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00:007h44, est-ce que vous mettriez l'un de vos proches dans une maison de retraite ? Est-ce que vous avez confiance dans les EHPAD,
00:06les maisons de retraite ? On en parle ce matin et vous avez la parole. Appelez-nous au 04-76-46-45-45 pour justement nous raconter
00:14cette situation. Comment ça se passe ? On en parle aussi avec notre invité Théo H. Exactement. Jean-François Chambreau, bonjour.
00:20Bonjour. Merci d'être en ligne avec nous. Vous êtes correspondant en ISER de l'ADEPA,
00:25l'association des directeurs au service des personnes âgées, et vous dirigez quatre EHPAD à Grenoble avec un modèle associatif.
00:31On va y revenir parce que ça a son importance.
00:34D'abord, monsieur Chambreau, cela fait trois ans que le scandale hors PA a éclaté
00:39et on voit que cela a laissé des traces. Nous, on a demandé à des grenoblois
00:42s'ils mettraient leurs proches en maison de retraite. Écoutez leurs réponses.
00:46Ça fait un peu peur de placer quelqu'un en EHPAD. Vous le feriez pour votre famille ? Sincèrement, non. Si vraiment j'avais pas le choix,
00:53oui, mais j'espère pas. Moi, j'ai eu une de mes grand-mères qui a fini sa vie en EHPAD. Le personnel avait peu de temps pour les
00:59personnes âgées et c'était assez triste à observer.
01:02On voit effectivement que trois ans après le scandale hors PA, ça a laissé des traces. Vous répondez quoi à ces ISEROI qui sont
01:08méfiants, monsieur Chambreau ?
01:10On peut comprendre cette méfiance. En fait, le scandale hors PA a laissé des traces inévitables.
01:17Il y a un autre phénomène aussi qui n'a pas été tout à fait
01:20évoqué par les personnes que vous interrogez, mais c'est le phénomène du COVID où, à un moment donné,
01:29on a été contraints par un certain nombre de mesures
01:32de restrictions gouvernementales à fermer les EHPAD, peut-être plus que ce qu'il aurait fallu.
01:40Ces phénomènes conjugués à la fois de maltraitance
01:46dévoilée par le scandale hors PA, plus les restrictions de visite ont
01:50pesé lourdement sur l'appréciation que peuvent avoir les gens de nos établissements.
01:55Aujourd'hui, cinq ans après le COVID, vous les regrettez ces restrictions d'avoir coupé
02:01en partie les résidents d'EHPAD et leurs familles pendant le COVID ? Ou c'était nécessaire ?
02:07C'était certainement nécessaire dans un premier temps. On a peut-être été un petit peu loin.
02:15Heureusement,
02:17au moment de la crise, chacun a pu aussi...
02:21On était quand même sur des recommandations au niveau gouvernemental et on a essayé d'adapter au mieux et de faire en sorte que ces restrictions
02:28soient le moins d'impact possible.
02:30Parlons du grand plan de contrôle qui a été mené dans les EHPAD ces derniers mois par le gouvernement.
02:36Vos établissements ont été contrôlés comme 96% des maisons de retraite. Ça s'est passé comment ces contrôles ? Expliquez-nous.
02:43Pour ce qui concerne les établissements de l'association Arbre de Vie que je dirige,
02:48ces contrôles ont été, comme pour deux tiers d'entre eux, des contrôles sur pièces.
02:53Personne ne s'est présenté à l'établissement ? Non, personne ne s'est présenté pour le coup.
02:58Et on vous a demandé quoi comme pièces concrètement ?
03:01Les organigrammes, les effectifs, tout un tas de documents
03:08obligatoires. Ils sont extrêmement nombreux. Il faut savoir qu'en fait,
03:11on a une charge administrative qui pèse sur nous, qui est assez considérable.
03:17On comprend cette nécessité d'effectuer des contrôles pour éviter
03:22des phénomènes de maltraitance grave.
03:25Mais la ministre
03:27l'a dit sur France 2, sur 7200 contrôles effectués,
03:32il y a 55 établissements seulement, entre guillemets, qui ont été lourdement sanctionnés.
