• il y a 14 ans
Nicolas Rincon Gille, retourne en Colombie interroger le fleuve Magdalena.
"Sur une des grandes pierres qui brisent le courant du Magdalena, le fleuve le plus important de la Colombie, il y a un petit homme accroupi, le Mohan. Sa barbe est longue, ses cheveux recouvrent son corps, ses ongles dépassent au bout de ses pieds. Il fume son cigare patiemment. Il attend les femmes qui lavent le linge au bord de la rivière pour les inviter au fond du fleuve, dans son palace. Les femmes connaissent déjà le sort de celles qui se laissent séduire. Celles qui ont de la chance rentrent enceintes au village. Les autres disparaissent et de temps en temps, le fleuve crache leurs corps.

Les hommes le craignent aussi, surtout les pêcheurs. Le Mohan s’amuse en contrariant leur travail : des nœuds dans les filets, des poissons qui se transforment en canettes vides dès qu’ils sortent de l’eau, des cris qui font fuir…

Pour gagner ses faveurs, les pêcheurs laissent sur une des pierres des feuilles de tabac, du sel et un instrument de musique. Pour se protéger, ils mettent un morceau de cuivre dans leurs filets car l’homme qui avait réussi à le dominer avait mit un masque fait de ce même matériau.

Depuis un certain temps pourtant le Mohan sort de moins en moins. Les jeunes pêcheurs n’en parlent plus. Sur les bords du fleuve, parmi les gamins qui jouent, il n’y a pas un seul de ses enfants. Un homme âgé dit que le Mohan a décidé de rester enfermé dans son palais parce que de nos jours les gens ont plus peur des vivants que de lui. L’arrivée de « los muchachos » (paramilitaires) a fait fuir jusqu’au diable.

Pourtant le Magdalena n’a pas arrêté de ramener des corps dans ses entrailles…"

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