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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau numéro de C'est-à-dire.
00:08Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'accueillir des représentantes du collectif des femmes écrivaines en lutte contre les violences faites aux enfants.
00:16Ce collectif est à l'origine d'un ouvrage, Au nom des enfants, un livre qui met en lumière les diverses violences subies par les enfants
00:24et invite la société à prendre des mesures concrètes pour leur protection.
00:28Nous recevons dans un premier temps Hélène Songalo, écrivaine et porte-parole des femmes écrivains en lutte contre les violences faites aux enfants,
00:37qui nous parlera de son engagement et de l'œuvre du collectif.
00:41Pierrette Faust, bien sûr, interviendra juste après. Bienvenue, Madame Songalo.
00:46Merci.
00:47Alors, est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours et de ce qui vous a motivé à rejoindre ce collectif ?
00:55Oui, je commence par vous dire merci de nous avoir reçus sur ce plateau.
01:02C'est un honneur pour nous.
01:03Qu'est-ce qui a été à l'origine ? Nous avons un groupe de femmes.
01:10Nous avons le grand bureau des écrivains.
01:14Nous avons la grande famille des écrivains qui existe depuis des années.
01:18Et au sein de cette famille, il y a des femmes, il y a des hommes.
01:22Et il y a des problèmes de société qui nous touchent, des problèmes qui ont besoin d'être mis en lumière.
01:31Et j'ai voulu appeler les femmes, toutes celles qui tiennent la plume, qui ont écrit deux livres, trois livres, quatre livres,
01:41qui sont déjà en vente dans nos librairies et toutes les surfaces où se vendent des livres.
01:49Et je les ai donc appelés à venir face à la recrudescence du phénomène des viols d'enfants
01:56qui nous interpellent tous.
02:01D'abord en tant qu'être humain, en tant que parent, mais plus en tant que femme, en tant que mère.
02:07Quand les journaux en parlent, quand les émissions en parlent, quand les films en parlent,
02:14quand les réseaux sociaux en parlent, j'ai trouvé révoltant.
02:20J'ai trouvé que nous, en tant que femmes, nous restions silencieuses face à ce problème.
02:26Et donc j'ai appelé mes soeurs, mes collègues, je leur ai demandé de venir,
02:32qu'on puisse former un groupe de femmes pour que notre cri, nos cris de détresse,
02:39notre grand cri sorti de nos cœurs, puisse porter et qu'à un niveau plus haut,
02:45quelque chose soit fait pour protéger nos enfants, pour que plus jamais il n'y ait de viols d'enfants.
02:53Alors le livre, il est là, « Au nom des enfants ».
02:58C'est une initiative collective, comme vous avez dit.
03:01Quelles ont été les raisons majeures ?
03:04Mais vraiment, est-ce qu'il y a eu un événement marquant, peut-être,
03:08qui vous a personnellement touché, pour que vous appeliez vos soeurs,
03:13comme vous avez dit, à écrire ce...
03:15Bon, un événement marquant, je vais peut-être signaler que je suis d'abord au sein d'un collectif,
03:24un autre, un collège de femmes qui lutte contre les mutilations génitales féminines,
03:31qu'on appelle l'excision.
03:32Et que j'ai milité avec la fondation Djigui de l'imam Sissé Djigiba pendant un peu plus de 15 ans.
03:42Et puis, on a mené des campagnes à l'intérieur du pays,
03:46dans les zones très touchées par la pratique de l'excision.
03:50Donc, j'ai écrit un livre qui parle aux parents, aux grands-mères,
03:55qui sont à la base de l'excision en région, en zone rurale.
04:02On envoie les enfants passer les vacances, et puis elles reviennent excisées.
04:07Il y en a qui en meurent, il y en a qui suivent, mais elles sont traumatisées, elles sont marquées à vie.
04:12Donc, il y a eu déjà ce premier pas.
04:15Et je me suis dit, si on a pu écrire, si j'ai pu écrire un livre pour dénoncer à ma façon l'excision,
04:23on peut aller au-delà en demandant à d'autres femmes qui, elles, ont écrit sur des sujets peut-être différents,
04:29mais qui, en tant que femme, en tant que mère, leur fibre maternelle va les guider.
04:35Et puis, on va mener ce combat ensemble.
04:38Je crois qu'à l'origine, il y a eu ça.
04:41Et comme quelqu'un m'a dit une fois, un livre et puis deux livres,
04:44et on se rend compte qu'on devient écrivain.
04:47C'est comme ça que, tout doucement, j'ai invité ces femmes.
04:50Et puis, elles ont adhéré totalement, elles ont épousé l'idée.
