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Sébastien Chenu, député du Nord et porte-parole du Rassemblement national, était l'invité de 7h50 deux jours après la condamnation de Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité dans l'affaire des assistants parlementaires de son parti. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-02-avril-2025-9206731

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00:00Sonia Devillers, votre invitée, est députée RN du Nord et vice-président du Rassemblement National.
00:07Bonjour Sébastien Chenu.
00:08Bonjour Madame.
00:09Hier soir, la Cour d'appel a promis un procès et une décision rendue d'ici à 2026, en
00:14tout cas plusieurs mois avant la présidentielle de 2027.
00:16Ce délai exceptionnellement court, beaucoup de justiciables en France aimeraient y avoir
00:20droit pour un procès en appel.
00:22Est-ce que ça paye d'attaquer les juges à feu nourri pendant 48 heures ?
00:26Non mais écoutez, c'est appréciable et j'allais dire comme le premier président
00:31de la Cour de cassation, vous voyez que je n'attaque pas les juges, je le cite, il a
00:35dit « la justice est capable d'entendre l'émoi d'une société ». Et donc effectivement
00:39c'est appréciable.
00:40Cependant, ça ne remet pas en cause l'atteinte majeure à la démocratie qui est celle de
00:45l'exécution provisoire d'une peine d'inéligibilité pour Marine Le Pen.
00:49C'est-à-dire que si demain il y avait une présidentielle ou des législatives anticipées,
00:53Marine Le Pen ne pourrait pas y participer.
00:55Ce qui pose évidemment un problème politique mais aussi un problème juridique.
00:59On peut peut-être en reparler si vous le souhaitez.
01:01On va y revenir, vous dites que vous n'attaquez pas les juges mais il y a une nouvelle enquête
01:04qui a été ouverte hier après des menaces ayant visé les magistrats du tribunal correctionnel
01:08de Paris qui ont condamné Marine Le Pen.
01:10Il y en a une autre qui est en cours depuis le début de l'année sur des menaces de
01:14mort visant les autres magistrats du procès.
01:17Comment en est-on arrivé là Sébastien Fulguet ?
01:19Non mais moi ces menaces, et nous globalement ces menaces, nous les condamnons.
01:22Il n'y a pas à menacer des juges.
01:23On peut cependant aussi s'émouvoir de déclarations de juges ou de motivations de juges.
01:30Oui mais qui met en danger la démocratie Sébastien Cheneux ?
01:33Des juges qui appliquent la loi ou des hommes politiques qui attaquent les juges ?
01:37Non, c'est pas ça appliquer la loi parce que la peine, l'exécution provisoire n'est
01:42pas automatique.
01:43C'est le magistrat qui le décide, qui le motive et en l'occurrence elle la motive
01:48par des raisons politiques.
01:50Elle écrit cette magistrate qu'il faudrait empêcher Marine Le Pen d'être candidate
01:53à la présidentielle si elle était condamnée parce que ça créerait, ce qui n'existe
01:57pas dans le droit, un trouble démocratique.
01:59Ceci n'existe pas, il n'y a aucune jurisprudence, aucun texte, donc ça veut dire qu'elle
02:04motive sa décision également pour des raisons de justice, c'est-à-dire face à un déni
02:11de justice, à un déni de Marine Le Pen de reconnaître des faits d'une extrême
02:15gravité qui sont consignés dans 52 pages de jugement.
02:20Si vous voulez bien que je vous réponde, le trouble à l'ordre public démocratique
02:25qu'exprime la magistrate n'existe pas dans le droit, aucun texte, aucune jurisprudence.
02:30Donc elle dit, le danger ce serait que Marine Le Pen, condamnée, puisse être candidate
02:34devant les électeurs.
02:35Mais les électeurs font ce qu'ils veulent et là c'est vraiment une atteinte à la
02:37démocratie.
02:38Les électeurs votent pour qui ils veulent, pour le profil des candidats qu'ils veulent,
02:43ça ne justifie aucune menace.
02:44La manifestation de dimanche c'est une manifestation contre les juges, Sébastien
02:49C'est une manifestation pour la démocratie, de soutien à Marine Le Pen.
02:52Je crois qu'il y a un vrai émoi populaire, on a lancé une pétition en quelques heures,
02:57on avait plus de 300.000 signataires, on a eu 10.000 adhésions nouvelles dans la journée
03:02d'hier.
03:03Il y a 10.000 adhésions supplémentaires aux partis.
03:05Les comptes des partis politiques sont publics donc vous pouvez les mesurer très facilement.
03:10Mais quand Marine Le Pen compare la décision des juges à une bombe nucléaire, ce sont
03:15ses mots, le système a sorti une bombe nucléaire.
