Dix-huit mois de prison avec sursis ont été requis jeudi 27 mars contre l'acteur Gérard Depardieu, jugé pour des agressions sexuelles que le parquet a présentées comme "intentionnelles". Vincent Vantighem, grand reporter BFMTV, revient sur 4 jours de procès sous tension, au tribunal judiciaire de Paris.
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00:00Gérard Depardieu est accusé d'agression sexuelle sur deux personnes ayant participé au tournage du
00:06film Les Voulez-Vers en 2021. Les prénoms d'emprunts des plaignantes c'est Amélie et Sarah. Hier le
00:14parquet a requis 18 mois de prison avec sursis, 20 000 euros d'amende et obligation de soins
00:21psychologiques. Pour en parler avec nous, Vincent Ventillem, grand reporter à BFMTV, merci d'être
00:26avec nous. Tu as suivi quatre jours d'audience, quatre jours de procès sous tension. Est-ce que
00:35tu peux un peu nous raconter le déroulement de ces journées ? Le déroulement de ces journées c'est
00:40beaucoup d'électricité dans l'air, beaucoup de tension, la difficulté finalement d'aborder le
00:46fond du dossier. En fait ce qu'il faut bien comprendre c'est que des dossiers d'agression
00:50sexuelle de ce type c'est le lot commun pour les tribunaux, notamment le tribunal judiciaire de Paris
00:57et que vu la nature des faits, normalement ce type d'audience c'est deux heures et demie, trois heures.
01:03Là on y a passé quatre jours et je pense qu'on aurait pu en passer davantage parce que
01:09parce que déjà il y a un prévenu qui n'est pas n'importe quel prévenu, c'est le juge Gérard Depardieu
01:14et que donc même si la justice est la même pour tous, on va quand même prendre des dispositions
01:19spéciales pour pouvoir le juger. Et puis surtout ça tient beaucoup à la personnalité de son avocat
01:23Jérémy Assous qui a essayé de torpiller un peu l'audience et la procédure en faisant des coups
01:31d'éclats, on pourrait dire systématiques, matin, midi et soir, pour aboutir finalement à ces
01:37réquisitions du parquet. Hier 18 mois de sursis, 18 mois de prison avec sursis, avec un sursis
01:42probatoire. Alors c'est pas un sursis simple, il faut juste expliquer d'un mot peut-être ce que c'est.
01:47Le sursis probatoire c'est un peu plus strict qu'un sursis simple, c'est-à-dire que dans l'esprit du
01:52parquet, donc de l'accusation, Gérard Depardieu doit être sanctionné de diverses obligations et
01:57interdictions et s'il ne les respecte pas pendant trois ans, il ira en prison pendant 18 mois. C'est
02:02ça le sursis probatoire et ses obligations, c'est notamment obligation de soins, obligation de payer
02:07les plaignantes, voilà un petit peu ce que le parquet a retenu à son encontre.
02:11Justement Gérard Depardieu, c'est quand même la figure qu'on attendait. Il a assisté aux audiences.
02:16Quelle était son attitude durant ces quatre jours ?
02:19C'est vrai que c'était, en tout cas lundi, c'est l'image que je retiens. Il faut se souvenir qu'il y avait eu une
02:25première audience au mois d'octobre, renvoyée pour raison de santé parce que Gérard Depardieu n'était pas en
02:29état d'être jugé, là il était apte à comparaître et donc on l'a vu arriver lundi au tribunal. On se demandait,
02:34moi je me demandais déjà s'il allait arriver en fauteuil roulant parce qu'on sait qu'il a des difficultés à se déplacer.
02:37Finalement non, on le voit, il s'appuie, il s'adosse comme ça à son garde du corps, à son avocat.
02:44Et puis, on a aménagé l'audience pour qu'il puisse être là. Le premier de ses aménagements, c'est son siège.
02:49C'est-à-dire qu'il ne peut pas être assis sur un siège comme tout le monde. Il doit être un peu en hauteur.
02:53Sinon, il n'arrive pas à se relever. Il n'a pas choisi n'importe quel siège. Il a pris ce qu'on appelle un cube de machinaux.
02:59Alors moi, j'ai découvert cette expression au cours de ce procès. C'est une espèce de cube en bois de caisse qu'utilisent les
03:04machinistes au cinéma, vous savez, pour aller installer des lumières, des projecteurs, des trucs.
