• il y a 2 ans
Et si nous vous disions des salariés dont des syndicalistes CGT de Sanofi ont été menacés de licenciement voire carrément licenciés après la grève de fin 2022 ? On en parle avec Patrick Rojo, qui fait partie de ces salariés concernés.

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Transcription
00:00 Bonjour tout le monde, je suis ravie de vous retrouver pour cet entretien express.
00:03 Et si je vous disais que des salariés, dont des syndicalistes CGT de Sanofi,
00:07 ont été menacés de licenciement, voire carrément licenciés après la grève de fin 2022,
00:12 on en parle avec Patrick Rogeau, qui fait partie de ces salariés concernés. C'est parti.
00:17 [Générique]
00:22 Bonjour Patrick Rogeau, vous êtes syndicaliste CGT à Sanofi, je l'ai dit. Bonjour.
00:28 Bonjour madame. La CGT annonce que plusieurs salariés syndicalistes CGT sont menacés de licenciement,
00:34 voire licenciés après les grèves de 2022. Je l'ai dit dans l'introduction.
00:37 Est-ce que vous pouvez d'abord nous raconter un petit peu ce qui s'est passé ?
00:42 Voilà, donc à partir de décembre 2022, nous en sommes quatre personnes à avoir reçu des courriers
00:51 en vue d'une sanction disciplinaire, d'un projet de sanction disciplinaire.
00:56 Donc un sur Ambarès, près de Bordeaux, un sur Montpellier et deux sur le site du Très en Normandie,
01:03 à 30 kilomètres de Rouen. Donc là-dedans, il y avait un sympathisant sur Montpellier
01:09 et sur les autres sites, c'était des militants CGT qui étaient en mandat.
01:15 Et donc on peut dire aujourd'hui que le sympathisant de Montpellier a été licencié.
01:23 Hier avait lieu le CSE concernant les deux militants du site du Très,
01:30 où ils étaient reçus par le CSE pour donner leur avis au projet de licenciement
01:38 prononcé par la direction. Et moi-même qui ai reçu un avertissement il y a quelques jours de cela.
01:47 J'ai certaines des lettres, c'est marqué le site de Montpellier par exemple.
01:51 Donc là, vous parliez de la personne qui a été licenciée à Montpellier.
01:54 Le site de Montpellier a connu d'importants blocages dans le cadre du mouvement de grève.
01:57 Ces blocages, assurés par plusieurs salariés et par roulement, se sont tenus au niveau du poste de garde du Saint-Castor.
02:03 Ils ont entravé des livraisons et expéditions du site.
02:05 Ces actions, ainsi que la participation de plusieurs salariés à celles-ci, ont été constatées par voie du hyssier.
02:12 Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu ces motifs officiels de licenciement et/ou de sanction ?
02:18 Le courrier que vous évoquez vient d'être reçu aujourd'hui par un salarié en plus des quatre qui étaient déjà en cours.
02:28 C'est une lettre de recadrage. C'est une menace, en définitive.
02:34 Cela ne va pas conduire à une sanction disciplinaire, mais c'est une lettre de recadrage.
02:41 C'est un objet du courrier.
02:43 Il y aurait plusieurs courriers envisagés d'envoyer de la sorte à plusieurs personnes.
02:49 On en a un en notre possession.
02:51 Le but étant de...
02:53 Ce courrier ne repose sur aucune base juridique.
02:55 Les autres, oui, mais celui-ci ne repose sur aucune base juridique.
03:00 L'objectif est vraiment de faire peur aux futures mobilisations des salariés.
03:06 C'est quoi les motifs officiels qui ont conduit au licenciement ou aux sanctions pour les trois autres personnes dont vous ?
03:13 Je terminerai par le dernier cas.
03:20 Montpellier, c'est un sympathisant, a été accusé de problèmes de notes de frais qui ne correspondraient pas aux règles de Sanofi.
03:30 C'est un remboursement de frais.
03:36 Mais c'est une personne qui a très fortement participé au mouvement.
03:40 Donc, on est allé chercher des fonds de tiroirs pour faire peur.
03:46 Sur le site de l'Eutré, les deux militants sont accusés d'avoir bloqué le site pendant un mois pour l'entrée des camions.