03:18Comment les électeurs sont invités à réagir quand ils entendent qu'on leur déclare
03:23la guerre, qu'on les attaque avec une arme de destruction massive ?
03:26Madame, d'abord vous faites, permettez-moi de vous le dire, une erreur sémantique.
03:30Il n'y a pas de décision.
03:31La mesure d'exécution provisoire qui est la bombe nucléaire, ce n'est pas une décision,
03:35c'est une mesure d'exécution de la peine.
03:37Donc c'est un petit peu différent, ce n'est pas une décision qu'on ne pourrait pas commenter
03:41etc.
03:42C'est une mesure d'exécution de la peine.
03:44Comment les électeurs sont invités à réagir quand ils entendent ces mots-là ?
03:46Eh bien, nous les appelons effectivement à se mobiliser pour dénoncer ce scandale
03:50démocratique.
03:51Car c'est un scandale démocratique à s'insurger, dénoncer, pas plus que ça, dénoncer avec
03:57force, avec vigueur, avec conviction, ce qui est une atteinte à la démocratie.
04:02Je vous ai vu éclater de rire pendant l'édito de Patrick Cohen, vous êtes assis à côté
04:05de lui.
04:06Oui, parce que ce n'était pas complètement mesuré, c'était un peu excessif on va dire,
04:08un peu caricatural.
04:09C'est un peu caricatural et ça ne rappelle pas la rhétorique de Donald Trump au moment
04:13de sa défaite qui a donné lieu à un assaut populaire.
04:16Contre le Capitole.
04:17On est tout à fait loin de ça, on est loin de ça en fin de moment, il faut garder toute
04:23mesure.
04:24Il y a une atteinte très forte à la démocratie et c'est Marine Le Pen qui en est victime.
04:27Et derrière elle, les millions de Français qui veulent voter pour elle.
04:30Parce que c'est ça.
04:31C'est un principe que nous appliquerions d'ailleurs à n'importe quel adversaire politique du
04:35pouvoir.
04:36C'est-à-dire que si demain c'était Jean-Luc Mélenchon qui avait la même mesure d'exécution
04:40de peine, une exécution provisoire sur une inéligibilité, on le défendrait de la même
04:44façon.
04:45Marine Le Pen, elle est coupable à l'heure qu'elle est.
04:47Mais non, elle est aussi victime.
04:49Oui, mais là en l'occurrence, elle est coupable.
04:51Elle a été reconnue coupable de détournement de fonds.
04:53Je vous rappelle qu'elle est présumée innocente au moment où nous nous parlons, madame.
04:55Oui, elle interjette appel.
04:56Mais elle a été reconnue coupable en première instance d'un détournement de fonds à hauteur
05:01de 4,5 millions d'euros pendant 12 ans.
05:05Il y a 24 personnes condamnées.
05:07Je sais que ce sera très difficile que vous puissiez dire sur votre antenne qu'elle est
05:11présumée innocente.
05:12Elle est totalement présumée innocente, elle interjette appel.
05:15Donc Cornel est compteur à zéro.
05:16Innocente, mais ma première question, c'est justement, elle porte sur ce procès en appel.
05:21Juste un point, il y avait aussi dans les motivations de la juge, le risque de récidive.
05:26Sincèrement, c'est totalement surréaliste.
05:28Marine Le Pen n'est plus présidente de son groupe au Parlement européen puisqu'elle
05:32n'est même plus députée européenne et elle n'est plus présidente d'un parti politique.
05:35Donc zéro risque de récidive.
05:37Ça n'existe pas.
05:38Si elle veut se présenter à l'élection présidentielle, elle aura la responsabilité
05:42suprême du pays.
05:43Il faut quand même qu'elle fasse preuve de probité.
05:46Elle était elle-même, il y a dix ans, la première à réclamer l'inégibilité à vie
05:51pour des hommes politiques et des élites qui ont manqué de probité.
05:56Et sur ça, on a une longue liste d'hommes politiques qui s'en sont mis plein les poches.
06:00Si on parle de Kays-Zizak, on peut…
06:02Ce n'était pas seulement sur l'enrichissement personnel.
06:04Non, non, non, la liste des délits était longue et il n'y avait pas seulement l'enrichissement…
06:08Là, on parle de l'usage d'une dotation et c'est ce que nous contestons d'ailleurs.
06:12Personnel.
06:13Il n'y a pas d'enrichissement personnel dans cette affaire-là.
06:15Justement, il y a dix ans, quand elle réclamait l'inégibilité à vie, ce n'était pas seulement sur l'enrichissement personnel.
06:20Alors, passons à autre chose.
06:22Justement, procès en appel.
06:24On ne sait pas ce qui va en sortir.
06:26Admettons que cette inégibilité immédiate saute.
