:29 il a vu le basculement, les taux financiers se resserrer,
00:27:33 et donc il me dit "c'est comme si je suis un coureur,
00:27:35 avec toujours la mesure de ma tension avec moi,
00:27:38 et c'est la mesure de l'action en bourse".
00:27:40 Et alors lui, il a eu cette phrase extrêmement forte,
00:27:43 qui m'a beaucoup interpellée,
00:27:44 il m'a dit "aujourd'hui, le monde de l'entreprise est aussi rigide
00:27:47 que les castes indiennes.
00:27:49 Tout en haut, il y a les financiers,
00:27:50 ensuite il y a les industriels,
00:27:52 et les derniers, les esclaves, les salariés".
00:27:54 - C'est lui qui vous a dit ça, exactement.
00:27:56 - C'est lui qui m'a dit ça, exactement.
00:27:57 Et donc, ce que j'ai compris,
00:27:59 alors également avec Henri Lachmann,
00:28:00 ancien PDG de Schneider Electric, jusqu'en 2005,
00:28:03 c'est qu'en fait, ces capitaines d'industrie,
00:28:05 ils aiment leurs équipes,
00:28:06 ils aiment le travail,
00:28:08 ils ont des compétences,
00:28:09 et ils ont vu progressivement les financiers
00:28:12 prendre le pouvoir dans les entreprises.
00:28:14 - Alors justement, vous dites ça, oui,
00:28:16 financiers, industriels, et puis esclaves, en bas.
00:28:19 Mais alors justement, définissons un peu le mot "totalitaire".
00:28:23 Dans ce management totalitaire,
00:28:25 ce ne sont pas les États totalitaires,
00:28:27 comment vous le définiriez,
00:28:28 comment ils vous l'ont défini,
00:28:30 et à l'issue de vos 5 ans d'enquête,
00:28:33 c'est quoi ce management totalitaire ?
00:28:35 Il se caractérise par quoi ?
00:28:37 - Alors d'abord, il faut que je revienne, en fait,
00:28:39 à la genèse de cette enquête, il y a 5 ans.
00:28:42 Donc, moi je n'étais pas encore journaliste,
00:28:44 je me suis reconvertie, j'étais salariée
00:28:46 dans une agence de communication,
00:28:48 qui faisait partie, ce que je dis dans l'introduction du livre,
00:28:51 de cette génération de jeunes
00:28:54 qui étaient dans des écoles du type de commerce.
00:28:58 Et j'étais très fière dans cette agence de communication,
00:29:00 il y avait beaucoup d'événements,
00:29:02 c'était vraiment l'entreprise
00:29:05 avec de la moquette très épaisse par terre,
00:29:08 plein de petits événements,
00:29:10 et en fait, quand j'ai eu mon premier enfant,
00:29:13 au cours de congé maternité, je me suis fait virer.
00:29:15 Dans une agence qui était officiellement féministe.
00:29:17 Donc déjà, ça m'a un peu interpellée.
00:29:19 - Et virée pour quoi ?
00:29:21 - Alors c'était dans le cadre d'une réorganisation,
00:29:23 puisque c'est souvent dans ce cas-là...
00:29:25 - C'est pas la société perdée de l'argent ?
00:29:27 - Non, pas du tout, il y a eu une fusion entre deux agences,
00:29:30 et en fait, moi j'ai été convoquée par le DRH,
00:29:33 qui était un DRH de transition,
00:29:35 donc qui était juste missionné pour cette période,
00:29:37 et qui m'a dit qu'il y avait des personnes
00:29:40 qui trouvaient que je travaillais mal,
00:29:42 parce que quand j'ai demandé le nom de ces personnes,
00:29:44 c'était des personnes avec qui je n'avais jamais travaillé.
00:29:46 Et donc, il m'a sommée d'accepter une rupture conventionnelle,
00:29:49 sous peine d'être licenciée.
00:29:51 Et moi, absolument furieuse, je suis venue le voir à la fin de l'entretien,
00:29:54 je lui ai dit "Dites-moi la vérité,
00:29:56 dites-moi, est-ce que vraiment c'est parce que je travaille mal,
00:29:58 parce que tout ce que vous avez dit c'était faux ?"
00:30:00 Et il m'a dit "J'ai besoin de pouvoir me regarder dans la glace,
00:30:03 en fait, vous étiez juste sur la liste."
00:30:05 - D'accord.
00:30:06 - Donc j'ai d'abord eu ça,
00:30:07 ensuite ce qui a déclenché le livre,
00:30:09 c'est un ami qui a fait un grave burn-out,
00:30:12 et sa femme a appelé le manager qui le harcelait,
00:30:15 pour dire qu'il était en arrêt maladie.
00:30:17 Et quand elle lui a posé la question de ce harcèlement,
00:30:20 pourquoi, le manager a répondu "C'était le process."
00:30:23 Et c'est cette phrase qui a déclenché le livre.
00:30:25 Je me suis dit "Si ce manager, qui avait l'air sympathique,
00:30:28 en vient à oublier de penser par lui-même,
00:30:30 et qu'il délègue à l'organisation sa pensée,
00:30:33 c'est que là, il y a une question totalitaire,
00:30:36 c'est-à-dire de ne plus penser par soi-même,
00:30:38 de tout déléguer à l'entreprise."
00:30:40 - Et alors, est-ce que c'est tout déléguer à l'entreprise,
00:30:43 ou au fond, ils intègrent ce que Labouetsy appelait
00:30:46 la servitude volontaire ?
00:30:48 C'est-à-dire, est-ce que quelque part,
00:30:50 ce n'est pas ça, et vous voyez, ça remonte à beaucoup plus loin
00:30:53 que la notion de totalitarisme de Hannah Arendt,
00:30:55 est-ce que quelque part,
00:30:57 parce que vous le dites un peu dans votre livre,
00:30:59 c'est un peu le, pas le non-dit, mais enfin qui sous-tend,
00:31:02 est-ce qu'ils se fondent à l'entreprise,
00:31:04 c'est formidable, c'est moi l'entreprise,
00:31:06 c'est moi même si je suis salarié ?
00:31:09 - Non, je pense que ça s'est passé,
00:31:11 je pense qu'aujourd'hui,
00:31:13 il y a une prise de distance qui est faite.
00:31:16 - C'est le cynisme, c'est quoi ?
00:31:18 - Alors, en fait, il y a une forme de cynisme,
00:31:19 c'est-à-dire toutes ces phrases, "l'entreprise est une jungle",
00:31:22 ou "on ne peut pas être gentil en entreprise",
00:31:25 c'est-à-dire comme si on était dans un système particulier
00:31:28 qui fait que dans la société,
00:31:30 on dénonce toute forme de violence, même les plus infimes,
00:31:32 mais dans l'entreprise, toutes les violences sont permises
00:31:34 au nom de l'idéologie, la performance,
00:31:36 et que tout le monde a acquis ce principe.
00:31:39 Donc il y a ça.
00:31:40 Ensuite, il y a la question de la réputation.
00:31:42 Moi, j'étais très marquée par un DRH
00:31:44 que j'ai rencontré dans un espace de co-work à Paris
00:31:46 et qui me racontait avoir souvent mis dehors des femmes
00:31:50 à leur retour de congé maternité
00:31:52 et avoir fait des choses pas très propres.
00:31:54 - Il vous l'a dit ?
00:31:56 - Oui, il m'a dit, mais c'est comme ça le monde de l'entreprise,
00:31:59 il m'a dit surtout, moi je fais des missions courtes,
00:32:01 je fais le sale boulot, mais si c'est pas moi qui le fait,
00:32:03 c'est un autre qui le fait, et moi, si je le fais pas,
00:32:05 je vais avoir une sale réputation dans le milieu,
00:32:07 on me recommandera pas, voyez ?
