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00:00C'est avec Christine Roncato, maraîchère à Hausson dans le Nord-Ouest Toulousain.
00:03Elle est votre invitée, Claudia Kalmel.
00:05Bonjour Christine Roncato.
00:06Bonjour.
00:07Alors on vous invite ce matin parce qu'on est allé au marché de la Barthe sur l'Est
00:10par exemple, où on a trouvé assez peu de choix en cette entre-deux saisons.
00:14On a surtout vu sur les étals des poireaux, des pommes de terre, des chouets, quelques
00:18pommes.
00:19C'est habituel en cette saison, les légumes d'été ne sont pas arrivés, il y a assez
00:21peu de choix sur les marchés.
00:22Oui c'est ça, on rentre dans une période plus creuse au niveau maraîchage, puisque
00:28les produits d'hiver sont encore là, mais les produits d'été ne sont pas encore
00:32arrivés.
00:33On va trouver des produits comme des asperges qui commencent à arriver, de l'ailer, de
00:38l'olion blanc, du radis, voilà.
00:41Mais c'est vrai que la transition se fait.
00:43C'est tout ?
00:44Ah bah écoutez, on fait ce qu'on peut.
00:45C'est pas grand-chose quand même.
00:47Ah et bah oui, mais c'est normal, la nature elle fait son chemin et puis nous on fait
00:53ce qu'on peut.
00:55Et niveau fruits, qu'est-ce qu'on peut trouver au niveau des fruits sur les étages en ce
00:59moment ?
01:00Les fraises arrivent.
01:01On trouve pas mal de fraises françaises maintenant qui commencent à être là.
01:06Après bon, moi je suis plus dans le maraîchage, mais en fruits oui, c'est essentiellement
01:12la fraise qui arrive maintenant.
01:13Alors, il va falloir patienter combien de temps pour voir de nouvelles typologies de
01:17légumes arriver ? Les courgettes par exemple, c'est pour quand ?
01:19Oh je pense que c'est le mois de mai, on devrait avoir ça d'ici la fin avril.
01:24Début mai, avoir de la courgette française sans problème.
01:27Et vous, au niveau de vos productions, qu'est-ce que vous allez proposer dans les 2-3 semaines
01:31qui viennent à vos clients ?
01:32Moi, comme j'ai des serres, j'ai toujours de l'épinard, j'ai de l'oignon blanc, j'ai
01:39de l'ailier, j'ai de la salade, j'ai quoi ? Qu'est-ce que j'ai d'autre ? Ça va être
01:44essentiellement ça.
01:45Les asperges vertes d'ici semaine prochaine je pense, voilà.
01:48Vous évoquiez tout à l'heure les fraises et justement les asperges à l'instant, ce
01:53sont des produits qui coûtent cher, très cher, c'est assez surprenant sur les marchés,
01:57comment vous expliquez ces coûts ?
01:59Le prix d'une main d'oeuvre, ce sont des produits, si vous avez une grosse structure
02:05que vous pouvez automatiser en tout cas pour l'asperge, mais sur des petites structures
02:09comme les nôtres, c'est de la main d'oeuvre, donc le coût de la main d'oeuvre est très
02:13cher en France, donc voilà.
02:15Vous faites tout à la main pour l'asperge chez vous, vous récoltez ça vous et votre
02:19mari ?
02:20Oui, tout à fait, c'est vraiment tout à la main.
02:25Parce que ça prend du temps et de fait c'est plus cher, je ne sais pas si vous produisez
02:29des fraises ?
02:30Non, moi je ne produis pas de fraises, non.
02:33Donc là aussi c'est une question de nos mains d'oeuvre, c'est une récolte qui n'est pas
02:35mécanisable ou très peu ?
02:37Je ne pense pas non, les personnes avec qui je travaille qui font de la fraise, c'est
02:44un personnel, tout est fait à la main, donc effectivement je pense que leur coût de production
02:50est élevé.
02:51Est-ce que vous pensez que le consommateur arrive à comprendre ce coût de production
02:56parce que c'est vrai qu'on voit des fraises qui arrivent d'autres pays, d'Espagne pour
02:58ne pas les citer et qui sont deux fois moins chères, quel message vous voulez faire passer
03:02vous aux consommateurs pour qu'ils s'orientent davantage vers les produits français, les
03:07produits locaux ?
03:08Moi je pense que le consommateur, je comprends qu'il y ait une question de prix, puisque
03:14ça reste quand même essentiel aujourd'hui, ce qu'on dépense dans l'alimentation, et
03:20je pense que si les gens veulent savoir d'où vient la nourriture qu'ils consomment ou qu'ils
03:24achètent, s'ils veulent développer et permettre aux agriculteurs de vivre honnêtement de leur
03:30travail, il faut qu'ils puissent faire un effort aussi sur les produits qu'ils vont
03:34acheter, même si des fois les prix sont un peu plus chers, mais on ne joue pas dans la
03:37même cour entre les produits espagnols et les nôtres, je veux dire le coût de production
03:41n'est absolument pas le même, le coût d'amendeur n'est absolument pas le même, on ne pourra
03:45jamais s'aligner sur ces prix-là, de toute façon, jamais.