03:39C'est peu, effectivement, 0,8% je crois des établissements. Est-ce que ça veut dire que ces contrôles ont été
03:46inutiles ou est-ce que, tout de même, ces brebis galeuses ont été écartées ?
03:51Oui, écoutez, je pense qu'il y a un certain nombre de mesures qui ont permis effectivement d'écarter des brebis galeuses, comme vous le dites.
03:59En revanche, ce qu'ont révélé quand même ces contrôles, mais c'est des choses que nous
04:03on déclarait depuis très très longtemps, quand je dis nous, ce sont les directeurs ou les
04:09représentants d'associations qui gèrent
04:13ces établissements, c'est qu'en fait
04:1799% au moins des établissements, par contre, souffrent de manque de moyens, de manque de personnel.
04:24Et ça, en fait, on le sait. Et c'est ça aussi qui pèse sur
04:29l'image que peuvent avoir les personnes, la mauvaise image que peut donner, en fait,
04:36l'EHPAD auprès du grand public.
04:38Et on en parle ensemble ce matin, on essaie d'ouvrir un peu les portes des EHPAD des maisons de retraite, avec aussi vos appels
04:44au standard d'ici, Isière Mathieu.
04:46Tout à fait, Joël qui nous appelle de Grenoble. Bonjour Joël.
04:49Oui, bonjour Mathieu.
04:51Alors, Joël, vous c'est... Alors, dites-moi, c'est vos parents qui étaient en EHPAD, c'est ça ?
04:55Oui, tout à fait, tout à fait.
04:57Et comment ça s'est passé alors, Joël ?
04:59Ça date un peu, c'est... Bon, c'est pas tout jeune, mais bon, voilà, c'est pas par choix, c'est vraiment par obligation.
05:09Mon papa a fait 5 mois, ensuite il est décédé, et ma maman a fait 2 ans et ensuite elle est décédée. Voilà.
05:17Et elle a été heureuse dans cet établissement ? Comment ça s'est passé, Joël ?
05:22Pas vraiment, hein. On sentait que... Non, quoi, c'était pas ça.
05:28Et puis moi, quand j'y allais, je trouvais cet endroit froid, froid. Voilà.
05:34C'était un peu... C'était pas vraiment un choix, quoi, vous aviez...
05:38Ah oui, oui, c'était une obligation. C'était une obligation, de par les pathologies que mes parents avaient.
05:45Et c'était un établissement privé, lucratif, associatif, c'était quoi le modèle ? Est-ce que vous avez une idée, Joël ?
05:51Non, je sais pas, c'était privé, peut-être. C'était... Vous connaissez certainement ces établissements, hein.
05:58C'était les Belfinelles et le bois d'Artas.
06:02Très bien. En tout cas, merci Joël de nous avoir appelés pour pouvoir accepter de nous parler de tout ça.
06:07On a beaucoup de réactions sur notre page Facebook, Soazic.
06:09On a Sylvie, par exemple, qui nous dit qu'elle aussi, elle a dû mettre un proche dans un Ehpad à Voiron,
06:14et que le manque de personnel et de moyens était flagrant, avec un temps consacré limité pour chaque pensionnaire.
06:21Et puis, de l'autre côté, on a des anciens employés, en fait, ce matin, sur la page Facebook.
06:26Marie, qui nous dit, j'ai été animatrice bénévole en Ehpad pendant 7 ans, j'espère ne pas y rentrer plus tard.
06:32Le financier a pris le dessus, j'ai vu et dénoncé des comportements déplacés et de la maltraitance.
06:38Et Myriam, qui nous dit aussi, j'ai travaillé en intérim il y a longtemps dans une maison de retraite,
06:42et j'en garde un très mauvais souvenir du personnel qui était là-bas.
06:46Un tableau un peu noir qu'on voit dans les commentaires, même s'il faut préciser que les situations sont quand même très différentes.
06:52Et vous, Jean-François Chambreau, qui est notre invité ce matin, je le rappelle, vous dirigez une association Arbre de Vie.
