Le ton monte dans "Morandini Live" entre Philippe Bilger et la psychanalyste Laura Lebahr à propos de #metoo
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00:00Vous êtes d'accord avec Mme Rousseau ?
00:01C'est excessif, mais la fin est très juste.
00:04Le mouvement MeToo, sur ce plan-là, a libéré une parole qui longtemps a été étouffée
00:10à cause de rapports de pouvoir dans la famille, dans l'entreprise, dans le monde politique.
00:17C'est une évidence.
00:18Laura Lebar, vous qui êtes la seule femme sur ce plateau, comment vous réagissez quand vous entendez M. Philippe Onéguer ?
00:23Parce que ce qui permet les fausses accusations, c'est les non-condamnations et les vraies victimes qu'on accuse.
00:28Il y a quand même 12 000 plaintes pour 1 800 condamnations.
00:31Donc moi j'ai du mal à imaginer qu'il y a 10 200 nanas qui se réveillent un matin,
00:33qui disent je vais aller prendre mon café pour porter plainte pour de faux.
00:35Ça c'est première des choses.
00:36Donc vous voulez dire quoi que la justice ne fait pas son boulot ?
00:38Non, ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui on a tellement l'habitude de ne pas écouter parce qu'il y a trop de fausses accusations.
00:44Et c'est les fausses accusations qui engendrent que les agresseurs ne sont pas punis.
00:48Et c'est dramatique.
00:49Parce que sur 12 000 personnes, 1 800 condamnations, je vous dis, il n'y a pas 10 000 nanas qui se réveillent le matin
00:53en disant je vais accuser un mec au commissariat, c'est pas très agréable.
00:56Ensuite, c'est dramatique les gens qui accusent pour de faux.
00:58Je crois qu'ils comprennent pas ce que vous dites, Philippe Bilger.
01:00Qu'est-ce que vous comprenez pas dans cette démonstration ?
01:02Non, je veux dire, je n'ai jamais pensé que des femmes, même portant plainte, 10, 20 ans, 30 ans après,
01:10avaient forcément tort, si vous voulez.
01:12Simplement, elles profitent d'un mouvement qui leur donne le courage de libérer leur parole.
01:18Non, ça je ne peux pas l'entendre parce que quand vous prenez les chiffres,
01:21donc sur 12 000 personnes, il y a pour vous 1 800 personnes qu'on condamne, qui disent vrai,
01:25et 10 200 qui exagèrent.
01:28Et c'est à cause de ça que l'on accuse à tort en fait.
01:30Mais il y a des preuves qui se confrontent.
01:32Ah oui, c'est vrai, l'emprise, le consentement, tout ça, c'est très récent.
01:36Maintenant, on va parler de quelque chose de réel, si ça ne vous dérange pas.
01:38Aujourd'hui, les fausses accusations naissent de ces préjugés.
01:42Un préjugé, c'est quoi ? C'est un manque de justesse dans le jugement.
01:46Et ces préjugés-là, il faut les abolir dans la société.
01:48Le week-end dernier, il y a eu des manifestations masculinistes
01:50qui ont expliqué qu'il fallait abolir les droits des femmes,
01:53qu'ils se sentent en danger, d'accord ?
01:55Et que si une femme vous invite au restaurant, d'accord ?
01:58Je ne vous dis pas les mots qu'ils ont employés sur les mots homosexuels.
02:00C'est dramatique.
02:01Donc, à un moment donné, il faut peut-être se remettre en question.
02:03Arrêter les préjugés.
02:04Se dire que, tout simplement, qu'on soit connu ou pas connu,
02:07on n'a pas accusé à tort.
02:08On fait des dégâts sur des vies entières.
02:10Et c'est dramatique.
02:11Mais on ne peut pas non plus laisser faire des victimes
02:13qui vont se déplacer jusqu'au commissariat,
02:15raconter des scènes de leur intimité qui sont terribles
02:17et qui n'auront jamais de réparation pour ce qui s'est passé.
02:20Dans les deux cas, c'est un drame sociétal.
02:22Mais vous direz-vous ça ?
02:25Je veux dire, les victimes, MeToo, je viens de le dire.
02:28Vous pouvez aller regarder les chiffres.
02:29Non, mais les chiffres, vous savez, on en a eu beaucoup tout à l'heure
02:35qui n'étaient pas...
02:35Donc, vous ne payez que sur 12 000 plaintes, il y a 1 800 condamnations.
02:40C'est passé dans le Parisien.
02:41Vous savez, j'ai eu la faiblesse d'être plus de 20 ans avocat général aux assises
02:46et j'ai eu à requérir contre un certain nombre d'accusés violaires.
02:52Vous avez une expérience, j'en ai une autre, qui vaut la vôtre.
02:56Donc, je ne crois pas.
02:57Pourquoi y a-t-il des classements sans suite ?
03:00Et c'est tout simplement que, parfois, vous avez une confrontation de deux paroles.
03:06Et on n'est jamais sûr, avec certitude, que la...
03:10Alors, pour quelqu'un est accusé à tort, d'accord ?
03:13Par contre, là, on le condamne parce qu'il est connu.
03:14C'est un peu facile dans les deux sens.
03:16Mais ce n'est pas accusé à tort.
03:17Une règle est pas là dans les deux sens.
03:18Le monde n'est pas aussi manichéen entre la nuit et le jour.
03:22Ça s'appelle la récidricité.
03:23Mais non, ça n'est jamais aussi manichéen.
03:26Il n'y a pas quelqu'un qui ment forcément et quelqu'un qui dit la vérité.
03:29Ah bah si, dans une agression, si, c'est le principe.
03:31Mais non, vous avez simplement, dans le domaine de la vie intime,
03:35de l'agression sexuelle ou des viols,
03:37parfois, vous avez des différences de perception.
03:40Ah non, non, c'est ça en fait.
03:42Mais vous avez quelle expérience ?
03:45Je suis une femme, quelle expérience vous avez d'un homme, monsieur ?
03:47Mais non, moi, je ne prétends pas d'écter.
03:50Vous êtes en train de dire que dans l'intimité,
03:53la notion du non n'est pas claire ?
03:55Du non.
03:56Mais bien sûr.
03:56Alors, dans ces cas-là, il y a une victime, il y a un agresseur.
03:59Mais pas du tout.
04:00Combien, même avec MeToo,
04:03combien d'hommes, j'en cite quelques-uns,
04:06ont pu avoir à tort ou à raison le sentiment
04:09qu'on ne leur opposait pas une résistance,
04:12ils ont sans doute pu avoir tort.
04:15Mais n'empêche que c'est au niveau du débat judiciaire
04:18que le problème se posera.
04:20Et ce n'est pas du tout entre le oui éclatant
04:24ou le non ferme.
04:26C'est beaucoup plus subtil que la psychanalyse.
04:28Non, c'est oui ou non.
04:29Je suis une femme et je vous le dis.
04:30Mais la vie n'est pas faite de oui ou non.
04:32Ben, dites-moi, affectez-vous de l'oestrogène.
04:34MeToo match, Philippe Higert.
04:36Vous, tu sais, aux éditions...