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"Je vous souhaite une bonne année avec beaucoup d'échecs."

Il a surmonté l'échec scolaire et la faillite de son entreprise avant de devenir le chef que l'on connaît aujourd'hui. Voilà comment Thierry Marx a fait de ses échecs un succès, et pourquoi il est important d'échouer.

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00:00Mon grand-père qui avait connu la guerre de 14
00:02me disait, non mais rien n'est grave dans la vie, il n'y a que la mort qui est irréversible.
00:05J'avais toujours cette petite phrase en tête.
00:08Chaque fois qu'il m'arrivait un coup dur, que la vie frappait fort,
00:11que les notes n'étaient pas bonnes, que j'étais exclu de telle ou telle chose,
00:14je me disais, c'est pas grave, je ne suis pas mort.
00:16Alors est-ce que ça a été facile de parvenir jusque là au statut de
00:19artisan, de chef, de chef d'entreprise ? Non, ça n'a pas été facile.
00:24Il a fallu d'abord travailler beaucoup, s'imposer, accepter les échecs.
00:28Le premier échec qui a été extrêmement déstructurant, ça a été l'échec scolaire.
00:32Enfant, tout petit, à l'école primaire, je ne voulais pas aller à l'école primaire.
00:35Ma grand-mère me disait toujours, tu sais les riches, ils ont le savoir,
00:39donc ils ont le pouvoir.
00:41Si tu ne sais pas lire, écrire et compter, ils vont te voler.
00:44Donc, par esprit de sécurité personnelle, je suis allé quasiment rançonner l'école
00:50pour apprendre à lire, à écrire et à compter.
00:53Mais je pensais que j'avais fait le tour de ce qu'il fallait apprendre pour être un homme,
00:56alors que c'est loin d'être suffisant.
00:58Mais quand j'arrive au collège, on me dit, ah non, ça c'est pour les petits,
01:00maintenant, il faut faire des mathématiques modernes.
01:03Et là, je ne comprends pas, mais qu'est-ce que je vais faire des mathématiques modernes
01:06pour payer ma baguette de pain ou pour aller faire du sport ?
01:09Ça ne me servira à rien. Donc, je n'y vais pas.
01:11Mais la spirale des quartiers, on la connaît.
01:13C'est le hall d'escalier, le hall B contre le hall C,
01:17celui où on jouait les gros bras et c'était uniquement ça.
01:21Les boulerauds, la cité des Bois-l'Abbé,
01:23c'était le tour de biceps plutôt que le tour de tête.
01:28Quelle a été la suite pour vous en sortir ?
01:30La suite, c'était de me tourner vers des gens qui m'apportaient du soutien.
01:36Donc, bien sûr, la famille, mais aussi le sport.
01:40Et c'est vrai que dans le sport, j'ai trouvé un cadre éducationnel
01:43qui m'a fait prendre confiance en moi
01:46et qui m'a mis en situation de comprendre mes échecs.
01:50Au judo, vous allez apprendre à chuter.
01:52Vous allez apprendre à chuter pour mieux vous relever,
01:55même voir pour dépasser le point de chute.
01:57Et bien, cet apprentissage-là, dans le faire pour apprendre,
02:01vous vous apercevez que dans la vie, c'est la même chose.
02:03Si vous restez bloqué sur la chute,
02:05vous n'avez pas anticipé un petit peu les choses pour pouvoir vous relever,
02:09vous allez rester piégé par cet échec.
02:12Mon cas personnel, ma première entreprise a été un échec.
02:17J'ai obtenu une étoile au guide Michelin,
02:20mais économiquement, je n'ai pas tenu la distance.
02:24Eh bien, j'ai regardé dans cet échec mon incapacité
02:27à savoir gérer une entreprise à l'époque,
02:29mais par contre, ma capacité à faire parler de moi dans mon style de cuisine.
02:33Bien évidemment, j'ai gardé cette capacité à faire parler de moi
02:37et à continuer à vouloir faire une cuisine d'auteur.
02:40Et en même temps, en parallèle, d'aller apprendre toutes les techniques
02:43qui m'auraient servi, qui peuvent me servir à créer la prochaine entreprise.
02:47Donc, je suis allé vers le management, vers la comptabilité,
02:51la stratégie d'entreprise et ensuite, eh bien,
02:53j'ai greffé à ce que j'avais gardé de positif dans le premier échec
02:59et j'ai amené une compétence supplémentaire
03:01et la deuxième entreprise a été une réussite.
03:03Thierry Marx, le chef cuisinier, prépare ici 24 000 couverts par an.
03:07Le chef, comme on l'appelle, a réussi à obtenir deux étoiles au Michelin,
03:11le seul en Gironde.
03:12Vous voyez que l'échec est un moteur assez fort.
03:15Encore une fois, et je pèse mon propos en disant cela,
03:18si on n'en fait pas une dramaturgie,
03:20si l'échec ne vous a pas tué,
03:22mais il n'y a pas de raison de ne pas repartir.
03:25Et là aussi, nous, occidentaux, il faut apprendre cela.
03:28Il n'y a pas à condamner l'échec.
03:30Moi, je me souviens, quand j'ai commencé l'escrime au sabre au Japon,
03:33j'avais un professeur qui nous envoyait tous les ans ses voeux sur un tenugui
03:38et il nous disait, je vous souhaite une bonne année avec beaucoup d'échecs.
03:42Je trouvais cela formidable parce qu'il disait,
03:43si vous êtes capable de faire l'analyse de vos échecs,
03:46vous allez être très très bon.
03:48Mais si vous n'êtes pas capable de vous entraîner, de provoquer l'échec,
03:51d'aller à l'échec, d'aller chercher l'échec,
03:54vous ne progresserez pas.

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