03:55 Or, il faut savoir que ce site a trois entrées et qu'il y a eu une activité, certes ralentie,
04:01 mais la direction a réussi à faire entrer des camions par les autres entrées, parce qu'il n'y en avait qu'une, où il y avait un piqué de grève.
04:09 Donc, ce qui est scandaleux, c'est qu'on s'attaque à deux militants CGT alors qu'il y a cinq organisations syndicales.
04:20 Alors, on peut toujours se poser la question pourquoi la CGT ?
04:24 On a envie probablement de casser l'outil syndical et moi-même qui ai été accusé d'un refus de participer à une réunion convoquée par mon chef
04:36 pour m'expliquer pourquoi j'avais loupé une visite médicale un jour de grève. Voilà.
04:41 Il faut savoir qu'en France, c'est évidemment illégal de licencier quelqu'un, soit pour grève, soit pour syndicalisme.
04:48 C'est pour ça, le laboratoire rétorque sur BFM que les procédures en cours le sont dans le strict respect du droit.
04:54 Il ne s'agit en tant qu'intent ou de droit de grève, mais de procédures engagées au regard d'abus constatés et avérés
05:00 dans le cadre d'un exercice anormal de ce droit par leurs auteurs.
05:03 Qu'est-ce que vous avez à leur répondre aujourd'hui ?
05:06 Oui, mais ils peuvent dire ce qu'ils veulent.
05:08 Quand la direction, par exemple, de la courrier que vous évoquez, écrit la direction respectueuse naturellement de l'exercice du droit de grève.
05:17 Oui, elle peut toujours le déclarer.
05:19 Les faits sont là. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a un salarié qui est déjà en préavis chez lui.
05:26 Son placard était vidé à Montpellier.
05:28 Sur le site du trait, il a été démontré hier par l'ensemble des élus des organisations syndicales
05:35 que les propos avancés par la direction, y compris les éléments qu'il y avait sur les extraits du PV du huissier, étaient erronés.
05:46 Donc nous avons une direction qui ne dit pas la vérité.
05:52 Et quand on ne dit pas la vérité, on ment.
05:54 À la fin de la lettre, vous venez de le dire, la direction exprime cette phrase
06:01 "Nous respectons le droit de grève fondamental tant qu'il ne va pas outre ce droit".
06:06 La phrase exacte, c'est "Toute forme d'action qui ne s'inscrit pas dans ce cadre de l'exercice licite du droit de grève, etc."
06:11 Est-ce que ça ne reprend pas un peu les mots de la majorité qu'on entend en ce moment par rapport aux grèves contre les réformes des retraites
06:16 qui sont oui aux droits de grève, non au blocage ?
06:20 Exactement, vous avez raison.
06:21 C'est-à-dire qu'on essaye de tordre le coup à l'efficacité du droit de grève inscrit dans la Constitution.
06:28 Donc autrefois, avant que le droit de grève soit reconnu, on appelait la troupe, l'armée, pour tirer sur les manifestants.
06:38 Aujourd'hui, on essaye de désamorcer l'efficacité du droit de grève.
06:43 Est-ce que ce genre de démarche peut faire peur ou un petit peu démotiver les gens qui pourraient aller en grève,
06:52 qui ne sont pas forcément syndiqués ou même qui sont syndiqués ?
06:54 Est-ce que ça peut empêcher de soit se syndiquer, soit de faire grève ? Par peur ?
07:01 Oui, bien sûr, si on laissait faire, si on ne réagissait pas, oui, bien sûr que ça ferait peur.
07:11 Mais aujourd'hui, la réalité va dépasser ces situations, c'est-à-dire que les conditions de vie des salariés,
07:23 que ce soit par l'inflation, que ce soit par les conditions de travail, que ce soit…
07:28 La nécessité de se battre va dépasser les intimidations qui sont dans notre siècle de la part de la direction qu'elle essaye d'implanter.
07:36 Elle ne pourra pas tuer tout le monde. Donc, du coup, le nombre fera les choses.
07:41 Mais bien sûr que ça peut atteindre, mais ça sera marginal.
07:44 D'accord. Vous, vous l'avez remarqué, ça, pour l'instant ?
