VERLAINE, Paul - Promenade sentimentale.

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Un poème bien classique qui joue sur les effets miroirs,
les répétitions de mots, les inversions, les symétries.

Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
Les grands nénuphars entre les roseaux
Tristement luisaient sur les calmes eaux.
Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie
Au long de l'étang, parmi la saulaie
Où la brume vague évoquait un grand
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes
Parmi la saulaie où j'errais tout seul
Promenant ma plaie ; et l'épais linceul
Des ténèbres vint noyer les suprêmes
Rayons du couchant dans ses ondes blêmes
Et les nénuphars, parmi les roseaux,
Les grands nénuphars sur les calmes eaux.

Avec ‘Corolle du nénuphar’ de Rainer Maria Rilke,
Verlaine nous donne sans doute
les plus beaux vers français sur le nénuphar.

Illustration : Yellow Water Lily
Photographie : Theresa Dockery
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