06:59Vous dirigez quatre structures, quatre établissements à Grenoble.
07:02On parlait du manque de personnel qui est généralisé un peu partout,
07:06mais ce qu'a montré le scandale Orpea, c'est aussi la dérive d'un modèle lucratif.
07:11Pour vous, c'est un modèle non lucratif, ça peut peut-être limiter les dérives ?
07:16Absolument. C'est-à-dire qu'en fait, on fait pour le mieux.
07:23Concrètement, on fait au mieux et on s'efforce toujours, par exemple, de remplacer les absences.
07:33Ce que ne fait délibérément pas Orpea dans le reportage qu'on a pu voir.
07:39Nous, on s'efforce de remplacer systématiquement.
07:42On pourra faire en sorte que les conditions de travail de nos personnels soient les meilleures possibles
07:46et que la prise en soin des personnes soit bonne.
07:49En tout cas, pour ce qui concerne notre association, on ne fait aucune économie.
07:54Et bien au contraire, puisqu'en fait, on est très déficitaire, comme la plupart des établissements,
07:59pour ne pas justement dégrader davantage la qualité, malgré un désengagement de l'État et des départements en la matière.
08:06Cela veut dire que vous allez devoir augmenter vos tarifs ?
08:09Malheureusement, oui. Concrètement, pour la plupart des établissements, pour personnes âgées,
08:18ce sont des établissements qui sont habilités entièrement à l'aide sociale.
08:23Cela veut dire qu'en fait, quelqu'un qui n'a pas les moyens financiers, c'est le département qui va pouvoir payer pour lui.
08:32La contrepartie, c'est que c'est le département qui fixe le tarif des établissements.
08:38La loi Bien Vieillir de 2024 permet aujourd'hui aux établissements d'avoir ce qu'on appelle des tarifs différenciés,
08:46c'est-à-dire qu'il y a un tarif pour les personnes qui relèvent de l'aide sociale et un tarif libre pour les autres personnes,
08:53de manière à permettre aux établissements de retrouver un certain équilibre économique, au risque sinon de disparaître.
09:00Oui, on le comprend bien. Un témoignage rapide au standard ICISR, on n'a plus beaucoup de temps.
09:05On accueille Marie-Laure Saint-Paul-les-Romands. Bonjour Marie-Laure.
09:08Oui, bonjour.
09:09Vous voulez nous parler de votre grand-mère qui a été en EHPAD ?
09:12Oui, tout à fait. Je voulais mettre en avant le personnel des EHPAD qui, avec les moyens qu'ils ont,
09:21on a senti dès le départ qu'ils étaient au mieux, entre guillemets.
09:26Malheureusement, c'est arrivé au moment du Covid et donc il a fallu s'adapter.
09:35On a eu ce sentiment en fait...
09:41Qu'ils faisaient au mieux mais avec très peu de moyens.
09:44C'était un peu branle-bas de combat, exactement.
09:47Et en fait, ce que je voulais dire c'est qu'avec les moyens qu'ils avaient,
09:53c'était souvent des plateformes, des interfaces pour donner des nouvelles à distance, etc.
10:01Ou alors ils ont même essayé de faire des visures, mais si vous voulez, ça ne colle pas pour un certain nombre de personnes âgées.
10:07Et je pense qu'il y en a un certain nombre également qui se sont sentis probablement abandonnés par leur famille
10:14parce que les moyens de contact étaient vraiment restreints à ce moment-là.
10:19Et malheureusement, on ne peut pas rejeter la faute sur les EHPAD.
10:23Sur le personnel en tout cas qui fait de son mieux.
10:25Merci Marie-Laure, ce sera une belle conclusion pour cette discussion dont on a pu parler ce matin avec notre invitée Théo.
10:32Effectivement, on a ouvert un peu les portes des EHPAD.
10:35Merci Jean-François Chambreau d'avoir été avec nous ce matin,
10:38correspondant au départemental de l'ADEPA, association des directeurs au service des personnes âgées,
10:43et dirigeant donc de cette association Arbre de Vie.
10:46Merci, belle journée.

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