03:08Mais ce n'est pas n'importe quel cube qu'il a choisi, c'est celui qu'il avait sur le tournage des volets verts.
03:14Il était assis lorsqu'il a supposément agressé sexuellement au moins une des deux plaignantes, à savoir Amélie.
03:21Donc, déjà, dans le symbole, il y a quelque chose d'extrêmement, on va dire, offensif dans cette défense-là.
03:27Et alors, quelle était son attitude au cours de ces quatre jours ? Sa défense ?
03:32Alors, sur l'attitude de Gérard Depardieu, il faut comprendre qu'il est assis tout devant, dans le prétoire, sur ce fameux cube,
03:38un peu en hauteur par rapport à tout le monde, ce qui lui donne une drôle de position.
03:42Il écoute, il assiste. On voit qu'il fatigue à peu près au bout de deux ou trois heures d'audience.
03:47Par moments, il chose des lunettes de soleil. Il a parfois les yeux un peu mi-clos, mais il suit quand même les débats.
03:52Il semble avoir quelques problèmes d'audition parce qu'à plusieurs reprises, on a noté qu'il n'entendait pas vraiment ce qui se disait dans le prétoire.
04:01Et puis après, c'est le Gérard Depardieu qu'on a décrit ces derniers temps dans les médias, c'est-à-dire qu'il n'a pas trop de filtres.
04:08Par moments, il se retourne vers son garde du corps en disant « je dois aller pisser ».
04:12Au beau milieu des débats, on entend Gérard Depardieu dire qu'il a besoin d'une pause en ces termes.
04:19Après, quand il est à la barre, il essaie de se défendre comme il peut.
04:24On voit que c'est compliqué. Ces quatre jours d'audience ont été compliqués pour lui à deux moments.
04:30L'un de ces moments, c'est quand il a changé de version vis-à-vis d'Amélie, c'est-à-dire qu'en garde à vue, il avait dit « je ne l'ai jamais touchée ».
04:35L'audience a reconnu qu'il l'avait saisie. On n'a pas trop bien compris. Au début, il a dit « je l'ai saisie pour ne pas tomber, parce que sinon j'allais tomber ».
04:42Et puis « je l'ai saisie parce que je voulais l'engueuler, lui passer un savon ». Là, j'utilise les termes de Gérard Depardieu.
04:46Une version différente.
04:47Voilà. Et puis surtout, il y a eu un grand moment un peu de gêne, c'est quand il a été interrogé par l'une des avocates des parties civiles sur la notion d'agression sexuelle.
04:55Qu'est-ce qu'une agression sexuelle ? Et là, il a expliqué qu'en fait, il ne savait pas vraiment ce que c'était.
04:59D'accord.
05:01Que pour lui, une agression sexuelle, c'était sans doute plus grave qu'une main aux fesses.
05:04Sauf que non, une main aux fesses, c'est une agression sexuelle et c'est ce qu'il est accusé d'avoir commis.
05:08Et c'est pour ça qu'il est jugé.
05:09Puis Gérard Depardieu qui dit « je ne sais pas ce qu'est une agression sexuelle ».
05:13Cette procédure, elle dure depuis longtemps. Il aurait pu se renseigner.
05:16Un petit peu, oui.
05:17Il est quand même, en parallèle, mis en examen pour viol dans une autre procédure.
05:20Oui. Et alors, il a quand même des soutiens qui sont venus, notamment Fanny Ardant.
05:24Est-ce que son attitude était différente suite à ces soutiens ?
05:30On pourrait dire qu'il y avait deux camps dans le prétoire.
05:32Un camp très fourni, celui des féministes qui sont venues tous les jours, très nombreuses,
05:37pour soutenir les plaignantes.
05:38Et puis, un petit cercle qui s'est formé autour de Gérard Depardieu, deux rangs derrière lui,
05:42avec toujours les mêmes personnes chaque jour.
05:44Vincent Pérez, avec qui il a partagé l'affiche, notamment dans Cyrano.
05:49Son ex-femme, Gérard Depardieu, Karine Sylla, qui est d'ailleurs en couple aujourd'hui avec Vincent Pérez.
