"C'est des choses qu'on n'imagine pas quand on a 23 ans…"
Quand elle a appris que sa mère avait un cancer, Romane a mis sa vie entre parenthèses pour l'aider. Avec son expérience, elle veut sensibiliser sur le rôle d'aidant.
Quand elle a appris que sa mère avait un cancer, Romane a mis sa vie entre parenthèses pour l'aider. Avec son expérience, elle veut sensibiliser sur le rôle d'aidant.
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00:00 Il y a des moments où il a fallu l'aider à s'habiller, à se laver, à manger du coup,
00:04 puis même à passer de son lit à son fauteuil.
00:07 Parce que vraiment, quand elle était en chimio, même ça c'était compliqué.
00:10 C'est des choses qu'on n'imagine pas quand on a 23 ans, qu'on ferait pour son parent.
00:16 Mais évidemment que j'avais besoin de le faire, c'était normal que je l'aide.
00:19 Ma maman, il y a un peu plus d'un an, lui a détecté un cancer de stade 4.
00:24 Donc c'est un cancer du côlon et de stade 4, ça veut dire qu'il est métastasé.
00:28 Et donc il y a une autre tumeur dans le corps, donc elle, dans son cas, c'était dans le foie.
00:32 On pense direct au pire, parce qu'on sait que c'est un stade 4, on entend des mots qui font peur.
00:36 Et du coup, c'est vrai que sur le moment, je me suis dit "ma vie, là, elle s'arrête, c'est tout pour ma mère".
00:40 Et toutes les peurs, tout ce que je ressens par rapport à ça, du coup, je ne peux pas lui en parler
00:43 parce que je n'ai pas envie de lui rajouter cette charge.
00:45 Ça implique de ne pas pleurer devant elle, d'essayer de garder le moral, d'être positif tout le temps.
00:51 Et en fait, c'est être un support physique, mais aussi être un support moral.
00:54 Tout ce que je faisais pour moi qui était normal, parce que c'est ma maman, c'est la personne que j'aime le plus au monde,
00:59 eh bien, c'est être aidant, ça a un nom.
01:01 C'est reconnu juridiquement, surtout.
01:03 Et être aidant, en fait, ça prend plein de formes.
01:06 On peut être aidant d'une personne qui a tout type de pathologie.
01:08 Ça peut être un handicap physique ou mental, ou des maladies comme le cancer, par exemple,
01:14 où le pronostic vital est engagé.
01:16 En tant que maman, je l'ai mal vécu.
01:21 J'ai encore culpabilisé en me disant que c'était pas possible,
01:27 c'était moi qui devais les aider et pas eux qui devaient être là pour moi.
01:32 Un petit scrabble.
01:33 C'est vraiment notre nouvelle activité.
01:39 Bah, je suis mieux.
01:43 Ça fait du bien d'être sortie.
01:44 J'ai changé mes samedis soirs de boîte de nuit à scrabble.
01:49 J'ai continué mes cours en parallèle.
01:51 J'ai validé la fin de mon master,
01:54 mais j'étais toujours moins dans mes études que dans ce rôle d'aidante
01:59 parce que ça prenait tellement de part, ça occupait toutes mes pensées.
02:03 C'est sûr que j'étais moins performante que avant lorsque j'avais juste à être étudiante, finalement.
02:07 Gros bisous.
02:08 Merci.
02:13 Gros bisous.
02:16 Rentre bien.
02:17 Puis tu m'envoies un message dès que...
02:19 Oui, pas de souci.
02:21 Bonne semaine.
02:22 Merci.
02:23 Tu me manques déjà.
02:24 On va où là Romane, du coup ?
02:26 Prendre le train pour aller à Paris, dans mon appartement.
02:31 Ma maman habite à Valence, ma maison d'enfance est à Valence,
02:33 mais moi je fais mes études à Paris,
02:34 donc à chaque fois, ça nécessite des allers-retours en train,
02:37 toutes les deux semaines, voire tous les week-ends.
02:39 Je prenais les trains les plus tôt parce que c'était les moins chers,
02:41 soit à 6h du matin.
02:43 Il y a vraiment des fois où j'en ai marre de trimbaler ma valise,
02:45 d'aller à l'hôpital, après de dormir chez des potes à Lyon,
02:48 parce que j'ai plus d'appart à Lyon,
02:50 et ma mère est à l'hôpital à Lyon,
02:51 et puis de revenir chez moi à Valence, et puis de repartir à Paris.
02:54 C'est sûr que c'est épuisant.
02:56 Après, voilà, c'est moi qui décide de venir la voir.
02:59 Pour moi, de toute façon, c'est une nécessité.
03:01 On est arrivé chez toi ?
03:03 Oui, ça y est.
03:04 On a mis à peu près trois heures et demie.
03:09 Mais ça y est, là, c'est ma vraie vie ou mon autre vie qui recommence.
03:13 Ma vie d'étudiante à Paris.
03:15 Ce que j'aimerais, c'est sensibiliser plus sur le rôle d'Aidan
03:19 en faisant une vidéo, par exemple, comme celle-ci.
03:21 Moi, je sais que j'aurais adoré tomber sur une vidéo de quelqu'un comme moi
03:25 qui raconte son parcours.
03:27 Parce que ça donne de l'espoir de dire qu'on n'est pas seul
03:31 et qu'on peut s'en sortir, et qu'on va y arriver,
03:34 et qu'on aura des projets, qu'on aura notre vie aussi plus tard.
03:37 Alors, Romane n'est pas du tout un cas isolé.
03:38 Elle fait partie des 700 000 jeunes aidants en France.
03:42 Donc, un chiffre peut-être même sous-estimé,
03:45 parce qu'il s'agit vraiment d'une estimation et pas d'une prévalence.
03:48 Et comment on peut les aider aujourd'hui ?
03:50 Reconnaître le rôle d'Aidan, ça c'est important.
03:53 Mais c'est aussi pouvoir mettre en place des dispositifs d'accompagnement,
03:57 que ce soit en dehors de la vie d'élève, mais par des dispositifs de répit,
04:02 ou que ce soit au sein des établissements scolaires et de l'enseignement supérieur,
04:05 par un aménagement de l'emploi du temps, par exemple,
04:08 par une bourse d'étudiants, par exemple.
04:10 Romane parle de frais au niveau des transports, puisqu'elle fait les allers-retours.
04:14 Eh bien, ça me semblerait assez justifié que cette jeune femme puisse les faire
04:17 sans se soucier de leurs coûts.
04:19 [Générique de fin]
04:21 [SILENCE]