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00:00du lundi au vendredi avec Céline Géraud sur Europe 1. Il est 13h22, l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour
00:06Céline, l'ancien juge d'instruction Georges Fenech et journaliste politique à Valeurs Actuelles, Victor Hérault.
00:11Bonjour les amis, bienvenue, ravie de vous retrouver pour Décrypter l'actualité.
00:15J'avais envie de commencer par cette information, la condamnation à 5 ans de prison ferme de Boalem-Sensal.
00:21On va écouter la réaction d'Arnaud Benedetti, politologue et rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire.
00:26Il était au micro d'Europe 1 ce matin et il dénonce cette condamnation.
00:30Nous, notre mobilisation reste évidemment totalement intacte et notre détermination tout autant.
00:36Ce que l'on souhaite, c'est une libération immédiate, rapide et sans condition.
00:40Je dis bien sans condition parce que le risque qui peut se faire jour, c'est qu'on ait fait une décision
00:48dans quelques jours, dans quelques semaines d'amnestie, ce qu'il ne faut pas totalement exclure,
00:53si encore une fois on est très prudent, mais qu'elle soit sortie de ce que l'on appelle dans le langage algérien,
01:00d'un acronyme qui est connu des Algériens, l'ISTN, c'est-à-dire l'interdiction de sortie du territoire national.
01:06C'est la raison pour laquelle aujourd'hui on est très prudent et très réservé, évidemment,
01:11quant à ce verdict qui est totalement inacceptable et inadmissible.
01:14Et la réaction de François Zimré, l'avocat après la condamnation de Boalem-Sensal,
01:19qui dit que cette décision trahit le sens même du mot justice,
01:23son âge et son état de santé rendent chaque jour l'incarcélation plus inhumain encore.
01:27J'en appelle au président algérien, la justice a failli, qu'au moins l'humanité prévoile.
01:33Georges Fenech.
01:35Ecoutez, je crois que l'Algérie, la justice algérienne en tout cas,
01:40s'est complètement déshonorée dans cette affaire.
01:44Je ne crois pas du tout à l'expression du président de la République, Emmanuel Macron,
01:49quand il dit qu'on fait appel à la clairvoyance.
01:51J'ai confiance.
01:52J'ai confiance. On ne peut pas avoir confiance dans ce régime.
01:55Vous pensez qu'une grâce présidentielle n'est pas possible ?
01:57La grâce présidentielle, elle est possible, mais elle n'effacera pas dans la mémoire collective
02:02la honte de cette arrestation arbitraire pour un délit soi-disant d'opinion, n'est-ce pas ?
02:07Alors qu'il émettait un avis d'historien connaissant bien son pays, et aimant son pays d'ailleurs,
02:12sans prendre un homme sans défense, qui rentrait chez lui tranquillement, malade, âgé de 80 ans,
02:19pour un soi-disant délit d'opinion, c'est une honte indélébile.
02:24C'est une tâche indélébile sur l'Algérie, quoi qu'elle fasse.
02:27Bien sûr, je souhaite qu'il y ait une grâce.
02:29Peut-être lundi, c'est la fin du ramadan, il est tradition par le président algérien, semble-t-il, de grâcier.
02:36On espère qu'il rentre chez lui, qu'il n'y ait pas du STN, comme a dit un instant Arnaud Benedetti,
02:41c'est-à-dire interdiction de quitter le territoire national, qu'il puisse venir en France.
02:44Parce qu'il est français, ne l'oublions pas.
02:46Le président Abdelmajid Tebboune, qui dit, je ne peux préjuger de rien,
02:50mais qui du coup, voilà, prend la main, garde la main, sur ce dossier,
02:54puisque effectivement, la grâce présidentielle reste possible.
02:57Tout à fait, il y a fort à parier d'ailleurs que...
03:00Victor Hérault.
03:01Président Tebboune essaiera de sortir de cette séquence par le haut,
03:05non seulement potentiellement en grâciant, ou en tous les cas en allégeant grandement la peine,
03:10puisque on connaît le lien entre la justice algérienne et le pouvoir algérien.
03:14En tous les cas, en accablant Bruno Retailleau, en disant, si c'est allé aussi loin,
03:18c'est à cause de Bruno Retailleau qui a fait monter les enchères.
03:21Nous, nous étions prêts, dès le départ, finalement, à relâcher Boilem Sansa,
03:24loin lui faire un procès juste.
03:26Charline Vanhoenacker.
03:27En précisant qu'Emmanuel Macron reste son seul interlocuteur.
03:29Victor Hérault.
03:30Exactement, et que voilà, donc ce serait une façon de trouver un bouc émissaire à tout cela.
03:33C'est une affaire compliquée à commenter,
03:35puisque le peu d'informations qu'ont les journalistes sur ce sujet
03:38ne peuvent pas être divulguées sous peine de, comment dire,
03:40de parasiter les négociations entre l'Elysée, le Quai d'Orsay et Alger.
03:45J'aimerais saluer, nous avons entendu tout à l'heure Arnaud Benedetti,
03:48le travail d'Arnaud Benedetti et de la présidente du comité de soutien international à Boilem Sansa,
03:52Noëlle Lenoir.
03:54Il est très important de rappeler que ce combat se poursuit, continue,
03:59que la mémoire Noëlle Lenoir me disait il y a peu,
04:01oublier Boilem Sansa, c'est l'enterré vivant,
04:04et je suis parfaitement d'accord avec elle, il faut continuer à en parler.
04:07Je voudrais ajouter en tant qu'ancien magistrat,
04:09on a assisté à un simulacre de procès.
04:13On s'est assis sur tous les traces, mais il n'y avait même pas d'avocat.
04:17Et on disait qu'ils ne pouvaient pas désigner François Zimré,
04:21parce que c'est un juif,
04:23donc il fallait aussi qu'on lui choisisse son nom.
04:27C'est un simulacre de procès,
04:29qu'on voit habituellement dans les dictatures.
04:32Qui enfreint nombre de traités internationaux pour ratifier la gêne.
04:35On a beau chercher, rien à mes yeux ne justifie une telle mascarade.