05:53Et la fille de Gérard Depardieu et Karine Sylla, Roxane Depardieu, qui était là tous les jours.
05:58Son principal soutien, en tout cas le plus notable, celui qui était le plus attendu dans le prétoire,
06:02c'est Fanny Ardant, qui est venue témoigner à la barre mercredi,
06:07qui a fait un discours qui était magnifique,
06:10pour dire tout l'amour qu'elle portait à Gérard Depardieu,
06:14mais qui était un peu hors sujet puisqu'elle a parlé de l'acteur et non pas des faits dont il est accusé.
06:18Et c'est vrai qu'après sa déposition à la barre, Fanny Ardant, elle s'est retournée,
06:23elle s'est dirigée vers Gérard Depardieu, qui pour le coup s'est levée,
06:26alors qu'on sait qu'il a des difficultés, il l'a un peu enlacée,
06:28elle l'a embrassée longuement et tendrement,
06:31et elle est allée s'asseoir trois ronds derrière lui,
06:33et elle a suivi toute l'audience de mercredi après-midi, qui s'est terminée assez tard d'ailleurs.
06:37Donc c'est finalement, ça a été une plaidoirie sur l'amitié,
06:40plus qu'autre chose de la part de Fanny Ardant ?
06:43Elle a expliqué qu'il fallait, c'est intéressant d'ailleurs, qu'il fallait voir en Gérard Depardieu,
06:47l'acteur aimé de tous, de Cuba à Vladivostok,
06:51c'est un acteur qui est aimé de tous parce qu'il ne triche pas, il ne joue pas,
06:55il est entier, il faut le prendre avec, a-t-elle dit,
06:57le bien, le mal, le pire, le meilleur, l'ombre, la lumière,
07:00elle a dit, c'est un risque à courir.
07:02Et c'est assez marrant parce que le procureur, dans ses réquisitions,
07:05est évidemment revenu là-dessus en disant,
07:07on peut être un excellent acteur, on peut être un excellent boulanger,
07:10un excellent père de famille, on peut même être la pire des ordures,
07:13en fait, on s'en fout, on est là pour juger les agressions sexuelles
07:16dont vous êtes accusé.
07:18Et alors, ce procès, il a été aussi particulièrement marqué
07:21par les prises de parole de l'avocat de Gérard Depardieu.
07:24Maître Jérémy Assouz, il s'est trouvé être extrêmement loquace,
07:28voire prolixe devant les caméras,
07:30et assez acerbain dans le verbe, notamment, vers les plaignantes
07:33et les avocates des plaignantes.
07:35Est-ce que c'est quelque chose qu'on a l'habitude de voir ?
07:37Est-ce que tu peux un peu nous parler de cette figure
07:39qui a marqué ce procès ?
07:41Alors oui, déjà,
07:43des invectives entre les avocats,
07:45des prises de bec, des échanges de noms d'oiseaux,
07:48c'est quelque chose auquel on assiste,
07:50je ne vais pas dire fréquemment, mais ça arrive au cours des procès.
07:54Là, ça a quand même dépassé un degré particulier,
07:56il faut se rendre compte que Jérémy Assouz,
07:58il a qualifié ses contradictrices,
08:00donc les avocates de plaignantes, de femmes abjectes,
08:02de menteuses, de femmes stupides,
08:04d'idiotes, d'hystériques,
08:06voilà, des mots extrêmement durs,
08:08encore plus dans le cadre d'un procès
08:10pour des faits d'agression sexuelle.
08:12Donc, c'est en ce sens que ça a totalement électrisé les débats,
08:16parce que lui, il voulait tenter de torpiller le procès.
08:18Pourquoi ? Parce qu'au début, il faut bien se rendre compte
08:20que ce procès était prévu pour durer une journée et demie.
08:23Et plus Jérémy Assouz faisait des coups d'éclat,
08:25plus il faisait un peu traîner,
08:27moins on avait de temps pour aller dans le fond du dossier.
08:29C'était ça la stratégie.
08:31La stratégie, c'était gagner du temps.
08:33C'était plus ou moins de gagner du temps
08:35pour passer moins de temps sur le fond du dossier,
08:37qui est problématique pour Gérard Depardieu.