00:32:09 - C'est ce que disaient certains bourreaux ou tortureurs,
00:32:12 si c'est pas moi, c'est quelqu'un d'autre.
00:32:14 - Parce que tout le monde se connaît,
00:32:16 parce que quand vous avez un entretien
00:32:18 pour un nouveau CDD ou une nouvelle mission
00:32:20 chez un autre employeur, il appelle votre employeur d'avant.
00:32:22 Donc vous avez intérêt à vous faire bien voir.
00:32:25 - Oui, c'est-à-dire qu'il y a cette culture effectivement
00:32:28 de "voilà, il faut faire le job, sinon je serai mal".
00:32:31 On va continuer d'en parler, c'est passionnant,
00:32:34 avec vous, Violenne Descourrières,
00:32:36 et après cette petite pause...
00:32:38 - Et vous nous appelez au 0826 300 300
00:32:40 pour interpeller Violenne Descourrières sur son livre
00:32:42 "Le management totalitaire, ce que vivent nos salariés".
00:32:45 On attend vos témoignages, 0826 300 300,
00:32:48 à tout de suite sur Sud Radio.
00:32:50 - Les Français parlent au français.
00:32:53 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:32:56 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:32:59 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:33:02 - Et nous, nous continuons de parler à la hana-reinte
00:33:05 du management, Violenne Descourrières,
00:33:07 qui a écrit un livre vraiment remarquable,
00:33:10 que je vous recommande, sur ce qui se passe
00:33:13 aujourd'hui dans un certain nombre d'entreprises.
00:33:16 Et c'est quand même assez préoccupant,
00:33:18 c'est le moins que l'on puisse dire.
00:33:20 Alors, je voudrais qu'on avance un peu, Violenne Descourrières.
00:33:22 Vous vous dites, alors je vous cite,
00:33:25 "Ce qui compte aujourd'hui, c'est que l'entreprise est devenue
00:33:28 un produit financier et rien d'autre, en tout cas,
00:33:31 d'abord un produit financier, avec une logique comptable,
00:33:34 le profit, le retour sur investissement,
00:33:37 et donc le harcèlement, on veut les meilleurs,
00:33:39 on veut classer parmi les meilleurs, etc.
00:33:42 Et vous dites qu'aujourd'hui, voilà,
00:33:44 comme beaucoup d'entreprises sont financées
00:33:46 par des fonds d'investissement,
00:33:48 vous parlez de BlackRock, notamment,
00:33:50 les trillionnaires qu'on peut dire,
00:33:53 et le marché, etc.
00:33:55 Mais il y a quand même quelque chose,
00:33:57 ces braves chefs d'entreprise,
00:33:59 est-ce que ça n'a pas été toujours comme ça ?
00:34:01 Est-ce que toujours, l'entreprise,
00:34:03 c'est le profit, mais c'est normal,
00:34:05 et donc, on peut être pour, on peut être contre,
00:34:09 c'est un autre problème.
00:34:10 Et là, ils dénoncent tous, oui, c'est pas possible,
00:34:12 il y a une financiarisation, et c'est ça qui compte.
00:34:14 Est-ce que vraiment, quelque chose a changé,
00:34:16 ou en fait, c'est un nouveau vocabulaire
00:34:18 pour de vieilles pratiques ?
00:34:20 Non, je pense qu'en fait, réellement,
00:34:22 en 30 ans, les taux financiers,
00:34:24 c'est réellement resserré.
00:34:26 Alors, comment ?
00:34:27 Alors, surtout, en fait, ce qui est intéressant,
00:34:29 c'est la typologie des actionnaires.
00:34:31 Alors, avant, évidemment, il y avait des dérives,
00:34:33 on ne peut pas dire que tout était parfait,
00:34:34 mais vous aviez des chefs d'entreprise
00:34:36 qui étaient actionnaires des uns des autres,
00:34:37 des entreprises, voilà,
00:34:38 ceux qui étaient dans les conseils d'administration,
00:34:40 donc certes, il y avait un entre-soi,
00:34:42 mais ceux qui étaient dans les conseils d'administration
00:34:45 et les actionnaires,
00:34:46 ils savaient ce que c'était que l'entreprise,
00:34:48 ils connaissaient la réalité.
00:34:50 Voilà, aujourd'hui, ils la pratiquaient.
00:34:52 Et c'est ça, en fait, qui a changé.
00:34:54 C'est ce profil des actionnaires,
00:34:56 et vous avez des fonds d'investissement.
00:34:57 Aujourd'hui, alors, je cite aussi Henri Lachman,
00:34:59 l'ancien PDG de Schneider Electric,
00:35:01 jusqu'en 2005,
00:35:03 qui a cette phrase,
00:35:04 qui m'a aussi interpellé,
00:35:05 il me disait "les actionnaires d'aujourd'hui
00:35:07 sont des terroristes,
00:35:09 ce sont des spéculateurs,
00:35:10 ils se fichent de l'entreprise dans laquelle ils investissent".
00:35:13 Donc, cette phrase, je la trouve très intéressante
00:35:15 pour raconter ce basculement,
00:35:16 c'est-à-dire qu'en fait,
00:35:18 aujourd'hui, les actionnaires,
00:35:20 vous en avez beaucoup,
00:35:21 que ce soit une entreprise de l'industrie
00:35:24 ou des télécoms, c'est pareil.
00:35:26 Ce qu'ils veulent, c'est juste la même chose,
00:35:28 c'est le rendement.
00:35:29 - C'est le rendement, oui.
00:35:30 On se fiche de savoir de quoi ils parlent,
00:35:32 sur quoi ils travaillent, le sujet, etc.
00:35:34 - La hausse des matières premières,
00:35:35 l'inflation, les difficultés de recrutement,
00:35:37 ce n'est pas leur sujet.
00:35:39 Donc, ils sont complètement déconnectés du réel.
00:35:41 - Combien le retour sur investissement ?
00:35:43 - Exactement, des pourcentages.
00:35:45 Et parce que oui, effectivement,
00:35:47 les fonds de pension, voilà, on se dit...
00:35:49 Et est-ce que ça, c'est devenu...
00:35:51 Parce que, ce que vous avez l'air de dire,
00:35:53 enfin, dès que vous l'écrivez,
00:35:55 c'est la tyrannie du court terme.
00:35:57 C'est ça aussi ?
00:35:58 Il faut produire des profits rapides, rapides, rapides ?
00:36:00 - Exactement.
00:36:01 À partir du moment où, tout en haut,
00:36:02 il y a cette tyrannie du court terme,
00:36:04 ça se traduit chez les DRH,
00:36:05 j'en ai interviewé beaucoup,
00:36:07 par une vision brouillée, complètement brouillée,
00:36:09 c'est-à-dire une vision trimestrielle.
00:36:11 Vous savez, vous pouvez embaucher pour le trimestre.
00:36:13 Donc, qu'est-ce qui se passe ?
00:36:15 Quand vous allez recruter en CDI des salariés,
00:36:17 puisqu'on est en France, on recrute en CDI,
00:36:19 on essaye en tout cas,
00:36:21 eh bien, vous allez rompre des périodes d'essai
00:36:23 de salariés, bah, officiellement,
00:36:25 parce que...
00:36:26 - Ah oui, on recrute en CDI, mais on leur dira,
00:36:28 la période d'essai, alors on leur dit quoi ?
00:36:30 - Eh bien, elle est terminée, parce qu'en fait,
00:36:31 à la fin du trimestre, eh bien,
00:36:33 vous avez à nouveau une autre vision.
00:36:35 Vous voyez, c'est ce changement qui est devenu
00:36:37 absolument permanent, c'est ce management par l'instabilité,
00:36:39 qui fait qu'en France,
00:36:41 alors qu'on a un droit du travail
00:36:43 très cadré, eh bien, on est sur
00:36:45 un mode de management anglo-saxon,
00:36:47 avec, finalement, des missions courtes.