03:48Et vous qui nous écoutez, qu'est-ce que vous cuisinez comme légumes en ce moment ? Comment
03:52vous vous débrouillez avec cette entre-deux-saisons au niveau des fruits et légumes ? Vous nous
03:55appelez dès maintenant au 05 34 43 31 31. Christine Roncato, vous êtes donc maraîchère
04:03à Hausson au nord de Toulouse, il y a encore beaucoup de maraîchers autour de Toulouse ?
04:06De moins en moins, les exploitations ne sont absolument pas reprises, il n'y a pas de jeunes
04:12qui sont tentés de faire ce très beau métier. Après, quand on voit la quantité d'heures
04:18de travail pour les salaires que l'on peut se retirer, je peux comprendre que la jeunesse
04:24ne soit pas motivée par ce type de travail. C'est quoi votre quotidien, pour qu'on comprenne
04:30bien de quoi on parle ?
04:31C'est 6h du matin, 21h tous les jours.
04:35Ce sont des journées très denses pour des salaires qui ne sont pas nécessairement énormes ?
04:42Tout à fait, une fois que vous êtes passés partout, il ne reste pas grand-chose. Le problème de l'agriculture
04:48est toujours le même, on n'a rien résolu malgré ce que les gens veulent nous laisser croire.
04:53Qu'est-ce qu'il faudrait faire ? Quelles solutions vous entrevoyez pour qu'il y ait plus de gens
04:58qui se tournent vers ces métiers, du maraîchage notamment ?
05:01Il faut que les jeunes puissent trouver une motivation dans ce travail-là, mais le problème
05:06c'est qu'aujourd'hui, la motivation reste quand même le salaire pour beaucoup de gens.
05:10La volonté de travailler la terre ne suffit pas pour que les gens aient envie de s'installer.
05:15Il faudrait qu'un agriculteur, quelle qu'il soit sa production, puisse vivre honnêtement
05:21de son travail et puisse avoir un salaire correct pour lui et sa famille.
05:25Et ça passe par quoi ? Qui peut vous aider ? C'est le consommateur ? C'est l'État qui peut faire quelque chose ?
05:31L'État, je ne suis pas sûre qu'il ait l'envie de vraiment aider l'agriculture.
05:36Le consommateur, oui, s'il se donne la peine de regarder les productions ou les productures
05:41qu'il y a autour de chez lui et qu'il consomme local. C'est sûr que nous, on a besoin de la clientèle.
05:46Si on a une clientèle, on vend notre production et on arrive à vivre honnêtement de notre travail.
05:53On entend les petits oiseaux derrière vous. C'est assez mignon.
05:58Vous parliez de suite et de reprise. Je crois que vous êtes relativement proche de la retraite.
06:03Est-ce que vous avez déjà trouvé un repreneur ?
06:06Pas du tout. Pas du tout. Après, de notre côté, on a une exploitation qui est en place depuis plus de 30 ans
06:14avec toute la structure qui y va avec. Et honnêtement, un jeune qui a envie de s'installer,
06:19je ne sais pas où il va trouver les sous pour pouvoir payer cette structure-là.
06:24Je ne suis pas sûre que les banques vont suivre. Je ne suis pas sûre qu'ils aient envie de s'endetter
06:29de centaines de milliers d'euros pour payer une structure qui est en place depuis 40 ans.
06:33Mais vous dressez quand même un constat très fataliste, Christine Roncato. C'est vrai que c'est...
06:39C'est la réalité, malheureusement. Malheureusement.
06:43Et qu'on n'arrive déjà pas à trouver des stagiaires pour venir se former, alors imaginez pour le reste.
06:48Est-ce qu'il faudrait qu'il y ait peut-être plus de messages diffusés dans les écoles,
06:51dès la 6e, la 5e, la 3e, pour orienter les jeunes vers les métiers agricoles ?
06:57Je ne sais pas. Honnêtement, je n'ai pas de retour là-dessus.
07:01Je pense que l'agriculture reste une vocation, reste un métier que l'on ne fait pas par hasard.
07:06Donc j'ose espérer que les gens qui se dirigent vers l'agriculture, ce sont des gens passionnés
07:13qui ont envie de vivre de ça. Donc ils ne se posent peut-être pas toutes ces questions-là.
07:17Après, aux autres, je ne sais pas.
07:19Merci beaucoup, Christine Oncato. Je rappelle que vous êtes maraîchère à Hausson, dans l'Univers Ouest Toulousain.
07:23Merci, bonne journée à vous.