08:39Après, Jérémy Assouz, c'est un avocat,
08:41et à ce titre, tout ce qu'il a fait,
08:43il l'a fait au titre des droits de la défense,
08:45et ça, on ne peut pas le critiquer.
08:47Il défend son client.
08:49Un avocat a tous les droits pour défendre son client,
08:52c'est-à-dire qu'il peut aller là-dessus.
08:54Et puis, ce n'est pas n'importe quel avocat.
08:56Il est connu,
08:58ça fait quand même quelques années
09:00qu'il pleine dans les dossiers pénaux.
09:02Il avait notamment eu une très belle décision
09:04dans le dossier de Tarnac,
09:06il y a quelques années.
09:08Jérémy Assouz, c'est quelqu'un
09:10qui s'est fait connaître au cours des années 2000,
09:12parce qu'il était spécialisé
09:14dans le dossier du droit du travail,
09:16et il a réussi à obtenir
09:18la requalification
09:20des contrats de tous les candidats
09:22de la téléréalité en contrat de travail.
09:24Et ça, financièrement, ça a été une opération
09:26extrêmement fructueuse
09:28pour les candidats, mais aussi pour lui en tant qu'avocat.
09:30Et aujourd'hui,
09:32il fait figure, en tout cas,
09:34parmi ses confrères, on le décrit comme quelqu'un
09:36de no-limit, c'est-à-dire qu'il a peur de rien.
09:38Il n'a pas peur de la contradiction,
09:40il n'a pas peur d'y aller,
09:42et c'est avec ce tempérament-là
09:44qu'il va
09:46au combat judiciaire.
09:49On a noté d'ailleurs que ce n'était pas l'avocat historique
09:51de Gérard Depardieu qui l'a appris il y a seulement
09:53quelques mois.
09:55Jérémy Assous, il s'occupait de son litige
09:57avec complément d'enquête sur le fameux documentaire
09:59La Chute de l'Ogre, et quand il a vu comment
10:01cet avocat prenait ce dossier
10:03à bras le camp, il a dit, mais en fait, pour mes autres
10:05dossiers, c'est aussi lui que je vais prendre.
10:07On l'a bien compris, tu l'as dit,
10:09il utilise tous les moyens
10:11pour défendre son client, mais est-ce qu'il a
10:13tous les droits ? Parce qu'on le répète,
10:15il a quand même traité
10:18les plaignantes et les avocates
10:20d'hystérique.
10:22Qu'est-ce que j'ai noté encore ?
10:24Ah oui, le fait que
10:26leur cas relève de la psychiatrie.
10:28Est-ce qu'on peut
10:30se permettre d'utiliser
10:32ces termes-là
10:34sans risque ? Est-ce qu'il n'y a pas une éthique,
10:36une déontologie aussi pour les avocats ?
10:38Il y a une déontologie. Il a tous les droits
10:40pour défendre son client, mais il est soumis à ce qu'on appelle
10:42la police de l'audience. Or, la police de l'audience,
10:44elle est entre les mains d'une seule personne,
10:46le président de l'audience, Thierry Denard,
10:48qui, il faut bien le dire, l'a laissée dérouler
10:50cette semaine, l'a laissée complètement
10:52prendre la place dans
10:54le prétoire. Alors, on n'a pas
10:56d'explication, puisque le président de l'audience, il n'explique pas
10:58pourquoi il a agi de la sorte.
11:00Ce qu'on peut imaginer,
11:02c'est que le président avait peut-être
11:04peur que
11:06Jérémie Assous aille encore plus loin,
11:08c'est-à-dire qu'à force de l'interrompre, ce soit toujours
11:10dans la surenchère et on aborde encore moins
11:12le fond du dossier. Donc, il y a un choix stratégique
11:14qui a été pris de lui laisser cette place-là.
11:16Ça a évidemment agacé, irrité,
11:18ça a fait
11:20beaucoup de mal à cette audience, ça a fait beaucoup de mal au métier
11:22d'avocat, parce que ça ne donne pas une belle image,
11:24même, mais il ne fait que respecter
11:26les droits de la défense. Et quand il vient pour
11:28plaider une nullité, ce qu'il a
11:30fait lundi, pendant 1h46,
11:32en sachant...
11:36Oui, en sachant pertinemment
11:38que ça avait quand même peu de chances d'aboutir, c'est aussi pour
11:40ça. Et on le laisse dérouler, on le laisse dérouler.
