Messieurs, refusez ce César ! La Chronique de Christine Gonzalez
Cristina de la Telenovela a une idée grandiose à soumettre à tous les nommés dans la catégorie "meilleure réalisation".
Retrouvez toutes les chroniques de Christine Gonzalez dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-cristine-gonzalez
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Transcript
00:00 *musique*
00:18 Dans cet épisode, je réunis toutes les personnes, pardon, tous les hommes, nommés au César dans la catégorie "Meilleure Réalisation".
00:25 J'ai une idée grandiose à leur soumettre. J'espère qu'ils seront d'accord.
00:29 *musique*
00:31 Cédric Clapiche, Louis Garel, Cédric Jiménez, Dominique Molle, Albert Serra. Bonjour les amis.
00:36 - Bonjour. - Bonjour.
00:37 - Franchement, vous avez vu, c'est n'importe quoi. Pas une seule réalisatrice est nommée dans votre catégorie. C'est honteux. Est-ce que ça vous indigne aussi ?
00:44 - Oui, clairement. - Oui, c'est vrai.
00:46 - Oui, je savais que vous étiez féministe. *rires*
00:49 D'ailleurs, je vous entends régulièrement à la radio citer des noms de réalisatrices qui vous ont inspiré dans votre parcours.
00:54 - Et c'est vrai que moi, les réalisateurs que j'aime, que ce soit Audi Allen, Fellini...
00:58 - C'est des hommes. - Antonioni, Hitchcock, Godard...
01:01 C'est à chaque fois des gens qui éclairent, disons.
01:03 - Les oiseaux. - Hitchcock.
01:06 - Il était une fois dans l'Ouest. - Je l'aime.
01:09 - Et puis, Les fraises sauvages de Berkman. - C'est un homme.
01:12 - J'aime les dialogues de Michel Audin, j'aime les dialogues de Prévert, j'aime les dialogues des films français de Renoir, de plein de gens, de Bertrand Blier.
01:19 Je suis très fan des films de Bertrand Blier.
01:21 - Il y a évidemment Fassbinder, Tochabrow... - Bon, ça suffit, ça suffit.
01:25 - Vous êtes vraiment taquin. Je sais qu'au fond, ça vous embête de participer à un système qui invisibilise les femmes.
01:31 Vous n'êtes ni content ni fier, mais alors pas du tout, n'est-ce pas ?
01:34 - Non, non, non, non, non, pas du tout.
01:37 - Par exemple, Dominique Molle, vous avez dit dans une interview, bien avant d'apprendre votre nomination, je vous cite,
01:41 "Si les hommes parvenaient à faire plus de place aux femmes, ça serait déjà un petit pas encourageant."
01:46 Alors j'ai pensé que vous seriez naturellement d'accord de refuser un César si vous le gagnez.
01:50 - Euh... - Et vous, Louis Garel, vous avez dit dans la matinale de France Inter, Louis Garel, il y a quelques mois,
01:56 que vous étiez lassé par le fait que dans les films, la charge héroïque soit toujours assumée par les hommes.
02:01 - Être une femme, c'est être une amazone, quoi. C'est-à-dire que c'est être à l'égal des hommes, ça c'est sûr.
02:08 Et en tout cas de... Et en même temps que... Qu'est-ce que je disais ?
02:12 - Vous vouliez certainement dire... Vous disiez que vous étiez un homme formidable et déconstruit.
02:16 - C'est ça que je voulais dire, pardon.
02:18 - Voilà. Et donc, en guise de protestation, si vous gagnez le César, vous le refuserez.
02:23 - Hmm... - N'est-ce pas, Louis ?
02:25 - Mais attendez deux secondes ! - Non mais vous cherchez à gagner du temps, je le vois bien.
02:28 - Rue Zéruel, chambre des villes, portes et portes, des mouches mortes, des bouteilles vides...
02:34 - Bon, vous, Albert Serra, vous êtes partant pour mener une révolution, n'est-ce pas ?
02:38 - La fabrication de pelicules plus normales de cinéma,
02:41 jusqu'à cette dégradation ultime que sont les séries de télévision.
02:44 - Mais pourquoi vous me parlez en catalan ? Vous parlez très bien français.
02:47 - Encore, mais d'une manière plus satanique.
02:49 - Bon, je vais me boire un petit verre de rosé pour m'aider à y voir plus clair.
02:53 Je dois changer radicalement de stratégie.
02:55 Oh, j'ai une idée !
02:57 Les amis...
03:01 Les amis, je crois que vous n'avez pas compris.
03:04 Si vous vous mettez d'accord pour que le gagnant refuse le César,
03:07 vous allez marquer l'histoire.
03:09 Tout le monde va dire que vous êtes incroyables,
03:12 que vous avez compris, contrairement à l'académie, que le monde a changé.
03:15 N'est-ce pas, Cédric Lapiche ?
03:17 - Oui, le monde a changé.
03:18 - Dans 20, 30, 50 ans, vous serez dans les livres d'histoire du cinéma.
03:23 On écrira "Voici le premier homme blanc qui a renoncé à un privilège".
03:28 Ça fait rêver, non ?
03:29 - Oui, clairement.
03:30 - Si, si, c'est tout à fait.
03:31 - Voilà. Et surtout, messieurs,
03:33 après ce geste fort à la cérémonie des Césars,
03:36 croyez-moi sur parole,
03:38 vous allez pouvoir ken, comme vous n'avez jamais ken de votre vie entière.
03:43 Est-ce qu'on veut ken ? Qu'est-ce qu'on en pense ?
03:45 - Si jamais je peux aider les gens à aller mieux,
03:48 je trouve que c'est une très belle fonction de rééducation.
03:50 - Voilà.
03:51 - Tout à fait.
03:52 - La simplification, je crois que ça vient d'Amazone.
03:54 - Bien sûr que si !
03:55 - Oh la vache !
03:56 - Ah, j'y crois, ce monde, là ?
03:57 - Oui, oui, clairement.
03:58 - Si, si, c'est tout à fait.
03:59 - Moi aussi, j'y crois, ce monde.
04:01 Si t'es un homme, si t'es un vrai,
04:03 renonce à ton César et tu te taperas, Cléopâtre.
04:11 Voilà, mes sœurs, je sais pas si ça va marcher, mais j'ai tout donné.
04:15 Et à bientôt dans...
04:16 La télénovela de la Gonzales.
04:20 - Christine Gosalès, merci.
04:23 Réalisée sans rosé, mais avec des vrais extraits,
04:26 des vraies voix de tous les protagonistes que vous avez piochés.
04:29 - Surtout sur France Inter.
04:30 - Ah, voilà, très bien.
04:31 - En matinale de France Inter.
04:32 - Bravo, bravo, merci Christine Gosalès.
04:34 - J'amène des solutions.
04:35 - Je vois bien, je vois bien.