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C'est l'un des nouveaux ténors du barreau. Il défendait Wahib Nacer, banquier jugé dans le procès du présumé financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, et Le Monde a écrit qu’il en était l’avocat le plus brillant. Benjamin Boboth est ce matin l'invité de Marie Misset.

Retrouvez « Nouvelles têtes » présenté par Marie Misset sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes

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Transcription
00:009h52, votre nouvelle tête est avocat ce matin, Marie Missé, il s'appelle Benjamin Bobotte.
00:06Si vous n'êtes pas prêt à assumer la responsabilité totale d'un échec, vous ne pouvez pas gagner.
00:12Et vous savez, je dis ça avec le sourire, mais ce n'est pas drôle, l'échec pour nous c'est grave, c'est dur.
00:17Parce que l'échec, ce n'est pas simplement des tomates, parfois on nous compare,
00:21ce n'est pas idiot avec des comédiens ou avec des gens.
00:25Ce n'est pas les tomates ou les mauvaises critiques.
00:28C'est la vie d'un homme ou d'une femme qui est gâchée,
00:33dont vous vous dites que si vous aviez défendu différemment son cas, ça aurait pu être autre chose.
00:39Quelques mots de votre mentor pour vous accueillir.
00:41Bonjour Benjamin Bobotte.
00:43Vous êtes avocat au barreau de Paris depuis 2016.
00:46Vous vous êtes illustré notamment avec votre plaidoirie, reconnue comme brillante,
00:50même par certaines parties civiles, au grand procès sur le présumé financement libyen
00:55de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
00:58Et vous avez donc travaillé dans le cabinet du grand avocat Hervé Témime avant de créer votre propre cabinet.
01:05Est-ce que vous partagez avec lui cette horreur de perdre ?
01:07Est-ce que vous diriez que c'est essentiel pour un avocat de détester perdre ?
01:11Bien sûr, si vous supportez la défaite, il faut vraiment faire autre chose.
01:16D'abord, ça m'émeut beaucoup d'entendre la voix d'Hervé Témime,
01:20qui est quelqu'un qui a énormément compté pour moi.
01:22Et oui, oui, la défaite est horrible.
01:26Quand on perd, c'est horrible.
01:28On ne dort pas.
01:29On vit très très mal après.
01:30On prend du temps pour s'en remettre.
01:31Ah oui, c'est une horreur la plus absolue.
01:33Et puis, il a tout à fait raison.
01:35Il peut y avoir des conséquences qui sont dramatiques pour les personnes qu'on défend.
01:40Donc oui, je suis tout à fait d'accord.
01:42Mais d'ailleurs, vous lui ressemblez.
01:44Physiquement, vous lui ressemblez.
01:45Vous avez le même fil, les lunettes, le costard croisé.
01:51Il y a eu une forme de mimétisme parfois à mon corps défendant, je crois.
01:56Mais c'est quelqu'un qui a énormément compté pour moi,
01:58qui est d'abord un homme extraordinaire, doté d'un charme, pour ceux qui l'ont connu,
02:03ou aussi connu, je crois, doté d'un charme extraordinaire,
02:07d'une intelligence que j'ai rarement vue depuis.
02:09Donc oui, oui, c'est quelqu'un qui a beaucoup compté.
02:11Justement, dans ce même entretien avec Daphné Roulier,
02:13on l'entend aussi parler de vous et de vos confrères du cabinet Émime.
02:17Vous, vous jouez au Real Madrid.
02:19Alors, un, je vais vous dire une chose, l'envie.
02:22L'envie.
02:24Vous savez, moi, j'ai la chance d'avoir aujourd'hui une grande...
02:27Une grande, oui, une grosse équipe d'avocats avec moi.
02:29Donc je suis un peu le coach.
02:31Maintenant, moi, mon avenir, si j'en ai un, c'est eux.
02:33Et ce qui m'intéresse, c'est ça.
02:36Et je leur dis un truc que j'ai compris avec le temps, qui est tout bête.
02:40Alors, sauf si vous êtes John McEnroe ou Picasso ou Pablo Casals.
02:46Il est quand même rare dans la vie professionnelle
02:48qu'il vous arrive des choses que vous n'ayez pas voulues.
02:50Il dit qu'avocat, c'est aussi un grand métier de la transmission.
02:53Qu'est-ce que vous retenez alors de plus précieux de cet homme
02:54qui vous a accompagné à vos débuts ?
02:56Il avait une façon magique de, y compris dans des procès extrêmement techniques,
03:01extrêmement difficiles sur plusieurs mois, de nous dire
03:03en fait, ce procès va se jouer sur un problème.
03:08Un ou deux problèmes.
03:09Et c'est ça qu'il faut résoudre.
03:11Il avait une intelligence.
03:13Il fallait trouver le problème.
03:14Et puis c'est quelqu'un qui avait une manière de tourner les choses
03:19de telle sorte qu'on avait toujours l'impression
03:21qu'il avait la solution à ce problème