04:56Et puis, bon, la solidarité féminine aidant, vraiment, elles ont produit des textes formidables
05:03que j'invite le public à découvrir au nom de nos enfants.
05:09Effectivement.
05:10Alors, que souhaitez-vous que ce livre, au nom de nos enfants, apporte au lecteur, apporte à la population ?
05:17Oui. Qu'est-ce que ce livre va apporter ?
05:20C'est le cri, le cri de cœur.
05:26Le cri jaillit du tréfonds de nos cœurs.
05:28Vous savez, la protection d'un enfant ne doit pas être l'affaire d'un parent, d'une maman, d'un papa, d'une famille.
05:37La protection d'un enfant, la protection des enfants doit être l'affaire de tout le monde.
05:42De la société.
05:43De la société.
05:45Pendant longtemps, en tout cas, quand nous, nous étions enfants, il y a 50 ans, il y a 60 ans, quand on était plus jeunes, on était des enfants.
05:53Lorsque vous commettez une gaffe, lorsque vous faites une bêtise, ce n'est pas votre maman seulement.
05:59Si une amie de votre maman, une sœur de votre maman vous voit, vous dites, vous êtes cuite, parce qu'elle va aller raconter.
06:06J'ai vu ta fille faisant ceci, j'ai vu ton fils faisant cela.
06:09Et puis tout le monde va vous, on va vous appeler, on va vous gronder, on va, et à force de vous voir gronder, vous allez changer.
06:16Moi, j'ai grandi dans une famille où on m'a presque jamais battu.
06:20On ne bat pas les enfants.
06:21Mais quand vous commettez une gaffe, tout le monde va parler, tout le monde va, et puis vous aurez honte, vous allez arrêter.
06:28Donc c'est un peu cette démarche-là que j'espère voir aujourd'hui.
06:33Les parents que nous sommes, la société, prendre quand un enfant est en danger, quand un enfant commet, que tous nous puissions être révoltés,
06:41que tous nous puissions aller au-delà de la condamnation, on a vu, il y a un autre enfant qu'ils ont battu encore, et puis c'est fini, on ferme le journal.
06:49Mais non, ça doit nous interpeller tous, ça doit nous révolter.
06:53Mais comment on a pu faire ça à un enfant ? Il faut que nous sortions.
06:57Et donc c'est un peu cette démarche-là, cette motivation, si vous voulez, qui m'a amenée à vouloir porter le criot à travers, au nom de nos enfants.
07:09Alors, quand on se met dans l'époque où on est aujourd'hui, où plus beaucoup d'enfants, on va dire en général même de personnes,
07:16parce que même les adultes, il y en a plus beaucoup qui lisent énormément, vous en tant qu'écrivaine,
07:20quel rôle vous voyez la littérature prendre dans la sensibilisation et la prévention des violences faites aux enfants ?
07:28Quel rôle ? Nous pensons que quand on dit que les gens ne lisent pas, il y a peut-être une sensibilisation plus grande à faire.
07:38Il faut qu'on puisse aller vers le public. Il faut qu'on puisse…
07:42Récemment, nous sommes allés à Catiola avec un autre groupe de femmes pour parler du sujet de l'excision.
07:51Mais je ne vous dis pas, la salle était pleine.
07:54Les élèves sont sortis, les parents sont sortis, la chefferie traditionnelle était là.
07:59Et chacun voulait avoir le livre, même si on ne sait pas lire, mais que le sujet intéresse le public.
08:06On va chercher à acquérir le livre, on va chercher à aller au-delà des livres, mais de quoi parle le livre ?
08:14On en a tellement parlé, comme quand un artiste a un concert, on en parle dans les journaux, on en parle sur les réseaux sociaux.
08:23Il faut qu'on puisse aller vers le public et l'amener à découvrir ce que nous écrivons, ce qui se cache dans les livres.
08:30Je pense que c'est cette démarche-là qui nous incombe, faire en sorte que le livre puisse revenir dans les habitudes.
08:37Moi, je ne suis pas d'accord quand on dit que les Ivoiriens ne lisent pas.
08:40Les Ivoiriens lisent dans quelques semaines, ce sera le SILA.
08:45On a fait le SILA 2024 à Port-Boué, au Parc des Expositions.
08:52Vous avez vu l'affluence à travers les journaux.
08:55Il y a deux ou trois ans, c'était au Palais de la Culture, à Trècheville.
09:00Pendant une semaine, le salon ne désemplissait pas.
09:03Les gens venaient, on dévorait les livres, ils vont de stand en stand, ils vont de maison d'édition en maison d'édition.
09:10Je pense que c'est ce travail-là que nous devons faire.
09:13Quand un livre sort et que le sujet est un sujet d'actualité, il nous appartient à tous les niveaux.