06:30Si Marine Le Pen est condamnée à nouveau à quatre ans de prison pour détournement de fonds publics,
06:35est-ce qu'elle se présenterait quand même à l'élection présidentielle ?
06:38Bien sûr.
06:40Comment ça, bien sûr ?
06:41D'abord, elle contesterait par les voies de recours.
06:43Je crois qu'après, elle a la possibilité de la cassation.
06:45Mais s'il n'y a pas d'exécution provisoire et qu'elle peut se présenter devant les Français,
06:51même en étant condamnée par la cour d'appel, elle irait en cours de cassation.
06:56Eh bien, elle se présenterait devant les Français.
06:58Le but de Marine Le Pen, c'est de défendre une autre…
07:00Donc, condamnée deux fois, moralement, ça ne pose pas de problème de se présenter devant les Français ?
07:05Non, à partir du moment où il y a une cassation, après…
07:07Pourquoi est-ce que Marine Le Pen n'aurait pas le droit d'être traitée de la même façon ?
07:11Il y a des juridictions d'appel, de cassation, comme pour tout le monde.
07:15Et donc, tant qu'une chose n'est pas jugée définitivement, nous usons et utilisons,
07:19comme pour n'importe quel justiciable.
07:21C'est vrai que Marine Le Pen, on n'a pas envie, visiblement, de la traiter comme les autres.
07:25On a vu, elle n'est pas traitée comme les autres, c'est le moins qu'on puisse dire.
07:28Mais Marine Le Pen se présenterait devant les Français.
07:30Et si l'inévitabilité tombe encore, est-ce que Jordan Bardella est votre candidat ?
07:34On n'est pas sur ça.
07:36Je vous pose la question parce que ça fait 48 heures que, manifestement,
07:39tout l'état-major du Rassemblement National est très sur la reculade.
07:43Non, mais Jordan Bardella lui-même l'a dit.
07:45Il a dit « je ne rentrerai pas dans cette danse, dans une quelconque imagination,
07:50un quelconque scénario de plan B, tant que Marine Le Pen portera nos couleurs
07:54et elle va les porter à mon avis très longtemps ».
07:56Il n'est pas prêt, Jordan Bardella ?
07:57Jordan Bardella, il est prêt pour être Premier ministre aujourd'hui.
07:59C'est exactement ce pour quoi il se prépare.
08:01Et puis, Marine Le Pen pour être Présidente de la République.
08:03On travaille sur ce scénario et vous n'en causerez pas d'autres.
08:06Oui, mais gouverner, c'est prévoir.
08:09À ce stade, elle a été reconnue coupable.
08:13L'inégibilité est tombée, elle peut retomber.
08:16Et elle est présumée innocente.
08:17Je le rappelle parce que la virgule qui est après votre phrase ne vient pas.
08:21Elle peut retomber encore.
08:23Dans ces cas-là, vous avez prévu de porter quel candidat à la présidentielle ?
08:29Vous savez, nos idées nous dépassent.
08:31Nous serons au rendez-vous des Français.
08:32Mais c'est Marine Le Pen qui sera à ce rendez-vous en 2027.
08:35Et vous l'accueillerez probablement ici d'ailleurs, pour vous en parler.
08:37Oui, j'ai entendu.
08:38Mais on l'accueille régulièrement ici, Sébastien Chenu.
08:40Bien sûr, c'est pour ça que je vous dis, il y aura des rendez-vous
08:42et vous aurez l'occasion de lui poser des questions sur son programme.
08:45Mais on va se battre parce que cette atteinte à la démocratie,
08:47sincèrement, si dans un autre pays, je pense à la Hongrie,
08:50il y avait eu ça, vous seriez là, tous, micro-ouverts, à dénoncer ça.
08:54Mais nous avons régulièrement dénoncé, ici, micro-ouverts,
08:58les dérives de la Hongrie, qui aujourd'hui soutient Marine Le Pen.
09:06Oui, mais comme beaucoup de représentants de démocratie,
09:08la Hongrie, c'est une démocratie, on n'est pas forcément toujours très heureux
09:11des gens qui sont élus dans les démocraties.
09:13Jair Bolsonaro, Vladimir Poutine apportent leur soutien à Marine Le Pen.
09:18Vous avez dit hier à l'Assemblée nationale, Sébastien Chenu,
09:21que la France se ridiculisait face aux démocraties du monde.
09:26Et vous recevez le soutien de dirigeants autoritaires qui bafouent eux-mêmes la démocratie.
09:32Les États-Unis, la Hongrie, c'est des démocraties.
09:35Ils ne vous plaisent pas, leurs dirigeants, mais ils ont été élus.
09:37Je sais que la grande idée, c'est de remplacer le peuple quand le peuple vote mal.
09:40Pour l'instant, on n'en est pas encore là.
09:43Merci Sébastien Chenu.
09:44Merci.

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