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Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous emmène en visite guidée dans la maison natale de Colette (1873-1954), à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance. L’écrivaine a passé les 18 premières années de sa vie dans cette demeure bourgeoise située à Saint-Sauveur-en-Puisaye, en Bourgogne. Dans son œuvre, elle évoque ces murs dont elle fut arrachée à cause des difficultés financières de sa famille.
Retrouvez "Dans l'intimité de l'Histoire" sur : http://www.europe1.fr/emissions/dans-lintimite-de-lhistoire

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00:00 - Dans l'intimité de l'histoire. - Et aujourd'hui Clémentine, à l'occasion du 150e anniversaire de la naissance de Colette, vous nous emmenez
00:07 dans l'intimité de sa maison en Bourgogne. - Oui Stéphane, je m'appelle Claudine, j'habite Montigny.
00:14 Cette phrase est la première du roman "Claudine à l'école" et Montigny bien sûr c'est en fait Saint Sauveur en Puyset, cette petite commune de Lyon
00:22 où naît Sidonie Gabrielle Colette le 28 janvier 1873.
00:27 "C'est un village pas très joli que pourtant j'adore" écrit Colette.
00:31 Jusqu'en 2016 quand on venait à Saint Sauveur en Puyset on pouvait déjà visiter le musée Colette
00:37 installé dans le château. On y trouvait le fond Colette confié par ses héritiers,
00:42 sa collection de papillons, le contenu de son appartement au palais royal d'ailleurs avec la reconstitution de
00:50 de sa chambre et puis il y a aussi, elle collectionnait aussi les
00:54 sulfures, vous savez ces espèces de, imaginez les boules, vous voyez les boules à neige sauf que là c'est en verre et
01:00 on intègre à l'intérieur du verre des fleurs, des morceaux de bois, enfin un petit peu de tout, c'est extrêmement joli.
01:07 - Ça faisait des presse-papiers aussi.
01:09 - On s'en servait de presse-papiers et je pense qu'il y a là un effet générationnel parce que j'ai réalisé en lisant ça que ma
01:14 propre grand-mère qui était en 1900 donc n'était pas tout à fait contemporaine, avait
01:18 collectionné aussi des boules en sulfure. Ah bah j'ignorais que c'était la passion de Colette. Donc on pouvait déjà
01:24 aller sur les traces de Colette et voir des collections qui lui étaient liées à Saint Sauveur en Puizet, mais
01:31 depuis 2016 et bien on peut aussi visiter sa maison natale,
01:35 la grande maison grave et revêche selon sa propre expression,
01:40 du 8 rue de l'Hospice qui tout naturellement a été baptisée rue Colette
01:45 et c'est la maison où elle passa les 18 premières années de sa vie,
01:49 longue, plate avec ses volets gris, son entrée cochère et son perron double qui boite,
01:56 écrit André Bourrin, qui boite pourquoi ? Parce que la rue est complètement en pente.
02:00 Avec son toit d'ardoise, c'est une assez vaste demeure coiffée d'un grenier avec des communs et des caves, c'est quand même une grande maison,
02:07 elle fait 13 pièces.
02:08 C'est plutôt une maison de bourgeois cultivés, alors on y trouve ce qu'on va trouver dans toutes les maisons de l'époque
02:15 dans cette catégorie sociale si vous voulez, c'est-à-dire des fausses pierres de taille, du papier peint absolument partout,
02:22 des cheminées en marbre, mais des plaintes en faux marbre, des parquets de chênes et une bibliothèque richement pourvue.
02:29 Mais les deux pièces qui sont particulièrement touchantes, peut-être c'est à la fois la salle à manger,
02:35 parce que c'est dans la salle à manger que le père de Colette,
02:37 le capitaine Jules Colette, il y a beaucoup de photos de lui dans le livre,
02:42 quand on vient de revoir l'auteur qui a une tête de tellement brave homme, tellement gentil,
02:48 il a une tête, il a l'air bon cet homme.
02:50 Et c'était un ancien Zouave qui avait été amputé d'une jambe à la bataille de Mélénianeau,
02:55 et donc il avait obtenu un emploi de percepteur,
03:00 et qu'il a exercé quelque temps à Saint-Sauveur-en-Puisaye dans cette salle à manger.
03:04 Et puis il y a bien sûr la chambre de Colette, qui est une pièce exiguë, bas plafond,
03:09 en fait une sorte de sous-pente, mais c'était sa pièce préférée, celle où elle se réfugiait.
