Images © Abdelmajid Arrif
Festival international du film court et du documentaire de Casablanca
09/04/2013, Place des Nations Unies, Casablanca, Maroc
J’aurai pu intituler cette vidéo « Pouvoir sur scène » en hommage à l’anthropologue Georges Balandier.
Le balai dessine méticuleusement en cette place publique la réserve d’un territoire aux frontières invisibles ; un ordre symbolique et une topographie des statuts qui se donnent en spectacle.
La mise en scène est prétentieuse et se double d’intensité face à la modestie de l’événement. Mais dessiner et projeter au sol un ordre, des hiérarchies, des octrois, des « passages à niveaux » et des limites semblent ici un acte, des actes, fondamentaux donnés à voir à un public derrière des barrières. L’essentiel ici est non le public mais le spectacle des publics et de leur mise en rapport entre distance et proximité.
Quelque chose de désuet se dégage de cette mise en ordre territoriale révélée par ces enfants qui fragilisent ses frontières entretenues de propreté factice. Fallait-il nettoyer ce tapis rouge devant les yeux de la ville et de ses habitants ? De quel ordre symbolique, ici et maintenant, ce balayeur est l’agent ? De quelles saletés fallait-il purifier ces tapis au centre de la cité ?
C’est de « théâtrocratie » (théâtralisation du pouvoir) qu’il s’agit ici au cœur même du champ de la fiction, du cinéma et de la mise en image du réel.
Ceux qui siègent s’assiègent !
Abdelmajid Arrif
(Georges Balandier, Pouvoir sur scène, Paris, Ed. PUF, 1980)
Festival international du film court et du documentaire de Casablanca
09/04/2013, Place des Nations Unies, Casablanca, Maroc
J’aurai pu intituler cette vidéo « Pouvoir sur scène » en hommage à l’anthropologue Georges Balandier.
Le balai dessine méticuleusement en cette place publique la réserve d’un territoire aux frontières invisibles ; un ordre symbolique et une topographie des statuts qui se donnent en spectacle.
La mise en scène est prétentieuse et se double d’intensité face à la modestie de l’événement. Mais dessiner et projeter au sol un ordre, des hiérarchies, des octrois, des « passages à niveaux » et des limites semblent ici un acte, des actes, fondamentaux donnés à voir à un public derrière des barrières. L’essentiel ici est non le public mais le spectacle des publics et de leur mise en rapport entre distance et proximité.
Quelque chose de désuet se dégage de cette mise en ordre territoriale révélée par ces enfants qui fragilisent ses frontières entretenues de propreté factice. Fallait-il nettoyer ce tapis rouge devant les yeux de la ville et de ses habitants ? De quel ordre symbolique, ici et maintenant, ce balayeur est l’agent ? De quelles saletés fallait-il purifier ces tapis au centre de la cité ?
C’est de « théâtrocratie » (théâtralisation du pouvoir) qu’il s’agit ici au cœur même du champ de la fiction, du cinéma et de la mise en image du réel.
Ceux qui siègent s’assiègent !
Abdelmajid Arrif
(Georges Balandier, Pouvoir sur scène, Paris, Ed. PUF, 1980)
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