11:42Et de la même manière, les avocats des
11:44plaignantes se sont beaucoup insurgés quand il a tenu
11:46ses propos déplacés, mais le Président ne l'a pas
11:48ou à de très peu,
11:50à de très rares moments,
11:52ne l'a repris, en fait.
11:53Mais d'ailleurs, ça lui a été reproché,
11:55ces plaidoiries d'1h46.
11:57Comme tu l'as dit, on lui reproche
11:59à la fin, mais bon, on le laisse quand même dérouler.
12:01Et c'est effectivement possible, comme tu l'as dit,
12:03que le Président ait eu
12:05peur qu'il exagère, parce qu'il a quand même beaucoup parlé
12:07d'un procès de pression sociale,
12:09pression médiatique et la pression
12:11des associations. Est-ce que ça aussi,
12:13c'était sa stratégie de dire que tout ça,
12:15c'était de la faute des médias ?
12:17Parce que d'ailleurs, il a aussi rappelé
12:19une petite problématique qu'il a
12:21envers Mediapart, qui voudrait
12:23faire tomber l'acteur
12:25un peu main dans la main avec le parquet de Paris.
12:27En fait, c'est pas compliqué.
12:29Hier, Jérémie Assou, s'il a plaidé pour son
12:31client, ça a duré trois heures et demie.
12:33On a commencé à aborder
12:35le fond dans sa plaidoirie, peut-être
12:37au bout d'une heure et demie. C'est-à-dire que la première
12:39heure et demie de sa plaidoirie,
12:41elle était consacrée à, essentiellement,
12:43Mediapart et Complément d'Enquête. Et les médias
12:45accusaient, selon lui,
12:47d'avoir monté un complot généralisé
12:49à l'encontre de Gérard Depardieu pour le faire
12:51tomber, main dans la main avec le parquet de Paris.
12:53Voilà, pour lui, Mediapart
12:55et le parquet de Paris ont voulu faire tomber Gérard Depardieu.
12:57Et c'est pour ça que cette procédure a été montée.
12:59Donc, il a plaidé, oui, pendant une heure et demie
13:01sur le rôle des médias, sur le fait que les médias
13:03avaient sans cesse
13:05tenu le micro face aux plaignants, sans jamais
13:07avoir la contradiction. C'est, en tout cas,
13:09là-dessus qu'il a plaidé. Pourquoi est-ce
13:11qu'il a plaidé ça ? C'est parce que,
13:13dans l'esprit de Gérard Depardieu
13:15et, en tout cas, dans la stratégie qui est mise en place
13:17par son avocat, ce procès
13:19d'agression sexuelle, ce n'est pas le plus important.
13:21Il faut se rappeler que Gérard Depardieu
13:23est mis en examen pour des faits de viol. Le parquet a requis
13:25son renvoi devant une cour criminelle départementale
13:27pour les viols sur Charlotte Arnoux. C'est,
13:29à terme, quelque chose qui était là, d'ailleurs,
13:31qui en a pris plein la tête puisqu'elle a été vivement
13:33critiquée aussi par Jérémy Assous.
13:35À terme, cette procédure, elle pourrait lui faire
13:37encourir une peine de 20 ans de prison.
13:39Et le but de Jérémy Assous, c'est
13:41d'essayer de démontrer que tout ça fait partie d'un ensemble
13:43d'une espèce de complot
13:45médiatique. S'il arrive à faire tomber les accusations
13:47ici, il va déjà mettre un coin, en fait,
13:49dans l'autre procédure qui mena Gérard Depardieu.
13:51C'est ça qu'il vise exactement aujourd'hui.
13:53Et c'est en ce sens qu'il a critiqué, bah oui,
13:55Charlotte Arnoux, la plaignante de l'autre dossier,
13:57les médias,
13:59les témoins, tous ceux qui ont une dent
14:01contre Gérard Depardieu parce qu'ils représentent
14:03Gérard Depardieu. D'après lui, c'est l'unique
14:05explication. Oui, d'ailleurs, il a eu des mots
14:07effectivement très durs. Il a dit
14:09pour Charlotte Arnoux, vous en connaissez
14:11beaucoup des victimes de viol qui viennent tous les jours
14:13voir son violère. C'est une menteuse, c'est une
14:15mythomane. C'est vraiment des termes
14:17insupportables.
