Dans son édito du 23/04/2025, Paul Sugy revient sur la mise en berne du drapeau français à l'occasion des funérailles du pape François, alors que la France est, depuis 1905, un pays où prime la laïcité et où l'Eglise est distincte de la politique étatique.
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00:00C'est vrai que je l'ai appris avec un peu de surprise, à vrai dire, je ne me souvenais pas qu'on avait fait la même chose pour Saint-Jean-Paul II.
00:05Les autorités ont pris la décision de témoigner ainsi de l'estime, de l'affection aussi de tout un pays à l'égard du pape.
00:11Je trouve en définitive cela très beau et relativement sobre.
00:14Vous avez rappelé par exemple qu'en Italie ou en Espagne, ce sont carrément des jours de deuil national qui sont décrétés.
00:20Maintenant, très franchement, la France aurait pu décider de ne pas le faire.
00:23Je crois que la dépouille du pape ne s'en serait pas retournée pour autant dans sa bière.
00:26Et je ne suis pas certain que les catholiques français auraient été empêchés de faire leur deuil.
00:31Mais c'est assez pratique, les drapeaux et le protocole, parce que ça ne coûte pas grand-chose.
00:35Mais c'est un réservoir sans fin de polémiques pour qui veut en lancer.
00:38Alors, cette fois, c'est le chef des sans-culottes de plateau télé, le citoyen Corbière,
00:43qui s'est lancé le premier tête baissée dans la mêlée et qui, notamment sur France Info hier,
00:47se disait en total désaccord avec la décision de l'exécutif, invoquant une laïcité à géométrie variable.
00:52Sous-entendu, on le fait pour le pape, on ne l'aurait pas fait pour quelqu'un d'autre.
00:56Et de rappeler que chaque fois qu'un chef d'État disparaît dans le monde, on ne met pas toujours les drapeaux en berne.
01:02Bah, il a raison. Et alors ?
01:04Et alors ?
01:05On avait déjà eu les mêmes polémiques il y a 20 ans.
01:09Oui, à ceci près, comme l'a rappelé Thomas Bonnet à l'instant,
01:12que la raison d'État a convaincu le citoyen Bayrou, qui était dans le camp des sans-culottes il y a 20 ans,
01:16des laïcars forcenés, et qui maintenant, peut-être convaincu aussi que ses fonctions de Premier ministre
01:21l'obligent un peu plus, eh bien, a complètement changé d'avis, il faut bien le dire.
01:26À l'époque, la polémique avait vécu surtout à gauche, c'était notamment le sénateur Jean-Luc Mélenchon,
01:30qui à l'époque était pour le coup très intransigeant sur les questions de laïcité,
01:34et pas seulement à l'égard du pape, il faut lui rappeler cette justice,
01:36même s'il a lui aussi parcouru beaucoup de chemin depuis,
01:39qu'avait lancé donc la polémique.
01:41Alors, le Parti Socialiste lui-même avait refusé de s'y mêler.
01:44Et il faut dire aussi que le pape Jean-Paul II, en particulier, avait une telle aura auprès des Français
01:49que, parmi les politiques, il ne valait mieux pas être dans le camp de ceux qui jouaient les vierges effarouchées.
01:55Oui, c'est un peu une polémique stérile.
01:57Oui, évidemment. Alors, sur le fond, c'est une décision discrétionnaire du président de la République et du Premier ministre.
02:02Il n'y a pas de règles, en fait, ils font bien ce qu'ils veulent.
02:05Mettre les drapeaux en berne, c'est donc une coutume.
02:07C'est vrai, la France le fait parfois pour la mort d'un chef d'État,
02:10d'un pays avec lequel elle a des relations privilégiées,
02:13ou des personnalités qui ont marqué l'histoire.
02:15Ça a été le cas avec Nelson Mandela, par exemple.
02:17On avait mis les drapeaux en berne.
02:18On le fait aussi lorsqu'il y a des grandes émotions mondiales,
02:20pour des catastrophes, pour des attentats qui font beaucoup de victimes.
02:25Et puis, donc, cela se fait pratiquement pour tous les papes.
02:28Alors, je n'en ai pas le souvenir pour Benoît XVI,
02:29mais ça avait été le cas pour Saint-Jean-Paul II, pour Jean XXIII, avant cela.
02:32Et puis, on se remonte un peu plus loin.
02:34C'est un autre pape, peut-être plus cher à Alexis Corbière, qui avait eu droit.
02:37C'était Bastaline, en 1953,
02:40qui avait même, lui, eu droit aux honneurs d'un jour de deuil.
02:44Bon, sur la forme, on comprend que l'extrême-gauche est en manque de polémiques.
02:46Et c'est vrai, c'est dommage pour elle,
02:48que les reportages à n'en plus finir au Vatican
02:50vont peut-être éclipser pendant quelques jours
02:52les polémiques habituelles auxquelles on a droit
02:55avec les élus et les porte-parole de l'extrême-gauche.
02:58Donc, ils essayent tant bien que mal de ramener l'actualité,
03:00les projecteurs sur eux, grand bien leur face.
03:02Mais quant à la laïcité, effectivement, elle n'a rien à voir ici.
03:06D'abord, il n'y a pas de comparaison possible.
03:07Le pape, on ne peut pas le comparer au chef d'une autre religion.
03:10Ce n'est pas le Dalai Lama, le pape.
03:12Et puis, l'islam et le judaïsme n'ont pas de souverain pontife,
03:15comme c'est le cas dans le catholicisme.
03:16Le pape, c'est une figure mondiale.
03:18C'est effectivement un chef d'État.
03:19Et donc, la France entretient des relations aussi diplomatiques
03:22avec le Saint-Siège,
03:23toutes laïques que puisse être la République.
03:25Donc, il n'y a pas de comparaison possible.
03:26Et en définitive, je crois que ça ne fera pas de peine à grand monde
03:30de savoir que les drapeaux seront mis en guerre.
03:31Évidemment.
03:32Et c'est un beau symbole pour les catholiques.
03:33Sous-titrage Société Radio-Canada