00:36:49 - Vous voulez dire, parce qu'on a, je crois qu'on a
00:36:51 le droit, enfin, corrigez si je me trompe,
00:36:53 on a le droit à deux périodes d'essai en général,
00:36:55 non ? C'est ça ? - Alors, vous avez une période d'essai
00:36:57 qui peut être renouvelée. - Qui peut être renouvelée, c'est ça.
00:36:59 Et est-ce que c'est...
00:37:01 Alors, est-ce que ça, ce côté très pratiqué,
00:37:03 en fait, pas seulement parce que
00:37:05 on change tous les trois mois
00:37:07 de stratégie, mais parce que,
00:37:09 on se dit "Allez, on va continuer à avoir
00:37:11 des périodes d'essai,
00:37:13 c'est peut-être plus rentable". - Oui, alors, il y a ça aussi,
00:37:15 alors ça, c'est chez les salariés,
00:37:17 mais je n'ai pas eu la preuve
00:37:19 absolue comme d'autres preuves que
00:37:21 j'ai dans mon livre, mais j'ai effectivement des salariés
00:37:23 qui me racontent avoir été
00:37:25 cinq ou six embauchés
00:37:27 en même temps, et en fait,
00:37:29 sur les cinq ou six, trois,
00:37:31 dont la période d'essai a été rompue, trois ou quatre.
00:37:33 - Ah oui, carrément. - Une forme de sélection par la période d'essai.
00:37:35 - Oui, c'est ça. Et alors, justement,
00:37:37 parlons de ce
00:37:39 court terme. Alors, oui, vous parlez de
00:37:41 quelque chose, le harcèlement, comment ça se
00:37:43 traduit ? Alors, justement, dans cette perspective
00:37:45 de "Attention, rentable,
00:37:47 rentable, rentable absolue, très bien,
00:37:49 mais très vite surtout, parce que l'entreprise
00:37:51 doit être rentable, si elle
00:37:53 ne l'est pas, elle ferme", ça, c'est
00:37:55 légitime. Mais en revanche,
00:37:57 vous dites "Mais on arrive à des harcèlements
00:37:59 assez terrifiants". Vous avez parlé
00:38:01 de votre... de la
00:38:03 cette personne qui a eu un burn-out, etc.
00:38:05 Mais ça se traduit comment, ce harcèlement ?
00:38:07 Comment on le vit ?
00:38:09 Surtout, comment on l'applique ?
00:38:11 - Oui. En fait, je pense que c'est
00:38:13 le phénomène de l'employeur psychologue,
00:38:15 du manager psychologue. C'est ça, le harcèlement.
00:38:17 C'est-à-dire qu'on est arrivé
00:38:19 à un point où les compétences ne suffisent
00:38:21 plus, où pour être
00:38:23 vraiment performant, il faut avoir
00:38:25 un comportement performant. Et donc,
00:38:27 dans mon livre, dans cette enquête de 5 ans,
00:38:29 je raconte, en fait,
00:38:31 toutes ces études, un peu fumeuses,
00:38:33 il faut le dire, dans le Massachusetts,
00:38:35 aux Etats-Unis, à l'université de Harvard,
00:38:37 vous avez des chercheurs qui sont repris
00:38:39 par des cabinets de conseils très,
00:38:41 très professionnels, et qui vous expliquent
00:38:43 qu'un salarié heureux est un salarié
00:38:45 plus performant. Donc, par exemple,
00:38:47 Tal Ben-Chahar, un chercheur
00:38:49 aux Etats-Unis, a publié
00:38:51 un ouvrage qui s'appelle "L'apprentissage
00:38:53 du bonheur". Et donc, il explique
00:38:55 cette performance par le bonheur.
00:38:57 - Bon, en fait, c'est la palissade. Un salarié heureux
00:38:59 sera un salarié qui sera plus performant.
00:39:01 - Oui, mais donc, vous vous retrouvez,
00:39:03 en fait, avec tout un ensemble de critères
00:39:05 dont votre salarié, il doit sourire,
00:39:07 il doit être heureux, il doit être enthousiaste,
00:39:09 il doit travailler comme un fou, mais il doit
00:39:11 avoir les valeurs de l'entreprise. Et surtout,
00:39:13 dans ces entretiens annuels, les salariés
00:39:15 sont de plus en plus notés sur
00:39:17 leur investissement, leur engagement, autant
00:39:19 de choses qui sont très subjectives,
00:39:21 qui sont faciles pour déstabiliser
00:39:23 un collaborateur dont on voudrait qu'il parte,
00:39:25 on voudrait qu'il accepte une rupture conventionnelle,
00:39:27 on va lui dire "tu n'es pas
00:39:29 assez engagé, tu n'es pas assez investi,
00:39:31 depuis quelque temps t'as la tête à l'oeil". - Tu n'es pas assez motivé.
00:39:33 - On te trouve,
00:39:35 le matin, tu souris pas,
00:39:37 t'as pas l'air heureux de venir travailler,
00:39:39 et donc, en fait, on pense que tu n'es pas
00:39:41 bien ici, peut-être que tu pourrais accepter
00:39:43 cette rupture conventionnelle. En fait, même,
00:39:45 accepte-la, sinon, tu serais
00:39:47 sûrement licencié. Voilà, c'est souvent comme ça
00:39:49 que ça se passe. - Et ça, c'est une forme
00:39:51 de harcèlement. - C'est une forme de harcèlement.
00:39:53 Alors, après, il y a aussi, ce que j'ai observé
00:39:55 dans cette enquête de cinq ans, c'est
00:39:57 tout un système qui fait que
00:39:59 les gens, sur le moment, ne
00:40:01 se rendent pas compte de la violence qui leur
00:40:03 est faite. Alors, par exemple, j'ai parlé
00:40:05 avec une salariée
00:40:07 qui, au début, je lui posais cette question
00:40:09 parce qu'elle avait été mise dehors un petit peu
00:40:11 rapidement de
00:40:13 son entreprise, une
00:40:15 société très design
00:40:17 d'ameublement, et puis
00:40:19 je lui dis "mais est-ce que tu peux me raconter comment ça s'est
00:40:21 passé ?" Et elle me dit "ben, voilà, un jour
00:40:23 j'ai été convoquée au
00:40:25 parking de
00:40:27 mon entreprise,
00:40:29 je lui dis "mais il n'y avait pas de salle de réunion ?" "Si, si,
00:40:31 elles étaient vides, mais ma manager m'a dit que c'était
00:40:33 mieux en bas, au sous-sol." Je me suis retrouvée
00:40:35 sur un tabouret cassé,
00:40:37 mes deux managers étaient sur une chaise, je me suis
00:40:39 fait recadrer, on m'a dit que j'étais absolument,
00:40:41 que j'avais un comportement odieux, et que
00:40:43 il fallait absolument que je me reprenne,
00:40:45 et donc toute une analyse
00:40:47 psychologique a été faite de mon profil,
00:40:49 et je suis remontée sidérée
00:40:51 dans mon open space. Et je lui ai
00:40:53 dit "mais tu te rends compte ?"
00:40:55 Et il m'a dit "mais en fait, c'était peut-être un peu violent."
00:40:57 - Ah oui, d'accord. Oui, elles ont
00:40:59 intégré cette
00:41:01 violence. - Ben c'est un
00:41:03 monde à part dans lequel toutes les
00:41:05 violences sont vues comme
00:41:07 banales. - Je vous dis, il faut
00:41:09 relire la Boétie aussi, avec le livre
00:41:11 de Violenne Descourrières,
00:41:13 "Le traité de la servitude volontaire",
00:41:15 il décrit ça il y a six ans, vous voyez,
00:41:17 les choses sont là, mais c'est plus l'entreprise.