09:20Au niveau des femmes, au niveau des enfants, au niveau des adultes, d'aller vers les gens pour qu'on puisse rendre la chose plus parlante.
09:32Voilà, c'est ce travail-là qui nous...
09:34Je vous ai parlé tout à l'heure de l'exemple de Catiola.
09:37On allait à Ségela il y a quelques années.
09:39Nous sommes allés à Guglo, mais la cheferie traditionnelle, les garants de la tradition, il n'y a pas beaucoup d'amis qui savent lire.
09:49Mais ils ont pris les livres avec plaisir.
09:51Ils auront peut-être demandé à leurs enfants.
09:53J'ai acheté ce livre, viens le lire pour moi et que je sache de quoi ça parle.
09:57C'est ce travail-là qui nous appartient de faire.
09:59Et je pense que nous sommes en phase avec les différents salons, les différentes activités autour du livre pour amener les Ivoiriens à lire plus.
10:10À se réconcilier avec le livre. Merci.
10:14Alors, quel message aimeriez vous adresser à la société en ce qui concerne l'implication de chacun,
10:19parce que tout le monde est concerné, dans cette lutte-là contre les violences faites aux enfants ?
10:23Oui, ce qu'il faut, c'est que, quand vous aurez, quand vous lirez le livre…
10:28Ce que j'ai déjà fait.
10:29Voilà. Et j'invite le public à le lire.
10:33Il faut qu'on comprenne que dans nos sociétés, il y a un peu trop d'individualisme.
10:39Et qu'il faut que les familles aillent vers les familles.
10:43On parle de villages interplanétaires.
10:46On doit pouvoir parler de quartiers où il n'y a pas de cloison.
10:50que les mamans soient solidaires, que les papas soient solidaires,
10:55que dans les écoles, les enseignants, et que quand un malheur arrive à un enfant,
11:00quand vous passez dans la rue, que vous voyez un enfant arrêté en train de pleurer,
11:04ils ont ce mouvement-là, il a la tête comme ça, et puis il pleure,
11:07que l'adulte ne le dépasse pas, mais qu'il ne le prenne pas la main pour lui demander
11:11« Mais qu'est-ce qui donc t'attriste ? »
11:13Et que chaque fois qu'un enfant pleure, que chaque parent se sente concerné,
11:17que chaque parent aille au-delà.
11:18L'éducation, on dit l'éducation, c'est l'affaire des femmes,
11:21mais l'éducation c'est l'affaire de toute la société.
11:24Et que si les enfants sont mal dans leur peau, c'est toute la société qui est mal.
11:29Si les enfants sont traumatisés, si les enfants sont violentés,
11:32si les enfants, il faut que nous, les adultes, nous les parents,
11:37les mémés dans les familles, les grands-pères qui sont à la retraite
11:43et qui ont plus de temps pour s'occuper des enfants,
11:45il faut que chacun s'implique dans l'éducation, non pas seulement de ses enfants,
11:50de sa cellule familiale, mais qu'on aille au-delà.
11:53Quand il arrive un malheur dans une famille, que notre bonne vieille solidarité africaine,
11:59nous devons la booster, nous devons la réveiller
12:02et faire en sorte que ce qui marque les autres puisse nous marquer également.
12:07Je pense que c'est à ce prix-là que nous allons peut-être réussir à bousculer
12:12pour que la loi autour de la protection des enfants, autour du viol,
12:18la loi pour punir les violeurs soit certainement renforcée
12:22et qu'on arrête de violenter des enfants.
12:26On en abandonne au bord des routes et on va trouver dans les histoires
12:30que vous allez lire au nom des enfants, des histoires vraiment croustillantes
12:34qui parlent et qui révoltent et qui nous interpellent,
12:38qui nous disent qu'il faut que nous arrêtions de nous enfermer dans nos cellules familiales,
12:42mais que nous allions vers les autres pour réconcilier, pour réconforter,
12:47essuyer les larmes des enfants, essuyer les larmes des veuves,
12:50essuyer les personnes qui sont esselées, qui sont dans leur famille
12:54et qui ne se sentent pas bien, que nous puissions écouter,
12:56écouter, que nous ayons une oreille attentive pour écouter et consoler cela,
13:01pour que notre société devienne un peu plus humaine et moins individualiste.
13:06Bien sûr, parce que tout le monde est concerné.
13:08Merci beaucoup Madame Songalo.
13:10Merci à vous.
13:10Alors je vais recevoir tout de suite Madame Faust pour la suite de cette émission.
13:16Merci à vous.
13:17Tout le plaisir a été pour nous de pouvoir nous retrouver ici
13:21pour nous exprimer et parler encore de ce livre.
13:25Merci beaucoup.
13:26Merci.