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00:00L'hésito-politique sur Europe 1, présent avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour Anissinan, bonjour à tous.
00:06Hier Vincent, dans l'affaire dite du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy,
00:11le procureur financier a requis à l'encontre de l'ancien président 7 ans de prison,
00:15300 000 euros d'amende également, au regard a-t-il dit de la gravité des faits ?
00:19Alors ce réquisitoire est un événement judiciaire, c'est aussi selon vous Vincent,
00:24un moment politique d'une extrême gravité ?
00:26Oui, comment serait-il autrement Dimitri ?
00:28Un ancien président de la République, le dernier à avoir fait gagner la droite,
00:32est présenté par le procureur comme un dangereux délinquant.
00:35Nicolas Sarkozy, je vous le rappelle, porte déjà un brasset électronique
00:38parce qu'il a été condamné à la suite des coups de sauvage
00:41pour un pacte de corruption qui n'a pas été consommé
00:44et dont l'intention n'a pas non plus été établie,
00:47pas plus que le trafic d'influence d'ailleurs, mais qu'importe,
00:50puisqu'il s'agit de Nicolas Sarkozy.
00:52Dans l'affaire libyenne rebelote, personne n'a trouvé ses 50 millions d'euros,
00:56l'authenticité de la note censée en révéler l'existence n'est pas certifiée,
01:00on ne comprend toujours pas pourquoi le chef de l'UMP,
01:03qui ne manquait pas d'argent pour sa campagne,
01:05aurait passé un pacte avec un dictateur sanguinaire
01:07pour lui faire la guerre 7 ans plus tard,
01:09sans que Kadhafi ne révèle une cascade de preuves.
01:12Rien ne confirme ni l'intention, ni la réalité d'un pacte de corruption,
01:16mais si ce n'est lui, ce sont donc ses frères, ses amis,
01:19dont les turpitudes supposées ou avérées suffiraient,
01:21selon le principe de la contamination,
01:23à prouver la culpabilité de M. Sarkozy.
01:26Être cas contact d'un conseiller qui fréquente un margoulin,
01:30qui lui-même a croisé un salaud appoité par un criminel,
01:33cela suffit apparemment à former un faisceau d'indices.
01:36A ce rythme, c'est toute la politique française
01:39qui peut être condamnée pour association de malfaiteurs.
01:41Vous diriez Vincent que cette affaire est un nouvel épisode de la bataille
01:44qui oppose le pouvoir judiciaire et le pouvoir politique ?
01:46Vous remarquerez que dans cette période, la balance de la justice
01:49pèse de tout son poids sur la droite.
01:52Il faut vraiment un mensonge public comme celui de Jérôme Cahuzac
01:54pour que la gauche soit de la partie.
01:56Faut-il rappeler le sort réservé à François Fillon hier
01:59et à Marine Le Pen peut-être demain ?
02:01Faut-il rappeler que des millions d'électeurs de Nicolas Sarkozy,
02:04de la droite en 2017 ou du RN,
02:07peuvent être démocratiquement dépossédés par quelques magistrats ?
02:11Faut-il rappeler que le parquet national financier a été créé par François Hollande
02:15comme une machine judiciaire à but idéologique ?
02:17Et ne croyez pas que je pense que les politiques sont sans reproche
02:20ou au-dessus des lois.
02:21Je n'ai pas attendu les homilis de Mediapart, le sous-traitant du PNF,
02:24pour savoir ce dont sont capables les hommes de pouvoir.
02:27Je sais que l'argent, le sexe, l'influence
02:30peuvent détraquer les personnes les plus intègres.
02:32Mais je sais aussi qu'il faut se méfier de l'ivresse de la morale
02:36qui désarme les sociétés en croyant les protéger.
02:39Le procureur a dénoncé avec gravité, je le cite,
02:42l'ambition dévorante de Nicolas Sarkozy.
02:46On peut donc être coupable d'ambition dévorante.
02:50Ce n'est plus de la justice, mais c'est de la morale.
02:52Montesquieu disait que par la disposition des choses,
02:55il faut que le pouvoir arrête le pouvoir.
02:57Tout le monde arrête le pouvoir des politiques.
03:00Les juges, les médias, l'opinion, l'élection.
03:03Et qui arrête le pouvoir des juges ? Personne.
03:05Alors si l'on en revient maintenant à l'affaire Sarkozy,
03:07pour le moment c'est un réquisitoire.
03:09Il reste les plaidoiries de la défense et puis il y aura le jugement plus tard.
03:12J'espère qu'il sera équitable, j'espère que les juges ne cèderont pas
03:15au ressentiment, à cette rage qui transparaît dans le réquisitoire.
03:18Mais j'en doute. J'en doute parce que je sens
03:21cette délectation hideuse qui inspire la chute d'un homme
03:24à ceux qui jalousent les sommets.
03:26Je sens un esprit sans culottes dans ce rituel de vexation
03:29qui va de la pose du bracelet électronique au retrait de la Légion d'honneur.
03:32Je distingue le rêve à peine dissimulé de ceux qui mènent cette corrida judiciaire.
03:36Voir un jour un ancien président de la République en prison.
03:39Mais pour notre pays, pour l'équilibre des pouvoirs,
03:42pour l'honneur d'un homme, j'espère que les juges préféreront
03:45la vérité judiciaire à la vengeance politique.

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