00:41:19 On va continuer avec Violenne Descourrières.
00:41:21 - Oui, et vous continuez de nous appeler
00:41:23 au 0826 300 300
00:41:25 pour interpeller Violenne Descourrières, sur son
00:41:27 livre "Le management totalitaire" aux éditions
00:41:29 Albain Michel. A tout de suite sur Sud Radio.
00:41:31 - Les Français
00:41:33 parlent au français.
00:41:35 Les carottes sont
00:41:37 cuites. Les carottes
00:41:39 sont cuites.
00:41:41 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:41:43 - Et nous continuons
00:41:45 à parler de ce management, de ce
00:41:47 management totalitaire avec Violenne Descourrières.
00:41:49 Son livre vient de paraître aux éditions
00:41:51 Albain Michel, et c'est
00:41:53 un livre qui décrit, c'est un
00:41:55 état des lieux qui est
00:41:57 effectivement très fort, très fort.
00:41:59 Et puis,
00:42:01 vous allez jusqu'à dire,
00:42:03 c'est intéressant, vous allez jusqu'à dire,
00:42:05 vous constatez, il y a en fait,
00:42:07 alors, c'est vrai que ça,
00:42:09 vous allez choquer, pourquoi ? Parce que vous dites "état totalitaire",
00:42:11 quand on dit "état totalitaire",
00:42:13 on pense à Corée du Nord et compagnie. Bon,
00:42:15 c'est pas la Corée du Nord,
00:42:17 c'est pas d'ailleurs ce que vous dites, mais quand même,
00:42:19 il y a des choses assez
00:42:21 ...
00:42:23 assez étonnantes. Alors, on va vous dire, on parle, vous savez,
00:42:25 de la Chine et de son crédit social, les bons
00:42:27 points, les mauvais points, et bien ça
00:42:29 existe dans l'entreprise.
00:42:31 - Exactement. C'est ce que je raconte
00:42:33 dans mon livre, ce sont toutes ces méthodes anglo-saxonnes
00:42:35 qui sont dans
00:42:37 les entreprises du CAC 40.
00:42:39 Et exactement, c'est un peu comme ce que vous dites,
00:42:41 les notes sociales,
00:42:43 les salariés sont classés en trois
00:42:45 catégories, c'est quand même pas beaucoup,
00:42:47 donc les hauts
00:42:49 potentiels, les médians, et les
00:42:51 faibles contributeurs. Alors surtout...
00:42:53 - Les hauts potentiels, les médians,
00:42:55 et les faibles contributeurs. - Exactement.
00:42:57 Et donc cette méthode de tri qui s'appelle
00:42:59 "ranking", elle a été utilisée
00:43:01 la première fois chez Microsoft,
00:43:03 dans les années 2000. Et donc, pour
00:43:05 comprendre le phénomène, c'est que chez Microsoft,
00:43:07 sur une équipe, vous aviez
00:43:09 pour dix personnes
00:43:11 sept faibles contributeurs.
00:43:13 - Sur dix.
00:43:15 - Deux hauts potentiels
00:43:17 et un médian. Ça vous donne une idée
00:43:19 en fait, de l'objectif
00:43:21 de ce classement. Et donc,
00:43:23 dans cette enquête de cinq ans, j'ai vu
00:43:25 que cette pratique, elle était
00:43:27 dans quasiment toutes les entreprises du
00:43:29 CAC 40. Et il y a un autre phénomène,
00:43:31 c'est que dans certaines entreprises,
00:43:33 vous avez des quotas de faibles
00:43:35 contributeurs. Et les faibles contributeurs,
00:43:37 ils sont ensuite menés vers la sortie.
00:43:39 - Alors pourquoi des quotas ?
00:43:41 On aurait dit, on ne va pas prendre des faibles contributeurs,
00:43:43 on va prendre que des hauts potentiels ou des médians.
00:43:45 - Eh bien, c'est parce que ce sont
00:43:47 dans des entreprises qui veulent se séparer
00:43:49 de façon régulière de leurs salariés
00:43:51 pour adapter la masse salariale
00:43:53 au chiffre d'affaires.
00:43:55 Donc, chez Sanofi, par exemple,
00:43:57 jusqu'en 2017, il y avait
00:43:59 encore cette pratique. Or, la Cour de Cassation
00:44:01 en 2013 a interdit la pratique
00:44:03 de quotas. Et vous avez,
00:44:05 chez les syndicats, la CFDT, ils m'ont
00:44:07 bien précisé qu'il y avait encore des entreprises
00:44:09 qui utilisaient cette méthode-là.
00:44:11 Alors, il y a d'autres entreprises qui font les choses
00:44:13 de façon un petit peu plus...
00:44:15 - Plus douce, plus soft ?
00:44:17 - Plus douce, par exemple, Danone, ils vont
00:44:19 mettre en place un pourcentage
00:44:21 de hauts potentiels,
00:44:23 de médians et de faibles contributeurs.
00:44:25 Vous ne faites pas vraiment en réalité
00:44:27 ce qu'il y a dans votre équipe,
00:44:29 vous faites selon le pourcentage.
00:44:31 Donc, vous allez vous retrouver avec des gens qui travaillent
00:44:33 bien, qui ont des compétences et qui sont
00:44:35 mis dans ces quotas de "losers"
00:44:37 et qui sont ensuite menés
00:44:39 vers la sortie. - Et qui ne le savent pas
00:44:41 eux-mêmes, bien sûr. - Qui ne le savent pas, et surtout
00:44:43 en fait, ils vont avoir tout le poids de la culpabilité
00:44:45 sur leurs épaules, alors qu'en fait
00:44:47 ils sont l'objet d'une logique comptable.
00:44:49 - Je comprends.
00:44:51 Et ça, c'est... Oui, je voulais dire, c'est un classement
00:44:53 qui n'est pas évidemment codifié, qui n'est pas écrit,
00:44:55 qui n'est pas formulé, mais qui est là.
00:44:57 Qui existe dans le rapport.
00:44:59 - Oui, et les managers pensent
00:45:01 qu'ils sont en fait tout
00:45:03 seuls à qui on demande ce genre de pratique,
00:45:05 ou ils ne réalisent pas en fait
00:45:07 qu'on est sur un phénomène global.
00:45:09 Les syndicats par contre, évidemment,
00:45:11 le savent. - Le savent.
00:45:13 - Et les DRH sont...
00:45:15 s'inquiètent de cette dérive.
00:45:17 J'en ai rencontré une, notamment, qui
00:45:19 a dû refuser la pratique par quota dans son entreprise
00:45:21 avec beaucoup de courage. - Et elle n'a pas été virée.
00:45:23 - Non, parce qu'elle était implantée
00:45:25 depuis longtemps, d'où le management par la
00:45:27 stabilité. Quand c'est le cas,
00:45:29 c'est positif. - Donc il y a quand même
00:45:31 des managements par la stabilité. - Exactement.
00:45:33 - Ils existent, oui. Heureusement, d'ailleurs.
00:45:35 Heureusement. Mais pour revenir à ça,
00:45:37 quand même, est-ce que vous n'allez pas loin ?
00:45:39 Je reviens à ce mot
00:45:41 totalitaire, Violenne Descourrières.
00:45:43 Est-ce qu'au fond,
00:45:45 les personnes que vous avez eues, et encore une fois,
00:45:47 vous avez fait vraiment une excellente enquête,
00:45:49 et vous avez interrogé beaucoup de monde
00:45:51 à tous les niveaux.
00:45:53 Est-ce qu'au fond... Alors,
00:45:55 on va parler un peu de l'actualité.
