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Peut-on faire carrière dans l'industrie du disque et remonter le terrain à presque tous les postes quand on est une femme ? Successivement attachée de presse, responsable marketing puis directrice éditoriale chez Deezer, Rachel Cartier répond par un grand oui, et ce même si la parité manque encore trop souvent dans le secteur.

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Musique
Transcription
00:00 Je pense à Angèle qui fait Coachella, je pense à l'impératrice.
00:03 Tous ces groupes qui, au final, s'exportent et qui sont, surprise, portés par des femmes.
00:09 Je suis Rachel Cartier, je suis directrice éditoriale pour Deezer en France
00:16 et présidente de l'association Mayweb.
00:18 Être responsable éditoriale, en réalité, c'est être en charge de la curation,
00:23 d'écouter un petit peu tout ce qui va arriver, toutes les sorties, les albums, les singles,
00:27 les projets déjà très installés, mais aussi tout ce qui est de l'ordre de la découverte.
00:31 Je crois que c'est précisément en arrivant chez Deezer
00:33 où, là, pour le coup, j'ai eu une vision aussi assez globale du marché,
00:38 de ce qu'écoutaient les Français.
00:40 Et je me suis effectivement dit, c'est fou, il y a quand même beaucoup plus d'hommes
00:45 que de femmes, notamment dans les tops.
00:47 Et assez naturellement, avec l'équipe, on a vraiment réfléchi à comment essayer
00:52 de ne pas forcément viser la parité immédiatement,
00:55 mais en tout cas de représenter davantage, je pense, des artistes féminines,
00:58 petit à petit, prenant des responsabilités,
01:02 prenant aussi une meilleure connaissance de l'industrie.
01:06 L'idée a été vraiment de faire en sorte de créer des carrefours,
01:09 des playlists uniquement de femmes,
01:12 de voir aussi comment est-ce qu'on pouvait s'engager
01:15 auprès d'artistes féminines dans les sorties de leurs projets,
01:17 comment est-ce que ça pouvait aussi exister dans nos créations originales.
01:23 On a un très bel exemple avec notre toute première création originale en 2018
01:27 qui s'appelait "Souvenirs d'été".
01:28 Là, pour le coup, je m'étais dit, je veux la parité.
01:30 Ça me semblait important.
01:31 C'était la première fois aussi où on mesurait le nombre d'artistes féminines,
01:34 d'artistes masculins, d'artistes mixtes, de groupes mixtes,
01:37 ce qu'on avait Thérapie Taxi, par exemple.
01:39 Et donc, ça a été un projet où on a pris Angèle, Clara Luciani, Juliette Armanet,
01:44 dont on connaît le succès depuis, mais à l'époque, c'était vraiment les prémices.
01:49 Et voilà, évidemment, ça ne veut pas dire que c'est ça qui a induit leur succès derrière,
01:54 mais en tout cas, ça nous semblait important de mettre en lumière ces talents
01:57 à cet instant précis.
01:59 On est encore loin de la parité,
02:00 mais on peut constater que déjà au niveau des signatures,
02:04 il y a un vrai effort de fait au niveau des labels,
02:07 ce qui est une excellente nouvelle puisque c'est quand même le point de départ.
02:09 On a plein d'exemples de réussite de projets aussi féminins,
02:13 plein de projets aussi qui partent à l'international.
02:17 Je pense à Ayana Kamura, qui est aujourd'hui connue partout,
02:22 notamment avec le titre "Jaja".
02:24 Je pense à Angèle qui fait Coachella, je pense à l'impératrice.
02:32 Tous ces groupes qui, au final, s'exportent et qui sont, surprise, portés par des femmes.
02:38 Donc effectivement, c'est peut-être pas ceux qui sont les plus faciles à développer.
02:40 En tout cas, ça prend du temps.
02:42 Mais une fois qu'ils sont développés, ils ont tendance à davantage s'exporter.
02:45 Donc je reste intimement convaincue que ça peut être un énorme levier de soft power pour nous.
02:51 J'ai rejoint une initiative il y a un petit peu plus de deux ans qui s'appelle MeoM,
02:55 qui est un programme de mentorat de jeunes femmes et donc aujourd'hui de minorités de genre aussi.
03:01 Donc les deux premières années, j'étais en qualité de mentor.
03:04 J'accompagnais une mentorée pendant un peu plus de six mois
03:09 dans le développement de son projet entrepreneurial dans la musique.
03:13 Et ensuite, j'ai repris la présidence du programme.
03:16 Le programme, c'est à la fois cette relation binomale, donc mentor-mentorée.
03:19 Et à côté de ça, c'est aussi un réseau.
03:21 On fait appel à certaines d'entre elles sur de l'événementiel,
03:24 sur de la communication, sur du marketing,
03:28 précisément parce que c'est leur cœur de métier
03:32 et puis parce qu'aussi, on sent qu'elles ont envie de participer.
03:34 C'est comment est-ce qu'on met en avant tous ces parcours-là
03:37 pour justement aussi créer des rôles modèles ?
03:40 Je crois beaucoup à l'importance du fait d'avoir cet effet miroir,
03:43 de se dire "si elle a réussi, je peux réussir".
03:45 En réalité, aujourd'hui, je pense que c'est encore un combat,
03:48 mais tout combat n'est pas nécessairement violent.
03:50 J'essaye toujours de voir les choses en plein et pas en creux.
03:54 C'est comment est-ce qu'on peut pallier
03:57 aux difficultés que rencontrent certaines femmes et minorités de genre
04:03 pour arriver à une certaine égalité ?
04:05 Je crois beaucoup au principe d'équité.
04:08 Comment est-ce qu'on donne les outils à ceux qui ne les ont pas forcément
04:12 pour pouvoir prétendre au même succès que les autres ?
04:14 Peut-être qu'un jour, il n'y aura plus besoin d'un programme comme "Mais ouais,
04:17 ce sera formidable", mais je crois qu'il y a encore un petit peu de marge.
04:20 Par moments, c'est fatigant et c'est usant
04:23 de faire face à certaines remarques, certaines réactions,
04:26 mais la réalité, c'est que je crois que c'est toujours comme ça
04:28 quand on est précurseur, on se prend pas mal de bâtons dans les roues,
04:31 mais il ne faut pas lâcher.
04:33 (musique)
04:36 ---
04:44 [SILENCE]

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