14:19C'est insupportable pour les associations,
14:21pour les plaignantes, pour toutes les personnes
14:23qui étaient venues soutenir parce que
14:25la remise en cause, c'est une stratégie de défense qui est classique
14:27dans ce genre de dossier. On va décrédibiliser
14:29la victime, on va remettre en cause sa parole
14:31pour tenter de faire valoir son innocence.
14:33Mais là-dessus, on salit
14:35des femmes qui ont souffert.
14:37Il y a quelque chose qui est extrêmement intéressant,
14:39j'ai trouvé moi dans ce procès, dont on a peu parlé,
14:41c'est ce qu'ont plaidé les avocates des
14:43plaignantes lors de leur plaidoirie. Elles ont
14:45réclamé la réparation d'un préjudice
14:47au titre de ce qu'on appelle la victimisation
14:49secondaire. C'est une notion qui est récente,
14:51qui date de 2013. En fait, quand
14:53on réclame des dommages à intérêt à son
14:55agresseur parce qu'il a commis une agression
14:57sexuelle, c'est pour réparer un préjudice moral
14:59par exemple, un préjudice psychologique.
15:01Mais elles ont réclamé autre chose en plus,
15:03c'est ce qu'on appelle la victimisation secondaire,
15:05c'est le préjudice subi à cause
15:07de la procédure qui est douloureuse en tant que telle,
15:09c'est-à-dire un préjudice distinct.
15:11Elles ont expliqué à les avocates que ces quatre jours
15:13d'audience avaient été extrêmement douloureux
15:15pour les plaignantes
15:17et qu'à ce titre-là, elles réclamaient en plus
15:1910 000 euros au titre de cette victimisation secondaire.
15:21C'est quelque chose qui est rare,
15:23mais extrêmement intéressant, je trouve.
15:25On verra si le tribunal suit
15:27cette analyse, évidemment.
15:29Et des demandes pécuniaires,
15:31on va dire, qui étaient largement reprochées
15:33aussi de la part de Maître Assous.
15:35Alors, on peut revenir sur
15:37les plaignantes. Est-ce que
15:39justement, cette médiatisation
15:41de l'avocat
15:43ne fait pas oublier
15:45un peu ces
15:47plaignantes-là qui sont les premières victimes,
15:49enfin, supposées victimes ?
15:51Est-ce que ce n'est pas au second plan, finalement,
15:53de ce procès ?
15:55Naturellement et nécessairement,
15:57parce que d'abord, ce qu'on va regarder dans ce procès, c'est Gérard Depardieu.
15:59Oui. Parce que
16:01c'est le prévenu, c'est l'acteur, c'est celui que tout le monde connaît.
16:03Mais il ne faut pas oublier la parole des plaignantes.
16:05Plaignantes qui ont été
16:07extrêmement dignes, en fait, pendant 4 jours,
16:09qui sont venues à tous les procès, qui sont venues déposer là-bas.
16:11Et je pense qu'il y avait de bonnes raisons
16:13de perdre un peu ses nerfs face aux questions de Jérémy Assous.
16:15Elles sont toujours restées extrêmement calmes,
16:17extrêmement posées. Elles ont maintenu leur position
16:19et ça a été noté par
16:21le parquet, par le procureur, qui,
16:23en fait, il a mis en balance deux choses.
16:25La constance, la cohérence des déclarations
16:27des plaignantes, qui n'ont jamais varié,
16:29qui ont toujours expliqué,
16:31il s'est passé ça, à tel moment, sur le tournage,
16:33à tel endroit. Alors, oui,
16:35par moment, je me trompe un peu dans l'endroit, etc.
16:37Mais j'ai dénoncé dès le jour même.
16:39J'en ai parlé à mon chef, j'ai envoyé un texte à ma meilleure copine.
16:41Voilà, elles en ont parlé. Et de l'autre côté,
16:43dans la balance, il y avait les déclarations de Gérard Depardieu
16:45qui, on l'a dit, ont un peu évolué.
16:47Où il dit,
16:49je ne l'ai jamais touché. Ah, si, je l'ai touché, mais ce n'était pas pour ça.
