Michel Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E. Leclerc, était l'invité du Face à Face d'Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV ce mardi 8 avril. Il est revenu sur la hausse des droits de douane annoncée par Donald Trump.
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00:00Et nous, dans cette histoire-là, est-ce que vous faites partie de ceux qui considèrent que ça aura des conséquences sur l'inflation ?
00:08L'inflation qui pourrait à nouveau remonter, c'est ce qu'a immédiatement dit Ursula von der Leyen, on avait enfin réussi à la juguler.
00:15Est-ce que vous anticipez une reprise de l'inflation ?
00:19Oui, absolument. Et une inflation structurelle, cette fois-ci. Là, dans un premier temps...
00:25Ça veut dire que ce ne serait pas une inflation ponctuelle qu'on arriverait à faire redescendre.
00:29On va se réinstaller dans une inflation durable ?
00:32Oui, je crains ça. C'est-à-dire, dans un premier temps, c'est sûr, pour les Américains, les droits de douane, c'est un impôt.
00:36Son public n'a pas très bien compris, mais tous les impôts qui vont être mis sur les produits chinois, etc., c'est les Américains qui vont les payer plus cher.
00:44C'est-à-dire que quand ils vont importer, ils vont payer ces 20% de plus sur le produit importé ?
00:49Pour l'ouvrier américain, pour l'agriculteur américain, pour le consommateur américain, c'est une inflation qui va atteindre 4-5%, je pense, à la fin de l'année déjà.
00:59Parce que ce dont on parle, ce ne sont pas des commandes fermes, ce sont des indicateurs, ce n'est pas encore négocié.
01:05Mais vous voyez bien, ce droit de douane est un impôt pour les Américains.
01:10Nous, ce qui va se passer en France, c'est qu'on va sans doute se voir fermer certains marchés aux États-Unis.
01:16Dans le luxe, peut-être qu'on arrivera à amortir des droits de douane ou aller mieux les renégocier.
01:21Mais par exemple, nos producteurs laitiers sont coincés parce que l'Amérique est un très gros importateur de poudre de lait.
01:27Et la poudre de lait de Lactalis, de Yoplait, d'Anone, c'est un indicateur du marché du lait.
01:32Alors là, c'est l'effet inverse. Dans un premier temps, ça va faire chuter le prix du lait.
01:36Parce qu'il y a une spéculation derrière ?
01:38Parce qu'il y aura trop de lait. Le lait qu'on n'aura pas vendu aux États-Unis, on va se le retrouver avec.
01:44Si on ne peut pas le dégager sur l'Afrique...
01:46J'allais dire presque tant mieux à court terme pour nous, parce que nous consommateurs européens, on va le payer un peu moins cher.
01:52Voilà, mais il ne faut pas se réjouir trop vite, parce que c'est juste du court terme.
01:56Parce que tout de suite après, ça veut dire que ce marché étant perdu, on va demander aux éleveurs,
02:01où les éleveurs vont devoir produire moins de lait.
02:04Donc peut-être licencier, peut-être fermer des exploitations, peut-être fermer des usines de fabrication de fromage et tout ça.
02:11Donc il faut serrier. C'est un jeu... Je vous dis, ce sont des dominos.