07:46 C'est quoi les discussions par rapport à ces licenciements ou à ces lettres-là ?
07:52 C'est l'incompréhension des salariés, c'est-à-dire que d'un côté, on a une direction qui communique tous les jours,
07:59 par mail, par beaucoup de communications, pour essayer d'avoir une vitrine sociale.
08:06 Et d'un autre, elle utilise ces méthodes archaïques, ne respecte pas le droit social, ne veut même plus discuter socialement,
08:19 parce qu'elle ne fait qu'à sa tête. Et donc, il aura fallu, par exemple, un mois de grève pour arriver à ce qu'on se mette enfin autour de la table
08:26 et qu'on lui arrache des miettes, parce qu'on lui a arraché quand même quelques miettes.
08:30 Et c'est par rapport à ça, par rapport à ce conflit historique de novembre et décembre, qui a duré un mois,
08:35 qui est historique dans l'industrie pharmaceutique, historique dans son intensité, parce que 15 sites qui auront mobilisé
08:46 entre 2 500 et 4 000 personnes en fonction des journées, donc c'est pour ça qu'elle essaye de faire peur.
08:52 Sa profitabilité est entamée un petit peu, donc c'est pour ça qu'elle veut faire peur.
09:00 Mais bon, y arrivera-t-elle ? Elle fera du mal probablement, mais on est en train de se battre pour faire réparer et remettre nos camarades dans leur droit.
09:14 Du coup, vous parliez de la grève qu'il y avait eu en novembre-décembre. Est-ce que vous pouvez un petit peu nous la résumer pour ceux qui n'avaient pas suivi ?
09:20 Oui, écoutez, c'est une grève qui s'est inscrite dans le cadre de l'ouverture des négociations annuelles obligatoires, ce qu'on appelle les NAO.
09:30 Au niveau de la CGT, on a fait un travail préparatoire d'information au travers d'un tour de France sous forme d'information du personnel.
09:41 On a réussi à construire un outil éreuvendicatif autour de revendications qui correspondaient à la majorité des salariés,
09:55 parce qu'ils se sont retrouvés dans le mouvement, dans la demande, qui était 10 % d'augmentation de salaire mensuel avec un talon à 500 euros mensuel.
10:07 Et d'autre part, l'embauche immédiate de 2/3 des 4000 précaires permanents sur nos sites.
10:20 Il faut savoir que la direction détourne la loi concernant les intérimaires, parce que 2/3 des recours intérimaires devraient être du recours des CDD.
10:32 Et si je ne me trompe pas, vous avez obtenu une augmentation de 4,5 % du salaire de base avec une prime de 2000 euros, c'est ça ?
10:39 La prime de 2000 euros, effectivement, et c'est 3 % pour les cadres et 4 % pour les non-cadres.
10:46 D'accord. C'est quoi la suite qui est prévue si vous luttez contre ces licenciements et ces lettres, et même dans le cadre de la réforme des retraites ?
10:54 Qu'est-ce qui est prévu là ?
10:57 Écoutez, on s'inscrit pleinement dans le... Chaque syndicat, chaque site, il y a des syndicats qui s'inscrivent directement dans le combat des retraites.
11:10 De notre côté, on lit les retraites aux revendications sur les salaires, et la défense de nos camarades font partie de cette bataille également.
11:20 D'accord. Et oui, donc du coup, sur le sujet des lettres et des licenciements, il y a des choses de prévues ciblées sur ça ?
11:25 Oui, mais à ce jour, vous me permettrez de garder la confidentialité pour ne pas trop informer la direction.
11:33 Pas de problème. On suivra ça de toute façon au Média, on vous recevra avec plaisir. Merci beaucoup Patrick Rogeau. Je le rappelle, vous êtes syndicaliste, c'est à nos filles. Merci beaucoup d'être venu.
11:42 Merci, au revoir.
11:44 C'est la fin de cet entretien. Nous avons coutume de dire, vous avez l'habitude de l'entendre, ils ont des milliards, mais nous sommes des millions.
11:50 Qui dit information indépendante dit besoin de vous. Le Média, votre Média, dépend de votre soutien, vos abonnements et vos dons.
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12:18 [Générique de fin]

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