03:13 Et puis naturellement le jardin, Stéphane, que vous avez déjà évoqué tout à l'heure,
03:17 derrière la cour, cette cour qui conduit au jardin du haut,
03:21 celui des fouillis de fleurs, et au jardin du bas, celui du potager.
03:26 C'est dans ces jardins que Gabriel Colette a acquis auprès de sa mère,
03:30 si d'eau, sa connaissance des plantes et des bêtes,
03:33 l'attention aiguë à tout ce qui veut vivre,
03:36 l'amour de la liberté et cet art de percevoir le monde à travers tous les sens,
03:40 qui deviendront les marques d'un style unique dans toute l'histoire de la littérature.
03:44 Dans son œuvre, Colette évoque avec beaucoup de nostalgie le décor de son enfance,
03:49 et elle a tellement aimé ce lieu que quand elle y est revenue une fois fortune faite,
03:55 pour assister à une inauguration officielle, elle a refusé d'y mettre les pieds.
03:59 Elle avait tellement beaux souvenirs là, qu'elle préférait conserver intactes ses souvenirs d'enfance,
04:05 et ne plus y aller. C'est dire que c'était quand même assez puissant comme nostalgie des lieux.
04:12 Évidemment, il y avait des images douloureuses,
04:16 parce que la famille avait dû quitter la maison en 1891,
04:20 donc elle a vécu 18 ans là-bas,
04:22 et là, la famille a eu de grosses difficultés financières, était très endettée,
04:27 et ils ont dû quitter les lieux, vendre les terres que possédait encore Sido,
04:32 vendre les meubles, vendre une partie de la bibliothèque.
04:35 Les Colettes, ruinées, déclassées, s'installent alors en 1891 à Chatillon-Coligny dans le Loiret,
04:43 à 40 km de Saint-Sauveur, là où Achille, le fils aîné, était désormais médecin.
04:49 Et c'est là que... c'est le démarrage en fait de l'histoire,
04:54 la grande histoire de Colette, parce qu'elle se retrouve jeune femme,
04:58 très belle, très intelligente, mais sans aucune dotte,
05:03 et elle va se tirer d'affaires, elle va quitter sa région, venir à Paris grâce à Willy,
05:10 Willy qui à la fois, on le sait, va signer les premières Claudides,
05:13 donc à sa place, va usurper l'écriture de Colette en somme,
05:18 mais grâce auquel elle va démarrer comme écrivain,
05:21 et donc c'est en mai 1893, elle épouse Willy,
05:26 elle quitte sa famille pour aller habiter à Paris.
05:28 Devenue écrivaine, Colette va faire de sa maison et de son pays natal un thème récurrent de son heure.
05:34 Sur le site de la maison de Colette, on peut lire "Mieux qu'une simple maison d'écrivain,
05:39 la maison natale de Colette est le seuil de sa création littéraire et plus loin".
05:45 Il n'y a pas ou peu d'équivalent dans l'histoire de la littérature française
05:48 que cet écrivain qui a consacré autant de pages,
05:52 autant d'énergie créatrice à recomposer par l'imagination un lieu de vie,
05:57 la couleur et le motif d'un papier peint, le détail d'une gravure, la forme d'un objet,
06:02 pièce après pièce, jardin après jardin,
06:05 Colette aura pendant près d'un demi-siècle cherché à recréer par l'écriture
06:09 le paradis qu'on lui avait volé à l'âge de 18 ans.
06:12 Et bien un saint sauveur en puisait dans la maison de Colette,
06:15 Colette est là, rien n'a changé, elle est revenue chez elle à la maison.
06:21 - Merci beaucoup. - Vous vous sentez tout estourbi.
06:24 - Mais oui, c'est très beau. - Vous connaissez par cœur.
06:26 - Je suis allé dans cette maison et puis un saint sauveur était dedans.
06:30 - Et bien pas encore, et moi ça m'a fait honte parce qu'à chaque fois que je prends l'autoroute du sud,
06:33 je vois ces panneaux qui indiquent les lieux de patrimoine majeurs en France,
06:38 et à chaque fois je vois "saint sauveur en puisait", je me dis "il faut que j'y aille, il faut que j'y aille, il faut que j'y aille"
06:43 et je ne l'ai toujours pas fait, c'est nul, mais là je vais y aller grâce à vous.
06:46 - Et la référence que vous donniez sur les photos et sur le livre, c'est le livre évidemment d'Emmanuel Lambert,
06:51 publié chez Gallimard, Sidony et Gabriel Colette avec toutes les photos de sa famille.
06:57 - Mais dans une qualité en plus. - Ah oui, vraiment, vraiment, c'est un très très beau livre.