• il y a 3 ans
Marguerite, une jeune correctrice, a saisi avec l'aide de son syndicat, le conseil de prud'hommes de Paris afin d'obtenir la requalification de sa relation de travail avec les éditions Robert Laffont. L'Humanité s'est rendu au tribunal afin de recueillir son témoignage avant l'audience.
 
Vous en avez vaguement entendu parler et certains ignorent peut-être même leur existence. Depuis plusieurs années, les correcteurs employés par les maisons d'édition voient leur métier s'enfoncer inexorablement dans la précarité. Et pourtant, les correcteurs et correctrices sont indispensables car leur travail est crucial au sein des maisons d'édition. Un beau métier tourné vers la langue française, la vérification des informations à l'heure des "fake news" mais aussi le contrôle de la mise en forme typographique en coordination avec toute une chaine de fabrication.
 
Victime d'une précarisation étouffante, Marguerite, correctrice durant 4 ans au sein des éditions Robert Laffont, a pris l'initiative de saisir le conseil de prud'hommes de Paris. Son objectif : obtenir une requalification de sa relation de travail avec l'éditeur afin de retrouver des droits (chômage, retraite, rappels de salaire) et toucher des indemnités de licenciement.
 
En effet, son employeur de l'époque, les éditions Robert Laffont (groupe Editis) lui signifient, lors de son entretien, que le statut d'auto-entrepreneur est vivement recommandé pour espérer collaborer avec la célèbre maison d'édition. Déçue, désarmée et débutante dans le métier, Marguerite se résout à accepter ces conditions de travail particulièrement précaires.
 
"D'une manière générale, le correcteur est très mal payé et il se retrouve à financer lui-même ses cotisations. Il n'a aucune protection pour le chômage et peut se retrouver sans rien du jour au lendemain puisqu'il n'a pas de contrat de travail" souligne Marguerite.
 
La situation est dramatique pour de nombreux correcteurs alors que les employeurs éditeurs ont l'obligation de les salarier comme l'exige la convention collective nationale de l'édition, dont une annexe spécifique - l'annexe IV - régit le statut des correcteurs à domicile.

Colette, correctrice au sein d'une grande maison d'édition parisienne, et venue soutenir Marguerite, nous précise au micro : "Nous luttons contre la désagrégation d'un métier par des politiques managériales dévitalisantes et précarisantes".

Selon Guillaume Goutte, secrétaire de la section des correcteurs CGT : 'Il n'y a pas de fatalité à avoir ce statut et un jugement ne fait pas une jurisprudence mais il peut commencer à l'écrire et ça pourrait être précieux pour toutes personnes qui suivraient derrière..."
 
Durant près d'une heure, avec l'aide de son syndicat, la section des correcteurs du syndicat général du Livre et de la communication écrite CGT, Marguerite a défendu ses droits le temps d'une plaidoirie. Un délibéré est attendu le 15 décembre prochain.

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