Les boulangers réclament une modification de la loi alors que les règles actuelles leur interdit pour la plupart de faire travailler des salariés le 1er mai. Des discussions ont débuté avec le ministère du Travail. Jean-François Bandet, patron des boulangeries artisanales Bo&Mie, raconte sur le plateau de BFMTV, sa condamnation pour avoir travaillé le 1er mai
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00:00à une bataille commerciale autour du 1er mai, la liberté de pouvoir travailler le 1er mai ou non.
00:07Ce sont les boulangers qui, via leur confédération, ont demandé à être reçus par le ministre du Travail.
00:14Il est fleuriste aussi, mais pourquoi ?
00:16Tout ceci est parti d'une affaire, celle d'un boulanger qui s'appelle Jean-François Bandé,
00:21patron des boulangeries artisanales Beau et Mi,
00:24et qui s'est retrouvé au tribunal pour avoir ouvert le 1er mai avec ses salariés.
00:30Et pour certains d'entre vous, vous l'avez peut-être appris, ce qui est interdit par la loi.
00:35Jean-François Bandé, le boulanger en question, est avec nous. Bonsoir.
00:39Bonsoir.
00:39Racontez-nous votre histoire. Donc vous recevez un jour une convocation.
00:46Alors d'abord, on reçoit une visite le jour J, donc le 1er mai 2021,
00:50d'un inspecteur du travail qui se rend dans notre boulangerie,
00:53qui achète son pain, pour la petite histoire,
00:55et qui ensuite nous dit qu'on n'a pas le droit d'ouvrir ce jour-là,
00:58et donc demande le nom de tous les employés, tous les contrats de travail,
01:02toutes les fiches de paye, pour constater que les gens travaillent bien ce 1er mai 2021.
01:07Vous êtes boulanger, donc c'est à Paris, dans le centre de Paris.
01:10Donc là, on est en 2021.
01:12Oui.
01:12Et ensuite, quelques années après ?
01:15En fait, dans l'année qui a suivi, on a eu plusieurs échanges.
01:19Premier échange, on nous disait qu'on était passible d'une amende de 80 000 euros,
01:22mais qu'on était, si on payait tout de suite, sans contester,
01:26on n'avait payé que 10 000 euros, donc on ne sait pas trop pourquoi 10 000 euros,
01:29mais nous, ça nous paraissait quand même démesuré par rapport à la situation.
01:33Donc on a contesté, on a eu quelques échanges,
01:35et puis en 2022, on n'a plus de nouvelles.
01:37Et donc là, maintenant, ça fait plus de trois ans sans nouvelles.
01:40Donc pour nous, c'était une affaire qui nous semblait classée.
01:42Et là, on a reçu une convocation au commissariat pour ce matin,
01:45et donc l'affaire semble...
01:46Donc c'est quatre ans après qu'on vous convoque au commissariat pour cette affaire ?
01:49Qu'est-ce qu'on vous a dit au commissariat alors ?
01:51Je suis tombé sur un policier très sympathique,
01:53qui nous a dit clairement qu'il avait d'autres choses à faire,
01:56et qu'il travaille en général sur des sujets un peu plus graves.
01:58Donc il nous a demandé si on a bien travaillé ce jour-là.
02:00Je lui ai dit oui, j'ai donné quelques éléments.
02:03Et les reproches précis légaux qui vous sont faits, quels sont-ils alors ?
02:07En fait, le reproche, c'est qu'en fait, les commerces ne doivent pas travailler le 1er mai.
02:14Mais, parce que c'est là le problème, c'est que ce n'est pas clair en fait,
02:16certains commerces peuvent travailler, donc par exemple la restauration.
02:20Donc un McDonald's peut ouvrir, car c'est un commerce qui est considéré comme essentiel,
02:24qui assure un lien social dans la cité.
02:26Par contre, une boulangerie n'est pas essentielle.
02:29Et c'est d'autant plus amusant qu'en fait, en 2021, c'est l'année post-Covid,
02:32et qu'en 2020, les boulangers, eux, étaient considérés comme essentiels
02:36et ne pouvaient pas fermer.
02:37Donc nous, on n'a pas été indemnisés, on devait rester ouverts,
02:39alors qu'on n'avait plus aucun client.
02:40Là où les restaurants, eux, ont pu fermer.
02:42Vous ne saviez pas que vous étiez hors-la-loi ?
02:43Ah non, bien sûr que non.
02:44Parce que j'ai lu qu'un boulanger pouvait ouvrir
02:46s'il était avec un seul salarié ou avec sa femme.
02:50Alors, s'il est seul, c'est possible.
02:53Une boulangerie qui est artisanale ne peut pas ouvrir seule,
02:55parce qu'on ne peut pas faire le pain à minuit, le vendre à 19h,
02:59et il n'y a qu'il y a les clients, etc.
03:00Le 1er mai, si jamais vous aviez ouvert seul, vous étiez dans le cadre légal.
03:04À partir du moment où vous prenez plus d'un salarié, là, vous êtes hors-la-loi.
03:07Tout à fait. Il ne faut pas de salarié, en fait.
03:09D'accord.
03:09Mais ça, vous ne le saviez pas ?
03:10Non, parce qu'en fait, 95% des boulangeries et des fleuristes, par exemple,
03:14on ne le sait pas, mais un fleuriste n'a pas le droit de travailler le 1er mai.
03:17Vous étiez ouvert chaque 1er mai ?
03:19Nous, on a démarré en 2017, enfin en 2018.
03:22Donc on a fait 2018-2019, 2020, c'était le Covid.
03:25Donc on n'avait pas une grande expérience.
03:26Et en fait, nous, on a regardé, tous les réseaux de boulangerie étaient ouverts.
03:29Et c'est important d'ouvrir le 1er mai ? C'est un bon jour pour le commerce ?
03:32En fait, c'est ça qui est un peu paradoxal.
03:34C'est que comme vous devez payer les salariés fois deux,
03:37et que la masse salariale d'une boulangerie, c'est à peu près 40% de son chiffre d'affaires,
03:40ça veut dire que vous payez 80% de votre chiffre d'affaires déjà en masse salariale.
03:43Donc financièrement, ça n'a pas d'intérêt.
03:45Par contre, c'est un lien avec vos clients qui est quand même important.
03:48On ne veut pas que nos clients viennent le matin,
03:49ils n'aient pas de pain, pas de croissant,
03:50ou qu'ils aillent chez notre voisin.
03:53Donc ce jour-là, ils ont du temps pour faire des courses ?
03:55Oui, vous faites du chiffre d'affaires, mais vous ne faites pas de bénéfices.