03:23et que c'était une solution évidente, qu'il ne pouvait y en avoir aucune.
03:26Oui, ça, ça rassure.
03:27Vous êtes passionné de philosophie.
03:29Vous auriez pu devenir scientifique
03:30si vous aviez écouté votre fantastique professeur de physique à l'époque.
03:34Et puis, vous avez lu Crime et Châtiment.
03:36Et là, ça vous a fait devenir avocat.
03:38Qu'est-ce qu'il y avait dans Dostoevsky qui vous a bouleversé comme ça ?
03:41Dostoevsky, oui, c'est vrai que c'est un auteur
03:44qui a énormément compté pour moi aussi.
03:47Moi, ce qui me bouleverse chez Dostoevsky,
03:50c'est que tous les personnages cherchent quelque chose de plus grand qu'eux,
03:55d'une certaine façon.
03:57Et que, dans Crime et Châtiment,
03:59il essaye de trouver ça par le crime,
04:04ce qui est une erreur, et ce qui conduit à son châtiment.
04:07Et moi, c'est quelque chose qui me bouleverse dans tous ces romans.
04:10C'est des hommes qui cherchent quelque chose de plus grand qu'eux
04:13et quelque chose qui ne les dépasse souvent.
04:16Vous savez que vous partagez ça avec le pape.
04:18Le pape, il y avait donc un...
04:19Ça ne m'étonne pas.
04:20Ça ne m'étonne pas du tout.
04:21...d'entretien dans Libération sur ses amours littéraires.
04:24Et il citait aussi Crime et Châtiment de Dostoevsky.
04:26Vous représentiez le banquier Waib Nasser
04:29dans le procès du présumé pacte de corruption
04:30qui impliquait Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, etc.
04:33Il vient de se terminer il y a deux semaines.
04:34Vous avez été qualifié dans Le Monde d'avoir été de loin
04:37l'avocat le plus brillant de ce procès.
04:40Et il y en avait des avocats stars.
04:42Ça a du poids dans votre métier, ces reconnaissances médiatiques ?
04:45Ça aide vos clients, par exemple ?
04:47Alors non, cette reconnaissance médiatique n'aide pas du tout mon client, je crois.
04:50Mais moi, ça me fait très plaisir, évidemment.
04:52Non, mais ça donne envie à d'autres de vous prendre comme avocat.
04:56Si vous êtes le plus brillant du procès Sarkozy...
04:59Je les invite à le faire, évidemment.
05:00Non, mais ça fait évidemment très plaisir.
05:03Ça fait plaisir à ma mère, surtout, que je salue et que j'embrasse.
05:07Mais oui, bien sûr que ça fait plaisir.
05:09C'est un métier où, en général, les avocats ont un égo important.
05:14Et je crois que je ne déroge pas à cette règle.
05:16Vous allez faire partie d'un autre procès très médiatique
05:19puisque vous représentez, dans le procès du vol des bijoux de Kim Kardashian,
05:22un des hommes qui aurait orchestré cette équipe de papy braqueurs.
05:27Alors, ces papy braqueurs, ce cambriolage complètement fou.
05:30Ils sont partis à vélo.
05:31Il y en a même un qui s'est cassé la figure.
05:34C'est comme ça qu'on a découvert un des bijoux.
05:35Qu'est-ce que vous attendez d'un procès comme ça ?
05:37D'abord, je ne le défends pas seul.
05:39Je le défends avec Pierre Stass et Marie Kornhanger
05:41parce que les équipes sont très importantes.
05:44Et moi, je ne parle jamais d'affaires judiciaires avant qu'elles aient lieu.
05:50Bien tenté, Marie.
05:51Oui, donc voilà.
05:52Et Kim Kardashian sera présente.
05:54J'ai appris ça par un communiqué de presse, en effet.
05:57Très rapidement, on vit dans un moment où les opinions se polarisent de plus en plus.
06:00Est-ce que vous avez l'impression, dans votre métier,
06:02que l'idée que tout le monde a le droit à une défense est en danger, cette idée ?
06:06Absolument.
06:07C'est une idée qui m'effraie.
06:08Et je crois que les gens, quand je lis certaines choses
06:12ou quand j'entends certaines conversations,
06:14j'ai l'impression que les gens ont un besoin absolu de coupables
06:17qui, moi, me sidère et m'effraie.
06:22Oui, oui, c'est quelque chose qui m'inquiète beaucoup.
06:25Moi, je recommande aux gens d'aller voir des procès,
06:28physiquement, pour de vrai, parce que c'est ouvert à tous.
06:31Et l'idée qu'ils se feront de la justice est, à mon sens,
06:34très différente de celle qu'ils ont.
06:36Merci beaucoup.
06:37Je vous annonce la fin de cette interview sur votre chanson préférée
06:40qui est de circonstance.
06:44Merci beaucoup, Maître Bobot.
06:47Merci à vous.
06:48Vous rejoignez bientôt le cabinet Minkowski
06:50en tant qu'associé de la fondatrice Julia Minkowski
06:53avec Eleonore Ifler-Louis.
06:56C'est aussi des anciens du cabinet,
06:57merci d'être venu ce matin, Maître Bobot.
07:00Merci à vous.
07:00Et merci, Marie.

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