16:51Ah, si, je l'ai touché, mais c'était pour
16:53l'engueuler, lui passer un savon. Quant à la deuxième,
16:55avec qui il est
16:57censé avoir fait un bout de chemin dans la rue
16:59pour aller déloge au plateau de tournage.
17:01Elle dit, mais je ne me déplace jamais seul. Enfin, si, par moment,
17:03je me déplace seul. Enfin, non, avec mon garde du corps.
17:05Donc, c'est pareil. Il y a quelques variations dans ces déclarations.
17:07Justement,
17:09est-ce qu'il est vrai que les victimes se sentaient
17:11plus mal à l'aise face à l'avocat
17:13de Gérard Depardieu ? Et c'est question
17:15que, justement, face à l'acteur en question ?
17:17Oui, parce que
17:19en fait, elles n'ont jamais été confrontées
17:21à Gérard Depardieu au cours de cette audience. C'était à tour
17:23de rôle. On va à la barre l'un après l'autre.
17:25On est interrogé l'un après l'autre. Et il n'y a pas
17:27de confrontation directe. En revanche,
17:29il y a le moment où, elles, elles sont
17:31interrogées sur les faits qu'elles dénoncent. Et là,
17:33tout le monde leur pose des questions. Donc, d'abord, elles font
17:35leurs dépositions. Le tribunal les interroge. Puis,
17:37ensuite, il y a les questions
17:39du procureur. Il y a les questions de leur
17:41propre avocate. Et il y a les questions de Jérémy Assous.
17:43Et c'est vrai que, quand on voit comment il s'exprime au quotidien,
17:45on peut avoir une petite crainte en disant
17:47qu'est-ce qu'il va venir me demander ? Comment il va essayer
17:49de me piéger ? Comment il va me parler ? Est-ce qu'il va me hurler
17:51dessus ? Parce que, quand je dis hurler dessus,
17:53c'est ce qui s'est passé tout au long de la semaine. Son mode
17:55d'expression est un mode d'expression où
17:57on crie. Même sur les peignantes ?
17:59Il crie sur les peignantes ? Il peut. Ça peut lui arriver.
18:01Quand il crie, vous êtes une menteuse.
18:03Ça ne s'est pas passé comme ça.
18:05Voilà. Et c'est quelque chose qui peut
18:07déstabiliser, évidemment, encore plus dans une enceinte judiciaire.
18:09Oui, pour des gens qui n'ont pas l'habitude, en plus,
18:11de se retrouver, comme tu l'as dit,
18:13dans une enceinte judiciaire.
18:15Maintenant, quelle est la suite ? Parce que ça, c'est
18:17le 18 mois de prison
18:19avec sursis. C'est ce que le parquet a requis.
18:21Mais le jugement,
18:23il n'a pas encore été délibéré.
18:25C'est le 13 mai,
18:27à 10h qu'il sera rendu dans cette même
18:29salle d'audience. Alors, on ne sait pas encore si Gérard Depardieu
18:31va faire le déplacement.
18:33Le parquet, oui,
18:35il a requis une peine de 18 mois de prison avec ce sursis
18:37probatoire. Mais le tribunal
18:39peut bien décider
18:41d'aller au-dessus, d'aller en-dessous,
18:43ou même de relaxer Gérard Depardieu
18:45s'il estime que les faits ne sont pas caractérisés.
18:47C'est toute l'analyse qui va être faite par le tribunal
18:49après ces quatre jours d'audience.
18:51Il faut savoir qu'il encourt au maximum
18:53une peine de 5 ans de prison
18:55et 75 000 euros d'amende. Après, c'est un
18:57primo délinquant, ce qu'on appelle un primo délinquant.
18:59Son casier judiciaire est vierge. C'est la première fois
19:01qu'il est confronté à ça.
19:03Donc, il faut prendre en compte tout ça. Il faut prendre en compte son âge.
19:05Il faut prendre en compte sa démarche.
19:07Il faut prendre aussi en compte quelque chose qui est extrêmement important
19:09aux yeux de la justice. C'est sa capacité
19:11à reconnaître les faits, à les admettre
19:13ou à les corriger. Et ça, il n'a pas fait un seul
19:15geste là-dessus puisqu'il conteste catégoriquement
19:17ces faits.