00:45:57 Est-ce que la crise Covid,
00:45:59 est-ce que, enfin, la guerre en Ukraine,
00:46:01 disons ce qui se passe aujourd'hui, puisqu'on est...
00:46:03 On parle des retraites,
00:46:05 on parle des retraites, de l'âge, on parle de la pénibilité,
00:46:07 etc., etc.
00:46:09 Est-ce que ça...
00:46:11 Est-ce que l'actualité,
00:46:13 si vous voulez, le fait qu'il y ait eu
00:46:15 le confinement en 2020, etc.,
00:46:17 a joué sur le management,
00:46:19 même si c'est marginal ou pas du tout ?
00:46:21 Ou ça a simplement accentué
00:46:23 les tendances que vous aviez déjà vues ?
00:46:25 - Alors, je pense
00:46:27 qu'il n'y a pas eu
00:46:29 beaucoup de changements. Le véritable
00:46:31 changement, c'est chez les salariés,
00:46:33 c'est-à-dire ceux qui
00:46:35 ont été en confinement
00:46:37 et qui ont réalisé qu'ils
00:46:39 avaient leur famille, qu'ils avaient leur espace
00:46:41 de vie, et que toute leur vie n'était pas
00:46:43 à leur entreprise. Je pense
00:46:45 qu'il y a eu cette prise de distance-là,
00:46:47 ce qui fait que les chiffres montrent
00:46:49 que vous avez aujourd'hui 87%
00:46:51 des cadres qui veulent
00:46:53 se reconvertir. Le chiffre est absolument
00:46:55 massif. - Et c'est un chiffre fiable ?
00:46:57 - Oui, complètement. - C'est énorme ! 87%
00:46:59 des cadres ? - Oui.
00:47:01 - Qui veulent se reconvertir dans quoi ?
00:47:03 - Qui ont l'idée de se reconvertir.
00:47:05 - De quitter l'entreprise ? - Oui,
00:47:07 de quitter l'entreprise. Donc, vous avez sur
00:47:09 ce chiffre très impressionnant
00:47:11 une grande partie
00:47:13 qui ne vont pas le faire, mais qui ont l'idée de le faire.
00:47:15 - D'accord. - Ça montre la perte de sens
00:47:17 en entreprise. Donc, ce que je dis
00:47:19 dans cette enquête de 5 ans,
00:47:21 c'est que cette perte de sens, elle vient
00:47:23 du management par l'instabilité.
00:47:25 Entre 1985
00:47:27 et 2017, le nombre
00:47:29 de fusions et acquisitions ont été
00:47:31 multipliés par 18. C'est absolument
00:47:33 énorme. - Oui, c'est énorme, vous le dites.
00:47:35 Entre 85 et
00:47:37 2017. - Exactement.
00:47:39 - 18 fois, enfin,
00:47:41 18 de fusions et acquisitions.
00:47:43 18 fois. Énorme. - Or, selon
00:47:45 la direction de l'animation de la statistique
00:47:47 et la recherche, d'Ares, en 2021,
00:47:49 les salariés qui éprouvent
00:47:51 une perte de sens dans leur métier sont ceux qui ont
00:47:53 subi au moins un changement
00:47:55 ces 12 derniers mois. Donc, un logiciel
00:47:57 qui arrive,
00:47:59 qui vient prendre partie de votre travail,
00:48:01 une fusion-acquisition,
00:48:03 une réorganisation.
00:48:05 - Donc, il y a une perte de sens
00:48:07 qui joue et qui s'ajoute au reste, si vous voulez.
00:48:09 - Oui. Donc, je pense qu'en fait, d'une côté,
00:48:11 du salarié, il y a une évolution. Par contre, au niveau
00:48:13 des pratiques managérielles,
00:48:15 au contraire, en fait, l'entreprise prend
00:48:17 toujours plus de place. Elle veut tout régir
00:48:19 dans la vie du salarié. Donc, c'est ce que je raconte.
00:48:21 Je parle même d'entreprises
00:48:23 au cas 40 qui font appel à des jeunes
00:48:25 pouces de gestion du sommeil.
00:48:27 C'est-à-dire,
00:48:29 vous avez des salariés qui vont remplir un questionnaire
00:48:31 sur l'application. Ils vont dire s'ils ronflent la nuit,
00:48:33 s'ils font de l'apnée du sommeil.
00:48:35 Et tous ces chiffres arrivent
00:48:37 non pas chez la médecine du travail,
00:48:39 mais chez le DRH.
00:48:41 - Ah oui, intéressant. DRH
00:48:43 comme substitut
00:48:45 de médecine du travail, mutuel...
00:48:47 - Et vous avez la même chose, vous avez
00:48:49 des applications de bien-être où vous faites
00:48:51 part de votre état de santé psychique.
00:48:53 Et tous ces critères arrivent
00:48:55 sur des chiffres qui sont
00:48:57 chez le DRH. Et c'est la même chose aussi
00:48:59 sur les applications de sport.
00:49:01 Or, tout ça, ça corrobore
00:49:03 toutes ces études à Harvard
00:49:05 qui vous dirent qu'un salarié
00:49:07 qui est sportif est plus performant, un salarié
00:49:09 qui est heureux les plus aussi.
00:49:11 Et l'entreprise fait sa communication pour dire
00:49:13 qu'elle s'occupe du bien-être de ses salariés.
00:49:15 - Oui, c'est très... Et en fait,
00:49:17 attendez, on va vers une espèce de
00:49:19 gestion, je ne vais pas dire
00:49:21 de contrôle général, de la vie.
00:49:23 - Oui, et c'est pour ça que j'en viens
00:49:25 justement à votre question, mais est-ce que ce n'est pas extrême
00:49:27 la dimension totalitaire ? Non, c'est dans le sens de
00:49:29 totalisant. Vous avez une entreprise
00:49:31 qui régit tout de votre vie tellement
00:49:33 que vous n'avez plus d'espace de vie personnelle.
00:49:35 Si vous utilisez le développement personnel,
00:49:37 vous faites du sport, vous avez
00:49:39 un bon sommeil, et vous incarnez
00:49:41 les valeurs de votre entreprise, vous devenez
00:49:43 un ambassadeur, et vous devez,
00:49:45 comme l'entreprise Engie, par exemple, dit à ses salariés
00:49:47 de parler en bien d'Engie
00:49:49 dans les dîners entre amis, et dit
00:49:51 à ses salariés qui sont les ambassadeurs d'Engie.
00:49:53 L'entreprise va tellement loin
00:49:55 qu'elle devient totalisante
00:49:57 dans le sens de totalitaire. - Est-ce que ça va
00:49:59 jusqu'à la vie privée ? Est-ce que vous êtes mariée,
00:50:01 pas mariée ? Est-ce qu'on se
00:50:03 renseigne aussi là-dessus, sur
00:50:05 la vie privée ? - Oui, alors ça,
00:50:07 c'est un petit peu plus informel, ce que je dis dans
00:50:09 un des chapitres intitulé
00:50:11 "L'employeur psychologue", ce sont tous
00:50:13 des managers, vous avez quelques fichiers,
00:50:15 alors ça, ça a été un peu médiatisé,
00:50:17 notamment
00:50:19 à la SNCF, ou chez Vinci Autoroute,
00:50:21 ce sont des affaires connues,
00:50:23 de fichiers où vous avez des managers
00:50:25 qui vont y écrire des choses subjectives
00:50:27 sur les gens, mais en fait, c'est toute cette dérive
00:50:29 qui fait que, eh bien,
00:50:31 le salarié n'est plus seulement noté sur ses
00:50:33 compétences, à l'ère de l'intelligence
00:50:35 artificielle, certaines compétences sont devenues
00:50:37 obsolètes, donc il est noté sur
00:50:39 son comportement, sur son mode
00:50:41 de vie, qui doit être performant.
00:50:43 Et là, quand vous enjoignez un salarié
00:50:45 à être un athlète,
00:50:47 ou même, vous avez des
00:50:49 séminaires où, donc je raconte dans mon livre,
00:50:51 le salarié est enjoint à être
00:50:53 comme Gandhi,
00:50:55 Martin Luther King, à être un héros,
00:50:57 un athlète, mais les héros meurent
00:50:59 en martyr, et les
00:51:01 athlètes terminent leur carrière à 40 ans.
00:51:03 Donc, en fait,
00:51:05 on voit qu'en fait, on est vraiment à l'ère du
00:51:07 salarié de court terme.
00:51:09 - Bon, écoutez, salarié de court terme, alors je ne sais pas
00:51:11 si nos auditeurs se sentent Gandhi
00:51:13 ou martyr,
00:51:15 je ne crois pas, mais en tout cas,
00:51:17 on va avoir les auditeurs de Sud Radio
00:51:19 maintenant. - Oui, ça réagit beaucoup,
00:51:21 et vous continuez de nous appeler au 0826
00:51:23 300 300, on attend vos réactions,
00:51:25 et on accueille tout de suite Daniel de
00:51:27 Castelnaudary. Bonjour Daniel.
00:51:29 - Bonjour Daniel. - Bonjour André,
00:51:31 et bonjour aussi à votre invité.
00:51:33 - Bonjour Daniel. - Merci beaucoup.
00:51:35 Merci beaucoup pour tout ce que vous faites, André.
00:51:37 - Voilà, alors moi, tout ce que vous dites, là,
00:51:39 beaucoup de choses dont vous parlez, madame,
00:51:41 je l'ai vécu, et notamment,
00:51:43 dernièrement, on m'avait fait remiroiter
00:51:45 un poste de directeur de site,
00:51:47 c'était une boîte de 30 personnes,
00:51:49 et ensuite, deux mois après, on m'a dit "non,
00:51:51 vous êtes trop gentil, il nous faut quelqu'un
00:51:53 de dur", cette personne
00:51:55 est arrivée, la personne dure, et j'ai fait un burn-out,
00:51:57 et je suis parti. Mais voilà,
00:51:59 ma question aujourd'hui,
00:52:01 alors après, oui, je voulais juste faire un petit
00:52:03 apparté aussi par rapport à la loi
00:52:05 sur la retraite, on nous dit
00:52:07 qu'on vit plus longtemps, mais on vit un stress,
00:52:09 le boulot est devenu anxiogène,
00:52:11 et je peux vous dire qu'à l'âge de 57 ans,
00:52:13 à 57 ans, je suis dans
00:52:15 un état de stress, mais permanent,
00:52:17 pour ça c'était encore un peu... - Oui, oui, mais
00:52:19 c'est un vrai problème. - Donc, on vit plus
00:52:21 longtemps, mais peut-être dans un stress plus...
00:52:23 - Peut-être différent, oui. - Voilà. - Oui, Daniel,
00:52:25 votre question ? - Alors, ma question, je vais éviter ça, la question,
00:52:27 ce que j'ai remarqué également, c'est qu'on a
00:52:29 les résultats de l'éducation
00:52:31 enfant-roi, vous savez, les restes des
00:52:33 68 ans, selon moi, je voudrais savoir
00:52:35 si dans votre livre vous en parlez, parce que ces gens-là
00:52:37 qui ont été éduqués avec
00:52:39 "tout pour ma tronche", "tout pour moi", "tout pour moi",
00:52:41 "je veux tout tout de suite et maintenant",
00:52:43 quand j'en ai vu qu'ils se sont retrouvés managers,
00:52:45 ils sont, mais vraiment, ce sont des
00:52:47 petits dictateurs, vous avez raison de le dire,
00:52:49 dès que ces gens-là qui veulent tout,
00:52:51 ils se servent de vous comme un tremplin,
00:52:53 et ils vous pressent,
00:52:55 et après, quand ils
00:52:57 voient que vous êtes usé, mais ils n'hésitent pas
00:52:59 à vous jeter, à vous faire croire que vous avez
00:53:01 mal bossé, que vous êtes incompétent.
00:53:03 Voilà, je voulais savoir si vous parliez de ça dans votre livre.
00:53:05 - Oui, Bjolène Descourrières,
00:53:07 est-ce que l'esprit 68ards,
00:53:09 disons de la génération des
00:53:11 boomers, est-ce que ça a joué,
00:53:13 ou vous avez eu des exemples ?
00:53:15 - Alors,
00:53:17 moi j'ai surtout
00:53:19 interrogé
00:53:21 des personnes qui étaient, je pense, après cette génération-là.
00:53:23 Donc, je
00:53:25 ne peux pas parler
00:53:27 exactement de cet esprit,
00:53:29 mais en revanche, je pense qu'il y a
00:53:31 quelque chose de ça,
00:53:33 lié à la valeur travail, de façon
00:53:35 générale, dans le sens où
00:53:37 on voit ce capitalisme
00:53:39 individualiste anglo-saxon,
00:53:41 s'il a pris le dessus
00:53:43 sur le capitalisme social, pourquoi
00:53:45 la France n'a pas pris cette direction
00:53:47 qu'on voit en Allemagne,
00:53:49 d'un capitalisme rénance social de long terme ?
00:53:51 Je pense que c'est parce que ça
00:53:53 séduisait cette vision
00:53:55 anglo-saxonne, individualiste,
00:53:57 - Et qu'il y a eu un interdit d'interdire, tout de suite.
00:53:59 - Exactement, et c'est dans les années
00:54:01 60 que se sont implantés
00:54:03 ces premiers cabinets,
00:54:05 McKinsey, Bain et compagnie
00:54:07 anglo-saxon, qui ont
00:54:09 diffusé cette culture individualiste.
00:54:11 Donc, je pense que le terreau
00:54:13 était là. - D'accord.
00:54:15 - Oui, on va tourner une rapide page
00:54:17 de pub, et on accueillera
00:54:19 Jean de Paris, à tout de suite.
00:54:21 - Ici Sud Radio.
00:54:25 Les Français
00:54:27 parlent au français.
00:54:29 Je n'aime pas
00:54:31 la blanquette de veau.
00:54:33 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:54:35 - Sud Radio Bercov,
00:54:37 dans tous ses états. - 13h46
00:54:39 sur Sud Radio,
00:54:41 vous avez la parole au 0826
00:54:43 300 300,
00:54:45 et on a le plaisir d'accueillir Jean de Paris.
00:54:47 Bonjour Jean. - Bonjour Jean.
00:54:49 - Bonjour.
00:54:51 - On vous écoute Jean. - Oui, moi je voulais
00:54:53 juste témoigner, je suis consultant,
00:54:55 j'ai 62 ans, je suis consultant
00:54:57 en ressources humaines et chercheur
00:54:59 en psychogénétique. - Oui.
00:55:01 - J'ai utilisé par le passé un questionnaire
00:55:03 qui avait l'originalité d'évaluer
00:55:05 la valeur marchande de nos défauts.
00:55:07 - Oui.
00:55:09 - Et cet outil ne donnait pas
00:55:11 pour le profil d'une personne
00:55:13 son trait le plus caractéristique,
00:55:15 mais le trait qui le distinguait le plus
00:55:17 des autres. - D'accord.
00:55:19 - Et sur le principe des écart-type.
00:55:21 Et on avait évalué avec cet outil
00:55:23 la personnalité
00:55:25 des DRH. - Oui.
00:55:27 - Et c'était déjà dans les
00:55:29 années 90. - D'accord.
00:55:31 - Et le trait majeur des DRH
00:55:33 c'était la dureté de terre.
00:55:35 - Ah oui.
00:55:37 Vous avez constaté ça chez la plupart.
00:55:39 Intéressant. - Exactement.
00:55:41 Car comme le dit très bien
00:55:43 Violenne, pour qu'un DRH
00:55:45 puisse survivre
00:55:47 comme DRH, il faut qu'il ait une dureté de coeur.
00:55:49 Sinon il fait un burn-out
00:55:51 ou alors
00:55:53 il change de métier parce qu'il ne supporte plus
00:55:55 d'être un coupeur de tête.
00:55:57 - Et oui, c'est ça. Et de dire aux gens
00:55:59 "Maintenant je suis venu te dire
00:56:01 que tu t'en vas quoi."
00:56:03 - Exactement.
00:56:05 Et on avait trouvé avec cet outil
00:56:07 notamment dans
00:56:09 un groupe hôtelier
00:56:11 le salaire annuel des directeurs d'hôtel
00:56:13 à 1000 euros près.
00:56:15 - Ah bon, je veux dire en faisant...
00:56:19 - Selon leur personnalité, on pouvait indiquer
00:56:21 leur salaire annuel à 1000 euros près.
00:56:23 - Ah oui, carrément.
00:56:25 En faisant leur caractéristique, vous dites "Celui-là,
00:56:27 il vaut tant." - Voilà.
00:56:29 Exactement. - Bah écoutez, c'est très intéressant.
00:56:31 Mais en tout cas, avoir fait
00:56:33 de l'entreprise psychogénétique,
00:56:35 c'est vrai que ça aide. Merci Jean.
00:56:37 - Je vous en prie. - Merci beaucoup
00:56:39 Jean. Et on continue notre tournée
00:56:41 des auditeurs avec Philippe de Cherbourg.
00:56:43 Bonjour Philippe. - Bonjour Philippe.
00:56:45 - Bonjour Philippe. - Oui. Bonjour André,
00:56:47 bonjour Violaine. Moi je vais vous
00:56:49 expliquer un petit peu. J'étais une victime
00:56:51 collatérale en fin de compte.
00:56:53 Ma femme avait une activité
00:56:55 dans un grand groupe qui commence par
00:56:57 eau et orange.
00:56:59 Je vais vous expliquer auparavant quand même son parcours
00:57:01 brièvement.
00:57:03 Elle est partie aux Etats-Unis en plein boom
00:57:05 de... on va dire
00:57:07 de l'informatique et autres.
00:57:09 Et tout se passait
00:57:11 bien. Elle a eu l'occasion de travailler à l'américaine
00:57:13 avec un management à l'américaine
00:57:15 que vous connaissez peut-être aussi
00:57:17 qui peut être, c'est vrai certes
00:57:19 on va dire expéditif
00:57:21 ou violent, mais qui a le mérite
00:57:23 de reconnaître vraiment la valeur
00:57:25 des individus, des collaborateurs
00:57:27 comme on dit. Bon voilà.
00:57:29 Elle a passé 10 ans après les revenus
00:57:31 dans ce groupe.
00:57:33 Ça c'était à l'époque France Télécom
00:57:35 et maintenant Orange.
00:57:37 Mais c'était
00:57:39 catastrophique.
00:57:41 Moi, victime collatérale
00:57:43 je vous explique, chaque soir
00:57:45 quand elle rentrait, elle ne comprenait pas
00:57:47 en fin de compte
00:57:49 avec sa hiérarchie proche
00:57:51 les explications
00:57:53 et en fin d'année
00:57:55 l'entretien annuel, ça va parler
00:57:57 à beaucoup de salariés, où là vous aviez
00:57:59 en fin de compte
00:58:01 une explication
00:58:03 les yeux dans les yeux et souvent
00:58:05 on va dire
00:58:07 un déficit
00:58:09 de valeur
00:58:11 par rapport au travail réellement fait
00:58:13 et fait.
00:58:15 Et ça c'est un gros problème.
00:58:17 Je vous parle aussi de l'organisation
00:58:19 des sociétés,
00:58:21 notamment française, qui est un gros problème.
00:58:23 Quand vous avez connu un management américain
00:58:25 ou à l'américaine, vous avez
00:58:27 beaucoup de mal à revenir sur
00:58:29 un management français.
00:58:31 C'est-à-dire philo,
00:58:33 d'accord ?
00:58:35 ou pyramidal.
00:58:37 Alors là, il y a un gros problème.
00:58:39 Alors, je suis orange, il serait intéressant d'ailleurs
00:58:41 de regarder ce qu'il se passe du côté
00:58:43 de M. Lombard et Vénez.
00:58:45 - On ne va pas rentrer dans le détail d'orange,
00:58:47 c'est une autre émission.
00:58:49 Non mais vous vous dites simplement,
00:58:51 je voudrais quand même résumer,
00:58:53 vous vous dites que le problème,
00:58:55 il n'y a pas que l'accusé
00:58:57 parce que ce que fait Violaine, c'est
00:58:59 "management anglo-saxon, c'est pas bien,
00:59:01 le management en français, c'est pas mieux
00:59:03 parce qu'ils ont pris
00:59:05 peut-être les tards
00:59:07 ou les défauts du management anglo-saxon".
00:59:09 C'est un vrai sujet, hein ?
00:59:11 - Oui, alors ce que je veux juste...
00:59:13 - Parce qu'il y a des choses peut-être intéressantes
00:59:15 à prendre dans le management anglo-saxon.
00:59:17 - Bien sûr, mais c'est qu'en fait dans le management,
00:59:19 ce que je dis dans ce livre,
00:59:21 c'est que le problème, c'est que c'est le pire des deux.
00:59:23 C'est-à-dire le pire du management
00:59:25 français, qui est un management justement
00:59:27 qui exige une loyauté totale
00:59:29 de la part du salarié, et le management
00:59:31 anglo-saxon qui est justement
00:59:33 dans cette tyrannie du court terme
00:59:35 et donc ce management par l'instabilité.
00:59:37 C'est les deux couplets qui font
00:59:39 qu'on se retrouve avec un tel malaise
00:59:41 surtout en France. - Ils ont pris les défauts des deux.
00:59:43 - Le pire des deux.
00:59:45 - Lucia ? - Oui, et on
00:59:47 accueille maintenant Guillaume Deblois.
00:59:49 Bonjour Guillaume. - Oui, bonjour Guillaume.
00:59:51 - Oui, bonjour.
00:59:53 Bonjour M. Vercoff,
00:59:55 bonjour à votre invité.
00:59:57 Madame a
00:59:59 parlé
01:00:01 d'une entreprise
01:00:03 qui est de plus en plus invasive
01:00:05 dans la vie privée des gens.
01:00:07 Je souhaitais
01:00:09 quand même rappeler que
01:00:11 Henry Ford avait déjà commencé
01:00:13 il y a maintenant
01:00:15 plus d'un siècle, puisqu'il
01:00:17 demandait à ses salariés
01:00:19 de la sobrigité,
01:00:21 donc pas d'alcool,
01:00:23 d'avoir une vie de famille
01:00:25 stable, de faire des économies,
01:00:27 etc. Donc il était déjà très
01:00:29 intrusif à ce niveau-là. Donc ce n'est pas
01:00:31 une nouveauté. Malheureusement, c'est
01:00:33 une évolution.
01:00:35 Et de plus que le management,
01:00:37 s'appuie maintenant sur de plus en plus
01:00:39 des logiciels,
01:00:41 donc
01:00:43 dans le perphaire, c'est-à-dire
01:00:45 donc
01:00:47 du software
01:00:49 qui
01:00:51 décompte vos "performances"
01:00:53 entre guillemets.
01:00:55 Et puis, là, ça devient
01:00:57 de plus en plus intrusif
01:00:59 dans le domaine.
01:01:01 - Oui, ça viole un des courriels à la D. Oui, absolument.
01:01:03 - Voilà, tout à fait.
01:01:05 Et puis, donc,
01:01:07 du point de vue du management tout court,
01:01:09 ça s'était
01:01:11 apparu il y a à peu près
01:01:13 une quinzaine d'années.
01:01:15 Donc
01:01:17 des points annuels
01:01:19 maintenant, qui peuvent être
01:01:21 beaucoup plus rapprochés maintenant
01:01:23 des points trimestriels,
01:01:25 voire même mensuels,
01:01:27 pour voir,
01:01:29 pour discuter des "performances"
01:01:31 entre guillemets.
01:01:33 Et puis, ce qui m'avait
01:01:35 surpris à l'époque,
01:01:37 c'était il y a à peu près une quinzaine d'années,
01:01:39 c'était, bon, alors
01:01:41 qu'est-ce que tu penses que...
01:01:43 qu'est-ce qui ne va pas, selon toi ?
01:01:45 Qu'est-ce qui...
01:01:47 Qu'est-ce que tu pourrais améliorer, etc.
01:01:49 - Je comprends.
01:01:51 - Juste,
01:01:53 Guillaume,
01:01:55 vous voudriez réagir là-dessus.
01:01:57 - Oui, vous avez tout à fait raison.
01:01:59 Alors j'en parle un peu dans mon livre,
01:02:01 c'est des formes
01:02:03 d'auto-évaluation,
01:02:05 qui sont demandées aux salariés, alors même parfois,
01:02:07 j'ai entendu des salariés
01:02:09 tous les vendredis qui devaient envoyer un tableau
01:02:11 avec leurs réussites, mais aussi leurs échecs, leurs difficultés.
01:02:13 - C'est-à-dire que les salariés eux-mêmes
01:02:15 doivent envoyer un tableau.
01:02:17 - Exactement, sauf qu'ils savent très bien
01:02:19 qu'en cas d'éviction,
01:02:21 ou lorsqu'ils sont un peu sur la sellette,
01:02:23 c'est tout ce qu'ils ont eux-mêmes écrit
01:02:25 qui servira à leur licenciement.
01:02:27 - Mais attendez, attendez, il y a quand même quelque chose,
01:02:29 je reviens à la servitude volontaire, moi qui mente,
01:02:31 ça veut dire que le salarié, est-ce qu'il peut,
01:02:33 si par exemple, un salarié de l'entreprise
01:02:35 dit "écoutez, moi,
01:02:37 jugez-moi si vous voulez, moi je ne vois pas
01:02:39 pourquoi je ferais une évaluation, moi,
01:02:41 de mes capacités, c'est à vous de dire, moi,
01:02:43 je travaille du mieux que je peux,
01:02:45 et ce n'est pas à moi
01:02:47 de faire cette évaluation." Est-ce qu'il peut la refuser ?
01:02:49 Ou alors il risque...
01:02:51 - Bah non, il risque d'être évincé si tout le monde l'accepte,
01:02:53 alors ça c'est surtout dans les PME, dans les jeunes pousses
01:02:55 où vous avez une présence
01:02:57 syndicale très faible.
01:02:59 - Ah oui, d'accord, c'est ça.
01:03:01 - Donc ça se fait très de façon informelle, tous les ventredis, tout le monde envoie un mail
01:03:03 avec ses réussites et ses échecs
01:03:05 et ses difficultés. Donc effectivement,
01:03:07 les auto-évaluations, c'est un vrai phénomène.
01:03:09 - Oui, c'est intéressant. Et on en discute
01:03:11 après avec le DRH,
01:03:13 ou l'INDECA...
01:03:15 - Non, mais au moment où vous êtes convoqué pour une rupture conventionnelle
01:03:17 ou un licenciement,
01:03:19 la première question posée, c'est
01:03:21 "Et toi, comment tu te sens ?
01:03:23 C'est quoi tes difficultés ?"
01:03:25 - Alors moi, je voudrais peut-être...
01:03:27 Je veux dire, Violenne, on va...
01:03:29 On a encore beaucoup de litteurs et on s'excuse
01:03:31 à chaque fois, on aimerait avoir plus de temps
01:03:33 vraiment pour vous donner la parole, et vous le savez que
01:03:35 c'est très important pour moi,
01:03:37 pour nous ici, mais au fond,
01:03:39 qu'est-ce qu'on pourrait faire aujourd'hui ?
01:03:41 Je veux dire, on arrive en fin d'émission,
01:03:43 mais est-ce qu'il y a...
01:03:45 S'il y a des choses à changer, il y a toujours des choses à changer,
01:03:47 mais que vous, au bout de 5 ans
01:03:49 d'enquête, comme vous le répétez,
01:03:51 qu'est-ce qu'il y a, qu'est-ce qui serait le plus
01:03:53 urgent à changer aujourd'hui ?
01:03:55 - Oui, en fait, il y a plusieurs étapes.
01:03:57 D'abord, au niveau des PDG. Donc, Jean-Dominique
01:03:59 Sénard, PDG de Renaud, lui disait
01:04:01 il y a un vrai phénomène,
01:04:03 il faut que les PDG français et
01:04:05 allemands se réunissent pour définir
01:04:07 les valeurs du capitalisme social.
01:04:09 Ensuite, au niveau des DRH.
01:04:11 Ce qu'il faut, c'est avoir
01:04:13 des DRH qui sont au même niveau que les
01:04:15 financiers. Donc, le DAF, le directeur
01:04:17 financier. - Au même niveau, c'est-à-dire ?
01:04:19 - C'est-à-dire qu'ils soient pris de décision.
01:04:21 - Au même niveau de salaire ? - Qu'ils ne soient pas un exécutant.
01:04:23 Un DRH exécutant, c'est un DRH
01:04:25 qui va évancer les gens
01:04:27 sur la demande de la direction
01:04:29 financière. Le DRH doit avoir
01:04:31 autant d'importance que celui
01:04:33 qui est dirigeant financier.
01:04:35 - Oui, il y a autant d'influence et autant d'importance.
01:04:37 - Oui, il y a autant d'importance parce que lui, il va parler des ressources
01:04:39 humaines sur le long terme et il va faire front.
01:04:41 Il va plutôt stopper
01:04:43 les demandes d'éviction.
01:04:45 Ça, c'est au niveau des DRH.
01:04:47 Au niveau des managers, je pense qu'il ne faut plus
01:04:49 indexer la performance des managers
01:04:51 sur la performance de leur équipe.
01:04:53 Parce que c'est ce qui facilite les harcèlements.
01:04:55 - D'accord. - Et enfin, au niveau des salariés,
01:04:57 c'est la question d'instaurer
01:04:59 le plus possible un management par la stabilité.
01:05:01 C'est-à-dire des CDI.
01:05:03 Et donc, le fameux apprentissage
01:05:05 qui était plébiscité par
01:05:07 Henri Lachman, l'ancien PDG
01:05:09 de Schneider Electric.
01:05:11 - L'apprentissage.
01:05:13 - Un vecteur de stabilité.
01:05:15 - J'ai un message à envoyer à Emmanuel Macron.
01:05:17 Il faut tout de suite prendre
01:05:19 Violenne Descourrières comme ministre du Travail
01:05:21 et au moins, au moins,
01:05:23 conseillère spéciale du ministère du Travail.
01:05:25 Peut-être que des choses vont changer.
01:05:27 En mieux.
01:05:29 - Merci beaucoup, chers auditeurs,
01:05:31 de nous avoir écoutés avec Violenne Descourrières
01:05:33 et de son livre "Le Management totalitaire"
01:05:35 aux éditions Albain Michel.
01:05:37 Tout de suite, l'émission de Brigitte Lay.